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L’immunité à médiation T-cellulaire ainsi que l’immunité innée (macrophages, neutrophiles) ont toujours été considérées comme les plus efficaces pour lutter contre une candidose. Toutefois, bien que le rôle de l’immunité humorale médiée par les anticorps ait toujours été controversée, ces dernières années des travaux ont pu démontrer que ces anticorps anti-Candida pouvaient quand même jouer un rôle dans le contrôle d’une infection des muqueuses ou systémique [85], protégeant l’hôte durant l’infection [86]. Les anticorps anti-Candida sont en grande majorité des IgG, mais on peut parfois trouver des IgA, notamment au niveau des muqueuses [87].

Les mécanismes exacts par lesquels ces anticorps protègent l’hôte de l’infection parCandida albicans sont encore mal connus, mais il semblerait que ces anticorps permettraient l’inhibition de l’adhésion des blastospores, l’inhibition de la formation du tube germinatif, l’opsonisation des pathogènes, ainsi que la neutralisation des facteurs de virulence sécrétés par la levure telles que des enzymes [86]. Si l’inhibition des mécanismes d’adhésion deCandida albicans aux surfaces de l’hôte est la propriété humorale la plus documentée, il a aussi été rapporté que des anticorps pouvaient jouer un rôle dans le contrôle direct de la multiplication du pathogène. Le rôle bénéfique d’anticorps dirigés contre les facteurs de virulence de la levure (enzymes) ou contre les constituants même de la paroi cellulaire a aussi été démontré.

II.2. La résistance à médiation cellulaire anti-Candida

Il est clairement démontré que la résistance à Candida albicans est basée essentiellement sur une immunité à médiation cellulaire, où les macrophages et les cellules T jouent un rôle primordial, dans des proportions qui dépendent du site d’infection considéré [84]. Les cytokines produites par les macrophages, premières cellules recrutées au cours d’une infection, entraînent une différenciation des lymphocytes T qui transitent entre l’état Th0 (non activé) et Th1 ou Th2, conditionnant leurs caractéristiques phénotypiques et fonctionnelles. En retour, ces lymphocytes vont produire des cytokines particulières qui vont activer des cellules phagocytaires et des cellules B sécrétrices d’anticorps.

Au cours d’une infection par Candida albicans, il est généralement accepté que les évènements menant à la protection de l’hôte sont associés à une réponse dominante de type Th1, médiée par des cytokines telles que l’interleukine-12 (IL-12) et l’interféron-gamma (IFN-γ) [88]. Ces cytokines sont impliquées dans l’activation des fonctions microbicides des cellules de l’immunité innée (sécrétion d’agents oxydants, dégranulation), et favorisent aussi la production d’anticorps anti-Candida [87]. Au contraire, une réponse de type Th2 est associée à l’augmentation de la sévérité de la maladie.

L’importance de l’immunité à médiation T-cellulaire est illustrée par la prévalence des infections orales chez les sujets dont les taux de T CD4+systémiques sont inférieurs à 200 cellules / µl de sang [89]. En effet, en dessous de ce seuil, seules les défenses locales des muqueuses sont impliquées dans la

souris déficientes en CD4+sont prédisposées à développer des candidoses chroniques, résolues lors d’une reconstitution de ces souris par transfert adoptif avec une population de T CD4+naïfs [90]. Cette rémission s’accompagne d’une forte sécrétion d’IL-12 au niveau des noeuds lymphatiques [90]. En effet, chez ces animaux, les cellules phagocytaires seules ne semblent pas suffisantes pour résoudre l’infection. Il est donc possible que lors d’une candidose orale chez la souris, ces cellules T CD4+ soient requises pour produire des agents chimiotactiques et des cytokines activatrices des cellules phagocytaires telles que les macrophages pour une résolution efficace de l’infection [84]. Par contre, dans le cas d’une candidose oropharyngée murine, il a été montré par déplétion respective que les macrophages et les neutrophiles agissent de façon synergique dans le but d’éliminer l’agent pathogène [90].

Le rôle des lymphocytes T CD8+ dans la résolution de la pathologie reste quant à lui inconnu. En revanche, il a été observé que leur nombre était augmenté chez les patients VIH+ développant une candidose orale, et chez lesquels les taux de lymphocytes T CD4+étaient inférieurs à 200 cellules / µl [91].

Les cellules NK semblent jouer un rôle central dans l’immunité anti-Candida, en délivrant des signaux activateurs aux autres cellules immunitaires via la sécrétion de cytokines. Bien que ces cellules soient incapables de détruire directement Candida albicans in vitro, il a été montré qu’elles pouvaient se substituer aux cellules T en induisant l’activation des cellules phagocytaires et ainsi protéger l’animal d’une infection létale [92].

Les cellules dendritiques (DC) sont des cellules dérivées de la moelle osseuse qui peuvent avoir une origine myéloïde ou lymphoïde, et qui se situent soit dans les organes lymphoïdes tels que le thymus, la rate et les noeuds lymphatiques, soit dans des tissus et des organes non-lymphoïdes. Les DC jouent le rôle de cellules présentatrices d’antigènes et constituent ainsi un lien très important entre l’immunité innée et l’immunité adaptative. Les DC immatures capturent l’antigène dans les tissus en périphérie, puis maturent et migrent vers les organes lymphoïdes où elles vont activer les cellules T. La maturation des DC est caractérisée par une diminution de la capture des antigènes, une augmentation des molécules de CMH et de co-stimulation, une augmentation de la production d’IL-12 et une diminution de l’expression de récepteurs aux chimiokines [93-96].

Les DC expriment différents PRRs et, en fonction du pathogène rencontré, vont orienter la réponse T vers un profil Th1 ou Th2, ou encore vers un profil Th3 régulateur [97, 98]. Au cours de l’infection par

Candida albicans, une réponse de type Th1 est associée à l’élimination de l’infection alors qu’une

réponse Th2 semble être associée au développement de la pathologie [99]. Cette orientation différente, responsable de l’évolution favorable ou non de la maladie, est en partie dépendante des DC.

Chez l’Homme, il a été montré que les DC immatures peuvent phagocyter Candida albicans via le récepteur mannose [100]. Les levures ainsi internalisées sont lysées, présentées à la surface des DC et déclenchent une prolifération des cellules T anti-Candida [100-104]. Chez la souris, il a été montré

que la morphologie deCandida albicans affectait les DC et la réponse immunitaire. En effet, la forme blastospore induit la production d’IL-12 par les DC et le développement d’une réponse Th1, alors que la forme filamenteuse inhibe cette dernière et conduit au développement d’une réponse Th2 avec sécrétion d’IL-4 par les DC [105].

III- Les monocytes / macrophages dans la lutte anti-Candida

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