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Mécanisme d’action des antiseptiques :

PARTIE 1 : Généralités sur les antiseptiques

3. Mécanisme d’action des antiseptiques :

Tableau 4 : Principaux micro organismes retrouvés chez l’homme dans la flore résidente et transitoire, d’après Odin F., « Enquête sur l’utilisation familiale des

antiseptiques », 2014

L’antisepsie de la peau constitue donc une mesure d’hygiène de base permettant de prévenir les infections par pénétration d’un micro-organisme exogène ou les infections de type opportunistes par la flore commensale.

Il s’agit également d’une opération nécessaire dans la prise en charge thérapeutique d’une plaie.

Les patients immunodéprimés sont plus à risque d’infections cutanées dont la fréquence et la gravité sont plus importantes.

Les bactéries impliquées dans les plaies accidentelles sont le plus souvent Staphylococcus aureus, les streptocoques béta hémolytique du groupe A, des germes à Gram – et des germes anaérobies.

Pour les plaies chirurgicales, il s’agit de Staphylococcus aureus, des entérocoques, des staphylocoques à coagulase négative, Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa.

3. Mécanisme d’action des antiseptiques :

3.1Principes généraux d’action des antiseptiques : (Fleurette J. et al, 1995)

Les antiseptiques sont des agents anti-infectieux dont le mécanisme d’action reste généralement peu connu. En effet, leur étude est difficile en raison d’une grande variété et multiplicité d’action selon les doses.

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Il est rapporté que les antiseptiques ont une ou plusieurs cibles, selon la nature et la

concentration utilisée, qui nécessite pour y accéder un franchissement de la paroi cellulaire. Les différents types d’organisation de cette paroi sont responsables de la spécificité

d’action des agents antimicrobiens.

Figure 1 : Site d’action de molécules antiseptiques et désinfectantes selon les micro-organismes (Antisepsie et désinfection, J.Fleurette, 1995)

Plusieurs étapes ont été décrites dans l’action des agents antimicrobiens, notamment pour ceux interagissant avec la membrane cytoplasmique.

La première étape est l’adsorption sur la cellule puis la pénétration dans la paroi. Elle est suivie de réactions complexes avec la membrane cytoplasmique conduisant à sa

désorganisation.

La membrane cytoplasmique, principal site d’action des antiseptiques assure le métabolisme énergétique de la cellule avec un transport et maintien des métabolites à l’intérieur de la cellule.

La modification de sa perméabilité entraîne la libération des constituants cellulaires. Elle est réversible si l’action de l’antiseptique n’est pas trop prolongée et la molécule pas trop concentrée. Ainsi, on obtiendra uniquement une inhibition de croissance.

Il y a ensuite une sortie des composants de faible poids moléculaire du cytoplasme puis dégradation des protéines et des acides nucléiques et enfin lyse de la paroi causée par les enzymes autolytiques.

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Les antiseptiques se différencient d’un antibiotique par leur action non spécifique.

Le délai d’action doit être bref (effet immédiat) et la durée d’action la plus longue possible (effet rémanent).

Leur action repose sur leur pouvoir inhibiteur ou sur leur pouvoir destructeur.

Pouvoir inhibiteur Pouvoir destructeur

Mécanisme d’action

Inhibition de la croissance Effet létal Réversible Irréversible

Types de micro-organismes

Bactérie Bactériostase Bactéricidie

Virus Virustase Virucidie

Champignon Fongistase Fongicidie

Tableau 5 : Action des antiseptiques en fonction du type de micro -organisme

La bactéricidie est la capacité d’un produit à réduire le nombre de cellules bactériennes viables appartenant à des micro-organismes d’essai représentatifs, dans des conditions définies (NF EN 14885 : 2006)

Une activité bactériostatique est la capacité d’un produit à inhiber le développement des bactéries dans des conditions définies (NF EN 14885 : 2006).

En prophylaxie, la destruction de la flore transitoire doit être totale et la réduction de la flore résidente la plus importante possible tout en gardant l’équilibre de celle-ci.

En curatif, la destruction des germes à l’origine de l’infection cutanée est recherchée. Le plus souvent, elle fait appel à une association avec un antibiotique.

3.2Evaluation de l’activité antimicrobienne :

L’activité antimicrobienne de l’antiseptique est dépendante de l’activité intrinsèque du principe actif, de sa concentration, des conditions d’application, notamment la durée d’application et des conditions physico-chimiques existantes au niveau du revêtement cutanéo-muqueux.

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Elle est déterminée in vitro et in vivo, bien que l’activité in vivo soit difficile à évaluer de façon sensible et reproductible.

En effet, in vivo la sensibilité des souches est différente, le temps de contact est limité et il existe des interférences avec les produits biologiques (CCLIN, 2001).

Cependant, des protocoles permettent de dénombrer la flore au niveau des divers sites cutanés et d’étudier l’activité immédiate et la rémanence.

Il a été démontré que les antiseptiques les plus efficaces entraînent une diminution des micro-organismes cutanés de 2 log10 en quelques minutes. Autrement dit, la flore microbienne est détruite dans la proportion de 90 à 99%. Cette activité est supérieure à celle du simple lavage avec ou sans savon (réduction de 0,5 log décimal) mais inférieure à celle retrouvée dans les tests in vitro (réduction de 5 log décimaux ou plus) (Antiseptoguide, 2006).

L’évaluation de l’activité in vitro est réalisée suivant les techniques codifiées de normes, soit les Normes AFNOR, soit les Normes Européennes (EN).

Une norme d’activité antimicrobienne permet de prédire une activité dans des conditions données.

En 1981, sont publiées les premières normes de l’Association Française de Normalisation. Elles continuent à être utilisées pour l’étude des produits applicables sur peau lésée tandis que les Normes Européennes remplacent les normes AFNOR pour l’étude de l’activité des produits applicables sur la peau saine (CCLIN, 2001).

Les Normes Européennes (EN) relatives aux antiseptiques sont homologuées par l’AFNOR et peuvent être reconnues sous la référence NF-EN xxxx.

Il existe plusieurs types de normes :

- Normes de base, dites de « de phase 1 », qui reflètent l’existence d’une activité dans les conditions les plus favorables au produit, indépendamment de son domaine d’application.

- Normes d’application dites « de phase 2-étape 1 », qui reflètent l’activité en conditions les plus proches des conditions réelles d’utilisation.

- Normes de « phase 2-étape 2 » qui simulent la pratique réelle. Ces normes évoluent régulièrement et nécessitent une mise à jour fréquente.

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