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4. Résilience de la blessure d’injection chez la vigne

4.2 Résultats

Les points d’injection des troncs de vigne ont été observés au cours des trois saisons suivant les injections : 7 mois (une saison de végétation, injection de l’année au printemps 2017), 19 mois (deux saisons de végétation, injection en 2016) ou 31 mois après l'injection (trois saisons de végétation, injection en 2015). Pour les points d’injection réalisés en 2016, la variabilité du temps de cicatrisation des échantillons et le faible nombre d’observations par cépage n’ont pas permis de mettre en évidence les différences entre les cépages. Les résultats des observations pour l’année 2016 ont donc été regroupés, indépendamment du cépage. Aucun cep n’a été impacté négativement par l’injection, il n’y a pas eu de pertes.

4.2.1 Observations externes de l’écorce

Contrairement aux pommiers, et en raison de la structure fibreuse de l'écorce de la vigne, qui se desquame régulièrement, l'observation de la surface du cep n'a pas permis après quelques mois de détecter facilement les sites d'injection. Pour voir les perforations, il a été nécessaire de peler la surface de l’écorce, mais il n’a pas été possible d’obtenir de mesures précises de la taille des trous puisqu’ils mesuraient moins de 2 mm de diamètre. 24% des ports d’injection présentaient des fissures verticales (25 points d’injection observés). En moyenne, ces fissures mesuraient 15,8 ± 10,8 mm de hauteur (n=6) (Figure 13).

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Figure 13 : Photographies de sites d’injection 7 mois après injection (A) point d’injection normal (B) port avec une fissure, L= Longueur de la fissure. Barres d’échelle=5mm.

4.2.2 Structure interne de la blessure

Les observations internes ont montré que le processus de cicatrisation de la vigne était globalement le même que chez le pommier.

- Les observations en lumière visible montrent l’apparition d’une zone colorée au niveau de l’aubier dans l’axe de la perforation. La largeur de cette zone (à l’extrémité extérieure) varie de 2 à 7 mm et tend à diminuer au cours des années. Cette zone de bois colorée s’étend jusqu’à la moelle et a tendance à s’élargir dans les cernes les plus profondes, s’élargissant parfois un peu plus d’un rayon parenchymateux à l’autre (Figure 18 A). De nouveaux bois et liber, appelés bois de plaie, sont régénérés par le cambium et viennent boucher le trou d’injection en continuité des cernes développés post-injection (Figure 14 A). Dans l’aubier, les rayons parenchymateux de la zone colorée sont chargés en composés plus sombres. De plus, en bordure de la zone colorée, les vaisseaux de xylème sont bouchés par des thylles (Figure 14 C, D) ;

- Un des points les plus notables sur la vigne est la présence, dans de nombreux cas, d’un reste de morceau d’écorce adhérant plus ou moins au bois préexistant au moment de l’injection (Figure 14 A, B, et Figure 15), l’orifice d’injection restant alors visible (Figure 15 A). Ce morceau d’écorce peut ensuite être inclus dans le bois de plaie (Figure 15 B).

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- Les observations macroscopiques en fluorescence mettent en évidence une assise subéro-ligneuse (ASL) qui apparaît la première année en bordure du bois de plaie (Figure 14 B). 7 mois après l’injection, cette ASL ne recouvre pas encore totalement l’ensemble des plaies. Une ASL est déjà présente à la surface du périderme et, entre le périderme et le tissu phloémien, au niveau des tissus sains. L’ASL consécutive à la blessure se met en place dans la continuité des assises existantes. Toutefois, la nouvelle assise est plus épaisse car elle est constituée d’un plus grand nombre de couches cellulaires (de 6 à 7).

Figure 14 : Observations macroscopiques de coupes transversales de sites d’injection chez la vigne 19 mois après injection. (A) Coupe en lumière visible montrant la structure d’une blessure d’injection. Cette image montre la présence d’un morceau d’écorce adhérant au trou (triangle) et le bois de plaie (WW) qui s’est formé. Le bois présent dans l’axe de l’injection est coloré (DW). (B) Observation en fluorescence d’un agrandissement de la zone impactée par l’injection. Une assise subéro-ligneuse (flèche noire) apparait autour du bois de plaie. (C) Zoom de la limite entre la zone de bois coloré (DW) et l’aubier normal (SP). Des thylles bouchent les vaisseaux à l’interface (flèches blanches). (D) Des thylles à la limite de la zone colorée (flèches blanches). Barre d’échelle : A=1 mm; B=0,5 mm ; C,D =0,2 mm.

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Figure 15 : Observations macroscopiques en fluorescence de coupes transversales de sites d’injection chez la vigne 19 mois après injection. (A) Cette image montre un morceau d’écorce adhérant au trou (triangle). La perforation est visible sur la partie gauche (B) Zoom de la zone de perforation. Un morceau d’écorce est inclus dans le bois de plaie (WW). Une assise subéro-ligneuse, qui était déjà présente au moment de l’injection, est visible à la surface de cette écorce. Une ASL (flèche noire) plus épaisse s’est aussi mise en place entre le morceau d’écorce et le bois de plaie. L’ASL entre le tissu phloémien et le périderme est également épaissie (flèche noire). Barre d’échelle : A=1 mm; B=0,2mm.

4.2.3 Temps de cicatrisation de la blessure

Les observations de coupes transversales ont permis de suivre l’évolution de la blessure à trois temps post-injection. De manière générale, la cicatrisation chez la vigne est assez longue, même après 31 mois de cicatrisation, les nouveaux tissus dans l’axe de la perforation ne sont pas encore fonctionnels car il n’y a pas encore formation de vaisseaux conducteurs (Figure 18).

Trois points d’injection ont été observés 7 mois après injection, c’est-à-dire après une saison de croissance du tronc suivant l’injection. L’assise subéro-ligneuse est en place (Figure 16 A, B). Toutefois, elle ne recouvre pas entièrement la surface du bois mise à l’air libre par la blessure et aucun trou n’est encore obturé. Du rhytidome est parfois présent au contact de la zone de bois coloré. Cette zone est entourée de vaisseaux obstrués par des thylles (Figure 16 A). Le bois de plaie se développe grâce à une reprise du fonctionnement du cambium vasculaire et il est complètement entouré par l’assise subéro-ligneuse.

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Cependant, le cambium n’a pas encore retrouvé sa continuité et le bois de plaie, sans vaisseau xylémien, n’arrive pas à confluence dans l’axe de la perforation (Figure 16 B).

Figure 16 : Observation en fluorescence d’un point d’injection 7 mois après injection. (A) Une assise subéro-ligneuse (flèche noire) apparait autour du bois de plaie (WW). Dans l’axe de la perforation l’aubier est coloré (DW). (B) Agrandissement de la perforation. Barre d’échelle : A= 1 mm ; B= 0,3 mm.

19 mois après injection, c’est à dire après 2 saisons de croissance, 8 ports d’injection ont été analysés. Dans 63% des cas, l’assise subéro-ligneuse est maintenant continue et dans 75 % des cas le trou est obturé par de l’écorce (Figure 17). Le cambium produit du bois de plaie mais le xylème reste perturbé :

- Dans 25% des cas, ce bois de plaie arrive à confluence (Figure 17B) ;

- Dans le reste des cas, le bois de plaie se forme mais n’est pas continu (Figure 17 A) ;

- Dans l'axe de la perforation, le tissu xylémien présent dans le bois de plaie n'a toujours pas retrouvé sa capacité de conduction de la sève car aucun vaisseau n’est formé (Figure 15B).

- Des morceaux de rhytidome sont encore présents au fond de la blessure. Le bois de plaie se développe alors soit en surface de ces morceaux, les incluant dans le bois, soit sous ces morceaux, les repoussant vers l’extérieur (Figure 14A ; Figure 15B).

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Figure 17 : Observations macroscopiques en fluorescence de coupes transversales de sites d’injection chez la vigne 19 mois après injection. (A) Point d’injection dont le bois de plaie n’a pas encore retrouvé sa continuité. Une assise subéro-ligneuse (flèche noire) ferme le trou. Du rhytidome d’écorce est présent dans le trou (triangle). (B) Point d’injection avec le bois de plaie (WW) qui forme un nouveau cerne continu. Barre d’échelle=1mm.

Trois blessures d’injection ont été évaluées 31 mois après injection, soit après trois saisons de croissance. L’ensemble des trous est comblé et isolé par une assise subéro-ligneuse continue et du bois de plaie. En périphérie de ce dernier, quelques vaisseaux de très faible diamètre commencent à apparaître. Comme précédemment, il y a une zone colorée dans l’aubier et les vaisseaux entourant cette zone sont bouchés par des thylles. Le phloème a une épaisseur plus faible et n’a pas retrouvé sa structure fonctionnelle dans l’axe de l’injection (Figure 18).

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Figure 18 : Observations macroscopiques en fluorescence d’une coupe transversale d’une blessure 31 mois après l’injection (A) Le point d’injection est bien fermé. (B) Zoom du bois de plaie (WW) dans l’axe de la performation. Il n’y a que peu de vaisseaux formés. Les rayons ligneux sont chargés de composés foncés (étoile). Barre d’échelle : A=1mm; B=0,2mm.

Aucun signe de nécrose tissulaire ou d'invasion parasitaire n'est apparu à aucun des trois temps.

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