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IV. Résultats et discussions

2. Résultats de l’entretien avec A.V

L’entretien s’est déroulé dans notre classe, située à quelques mètres de la classe d’A.V. et a duré environ quarante-cinq minutes.

A la première question relative à la façon de percevoir le travail en équipe, l’enseignante a tout de suite répondu qu’en cas de difficulté elle se tournait vers l’auxiliaire de vie scolaire. Elle justifie ce propos du fait qu’elles travaillent ensemble depuis plusieurs années et qu’elles ont une certaine proximité : « Moi si j’ai besoin d’aide je travaille avant tout avec mon AVS C.S., parce que je la connais, je la connais depuis deux ans donc je peux me permettre d’être hyper familière avec elle, de lui poser toutes les questions que je veux. » Elle évoque ensuite le reste des collègues de l’école et conclut par : « Donc je collabore avec l’équipe enseignante et avec l’AVS ». Cette première piste de réponse ancre le discours non pas dans une réponse globale, générale ou même idéologique sur la question de la collaboration mais plutôt sur une réalité de terrain vécue au quotidien. De ce fait, nous avons reposé la même question, A.V nous apporte d’autres éléments : « Alors moi je trouve que c’est très positif car je ne pourrai pas travailler sans C.S », elle explique ensuite que la présence d’un enfant autiste dans la classe ne serait pas possible sans la présence de l’AVS. Ainsi, l’entretien est tout de suite orienté vers la question du handicap. Nous pouvons peut-être imaginer que l’enseignante était au courant du sujet de l’entretien en ayant discuté avec les autres enquêtées, ce qui pourrait induire un biais dans notre recherche. D’ailleurs, lorsqu’on lui demande si elle travaille en équipe uniquement parce qu’elle a un enfant autiste dans la classe, elle répond : « Oui enfin

non, j’aime bien travailler en groupe, avoir l’avis d’autres personnes etcetera, ça aide à avancer. » L’envie de travailler en groupe dépasse le seul cas de l’élève BEP : «Il n’y a pas que pour le handicap que je vais travailler avec les autres. » Dans la suite de l’entretien, d’autres réponses ont été apportées quant à la façon de percevoir le travail en équipe : « Ça fait partie de la vie de l’école, ça fait partie du métier, pour moi c’est indispensable, c’est pas que positif c’est indispensable dans une école. Si t’as une équipe qui ne s’entend pas entre elle, forcément ça ne va pas aller. » Madame V. estime donc que le travail collectif est indispensable au-delà d’être positif. Toutefois, elle commence déjà à émettre des pistes de réponses quant aux freins limitant le travail en équipe.

Nous comprenons ainsi que le travail en équipe est perçu positivement par cette enseignante. Les premières personnes avec lesquelles elle va collaborer sont les enseignants de l’école mais avant tout l’AVS. La question d’autres partenaires se pose alors « Euh bah j’ai travaillé avec les collègues, c’est ce que je t’ai dit, avec les parents d’élèves notamment l’année dernière en maternelle, c’est également indispensable. Euh…… je suis en train de réfléchir… donc les parents, les enseignants….. les AVS… donc j’ai eu plusieurs AVS depuis trois ans… euh…. Pour l’instant je ne vois que ça, les entraîneurs de sport à la limite ». Les différents partenaires sont donc peu nombreux et très proches géographiquement de l’enseignante, ce sont des personnes lesquelles elle va être en contact direct régulièrement. Dans le cas plus spécifique d’un élève handicapé, l’enseignante évoque : « Il y a une éducatrice de la…….. MDPH….. j’espère que je ne me trompe pas qui vient tous les vendredis matins de 8h30 à 9h30 depuis la semaine dernière ». Après vérification il s’agit d’une personne du Service d’Éducation Spéciale et de Soins À Domicile, toutefois ce n’est pas A.V qui est présente les jours où cette personne intervient.

La question des ESS a également été évoquée au travers du travail en équipe en dehors des réunions obligatoires. Madame V. répond d’abord qu’elle s’attache à séparer sa vie personnelle de son travail : « non, tu vois le personnel ça reste le personnel, le privé ça reste le privé et le travail ça reste le travail » expliquant alors qu’elle ne travaille pas avec les partenaires présents aux ESS en dehors de celles-ci. Elle revient toutefois sur son discours en expliquant qu’elle accepte de les contacter par téléphone notamment ou lors de discussions informelles après ou avant l’ESS. Elle explique notamment que dans certains cas, différents partenaires discutent de façon informelle, font un bilan pour « préparer » l’ESS et ce qui va être dit aux parents. Cela induit donc une certaine hiérarchisation des partenaires dont certains se seraient mis d’accord et se seraient tenus informés mutuellement avant les réunions d’équipe de suivi de scolarisation. En ce qui concerne les autres enseignantes et les AVS, elle explique ne pas uniquement se servir du temps de concertation : « « Non non, j’utilise le temps

qui est en dehors de ces heures-là mais je reste à école. Récréation, le temps du midi, après 4h30 comme tu vois parfois on reste papoter cinq 10 minutes, sur ces temps-là oui. »

A.V. a également eu l’occasion de donner son point de vue quant aux élèves pour lesquels le travail en équipe était le plus bénéfique selon elle. Dans un premier temps, elle a indiqué : « Il est plus pertinent… je dirais quoi… je suis pas sûre mais pour les élèves en difficulté notamment. » N’étant pas certaine de sa réponse elle a finalement dit que cela était pertinent pour tous les élèves voire pour toute l’école : « Ça dynamise ta classe, ça dynamise l’école, ça dynamise bah la vie du personnel enseignant, ça dynamise l’ensemble des choses en fait, ça rend l’école vivante enfin ça participe à la vie de l’école ». Dans cette même perspective, Madame V. pense que le travail collectif a un impact positif sur la réussite des élèves : « Oui ça impact la réussite parce que parfois toi tu vas pas trouver la solution, tu vas aller demander à une collègue, qu’a un avis extérieur qui connaît pas l’élève et elle elle va t’aider, elle va te donner des outils en fait pour trouver la solution. » elle évoque également le fait que le travail en équipe sous la forme de projet à l’échelle de l’école permet d’impliquer différents partenaires tels que les parents et est un facteur de motivation des élèves : « Ça a un impact positif sur les élèves, sur les parents, ça permet aussi de souder l’équipe éducative, de mieux se connaître. Les enfants sont contents parce qu’ils montrent à leurs parents, ils expliquent à leurs parents leur travail donc en même temps ça valorise leur travail et les parents sont contents aussi de partager ce moment-là avec leurs enfants et de voir l’enseignant aussi dans un autre contexte, tu vois. »

Nous avons ensuite évoqué plus spécifiquement sur le travail en équipe auquel a participé A.V tout en essayant de comprendre comment les différents partenaires se sont organisés. L’enseignante explique tout d’abord qu’elle n’a pas eu l’occasion de prendre part à des projets de grande envergure du fait de sa récente titularisation et des différents postes fractionnés qu’elle occupe. Elle évoque toutefois un projet réalisé l’an passé nommé « La grande lessive », des réunions d’équipes pédagogiques ont alors été organisées : « Il y avait des réunions pour en parler entre nous, s’organiser, se sera tel jour, à telle heure, les parents pourront venir dans l’école de 8h30 à 10h30 après ils partiront, ils pourront emmener leurs enfants etc. »

En ce qui concerne les élèves BEP et plus spécifiquement les dys, elle explique ne jamais en avoir eu. Néanmoins, elle nous a expliqué que différentes séances de travail collaboratif avaient permis de créer des outils pour l’élève autiste présent dans sa classe : « Ça nous a permis de créer un emploi du temps pour B. donc ça on l’a fait ensemble, on a mis en place un système avec des cartes…….. des émoticônes après on a mis en place tout ce qui est

cahiers etc ». A.V évoque également d’autres outils tels que des photos des maîtresses ou encore la mise en place de règles partagées avec l’AVS. Lorsque l’on cherche à comprendre vraiment la nature du travail effectué entre l’enseignante et l’AVS, la réponse est claire : « Ça c’est C.S qui fait tout, on a lâché. C’est C.S qui s’occupe de tout ce qui est apprentissage. ». A.V explique qu’elle ne serait pas en mesure de suivre les réelles humeurs et évolutions de l’enfant et que par conséquent, les apprentissages et leurs conceptions sont en intégralité confiés à l’AVS qui « dépasse son rôle clairement, très clairement ». L’enseignante estime donc travailler à la fois en coopération et en collaboration puisque « Elle a sa partie, j’ai ma partie mais ça fonctionne ensemble, ça pourrait pas fonctionner l’un sans l’autre » et que les discussions, toujours informelles sont très fréquentes. Madame V. pense ne pas pouvoir faire autrement étant donné que l’élève BEP présente un grand écart par rapport aux besoins des élèves de CM1-CM2 de sa classe, elle se dit même « bloquée ».

Pour conclure sur cet entretien, il convient de rappeler que l’enseignante porte un regard très positif sur le travail en équipe qu’elle juge indispensable, notamment dans la scolarisation d’un élève handicapé. Toutefois, les manières d’organiser ce travail en équipe restent complexes notamment dans le rôle pédagogique de l’enseignant dans sa classe auprès de l’élève BEP et vis-à-vis de son AVS.