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Nos résultats montrent également une surexpression de plusieurs régulateurs positifs de la transduction de signaux (MUC1, TYROBP, NMB, ECM1, ADORA1, Nell2,

EPHA4, MARCO, APLP2, ABR, GRB7, PASK, PROS1, PLAB, ABR et ARNTL) et

une diminution d’expression d’ITPR1, CTGF, EDN3, KIT et IRS1. Plusieurs

régulateurs négatifs comme TBC1D4, DUSP1, RGS16, ENPP1 et GNA1 sont

également sous-exprimés dans les PTCs. Ceci suggère que cet équilibre décrit

ci-dessus est rompu.

On observe également une augmentation de l’expression de gènes impliqués dans

l’apoptose. Cette apoptose pourrait éventuellement être stimulée par le déséquilibre

dans les signaux de transduction mitogéniques décrit ci-dessus. Ceci est un mécanisme

supplémentaire de défense antitumorale. Nos données montrent une surexpression de

gènes pro-apoptotiques comme EMP3, bid, DAPK2, TNFSF13, MAP3K5, STAT1,

PPP2R1A, TPD52L1 et TSC22. Par contre, TNFRSF11B, également pro-apoptotique,

est diminué. Parmi les gènes anti-apoptotiques, SFTP1 et BCL2 voient leur expression

diminuée. L’ensemble de nos données suggère que l’apoptose serait augmentée dans

les carcinomes papillaires, contrairement à la situation dans la plupart des autres

tumeurs. Ceci pourrait expliquer leur taille relativement petite, leur faible taux de

prolifération, ainsi que l’existence de microcarcinomes, très fréquents dans la

population. Le pronostic favorable des PTCs pourrait aussi y être attribué comme

suggéré par Aksoy et al. en 2005 (Aksoy et al., 2005)

3) On observe une diminution d’expression de gènes ‘thyroïde-spécifiques’ (TPO,

DIO2, DIO1, SLC26A4) et de gènes impliqués dans la différenciation cellulaire

(NRLN1, FHL1, RAP1GA, CRABP1, PLAB et CSRP2) en accord avec la perte

partielle de différenciation dans ces cancers.

4) On retrouve également des adaptations métaboliques. Il a été démontré que les

tumeurs présentaient en général une captation augmentée de glucose, une

augmentation de la glycolyse et de la synthèse d’ADN ou d’ARN. Les activités des

enzymes de biosynthèse des purines et des pyrimidines sont élevées et celles des

enzymes de dégradation diminuées (Weber, 2002). Tous ces évènements donneraient

un avantage sélectif aux cellules cancéreuses (Weber, 2002). Dans notre étude, on

observe également une augmentation de l’expression de gènes impliqués dans le

métabolisme glycolytique (GALE, ACO1, IDH1, HK2), nucléotidique (AK1,

ENTPD1, DPYSL3, UP, NT5E, NP) et lipidique/cholestérolémique (DHCR7, LRP4,

APOC1, APOE, LPL, LDLR, PAPSS1, SFTPB, PLD3, CRABP1). Une augmentation

de l’expression de FASN (fatty acid synthase) est également observée par

immunohistochimie dans les PTCs (figure III.3.). La plupart de ces protéines sont

impliquées dans le métabolisme des acides gras (DHCR7, APOE, LPL, APOC1,

LDLR). PAPSS et SFTPB sont impliqués dans la biosynthèse des phospholipides (ou

phosphoglycérolipides) et plus particulièrement de dérivés plus complexes comme les

sphingolipides (céramides, sulfatides, globosides, gangliosides et cerebrosides). Ces

derniers peuvent être impliqués dans la transduction de signal, la différenciation, la

prolifération ou encore l’adhésion cellulaire. Ceci est en accord avec d’autres données

observées dans l’étude réalisée par L. Delys dans le laboratoire. Parmi les gènes dont

l’expression est diminuée, citons PHYH, qui catabolise les acides gras (en accord avec

les observations de l’étude de L. Delys qui montre une diminution de l’expression de

PLA2R1, PLCL3, FAAH et AOX1), mais également CRABP1, VLDLR et APOD,

des transporteurs de lipides. On observe également une réorganisation du métabolisme

des écosanoides (des médiateurs fonctionnels) avec une augmentation de ALOX5AP

et ALOX15B, impliqués dans la synthèse des leukotriènes.

D’autres gènes dont l’expression est diminuée sont CKB, GATM et ENPP, impliqués

dans la biosynthèse de créatine, une molécule très énergétique. La diminution de la

créatine kinase B (CKB), et éventuellement de GATM et ENPP, dans les carcinomes

papillaires peut non seulement être expliquée par la perte de la différenciation, mais

également par les adaptations métaboliques en sa défaveur.

5) Nos données suggèrent une augmentation de la capacité invasive reflétée par

l’expression différentielle de gènes codant pour des protéines impliqués dans la

régulation de l’adhésion (ex : surexpression de PLXNC1, CDH2, NRCAM, ICAM1,

MGFE8, SDR1, SDC3, SDC4, et sous-expression de SDC2, Cyr61, CDH16, DPT,

CTGF, FLRT2, FBLN1 et 5), ainsi qu’une surexpression de gènes codant pour des

antigènes de surface (ex : augmentation de CD44, EVA1, ITGA3, CD151, CD163,

DPP6). Une diminution de l’expression de gènes impliqués dans l’adhésion cellulaire

peut aboutir à une perte de contact entre les cellules, favorisant leur capacité à

métastaser. Leur augmentation peut, par contre, mener à une modification du

comportement cellulaire (au niveau signalétique ou celui du cytosquelette, un

changement de ce dernier pouvant aider à la migration cellulaire), et l’expression de

nouvelles protéines d’adhésion peut également attirer d’autres cellules, comme les

cellules inflammatoires, ou aider à la formation des néovaisseaux (ex : CDH2). Les

facteurs inflammatoires peuvent également contribuer à la formation de métastases

(comme expliqué dans l’introduction), suite à l’utilisation de mécanismes

inflammatoires dans l’acquisition du pouvoir invasif (ex : l’augmentation d’expression

d’IGSF1, BF, LY6E, TRD@, CRLF1, IF, C1QB, IFI30, SPP1, ALOX5, IGSF3,

FcGR3A, HLA-DPA1 et la diminution d’expression de FcGBP). Cette augmentation

de facteurs inflammatoires indique également une augmentation du nombre de

lymphocytes dans les tumeurs, en accord avec les observations des pathologistes.

Nos données montrent une augmentation de l’expression de composants matriciels

(FN1, COL8A1, COMP, TNC, COL1A2, COL1A1 et CHI3L1) et une diminution de

l’expression de FBLN1 et COL9A3, suggérant donc une modification de la

composition de la matrice extracellulaire en accord avec l’acquisition d’un pouvoir

invasif et l’angiogénèse. Cette modification provient notamment d’un changement

d’expression de protéines extracellulaires (augmentation d’expression de P4HA2,

SPOCK2 et LGALS3 et diminution d’expression de FBLN5, MATN2, FMOD et

EFEMP1) et de cytokines (ex : augmentation d’expression de CCL18 et diminution

d’expression de CCL14). L’augmentation de l’expression de protéases (CTSD,

PCSK2, PLAUR, SPUVE) ou de leurs inhibiteurs (TIMP1, SPOCK, SERPINA1,

SLPI, CST6), permet d’expliquer le détachement de cellules tumorales de la tumeur

primaire.

Enfin, l’augmentation de l’expression de CAPG, KRT19, KRT17 et DMD et la

diminution d’expression de FHL1, LMOD1, ARGBP2, ELMO1 et IQGAP2 sont en

accord avec un réarrangement du cytosquelette facilitant le mouvement cellulaire.

6) L’étude de l’expression génique des PTCs met également en évidence :

- une modification de l’expression de gènes codant pour des protéines

impliquées dans le transport membranaire (ex : une augmentation d’ABCC3,

KCNJ2, ATP11A, SLC34A2 et une diminution de GRIN2C, SLC26A4,

SLC39A14, SLC4A4, SQV7L, ITPR1)

- une diminution de l’expression de facteurs de transcription à réponse

immédiate (‘immediate early genes’) (egr1 et 2, c-fos, TR3, fosB, srf, atf3) et

une augmentation de celle de facteurs de transcription ‘traditionnels de base’

(TRAP240, TRIM22, PBX3, ELF3, ETV5, CITED1, RXRG, BHLHB2). Les

‘immediate early genes’ serviraient à déclencher le processus de prolifération

et ne seraient ensuite plus nécessaires une fois les cellules lancées dans leur

prolifération, tandis que les autres facteurs de transcription permettraient

notamment de maintenir cet état prolifératif.

- un changement de population cellulaire, entre le tissu pathologique et le tissu

normal. Nous avons déjà décrit plus haut une augmentation du phénomène

d’angiogénèse et donc du nombre de cellules endothéliales, de même pour

l’augmentation du nombre de cellules immunitaires/lymphocytes. La

diminution de l’expression de HBD et HBB laisse supposer qu’il y a une

diminution du nombre de cellules sanguines.

Malgré que les gènes décrits ci-dessus ne représentent qu’une partie des gènes analysés par

microarray (gènes avec une différence d’expression >1.8 ou confirmés par d’autres études, et

avec une intensité d’expression >25%) (table III.3. p72), ils sont comparables aux données

présentées dans la table III.6A., établie à partir de la totalité des gènes différentiellement

exprimés (c’est-à-dire avec un rapport d’expression tumoral/normal > 1.5x et pour toutes

intensités). On y observe une augmentation de l’expression de gènes impliqués dans

l’adhésion cellulaire, dans la réponse immunitaire, dans la division cellulaire et la

prolifération, dans la transduction de signal en général (en réponse à divers stimuli) et dans

l’apoptose, dans les PTCs. On observe une diminution de l’homéostasie cellulaire et

chimique, suggérant une perturbation générale de la cellule tumorale. La table III.6B. nous

montre une augmentation préférentielle de l’expression de protéines extracellulaires

(également celles faisant partie de la matrice extracellulaire), de récepteurs et de protéines

vésiculaires. L’augmentation de l’expression de récepteurs est en accord avec l’augmentation

de la transduction signalétique et l’augmentation de l’expression de protéines dans les

vésicules suggère une augmentation du trafic protéique.

En conclusion, nous avons tenté ici de décrire le phénotype moléculaire des PTCs, et de relier

celui-ci à la biologie de la tumeur. Ces données nous donnent un aperçu des phénomènes

complexes impliqués dans leur carcinogénèse et nous permettent de mieux les comprendre.

4. Les adénomes autonomes hyperfonctionnels de la thyroïde (article 2)

Les adénomes autonomes hyperfonctionnels sont des tumeurs bénignes caractérisées par

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