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RESULTATS PRELIMINAIRES D’UN AUDIT ENVIRONNEMENTAL

III. PATIENTS ET METHODES 1. Population étudiée

IV.6. Résultats des prélèvements mycologiques

IV.6.1. Prélèvements d’air

Pour chaque domicile, nous avons réalisé des prélèvements d’air dans 3 pièces différentes ; il s’agit de la salle de bain, du séjour et la chambre à coucher.

Tableau 11: Résultats des prélèvements d’air

Patients

Prélèvements d’air

Salle de Bain Séjour Chambre à coucher

N°1 Aspergillus niger, Penicillium sp. Alternaria sp, Penicillium sp, Aspergillus sp. Aspergillus niger N°2 Stérile Aspergillus sp, Cladoporium sp. Aspergillus niger, Penicillium sp, Cladosporium sp. N°3 Chrysosporium sp, Aspergillus sp. Stérile Aspergillus sp, Chrysosporium sp. N°4 Penicillium chrysogénum Cladosporium sp, Aureobasidium sp. Penicillium sp, Cladosporium sp. N°5 Stérile Cladosporium sp, Aspergillus sp. Cladosporium sp, Aspergillus flavus, Chrysosporium sp. N°6 et 7 Penicillium sp, Aspergillus sp, Fusarium sp, Oedocephalum sp. Penicillium chrysogénum, Aspergillus flavus, Aspergillus terreus. Penicillium chrysogenum, Aspergillus terreus, oedocéphalum sp.

Tableau 12: Fréquence des différents genres de moisissures dans les prélèvements d’air Espèce N % Aspergillus sp 12 35,2 Penicillium sp 8 23,5 Cladosporium sp 6 17,6 Chrysosporium sp 3 8,8 Oedocephalum sp 2 5,8 Alternaria sp 1 2,9 Fusarium sp 1 2,9 Aureobasidium sp 1 2,9

Figure 6 : Aspect des milieux de culture à l’extrait de Malt après prélèvement d’air

IV.6.2. Prélèvements de surface

Tableau 13:Résultats des prélèvements de surface

Patients Prélèvements de surface

Draps Sols

N°1 Alternaria sp,

Scytalidium sp.

Alternaria sp.

N°2 Aspergillus niger Stérile

N°3 Stérile Aspergillus sp, Cladosporium sp N°4 Aspergillus niger, Aspergillus flavus. Mucor sp, Aspergillus niger, Aspergillus fumigatus, Cladosporium sp.

Tableau 14: Fréquence des différents genres fongiques dans les prélèvements de surface Espèce N % Aspergillus sp 5 38,4 Cladosporium sp 3 23 Alternaria sp 2 15 Scytalidium sp 1 7,6 Penicillium sp 1 7,6 Mucor sp 1 7,6

Figure 7 : Aspect des milieux de culture à l’extrait de Malt après prélèvement de surface

Tableau 15 : Tableau récapitulatif de la fréquence des différents genres de moisissures dans les habitations visitées (Air et Surface)

Espèce N % Aspergillus sp 17 36,1 Penicillium sp 9 19,1 Cladosporium sp 9 19,1 Chrysosporium sp 3 6,3 Alternaria sp 3 6,3 Oedocéphalum sp 2 4,2 Fusarium sp 1 2,1 Mucor sp 1 2,1 Aureobasidium sp 1 2,1 Scytalidium sp 1 2,1

Illustrations macroscopiques et microscopiques des certains types de moisissures rencontrées dans notre étude

Figure 8 : Aspergillus fumigatus : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : tête aspergillaire au Bleu lactophénol, Obj. 40 (à droite) [Photo du

Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 9 : Aspergillus flavus : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : tête aspergillaire au Bleu lactophénol, Obj. 40 (à droite) [Photo du

Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 10 : Aspergillus niger : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : tête aspergillaire au Bleu lactophénol, Obj. 40 (à droite) [Photo du

Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 11 : Aureobasidium sp : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : Blastospores hyalines en grappe le long d’hyphes au Bleu lactophénol,

Obj. 40 (à droite) [Photo du Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 12 : Cladosporium sp : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : Blastospores en chaines acropètes au Bleu lactophénol, Obj. 40

(à droite) [Photo du Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 13 : Ulocladium sp : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : Dictyospores brunes en amas au Bleu lactophénol, Obj. 40 (à droite)

Figure 14 : Alternaria sp : Aspect macroscopique sur gélose au Malt [Photo du Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 15 : Mucor sp : Aspect macroscopique sur gélose au Malt [Photo du Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 16 : Penicillium sp : Aspect microscopique des conidiophores biverticillés et conidies, Obj.40 [Photo du Laboratoire de Parasitologie Mycologie, HMIM V]

Figure 17 : Scytalidium sp : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : arthrospores brunes en chaines rectangulaires au Bleu lactophénol,

Figure 18 : Oedocephalum sp : Aspect macroscopique sur gélose au Malt (à gauche) et microscopique : Conidies en chaines sympodiale au Bleu lactophénol,

V. DISCUSSION

Il est important de rappeler que les prélèvements de surface et les prélèvements d’air font actuellement partie des méthodes de prélèvements les plus efficaces pour mettre en évidence la présence de moisissures et les identifier. Les techniques que nous avons utilisées dans notre étude sont celles recommandées [19]. Afin d’avoir un aperçu le plus complet de la flore fongique dans les habitats, nous avons associé et confronté les 2 techniques de prélèvements (air et surface) et sur des sites de prélèvements différents. Cependant, dans l’air intérieur, une proportion non négligeable de l’exposition fongique résulte des particules sédimentées et qui sont remises en suspension par la ventilation ou par le mouvement des occupants. En conséquence, les concentrations en particules dans l’air intérieur sont soumises à d’importantes variations sur des laps de temps assez courts. De ce fait, il faut associer des prélèvements des poussières sédimentées par la technique de sédimentation.

Les résultats obtenus et exploités laissent suspecter un lien entre la présence de moisissures dans l’habitat et une pathologie de type allergique chez ces habitants mais sans confirmation. L’étude que nous comptons mener plus tard, nous permettra d’établir ou non une corrélation entre ces deux paramètres.

Par contre, ces résultats préliminaires nous permettent de faire une analyse descriptive des moisissures présentes dans les habitations choisies.

D’une façon plus générale, pour la réalisation des prélèvements, le choix du site est motivé par l’aspect visuel des moisissures mais aussi par les pièces où le patient passe le plus de temps pendant la journée.

Le milieu de culture utilisé est le milieu à l’extrait de Malt, qui permet la croissance de la plupart des moisissures. Les températures d’incubation choisies

sont 25°C pour les flores fongiques globales et 37°C pour faciliter l’identification des espèces thermotolérantes comme Aspergillus. La durée d’incubation est de 4 et 7 jours. Pour l’identification de l’espèce, dans certains cas, ceci n’a pas été possible en raison de la non fructification de la souche et nous nous sommes limité uniquement au genre. Mais ceci n’interfère pas dans l’interprétation des résultats.

Plusieurs études ont mis en évidence une relation entre un habitat non sain (humide, nombreuses moisissures) et l’existence d’atopie, d’asthme et troubles respiratoires chez le jeune enfant et l’adulte. Par ailleurs des études cliniques et épidémiologiques ont démontré une forte association entre l’exposition aux moisissures et la sensibilisation (mesurée par des tests cutanés ou sériques) [26,

28, 39, 47, 112]. Ces manifestations cliniques sont retrouvées dans notre étude

chez tous les patients mais les résultats ne permettent pas de faire un lien entre l’exposition et les symptômes, vu que l’échantillonnage est faible. Notre travail ne nous permet pour l’instant que de proposer une liste des moisissures les plus fréquemment isolées dans les habitats. Par ailleurs, il nous permet de suspecter l’existence d’une corrélation puisque d’autres études l’ont retrouvée. Mais en partant du constat que tout individu est exposé aux moisissures et qu’il existe un risque non systématique pour la santé de l’homme, il apparaît nécessaire de définir la relation entre l’habitat et les moisissures.

L’humidité constitue un facteur essentiel de prolifération des moisissures. Ce facteur est retrouvé dans toutes les habitations visitées dans notre étude. Les sources d’humidité sont l’eau issue du sol (nappes phréatiques, …), l’eau hors du sol (intempéries, fuites, …) et l’humidité relative [27]. Le second facteur ayant une implication directe dans la prolifération fongique est la nature des matériaux et leur structure. En plus du rôle de support au développement

fongique, ils présentent une vulnérabilité vis-à-vis de l’humidité fournissant ainsi les nutriments (carbone, azote) nécessaires au développement des champignons. C’est pour ces raisons que nous avons pris en considération ce paramètre dans l’étude prospective que nous comptons mener par la suite et qui fait l’objet d’un questionnaire à part (Annexe 3).

La biodiversité des champignons isolés dans les habitations est grande, cela rend difficile la définition d’une mycoflore des habitations. Dix genres et 16 espèces différentes ont été identifiées dans notre étude. Plus de 70 % (74,3 %) des genres isolés sont Aspergillus sp, Penicillium sp et Cladosporium sp.

Aspergillus sp est le plus fréquemment rencontré dans nos logements.

Moisissure cosmopolite, elle est fréquente sur les murs (visuel), les plafonds (visuel), sur le sol et dans les chambres à coucher. Elle reste la moisissure la plus importante des logements humides et mal ventilés. Penicillium sp a été peu identifié dans les prélèvements de surface, la méthode de prélèvement, révèle le plus souvent des spores difficilement identifiables car non spécifiques.

Cladosporium sp vient en 2ème position des moisissures isolées, c’est un champignon cosmopolite, fréquent dans les chambres à coucher et dans les séjours. Il constitue l’un des genres les plus impliqué dans les réactions atopiques.

Selon le site de prélèvements, différents profils fongiques se dégagent de nos résultats : Aspergillus sp (38,4 %), Cladosporium sp (23 %) et Alternaria sp (15 %) sont les espèces les plus couramment retrouvées sur les surfaces.

Aspergillus sp (35,2 %), Penicillium sp (23,5 %) et Cladosporium sp (17,6 %)

sont les espèces les plus couramment retrouvées dans les poussières d’habitation.

La grande variabilité des fréquences d’isolement des genres fongiques selon le site des prélèvements rappelle la nécessité de pratiquer des prélèvements variés en vue d’établir un statut fongique le plus complet possible dans un logement. Ce qui a été le cas dans notre étude.

Par ailleurs Scytalidium sp retrouvé sur les draps d’un des patients inclus n’a aucune signification par rapport au terrain atopique, l’hypothèse serait que ce patient a peut être une onychomycose à Scytalidium sp (qui n’est pas rare) et que ce qu’on a retrouvé au prélèvement de surface correspond aux fragments d’ongles qui peuvent rester collés aux draps.

La diversité de la flore fongique retrouvée dans notre étude pourrait avoir une implication non négligeable dans l’évolution des allergies ou des pathologies respiratoires induites.

Enfin, ces résultats préliminaires nous confortent dans notre démarche et notre raisonnement. L’étude immuno-allergique que nous comptons effectuer, nous permettra d’établir la corrélation entre les moisissures retrouvées dans les habitations et les manifestations allergiques chez les patients. En effet, les études des réactions immunitaires chez des sujets allergiques, par des tests cutanés ou sériques, démontrent la présence d’anticorps spécifiques aux genres, parfois même à l’espèce de moisissures [26, 28, 81, 85]. Cette approche nous permettra également d’établir une cartographie des espèces fongiques par manifestation clinique.

En effet, des études sérologiques plus fines ont permis d’identifier plusieurs moisissures comme étant responsables de pneumonites d’hypersensibilité (ou

alvéolite allergique extrinsèque) (Aspergillus fumigatus, Aspergillus flavus,

Aureobasidium pullulans, Penicillium sp, Absidia sp, Eurotium sp, etc.) [64, 65,

VI. CONCLUSION

À la lumière des données recueillies, il y a lieu, dans une perspective de santé publique, de se préoccuper des problèmes de prolifération de moisissures en milieu intérieur tout comme des conditions favorisant leur croissance. L’audit environnemental est un outil intéressant pour évaluer l’exposition aux moisissures à partir des différents réservoirs domestiques potentiels (air, surface). En effet, les résultats même s’ils sont préliminaires font suspecter qu’il existerait une corrélation entre la présence de réservoirs fongiques apparents dans le logement et un risque accru d’exposition aux spores fongiques et les manifestations cliniques.

Dans un futur proche, l’étude prospective que nous comptons mener au cours de cet audit environnemental au niveau de la Wilaya de rabat, Salé, Zemmour, Zaër, devrait permettre d’appréhender de manière plus satisfaisante l’exposition aux moisissures. L’objectif de cet audit est d’apporter une aide au diagnostic du médecin par la mesure de l’exposition aux moisissures domestiques et d’établir une corrélation entre les moisissures retrouvées et les manifestations cliniques.

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