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Résistances à l’action des antiseptiques :

PARTIE 1 : Généralités sur les antiseptiques

4. Résistances à l’action des antiseptiques :

(J.fleurette, 1995 ; CCLIN, 2001 ; Radan C., 2015)

Les micro-organismes ont un pouvoir d’adaptation considérable. Un agent antibactérien n’a pas d’activité identique sur tous les micro-organismes.

On définit la réponse d’un micro-organisme à un antimicrobien in vitro par deux valeurs : - La CMI (concentration minimale inhibitrice) : plus faible concentration du produit

qui inhibe en vingt-quatre heures environ la multiplication du micro-organisme. - La CMB (concentration minimale bactéricide) : plus faible concentration du produit

capable de détruire un certain nombre de cellules du micro-organisme dans un temps déterminé.

Une population microbienne est résistante à un antiseptique quand la CMB de ce produit vis-à-vis de la population considérée est significativement plus élevée que les CMB de ce produit vis-à-vis de la plupart des populations microbiennes.

Les spores bactériennes ou fungiques sont les formes les plus résistantes aux antiseptiques, surtout vis-à-vis de l’alcool (Antiseptoguide, 2006).

Deux types de résistances des micro-organismes aux antiseptiques sont possibles : la résistance naturelle (ou intrinsèque) et la résistance acquise.

4.1Résistance intrinsèque :

La résistance intrinsèque est une caractéristique innée des cellules appartenant à une espèce microbienne ou à un groupe d’espèce. Elle dépend du micro-organisme et du type de molécule. Cette résistance intrinsèque entraîne l’inactivité totale ou partielle d’un antiseptique. Elle est immuable le plus souvent et prévisible ce qui permet de définir le spectre d’activité pour un produit donné avec les espèces naturellement sensibles et celles naturellement résistantes.

Les résistances naturelles sont corrélées avec le degré de protection de la membrane cytoplasmique dans la bactérie. En effet, pour les bactéries Gram +, la membrane cytoplasmique est presque directement en contact avec le produit car il se fixe sur la couche de peptidoglycane revêtu d’acide teichoïque et de lipides à laquelle elle est intimement liée.

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Chez les bactéries Gram -, il existe une membrane externe constituée de protéines et de lipopolysaccharides. L’antiseptique doit donc se fixer sur la membrane externe et la traverser. Ainsi, les bactéries Gram – qui possèdent une enveloppe externe sont donc plus résistantes que les bactéries à Gram + qui n’en possèdent pas.

Figure 2 : Structure de la paroi des bactéries à Gram + et Gram – et organisation des protéines et du LPS de la membrane externe des bactéries à Gram – (Antisepsie et désinfection, J.Fleurette,

1995)

Ces phénomènes vont être fonction de la structure et de la polarité de la molécule et également de la composition de l’enveloppe. Les molécules hydrophobes vont ainsi interagir avec le lipopolysacharide et les lipides alors que les molécules hydrophiles dépendent des porines, indispensables pour traverser la membrane.

Chez les souches résistantes, ces mécanismes sont affectés voir inhibés totalement. Chez les mycobactéries, la présence d’une couche de cire très protectrice augmente la résistance intrinsèque, notamment celle de la Chlorhexidine (Antiseptoguide, 2006). Les virus nus sont plus résistants aux antiseptiques que les virus enveloppés. En effet, l’enveloppe virale, presque entièrement constituée par la membrane

cytoplasmique dans laquelle la particule virale a effectué sa maturation est facilement détruite ou désorganisée par les antiseptiques.

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4.2Résistance acquise :

La résistance acquise est due à un événement imprévisible, brutal qui, au sein d’une espèce microbienne de sensibilité homogène à un antiseptique, a pour conséquence

l’apparition d’une souche de cette espèce ayant une sensibilité diminuée. Autrement dit, la résistance acquise modifie la sensibilité naturelle de la bactérie.

Lorsque les concentrations du produit actives sur la souche devenue résistante sont supérieures à celles habituelles, cette souche pourra être sélectionnée par l’agent antiseptique.

Cette résistance acquise est la résultante d’un mécanisme génétique ayant pour base : - La mutation d’un gène dans le noyau de la cellule : résistance acquise

chromosomique, par mutation (comme avec la Chlorhexidine)

- L’acquisition d’un plasmide = résistance acquise extrachromosomique ou plasmidique, également appelée « par transfert de plasmides »

Les résistances peuvent également être acquises lors de contacts répétés avec l’antiseptique.

Résistance acquise chromosomique

Il s’agit d’une mutation d’un gène du noyau de la cellule bactérienne qui conduit à une modification stable et héréditaire du gène concerné.

La résistance est acquise généralement quand la mutation a lieu sur des gènes structuraux de la cellule qui codent pour un élément de la cible ou de la fixation du produit.

Dans la majorité des cas, il s’agit d’une acquisition de résistance due à des modifications de la membrane externe chez des bactéries à Gram -.

Ainsi chez les mutants, la composition de la membrane externe est différente par rapport à celle de la souche sauvage naturelle.

L’autre possibilité est une mutation des gènes codant pour les porines, protéines

membranaires formant des canaux pour la diffusion de molécules hydrophiles à travers la membrane cellulaire, entraînant une diminution du passage des antimicrobiens.

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Résistance acquise extrachromosomique

La résistance plasmidique est rare. Les souches microbiennes ayant acquis une résistance extrachromosomique hébergent des plasmides R. Les plasmides sont des petites molécules d’ADN indépendantes de l’ADN chromosomique mais avec une réplication autonome régulée avec celle du chromosome d’où leur conservation dans la descendance d’une bactérie. Les plasmides peuvent se transmettre d’une bactérie à l’autre.

Ces plasmides véhiculent des gènes de résistance dont le produit confère la résistance à un ou plusieurs antibactériens. Il n’existe que peu de gènes et de plasmides impliqués dans la résistance bactérienne aux antiseptiques qui soient décrits :

- Gène qac qui code pour la résistance aux ammoniums quaternaires et à la Chlorhexidine.

- Gène psk qui code pour la résistance à la Chlorhexidine

- Gène mer qui code pour la résistance aux dérivés mercuriels, assez fréquent. Par exemple, les Staphylococcus aureus possédant le gène qac sont résistants aux ammoniums quaternaires.

Lorsqu’un micro-organisme présente un niveau de résistance à un antiseptique proche de la concentration active, il faut utiliser ce produit avec prudence car une légère baisse de son activité (inhibiteurs de principe actifs, mauvaise conservation…) peut rendre le micro-organisme insensible.

Il est ainsi recommandé d’utiliser des antiseptiques au spectre large et dont la

concentration utilisée est supérieure au niveau de résistance des bactéries (Antiseptoguide, 2006).

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