• Aucun résultat trouvé

a) Les ateliers de co-conception réalisés

Afin que les membres du groupe s’approprient la démarche de la co-conception, nous leur avons proposé dans un premier temps, un atelier sur la gestion de l’enherbement sans glyphosate. Son utilisation est modérée au sein du groupe. Ils l’utilisent avant l’implantation des cultures dans le cas où la parcelle présentent un salissement important.

La mixité d’agriculteurs bio et conventionnels aurait permis d’alimenter les réflexions.

Cependant, seuls deux agriculteurs conventionnels étaient présents à cet atelier. Nous avons tout de même pu échanger. Ceux-ci ont proposé plusieurs pistes d’évolution :

Lutte mécanique : travail du sol

- Effectuer des faux semis ; déchaumages réguliers entre la récolte et le semis afin de mettre en germination les graines d’adventices et les repousses de cultures. L’objectif est de faire germer le maximum d’adventices pour éviter qu’elles germent dans la culture à venir.

- Privilégier les déchaumeurs à dents aux déchaumeurs à disques en présence de chardons. L’effet des disques sectionnent les rhizomes des chardons ce qui les multiplient. Le déchaumeur a pour particularité de déraciner sans les couper.

- Labourer en deux fois ; labourer les longueurs puis labourer les fourrières 3 semaines après pour éviter le repiquage sur les zones de recroisement

- Labourer systématiquement toutes les surfaces pour retarder la levée des adventices.

- Labourer que les tours de champs qui sont la zone d’entrée des adventices. Cela aurait pour effet d’enfouir les graines d’adventices sur les premiers mètres de la parcelle pour limiter leur propagation dans la parcelle.

- Effectuer un double labour pour les cultures de printemps. Cela consiste à labourer une première fois à l’automne puis une deuxième fois au printemps avant le semi.

Couverts végétaux :

- Supprimer les graminées dans les couverts végétaux. L’avoine est souvent utilisée pour son faible prix et sa capacité à produire de la biomasse. Cependant, comme toutes les graminées, il est difficile de les détruire efficacement de manière mécanique.

Lutte chimique :

- Utiliser les produits existants et homologués sur chaque culture pour lutter contre les repousses, les graminées et les vivaces.

- Appliquer de la Tropotone sur les pois pour lutter contre les chardons

16 - Appliquer des Hormones sur les céréales pour lutter contre les chardons

- Appliquer du 2.4D en inter-cultures. C’est un produit qui détruit les dicotylédones. Il remplacerait en partie le glyphosate.

Ensuite, compte tenu des conditions sanitaires le second atelier prévu fin mai a dû être annulé. Nous devions aborder cette fois ci la conception complète d’un système de culture chez l’un des membres. Cet atelier devrait être reproposé lors de la prochaine campagne.

Cet atelier, sans ce contexte inédit de crise sanitaire, aurait pu être plus constructif en abordant les principes agronomiques indispensables dans tout système.

b) La destruction mécanique des couverts végétaux

L’ensemble du groupe est d’accord pour implanter le maximum de couverts végétaux entre leurs cultures. La directive nitrate les oblige déjà à semer un couvert avant les cultures de printemps.

Aucun des agriculteurs pratiquent le semis direct sous couverts, ce qui les obligent à détruire et enfouir les couverts pour réaliser une préparation de sol permettant un semis.

De plus, que ce soit pour les agriculteurs bio du groupe ou les agriculteurs conventionnels, l’utilisation de glyphosate est interdit ou sera interdit à partir de 2021. Ils sont donc à la recherche d’une solution efficace pour détruire les couverts végétaux de manière mécanique.

L’essai a été réalisé sur le couvert suivant :

Couvert en place : Féverole, Phacélie, Moutarde, Vesce, Avoine

Date de semis : Début août Date pesée : 08/01/2020

3.5 T/MS/ha (Méthode MERCI)

La méthode MERCI a été développée par la chambre d’agriculture. Il suffit de peser la masse espèces par espèces sur un mètre carré.

Ensuite, un tableur permet de déterminer le tonnage hectare de matière sèche produite par le couvert.

Source : Paul RHETY

17 Grâce à l’essai présenté dans la partie précédente nous avons observé les résultats suivants :

Nous retenons que :

- Le rouleau Faca est aussi efficace que le broyeur dans ce type de couvert mais laisse au contraire de ce dernier un mulch plus conséquent en surface.

- Le rouleau Cambridge est efficace sur les plantes à tiges cassantes (Féverole / Phacélie) mais inefficace sur graminées et moutarde. Il est à utiliser de préférence en condition de gel pour briser plus facilement les fibres.

- La charrue déchaumeuse Dans les différents cas, son efficacité semble à peine acceptable. Les versoirs cylindriques, enroulant la terre, laissent de la végétation mal enfouie sur la bande de labour.

Tableau n°4 : Résultats des notations

Tableau n°5 : Estimation du coût pour chaque combinaison

La note attribuée peut varier de 0 à 10 (0 = plantes intactes, 10= toutes les plantes sont détruites)

Broyeur Rouleau faca Rouleau

cambridge Couvert en place

Couvert en place 10 9 3

Charrue 8 8 6,5 6,5

Charrue déchaumeuse 6.5 6.5 6 6

Herse rotative 5,5 5,5 5 5

Déchaumeur à disques 4 4 3 3

Déchaumeur à dents 3 3 2 2

18 - Les Déchaumeurs à disques et à dents sont peu efficaces et engendrant beaucoup de repiquage. De plus, le ou les rouleau(x) arrière(s) amplifie(nt) la reprise en végétation du couvert.

- La herse rotative rend un résultat satisfaisant avec un débit de chantier de 2 ha/h en largeur de 6m. Peut-être l’outil « bon compromis ». Cependant, mécaniquement parlant, ce n’est pas un outil pour réaliser ce genre de travail (consommation, usure, débit de chantier…).

- Après broyage ou rouleau « Faca », la charrue reste l’outil le plus efficace, ce qui est sans surprise. Les versoirs enroulent bien la végétation pour obtenir un bon enfouissement.

Les combinaisons d’outils les plus efficaces que sont le broyeur ou le rouleau Faca avec la charrue sont aussi les plus coûteuses. Les prix affichés sont indicatifs mais l’ordre de grandeur est le gradient de prix reste les mêmes. Dans le cas des agriculteurs bio, il est préférable de ne pas négliger ce travail dans le but d’économiser, sous peine d’avoir des problèmes de repousses dans la culture.

c) Le désherbage mécanique des cultures en agriculture biologique

D’octobre 2019 à mars 2020, la pluviométrie a été de 730 mm soit 85 % de la pluviométrie annuelle. Cet hiver très pluvieux a rendu les passages de désherbage mécanique difficiles voir impossibles. De plus, la période de confinement n’a pas permis d’effectuer les comptages lorsque les agriculteurs ont effectué les passages de désherbage mécanique.

En l’absence de résultats complets, cette partie évoquera la conduite optimale à adopter pour gérer le salissement dans les cultures.

Cependant, voici ci-dessous 1 exemple de comptage réalisé juste avant la finalisation de ce rapport pour illustrer le travail qui aurait dû être réalisé cet hiver.

19 Figure n°8 : Résultat d’un comptage d’adventices dans une parcelle de maïs

Figure n°9 : Témoin Figure n°10 : Après herse étrille et binage

Figure n°11 : Liseron Figure n°12 : Chénopode Figure n°13 : Mercuriale Ces comptages comparent la présence des adventices entre une zone non désherbée et une zone désherbée à la herse étrille et la bineuse. Les adventices présentes sont :

16

26,4

8,2

1,2 0

5 10 15 20 25 30

RANG INTER RANG

Adventices/m²

Témoin Herse étrille en plein + binage en inter rang

http://www.infloweb.fr / http://www.infloweb.fr / http://www.infloweb.fr /Source : Paul RHETY

Source : Paul RHETY

20 Figure n°14 : Morelle Figure n°15 : Géranium Figure n°16 :

Renouée persicaire

Figure n°17 : Fréquence de présence des adventices dans les cultures d’hiver suite aux notations des parcelles

On constate qu’entre le témoin et la zone désherbée le nombre d’adventices est divisé par deux sur le rang. Dans l’inter rang la bineuse réduit d’environ 95% la présence des adventices.

Pour ce résultat, il y a eu un passage de herse étrille à l’aveugle et a trois feuilles puis un passage de bineuse.

Comme évoqué dans la partie méthodologie, des notations de flores adventices sont effectuées tous les ans dans les mêmes parcelles. Voici ci-dessous les résultats :

http://www.infloweb.fr / http://www.infloweb.fr / http://www.infloweb.fr /

21 Figure n°18 : Fréquence de présence des adventices dans les cultures de printemps

suite aux notations des parcelles

Ces graphiques sont des moyennes de l’ensemble du groupe. La renouée des oiseaux et la véronique de perse sont en moyenne très présentes sur les cultures d’hiver tandis que pour les cultures de printemps ce sont la mercuriale, le panique pieds de coq, le chénopode et le liseron.

Voici ensuite le détail pour chaque agriculteur :

Tableau n°6 : Détail pour chaque agriculteur pour les cultures d’hiver

Tableau n°7 : Détail pour chaque agriculteur pour les cultures de

printemps

22 Au regard des premiers résultats les parcelles en bio ne semblent pas avoir un salissement très important comparé aux parcelles conventionnelles.

Grâce aux notations annuelles l’évolution de la présence des adventices pourra être évaluée.

Cet inventaire de la flore présente est intéressant pour choisir la culture à implanter et le type de matériel qui est présenté en suivant.

Comme vu précédemment, la gestion de l’enherbement dans une parcelle commence bien avant la mise en culture : rotation, gestion de l’interculture.

Vient ensuite la préparation du sol avant le semis. Elle doit être réalisée avec beaucoup de soin pour que la parcelle soit indemne d’adventices avant le semis et bien plane pour faciliter le passage des outils de désherbage mécanique.

Grâce au recul sur le désherbage mécanique et les observations réalisées au sein du réseau des chambres d’agriculture, il s’avère que le passage de herse Etrille à l’aveugle est primordial.

Cette action consiste à passer la herse 24h à 72h après le semis. Ce passage serait le plus efficace puisqu’il retire les adventices au stade filaments blancs. C’est à ce stade que les adventices sont les plus faciles à détruire.

Il a été observé que les passages précoces étaient les plus efficaces. A chaque passage d’outils l’objectif est d’avoir une efficacité la plus importante possible. Le but est d’obtenir 100

% des adventices détruites.

Pour se rapprocher de ce but, il est préférable d’effectuer des passages précoces. Cela consiste à intervenir rapidement après la levée de la culture lorsque les adventices sont au stade cotylédons. A ce stade, elles sont encore facilement vulnérables aux outils. Passé ce stade, l’efficacité des outils peut être grandement entachée.

Une plante trop développée sera donc non détruite et pourra monter à graine et disperser ses graines dans la parcelle.

Les outils comme la herse étrille, roto étrille et houe rotative sont des outils de travail en plein. Ils travail le sol sur l’ensemble de leur largeur. En complément de ces matériels il peut être judicieux d’utiliser une bineuse.

Figure n°19 : Herse étrille

Figure n°20 : Roto étrille Figure n°21 : Houe Rotative

https://hautsdefrance.chambres-agriculture.fr/

https://hautsdefrance.chambres-agriculture.fr/

https://hautsdefrance.chambres-agriculture.fr/

23 Pour les céréales d’hiver, l’utilisation de la bineuse peut permettre de gérer les adventices physiologiquement proches de la culture comme la folle avoine.

Pour les cultures de printemps, la bineuse permet de désherber plus efficacement l’inter-rang, souvent plus large que les cultures d’hiver. En complément, le resserrement des rangs aide à la gestion de l’enherbement. L’inter-rang est alors recouvert plus rapidement et met à l’ombre les adventices.

Un deuxième outil peut être utilisé pour réduire le salissement sur le rang. Il s’agit du désherbeur thermique. Il est peu répandu car très couteux. Il doit être utilisé en complément des autres matériels de désherbage mécanique. Il est préférable de l’utiliser sur des adventices peu développées et avant les premiers binages.

L’ensemble de ces matériels sont présents dans le groupe en propriété ou en CUMA.

Figure n°22 : Bineuse

https://hautsdefrance.chambres-agriculture.fr/

Figure n°23 : Désherbeur thermique

Source : Paul RHETY

24

Conclusion

Cette étude, « Quels sont les leviers d’actions pour gérer les adventices en grandes cultures bio ? » a eu lieu dans un contexte climatique et sanitaire difficile. Il n’a pas été possible de la mener dans les conditions prévues initialement.

La gestion de l’enherbement en grandes culture est probablement le point le plus difficile à maîtriser en agriculture biologique.

La performance des systèmes en agriculture biologique réside principalement dans l’application des principes agronomiques.

L’intégration des couverts végétaux peut être une solution pour gérer les adventices en interculture.

Le recul sur le désherbage mécanique des cultures permet aujourd’hui d’appliquer les techniques les plus efficaces. Ceci est complété par la fiabilité des matériels de

désherbage de plus en plus performants.

L’agronomie comporte une multitude de facteurs. En occulter certains peut engendrer une perte de performance. Afin de construire des systèmes permettant de produire durablement, il est important d’avoir une approche systémique. Il est donc extrêmement complexe de maitriser tous les facteurs.

Table des figures

Figure n°1 : Evolution des surfaces et du nombre d’exploitations en agriculture biologique en France

Figure n°2 : Evolution du bio pour chaque production végétale

Figure n°3 : Diagramme de la répartition de la ressource des chambres d’agriculture

Figure n°4 : Organigramme de la chambre d’agriculture Charentes-maritimes Deux-Sèvres Figure n°5 : Schéma des actions réalisées et non réalisées

Figure n°6 : Fiche de contextualisation Figure n°7 : Schéma de l’essai

Figure n°8 : Résultat d’un comptage d’adventices dans une parcelle de maïs (GOULARD Antonin)

Figure n°9 : Témoin

Figure n°10 : Après herse étrille et binage Figure n°11 : Liseron

Figure n°12 : Chénopode Figure n°13 : Mercuriale Figure n°14 : Morelle Figure n°15 : Géranium

Figure n° 16 : Renouée persicaire

Figure n°17 : Fréquence de présence des adventices dans les cultures d’hiver suite aux notations des parcelles

Figure n°18 : Fréquence de présence des adventices dans les cultures de printemps suite aux notations des parcelles

Liste des tableaux

Tableau n°1 : Présentation des agriculteurs du groupe Tableau n°2 : Comptages adventices

Tableau n°3 : notation salissement Tableau n°4 : Résultats des notations

Tableau n°5 : Estimation du coût pour chaque combinaison

Tableau n°6 : Détail pour chaque agriculteur pour les cultures d’hiver Tableau n°7 : Détail pour chaque agriculteur pour les cultures de printemps

Bibliographie

Ecophyto pro. Accessible à : https://www.ecophyto-pro.fr . Consulté en mai 2020.

Driaaf Ile de France. Accessible à : http://driaaf.ile-de-france.agriculture.gouv.fr . Consulté en mai 2020.

Chambre d’Agriculture France. Accessible à : https://chambres-agriculture.fr/ . Consulté en décembre 2019.

Résumé

L’agriculture a pour fonction fondamentale de produire de l’alimentation. Pour obtenir des cultures avec un fort rendement, des produits phytosanitaires, des substances de synthèses ont été utilisées au détriment de la biodiversité, du réchauffement climatique et de la santé humaine. Aujourd’hui les mentalités évoluent et les attentes s’orientent vers l’agriculture biologique.

Pour réduire ces conséquences néfastes sur l’environnement, en 2008 le gouvernement a lancé le plan ECOPHYTO.

Ce plan a pour objectif de réduire de moitié l’usage des pesticides à l’horizon 2025.

L’une des actions de ce plan est d’accompagner les agriculteurs dans la transition agro-écologique. Cela a nécessité l’engagement des Chambres d’Agriculture qui ont créé des groupes d’agriculteurs encadrés par des animateurs/conseillers pour progresser sur les pratiques agricoles.

C’est dans ce cadre que je suis en charge de participer à l’animation d’un groupe d’agriculteurs travaillant sur la gestion des adventices en grandes cultures. Nous avons travaillé sur la destruction des couverts végétaux et le désherbage mécanique.

Cet accompagnement a été perturbé par une pluviométrie excessive cet hiver et une crise sanitaire inédite (covid 19).

Cependant, des résultats satisfaisants sont ressortis de l’essai destruction des couverts végétaux.

Abstract

The fundamental function of agriculture is to produce food. In order to obtain crops with a high yield, plant protection products and synthetic substances have been used to the detriment of biodiversity, global warming and human health. Today mentalities are changing and expectations are shifting towards organic farming.

To reduce these harmful consequences on the environment, in 2008 the government launched the ECOPHYTO plan.

This plan aims to halve the use of pesticides by 2025. One of the actions of this plan is to support farmers in the agro-ecological transition. This has required the commitment of the Chambers of Agriculture, which have created groups of farmers supervised by facilitators/advisers to make progress on agricultural practices.

It is within this framework that I am in charge of participating in the animation of a group of farmers working on the management of weeds in field crops. We worked on the destruction of plant cover and mechanical weeding.

This support was disrupted by excessive rainfall this winter and an unprecedented health crisis (covid 19).

However, satisfactory results were obtained from the destruction of plant cover.

Documents relatifs