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par P. daubneyi : 5

INFESTATIONS EXPERIMENTALES (4 miracidiums / mollusque)

2.6. Résultats obtenus :

2.6.1. L’infestation des trois espèces de limnées par P. daubneyi (exp. A) : Les résultats obtenus sont répertoriés dans le tableau XXIV.

Tableau XXIV.

Valeurs de différents paramètres chez les trois espèces de limnées infestées avec des miracidiums de P. daubneyi (expérience A).

Paramètres G. truncatula L. neotropica L. v. ventricosa

Nombre de

- de limnées au départ,

- de survivants au 30ème jour (%) - de limnées avec émission, - de limnées infestées sans émission 100 68 (68,0) 25 11 100 81 (81,0) 34 7 100 59 (59,0) 16 7 Prévalence de l’infestation (%) 52,9 50,6 54,5 Croissance de la coquille (en mm)

chez les limnées avec émission* 2,7 (0,6) 2,6 (0,8) 2,7 (0,7) Période prépatente (rn jours)* 69,3 (3,1) 73,1 (4,6) 71,5 (2,9) Période patente (en jours)* 24,8 (1,9) 27,6 (6,0) 25,0 (8,5) Nombre de cercaires émises* 169,2 (76,1) 37,4 (25,2) 253,0 (151,2)

* Valeur moyenne (± écart type).

Par rapport au taux de survie de G. truncatula au 30ème jour, celui de L. neotropica est significativement plus élevé alors que celui de L. v. ventricosa est plus faible (χ² = 11,50 ; P < 1 %). Les différences entre les prévalences de l’infestation, la croissance des coquilles au cours de l’expérience, les périodes prépatentes et les périodes patentes sont toutes non significatives.

Par contre, le nombre de cercaires émises par L. neotropica est significativement plus faible (F = 4,70 ; P < 5 %) que celui fourni par les deux autres espèces de limnées. A l’inverse de G. truncatula qui émet ses cercaires sur plusieurs vagues, la plupart des L.

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neotropica et des L. v. ventricosa fournissent leurs cercaires en une seule vague et meurent

aussitôt après (résultats non représentés).

2.6.2. Les charges rédienne et cercarienne chez les limnées disséquées au 65ème jour (exp. B) :

Les données de cette expérience sont regroupées sur le tableau XXV.

Tableau XXV.

Les charges rédienne et cercarienne chez trois espèces de limnées infestées expérimentalement par P. daubneyi et disséquées au 65ème jour post-exposition

(expérience B).

Paramètres G. truncatula L. neotropica L. v. ventricosa

Nombre :

- de limnées exposées

- de survivants au 30ème jour (%) - de limnées avec cercaires* (prévalence en %) - de rédies indépendantes* - de procercaires* - de cercaires libres* 50 50 50 37 (74,0) 45 (90) 26 (52,0) 19 (51,3) 22 (48,8) 13 (50,0) 34,4 (5,1) 26,2 (8,6) 39,5 (6,2) 81,4 (21,0) 62,5 (15,6) 99,5 (29,9) 142,4 (32,3) 110,2 (27,4) 177,3 (52,9) Production cercarienne totale*/ ** 223,8 (27,3) 172,7 (21,8) 276,8 (27,1)

* Moyenne (± écart type) ; ** les métacercaires formées avant le 65ème jour sont incluses dans ces chiffres.

Des différences significatives (χ2 = 18,05 ; P < 0,1 %) ont été notées entre la survie de G. truncatula au 30ème jour post-exposition et les taux des deux autres limnées. Comme pour l’expérience A, les prévalences de l’infestation par P. daubneyi dans les trois groupes ne présentent pas de différence significative entre elles. Par contre, des chiffres significativement plus faibles ont été trouvés chez L. neotropica pour les rédies indépendantes (F = 4,26 ; P < 5 %) et les cercaires libres (F = 3,58 ; P < 5 %), alors que les différences existant entre les deux autres espèces de limnées sont toutes non significatives. Dans les trois groupes, les nombres de procercaires indépendantes se distribuent dans la même échelle de valeurs et aucune différence significative n’a été notée.

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Si le nombre de cercaires émises (Tableau XXIV) est comparé par rapport à la production cercarienne total présente dans le corps des limnées (Tableau XXV), le pourcentage de larves qui sort du mollusque est de 75,6 % chez G. truncatula et de 91,4 % chez L. v. ventricosa, alors qu’il n’est que de 21,6 % chez L. neotropica.

2.7. Commentaires :

Comme les hôtes intermédiaires de P. daubneyi en Afrique et en Europe sont G.

truncatula et Lymnaea peregra (SEY, 1979), les résultats rapportés dans la présente étude

démontrent que L. neotropica et L. v. ventricosa sont aussi des hôtes intermédiaires potentiels pour ce Digène. Deux hypothèses, peut-être complémentaires, seraient proposées pour expliquer ces données. Tout d’abord, P. daubneyi serait présent à l’heure actuelle en Amérique du Sud, tout au moins en Argentine et en Uruguay, même si d’autres Paramphistomidés comme Paramphistomum cervi (NASCIMENTO et al., 2006) et

Paramphistomum leydeni (SANABRIA et al., 2011a, b) ont déjà été signalés sur ce

continent. La deuxième hypothèse est que le développement larvaire de P. daubneyi pourrait se produire chez plusieurs espèces du genre Galba / Fossaria. Un élément suppor-tant cette dernière approche est la publication de CASTRO-TREJO et al. (1990) qui rapporte que les larves de P. cervi peuvent se développer chez trois limnées (Lymnaea

cubensis, Lymnaea humilis et Lymnaea palustris).

Chez les deux limnées sud-américaines, il y a une forte disparité dans la réponse du mollusque au développement larvaire de P. daubneyi. Par rapport à G. truncatula (qui sert ici de témoin), les charges moyennes en rédies et en cercaires du Digène chez L. v.

ventricosa (Tableau XXV) sont légèrement plus élevées et cette population de limnées

émet 91,4 % de ses cercaires dans l’expérience B. Par contre, chez L. neotropica, les charges rédienne et cercarienne sont significativement plus faibles (Tableau XXV) et 21,6 % seulement des cercaires sont émises. Ces données peuvent être interprétées comme les conséquences d’une adaptation encore incomplète entre les deux partenaires et cette adaptation incomplète serait plus importante chez L. neotropica que chez L. v. ventricosa. Cette hypothèse est supportée par le fait que de nombreuses limnées sud-américaines dans l’expérience A ont émis leurs cercaires en une seule vague. D’après RONDELAUD et al. (2009), la sortie des cercaires de F. hepatica en une seule vague sur un ou plusieurs jours, suivie de la mort du mollusque, indique une adaptation incomplète entre la population de limnées et le parasite.

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Des périodes patentes de plus faible durée ont été notes chez les L. neotropica et les

L. v. ventricosa parasités dans l’expérience A. Par contre, des périodes plus longues allant

jusqu’à une moyenne de 96,3 jours pour L. v. ventricosa, par exemple, lorsque cette espèce est infestée par Fascioloides magna (SANABRIA et al., 2012), ont été rapportées. Comme les G. truncatula (témoins) montrent aussi des périodes patentes de faible durée (Tableau XXIV), ces résultats peuvent s’expliquer par l’emploi de 4 miracidiums par mollusque.

Même si la charge miracidienne de P. daubneyi utilisée dans cette étude semble clairement réduire l’espérance de vie des L. v. ventricosa infestées, cette espèce est un bon candidat pour la production métacercarienne de ce Digène. Comme l’élevage de cette espèce au laboratoire en utilisant la méthode de RONDELAUD et al. (2007) est plus facile que celui de G. truncatula, cette limnée pourrait remplacer G. truncatula comme mollus-que hôte pour P. daubneyi. Cependant, une étude sur la viabilité des métacercaires produites par L. v. ventricosa et leur développement en adultes chez l’hôte définitif est encore nécessaire pour optimiser les caractéristiques de cette limnée.

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Cinquième chapitre

Identification génotypique des espèces