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La mesure principale de cette étude concerne la compréhension des vidéos par participants, dans les deux conditions CN et CA. Ainsi, la mesure de la performance a été évalué selon deux critères : le choix de la bonne photo, et le choix de la bonne catégorie mais pas de la bonne photo (c.à.d. la catégorie est bonne mais la photo est fausse).

Les mesures ont été soumises à une analyse de variance (ANOVA) à mesures répétées pour lesquelles le seuil de significativité était α = 0,05. Nous avons également mené des post-hoc HSD de Tuckey.

Notre variable dépendante était la performance des participants, c’est-à-dire, le nombre de bonnes réponses obtenues à la fin du test. Les variables indépendantes étaient en facteur inter-sujet du groupe dans lequel étaient répartis les participants, c’est-à-dire Entendants Non-Signeurs, Entendants Non-Signeurs, Sourds-signeurs (i.e., ENS, ES, SS) et en facteur intra-sujet les

110 deux types de vidéos (i.e., Avatars et Normales), 4 catégories et 2 Scènes décrites (par catégorie).

5.2.1 Effet du type de vidéo sur la performance

La moyenne du pourcentage de réussite dans la CN était plus grande que celle dans la CA avec une différence de 24%, comme montré dans la figure 5-5. L’analyse ANOVA a montré un effet significatif du type de vidéo sur la performance des participants au test (F1, 75 = 134.37, p< 0,001). Ainsi, les participants des 3 groupes ont de meilleures performances pour les vidéos en CN comparées aux vidéos en CA.

Figure 5-5: Effet du type de vidéo (Avatar ou Normale) sur la performance de l’ensemble des participants.

5.2.2 Effet principal du Groupe sur la performance

L’analyse ANOVA a montré un effet principal du groupe sur la performance des participants au test (F2, 75 = 22,03, p < 0,0001). Ainsi que, l’analyse post-hoc (HSD de Tuckey) a mis en évidence que les individus du groupe SS et ES ont de meilleurs performances comparées au groupe ENS. Cependant, il n’existe pas de différence significative entre les performances des groupes SS et ES (figure 5-6).

111 5.2.3 Interaction Groupe*Type de vidéo sur la performance

L’analyse ANOVA a mis en évidence l’existence d’une interaction significative Groupe*Type de vidéo sur la performance des participants (F2, 75 = 10,87, p < 0,0001) (figure 5-7). L’analyse post-hoc a montré que pour chacun des trois groupes, les participants ont une performance plus importante pour les vidéos Normales comparées à celles Avatar (figure 5-7).

Figure 5-6: Performance globale au test en fonction du groupe en abscisse. Illustration de l’effet principal du Groupe sur la performance des participants

Cependant, l’ordre de présentation des vidéos en CA et CN au cours de l’étude est resté le même pour l’ensemble des participants : Avatars en premier puis Normales. Ainsi, nous pouvons difficilement déterminer si la différence de performance entre les deux types de vidéos est due au type de vidéo ou à l’ordre de présentation de ces différentes vidéos. Lors d’une étude ultérieure, il conviendrait de varier l’ordre de passage des vidéos Avatars et Normales pour tenter de déterminer précisément si l’ordre de présentation ou le type de vidéo ont une influence sur la performance des participants.

De ce fait, pour la suite des analyses nous avons affiné l’analyse sur la CA (Courbe bleue, figure 5-7) qui nous intéresse plus particulièrement pour cette étude.

112 5.2.4 Effet de la catégorie et des Scènes décrites sur la performance

L’analyse ANOVA a montré qu’il n’existe pas d’effet significatif des Scènes décrites sur la performance des participants (F1, 75 = 3,30).

Il existe cependant une interaction significative Catégorie*Scène décrite sur la performance (F3, 225 = 3,12). Une analyse post-hoc (HSD de Tuckey) met en évidence des différences significatives de la performance entre les 2 vidéos d’une même catégorie. Ainsi, nous avons retiré le facteur Catégorie des analyses suivantes.

Nous n’avons donc pas exploité la performance des individus au regard du choix de la bonne catégorie.

Figure 5-7: Effet d’interaction Groupe*Type de vidéo sur la performance des participants des groupes Entendants non Signeurs (ENS), Entendants Signeurs (ES), Sourds Signeurs (SS).

5.2.5 Effet principal du groupe sur la performance en Condition Avatar

L’ANOVA sur le pourcentage de bonnes réponses des participants des 3 groupes en CA a été menée (figure 5-7, Courbe Bleue) avec en facteur intra-sujet : 8 photos décrites (A, B, C, D, E, F, G, H) et inter-sujet : le Groupe (ENS, ES, SS). Nous avons observé un effet principal du

113 Groupe sur la performance des sujets lors de la présentation de vidéos de type Avatar (F2, 75 = 17,00, P < 0,0001).

Suite à une analyse post-hoc, on observe une meilleure performance pour les individus Sourds Signeurs (SS) comparés aux deux autres groupes (ES et ENS). Les individus Entendants Signeurs (ES) ont une performance plus élevée comparée aux individus Entendants Non Signeurs (ENS).

Figure 5-8: Performance des participants en fonction de la Scène décrite, seulement en condition Avatar.

114 5.2.6 Effet de la vidéo sur la performance en CA pour l’ensemble des participants L’analyse ANOVA a montré qu’il n’existe pas un effet de la vidéo sur la performance pour le groupe ENS (F7, 147 = 0,28). Par contre, pour les deux autres groupes, Il existe un effet significatif, pour les groupes ES (F7, 154 = 3,13) et SS (F7, 224 = 8,34) (figure 5-8).

5.2.7 Effet d’interaction Vidéo*Groupe en condition Avatar

L’ANOVA menée sur la performance des participants en CA montre une interaction significative de la Scène décrite et du Groupe sur la performance des participants (F14, 525 = 2,06, p= 0,013) (figure 5-9). D’autres résultats obtenus par une analyse post-hoc montrent que pour le groupe ES, la performance pour la Scène H (le toit en construction) est significativement différente de celle des Scènes B (dressing), C (maison en construction) et G (intérieur avec des colonnes).

Figure 5-9: Performance des participants en fonction des Scènes décrites en abscisse et du Groupe en ligne.

Pour le groupe SS, la performance pour la Scène décrite H est significativement différente de toutes les autres excepté les Scènes E (ville avec monument) et G. Il en va de même pour la Scène E. Enfin, la performance pour la Scène G est significativement différente de celle pour

115 la Scène B. La performance du groupe ENS ne varie pas de manière significative pour les différentes Scènes décrites.

Pour tenter de comprendre pourquoi certaines Scènes décrites amenaient à des performances plus élevées ou plus faibles nous avons mené d’autres analyses. Nous avons utilisé l’annotation linguistique (voir chapitre 3) pour caractériser les 8 descriptions de scènes. L’analyse statistique par la corrélation de Pearson a été réalisée pour tester si le lien entre la quantité des différents indices linguistiques (i.e., Signes illustratifs, Signes Lexicaux, Pointage) pouvait être corrélée à la performance de chacun des groupes pour chaque Scène décrite. L’analyse n’a pas montré de corrélation significative entre les indices et la performance des participants.

5.2.8 Analyse descriptive et apports linguistiques

Une analyse descriptive et une approche linguistique nous permettent d’imaginer que les erreurs produites par les participants sur les vidéos seraient plutôt associées à la structure des autres scènes présentes sur la planche de réponse plutôt qu’aux catégories auxquelles elles appartiennent.

En effet, la Scène E, qui rapporte une performance plus faible des sujets sourds comparée aux autres scènes (figure 5-9), illustre cette idée. Au regard de la distribution des réponses des sujets sourds concernant cette scène (figure 5-10), 3 choix de photos se distinguent : la photo 1 (la bonne réponse), choisie par 16 sujets, la photo 10, choisie par 7 sujets et la photo 4, choisie par 3 sujets.

D’un point de vue linguistique le choix des photos 10 et 4 se rapporteraient notamment à leur structure, similaire à la Scène décrite recherchée (photo 1) : un élément central (une maison pour la photo 10, le quartier de la Défense pour la photo 1 et un immeuble pour la photo 4), un arrière-plan (e.g., des arbres, des éléments verticaux), un premier plan (e.g., un espace avant l’objet central, une route, de l’eau), de la perspective, etc. En l’absence d’informations manuelles (condition Avatar, sans doigts) interpréter des informations lexicales (le signe associé à un objet précis) semble plus complexe et ces signes lexicaux s’avèrent indispensables pour identifier une catégorie précise (tel que la catégorie Vin, Maison, etc.). Ainsi, en l’absence d’informations au niveau des doigts, les participants auraient interprété les mouvements des bras, beaucoup utilisés en LSF pour décrire la structure d’une scène. Les sujets auraient été amenés à se concentrer sur ces éléments structurels de la scène, ce qui peut expliquer leur erreur dans le cas de la description de la scène E, présentant une structure proche des deux autres photos (4 et 10) dans la planche de réponse.

116 Figure 5-10: Analyse descriptive de la performance des sujets Sourds et Signeurs (SS) lors de l’observation de la description de la scène E (encadrée en rouge). En haut : Distribution du choix des sujets parmi les 15 photos. En Bas : Illustration de la planche de réponse vue par les sujet et composée des 15 photos en question.