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Pour la présentation des résultats, les données provenant du secteur de Bristol-les-Mines (site 13) n’ont pas été compilées avec les 16 autres sites. En effet, la tortue musquée étant connue depuis plusieurs années dans ce secteur, nous l’avons d’abord utilisé pour : (1) familiariser les participants avec la méthode d’inventaire, (2) s’assurer que nous étions dans la bonne période d’activité et (3) récupérer les émetteurs encore présents sur les tortues musquées étudiées en 2006 (n = 9). Aussi, la technique d’inventaire n’était pas comparable aux autres sites puisque nous y utilisions principalement la télémétrie. Finalement, les observations des autres espèces de tortues n’ont pas été notées pour ce site. Il est toutefois à noter que six tortues musquées y ont été trouvées sans l’aide de la télémétrie. Trois individus étaient des recaptures, deux individus étaient nouveaux pour la population alors que le dernier individu n’a pu être capturé. Les données de ces tortues sont présentées à titre indicatif aux tableaux 1 et 2 ainsi qu’à l’annexe 5.

Un total de 326,5 heures de recherche active a été effectué (229 heures de jour et 97,5 heures de nuit) (tableau 1 ; annexe 3). La différence d’effort entre le jour et la nuit s’explique principalement par le fait que l’ensemble des 16 sites a été visité de jour alors que six sites ont été inventoriés de nuit (tableau 1). Nous avons, entre autres, été moins sélectifs sur les conditions météorologiques en période diurne puisqu’il nous fallait de toute façon repérer et évaluer le potentiel des sites. À l’opposé, les conditions météorologiques en période nocturne étaient plus contraignantes puisque dès que le vent troublait la surface de l’eau, la visibilité devenait impropre aux inventaires. Plusieurs raisons peuvent expliquer l’absence d’un inventaire nocturne dans un site : (1) logistique (p. ex. difficulté de naviguer jusqu’à l’île Marcotte), (2) la tortue musquée a été trouvée de jour et les efforts consentis à d’autres sites (p. ex. la baie à Wickens) ou (3) l’habitat ne présentait pas le meilleur potentiel.

8 Tableau 1. Résultats et effort d’inventaire de la tortue musquée et quatre autres espèces de tortues sur la rivière des Outaouais en 2007. SITE EFFORT (h)

Tortue musquée (nb obs.)

Tortue peinte (nb obs.)

Tortue géographique (nb obs.) Tortue serpentine (nb obs.) Tortue mouchetée (nb obs.)

TOTAL (nb obs.) 1-Île Marcotte Jour=17,5 Jour=21 Jour=85 Jour=1 Jour= 107 2-Îles Finlay Jour=16,0 Jour=5 Jour=8 Jour=2 Jour= 15 3-Grand Marais Fort-Coulonge Jour=14,5 Nuit=8,0 Jour=16 Nuit =3 Jour=2 Nuit =2 Jour=18 Nuit = 5 4-Fort-Coulonge île Bernard Jour=12,5 Jour=30 Jour=2 Jour= 32 5-Île du Grand Calumet Jour=20,0 Jour=15 Jour=3 Jour=4 Jour= 22 6-Baies Spencer et Ryan Jour=6,0 Jour=7 Jour=1 Jour= 8 7-Baie du Chemin McGuire Jour=4,0 Jour=24 Jour=6 Jour= 30 8-Îles Company et Elliot Jour=22,5 Jour=16 Jour=20 Jour=1 Jour= 37 9-Baie Sand Jour=18,0 Nuit =8,0 Jour=29 Jour=18 Nuit=2 Jour= 47 Nuit = 2 10-Baies à Wickens et à Heath Jour=29,0 Jour=6 Jour=4 Jour=4 Jour= 14 11-Baie Armstrong Jour=5,0 Nuit =16,0 Jour=39 Nuit =1 Jour=18 Jour=4 Nuit =1 Jour=6 Jour= 67 Nuit = 2 12-Baie de l’Île Armstrong Jour=5,0 Nuit =6,5 Jour=8 Jour=2 Nuit =3 Jour = 10 Nuit = 3 13-Bristol-les-Mines Nuit =61 14-Baie Kilroy2 Nuit =13,0 Nuit =5 Nuit = 5 15-Baies du Camp et Black Jour=25,0 Jour=1 Jour=2 Jour=3 16-Île Kettle Jour=11,0 Jour=24 Jour=2 Jour = 26 17-Baie McLaurin Jour=23,0 Nuit =46,0 Jour=51 Nuit =7 Jour=2 Jour=2 Nuit =9 Jour = 55 Nuit = 16 TOTAL Jour=229,0 Nuit =97,5 Jour=6 Nuit =0 Jour=290 Nuit =11 Jour=166 Nuit =0 Jour=21 Nuit =22 Jour=8 Nuit =0 Jour = 491 Nuit = 33 GRAND TOTAL 326,5 6 301 166 43 8 524 1 Présenté à titre indicatif 2 La baie Kilroy a été visitée en 2005 et le potentiel avait été jugé suffisant pour y effectuer des inventaires de nuit.

La présence de la tortue musquée a été confirmée dans le site de la baie à Wickens près du hameau de Sandy Bay (site 10 - annexe 5). Un total de six individus a été dénombré, dont quatre en moins de 30 minutes. Le rapport des sexes est d’un mâle pour deux femelles. En comparant avec les résultats obtenus par Belleau (2008), les individus récoltés à la baie à Wickens seraient des adultes de taille moyenne à élevée (tableau 2). Les individus retrouvés reposaient sur un substrat plutôt fin (sable avec matières végétales décomposées) à une profondeur d’eau approximative de 120 cm. Les sites étaient dépourvus de végétation aquatique. Toutes ces observations se sont faites durant le jour. La baie à Wickens n’a pas fait l’objet de recherche nocturne puisque nous avons préféré déployer notre effort de nuit (30,5 h) dans les baies voisines (sites 9, 11, 12 – annexe 5) pour vérifier l’étendue de la distribution de l’espèce. Malgré cet effort non négligeable, auquel s’ajoutent 28 heures de recherche diurne (tableau 1), l’espèce n’y a pas été confirmée ailleurs et ce malgré le fort potentiel de l’habitat (notamment à la baie Armstrong). Il faut cependant teinter ce résultat de prudence. En effet, quelques éléments nous portent à croire que les individus capturés à la baie à Wickens étaient encore rassemblés à proximité de leur site d’hibernation. Nous avons notamment visité le site de Bristol-les-Mines (site 13 - annexe 5) durant cette période pour y découvrir que les individus étaient encore concentrés autour des sites d’hibernation.

Notre hypothèse semble corroborée par deux autres similitudes avec la population de Bristol-les-Mines en période d’hibernation. En effet, dans les deux cas on observe une forte densité d’individus dans une très petite superficie ainsi que des caractéristiques d’habitats comparables (p. ex. substrat). Une fois la période d’hibernation terminée, les tortues musquées de Bristol-les-Mines migrent vers leurs habitats d’été qui peuvent se situer à plus de 1 km, pour ainsi cumuler un domaine vital moyen pouvant varier entre 15 et plus de 30 ha (Belleau 2008). L’ensemble de ces informations rend donc tout à fait possible la présence de la tortue musquée dans les baies à proximité de la baie à Wickens.

10 Tableau 2. Données de capture des tortues musquées et géographiques sur la rivière des Outaouais en 2007. ESPÈCE DATE (2007) SITE LONG. NAD 83 (°)

LAT. NAD 83 (°) SEXE

LONGUEUR MAXIMALE CARAPACE & PLASTRON (mm)

POIDS (g)

NUMÉRO MARQUAGE (RIV-IND)

PRISE ADN (O / N) Tortue musquée 02 mai Baie à Wickens 76,5472045,53625M C = 121; P = 89 235 22-226 O Tortue musquée 03 mai Baie à Wickens 76,5567845,53636M C = 99 ; P = 87 140 22-201 O Tortue musquée 03 mai Baie à Wickens 76,5416345,52825F C = 125 ; P = 89 252 22-151 O Tortue musquée 03 mai Baie à Wickens 76,5416345,52825F C = 106 ; P = 82 179 22-152 O Tortue musquée 03 mai Baie à Wickens 76,5416345,52825F C = 117 ; P = 87 247 22-154 O Tortue musquée 03 mai Baie à Wickens 76,5469745,53352F C = 109 ; P = 82 188 22-150 O Tortue musquée 04 mai Bristol-les-Mines 76,3945345,49386F C = 120 ; P = 88 230 22-227 O Tortue musquée 04 mai Bristol-les-Mines 76,3945345,49364M C = 102 ; P = 73 142 22-228 O Tortue musquée 04 mai Bristol-les-Mines 76,3945545,4936622-140 N Tortue musquée 04 mai Bristol-les-Mines 76,3910145,4884322-52 N Tortue géographique 02 mai Baie Armstrong 76,5328645,53000M C = 106 ; P = 93 165 -- O Tortue géographique 03 mai Baie à Wickens 76,5539045,53708M C = 73 ; P = 62 -- -- O Tortue géographique 03 mai Baie Sand 76,5872745,54716M C = 120 ; P = 105210 22-06 O Tortue géographique 03 mai Baie Sand 76,5874445,54713M C = 125 ; P = 111250 22-07 O Tortue géographique 05 mai Île Marcotte 76,9305745,87015F C = 238 ; P = 211-- -- N

Bien que la tortue musquée n’ait pas été détectée ailleurs entre Waltham et Gatineau, certains sites intéressants ont été inventoriés. Notons entre autres les sites du Grand marais de Fort-Coulonge et de l’île du Grand Calumet (sites 3 et 5 - annexe 5). D’autre part et malgré un effort appuyé (69 heures dont 23 h de jour et 46 h de nuit) et une bonne couverture du secteur, aucune tortue musquée n’a été observée à la baie McLaurin (site 17 – annexe 5). Rappelons qu’un individu y a été capturé en 1989. La qualité d’observation était réduite puisque l’eau était brouillée dans l’ensemble des baies que nous avons inventoriées.

Les observations acquises pour les quatre autres espèces de tortues sont notables. Ainsi, toutes espèces confondues, 524 tortues ont été détectées à un taux moyen de 1,6 tortue par heure. La tortue peinte (Chrysemys picta) (57,4 % ; 0,92 tortue/h) et la tortue géographique (31,7 % ; 0,51 tortue/h) contribuent à près de 90 % de la composition des observations;

suivie par la tortue serpentine (Chelydra serpentina) (8,2 % ; 0,13 tortue/h), la tortue mouchetée (Emydoidea blandingii) (1,5 % ; 0,02 tortue/h) et la tortue musquée (1,2 % ; 0,02 tortue/h) (tableau 3). Puisque certains sites ont été inventoriés à plus d’une reprise, un individu donné a pu être observé à plus d’une reprise. Il est intéressant de noter que nous avons effectué beaucoup plus d’observations de tortues de jour que de nuit. En effet, même si l’effort de jour était plus de deux fois plus grand (229 h) que l’effort de nuit (97,5 h) nous avons noté 491 tortues de jour (2,14 tortues/h) et 33 tortues de nuit (0,34 tortue/h).

Certaines espèces comme la tortue géographique, la tortue mouchetée et la tortue musquée1 n’ont été observées que de jour. La tortue peinte s’observait presque entièrement de jour (96 % des observations) alors que seule la tortue serpentine, malgré un effort plus grand de jour, a été notée plus souvent de nuit (51 % des observations ; 0,23 tortue/h) que de jour (49

% des observations ; 0,04 tortue/h) (tableau 3).

1 Il est à noter que six tortues musquées ont été observées de nuit dans le secteur de Bristol-les-Mines . Ce secteur n’a pas été considéré dans ce calcul.

12 Tableau 3. Répartition des observations et taux de détection des différentes espèces de tortues selon la période du jour. ESPÈCE OBS. COMPOS. (%) DÉTECTION1 (tortue/h) OBS. JOUR

COMPOS. JOUR (%)

DÉTECTION JOUR2 (tortue/h)

OBS. NUIT

COMPOS. NUIT (%)

DÉTECTION NUIT3 (tortue/h) Tortue peinte 301 57,44 0,92 290 59,06 1,27 11 33,33 0,11 Tortue géographique 166 31,68 0,51 166 33,81 0,72 0 0,00 0,00 Tortue serpentine 43 8,21 0,13 21 4,28 0,09 22 66,67 0,23 Tortue mouchetée 8 1,53 0,02 8 1,63 0,03 0 0,00 0,00 Tortue musquée 6 1,15 0,02 6 1,22 0,03 0 0,00 0,00 TOTAL 524 100,00 1,60 491 100,00 2,14 33 100,00 0,34 1 effort total = 326,5 h 2 effort de jour = 229 h 3 effort de nuit = 97,5 h

L’observation plus importante de tortues de jour par rapport à la nuit peut s’expliquer de différentes façons. D’abord par les caractéristiques écologiques des différentes espèces.

Certaines espèces comme la tortue géographique et la tortue peinte sont davantage actives le jour, alors que la tortue serpentine et la tortue musquée peuvent également être actives la nuit. Ensuite, à cette période de l’année, la plupart de ces espèces s’observent plus facilement de jour puisqu’elles s’exposent beaucoup au soleil pour activer leur métabolisme (autant à l’extérieur de l’eau qu’en eau peu profonde). Finalement, le champ visuel de l’observateur est nettement plus grand de jour. À cet effet, il y a d’ailleurs un biais important puisque nous avons effectué de l’observation à distance à l’aide de jumelles.

Ces données, qui sont recueillies à certains endroits rarement visités, permettent également d’améliorer le portrait de la situation des tortues dans la rivière des Outaouais. Les informations recensées pour la tortue géographique et la tortue mouchetée sont particulièrement intéressantes puisqu’il s’agit d’espèces en péril aux niveaux provincial et fédéral (annexe 4). Par exemple, les deux localités où ont été observées des tortues mouchetées (sites 11 et 15 - annexe 5) n’étaient pas recensées dans l’AARQ (1988-). Pour sa part, la tortue géographique a été détectée pour la première fois à trois sites : l’île de la Compagnie, l’île Kettle et la baie McLaurin (sites 8, 16, 17 - annexe 5) (AARQ 1988-).

Cinq tortues géographiques ont de surcroît été capturées pour colliger des données de morphologie et augmenter le nombre d’échantillons d’ADN disponibles pour cette espèce (tableau 2). Dans un autre ordre d’idée, il est également pertinent de souligner le fait que le site des baies du Camp et Black (site 15 – annexe 5) n’est pas fréquenté par les tortues. En effet, les trois individus qui y ont été observés (tableau 1) occupaient des étangs intérieurs déconnectés du cours principal de la rivière des Outaouais. Ce fait est surprenant du fait que ce site présente un littoral qui convient potentiellement aux tortues (nombreuses îles et baies). Par contre, l’habitat y est tout de même différent. Notamment par la faible abondance de végétation aquatique et des profondeurs d’eau accrue. Les variations du niveau d’eau provoquées par le barrage des Chats pourraient contribuer à expliquer cette absence.

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Les données accumulées pour l’ensemble des espèces de tortues permettent également d’évaluer la diversité des différents sites inventoriés (tableau 1). En y intégrant les données d’abondance ainsi que le statut de précarité des différentes espèces (annexe 4), certains secteurs d’importance ressortent.

L’amont du lac des Chats (de l’île de la Compagnie à la baie Armstrong, sites 8 à 11 - annexe 5). Plus de 32 % des observations y ont eu lieu (169 observations), regroupant les cinq espèces de tortues recensées durant cet inventaire. Un total de 60 observations de tortues géographiques y a été dénombré (36,1 % des observations de cette espèce). La baie à Wickens est particulièrement importante puisqu’elle abrite la tortue musquée en plus des tortues peintes, serpentines et géographiques. La baie Armstrong accueille également ces trois dernières espèces en plus de la tortue mouchetée (six individus observés en un après-midi).

L’île Marcotte (site 1 – annexe 5) est un site exceptionnel pour la tortue géographique. En longeant son pourtour le 5 mai (annexe 3) nous avons noté 85 observations (les chances de recomptage étaient très faibles).

Bien que de moindre importance, les sites des îles Finlay, de l’île du Grand Calumet et de la baie McLaurin (sites 2, 5, 17 – annexe 5 ; tableau 1) sont également importants en accueillant la tortue géographique en plus des deux espèces plus communes (tortues peinte et serpentine).

Les inventaires nous ont également permis d’ajouter des mentions intéressantes de couleuvres en péril avec : deux couleuvres minces (Thamnophis sauritus septentrionalis), trois couleuvres d’eau (Nerodia sipedon) et une couleuvre tachetée (Lampropeltis triangulum) (annexe 4).

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