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Nous l’avons vu : sous un couvert d’universalisme, le programme exclut l’Amérindien pendant la période de la formation de l’État-Nation actuel. En construisant ainsi les programmes d’histoire, on passe sous silence des pans de mémoire que l’on ne peut imaginer aussi peu glorieuse et qui risquerait de compromettre l’image positive que l’on souhaite avoir d’un pays respectueux des droits de la personne. Ces oublis mènent à rendre les enjeux contemporains autochtones incompréhensibles, ce qui permet aux médias de les occulter (Trudel, 2000).

Notre objectif premier est d’en apprendre un peu plus sur le contenu de la matière enseignée en classe d’univers social à l’école primaire sur une réserve. Cela nous permettra de comprendre la représentation que se fait l’Amérindien de ce passé et d’avoir une perspective amérindienne de l’histoire nationale. Dans le programme utilisé à l’école Kateri, est-ce qu’il y a une forme d’universalisme, est-ce que l’on retrouve plusieurs versions de l’histoire ou bien existe-t-il une forte présence de la culture vernaculaire? Les entrevues avec des enseignants amérindiens, nous permettrons d’en savoir plus sur la trame narrative du programme véhiculé en classe sur la réserve de Kahnawake.

Notre deuxième objectif est d’en connaitre davantage sur la pratique en classe d’univers social. Les entrevues permettront aux enseignants de s’exprimer sur des pratiques déclarées. Un enseignant est devant plusieurs dilemmes : mettre dans un contexte une histoire à l’aide de la démarche scientifique en utilisant la méthode historique, de transmettre un message universel, de raconter une histoire à l’aide de la mémoire issue de son groupe. Nous saurons si les méthodes d’enseignement déclarées correspondent aux pratiques que la recherche considère favorables soit à la transmission, soit au développement d’une pensée scientifique avec la pratique de la méthode historique. Aussi, que la matière soit transmise ou construite, différents outils sont utilisés en classe par leurs élèves.

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Notre troisième objectif est d’en savoir plus sur les outils didactiques utilisés en classe. Les enseignants utilisent-ils un outil didactique fort répandu comme le manuel, ou bien un autre, issu de la culture vernaculaire de leur groupe, comme la tradition orale ?

Comme nous l’avons vu, certains groupes possèdent des particularités culturelles qui risquent d’influencer la vision du passé, la pratique de l’enseignement et l’utilisation de certains outils dans cette pratique. La partie suivante nous permettra d’expliquer la façon dont nous récolterons nos données.

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3. Méthodologie

Cette partie de notre recherche permettra d’expliquer la méthodologie que nous avons choisie pour la réalisation de cette recherche. Nous commencerons par exposer le type de recherche et la spécificité de celle-ci dans le domaine empirique. Nous brosserons un court portrait des enseignantes qui ont bien voulu participer à notre recherche. Nous avons récolté nos données de trois différentes façons que nous expliquerons. Ensuite, nous exposerons la procédure et le déroulement de la récolte. Finalement, nous sommes conscient que chaque recherche possède des limites. La dernière partie de notre méthodologie en fera part.

3.1 Type de recherche

L’étude que nous réaliserons se veut qualitative et de type descriptif. L’objectif de la recherche est de documenter la perspective amérindienne de l’enseignement de l’univers social au primaire, d’en connaître davantage sur les pratiques déclarées des enseignantes des Amérindiens en classe d’univers social sur une réserve et sur les outils didactiques utilisés en classe. La recherche empirique a produit très peu de savoir sur les pratiques des enseignants en classe d’histoire et encore moins en ce qui concerne ces pratiques sur des territoires amérindiens par des enseignants amérindiens. Nous tenterons de brosser un portrait général de l’enseignement avec un petit échantillon.

Le PFEQ (MELS, 2006) propose de considérer le passé de façon universelle, mais cette vision ne sied pas à tous les groupes de la société québécoise, comme c’est le cas de groupes amérindiens, tel qu’en font foi les dérogations de certains groupes, par exemple les Mohawks. Le programme d’univers social comprend deux disciplines : l’histoire et la géographie. Nous avons démontré plus tôt l’importance qu’accordent les sociétés amérindiennes aux liens entre l’histoire et la géographie qui est une spécificité culturelle amérindienne. Aussi, l’enseignement reçu par les Autochtones a longtemps été teinté de colonialisme ; aujourd’hui encore, nous en savons peu sur le traitement de l’enseignement du passé qui

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se fait en classe, lequel est intimement lié au présent et au futur dans une autre mesure. Nous nous intéresserons donc au programme utilisé à l’école primaire Kateri Tekakwitha de Kahnawake. Nous tenterons d’en savoir plus en effectuant des entrevues avec des enseignants. Lorsque nous en saurons un peu plus sur le contenu de ce dernier programme, nous nous intéresserons au comment les enseignantes le présentent aux élèves.

Nous expliquions qu’il existe la transmission et le constructivisme qui se traduit en univers social par la pratique de la méthode historique. Pour de multiples raisons, nous avons vu que l’enseignant adopte plus la transmission que la démarche scientifique. Un questionnaire et les entrevues nous renseigneront à cet effet.

Dans la pratique enseignante, certains outils plus que d’autres sont prisés. Des questions du questionnaire et d’entrevues nous permettront de faire la lumière sur les outils didactiques les plus utilisés. L’utilisation du manuel permet peu la pratique de la démarche scientifique, mais ne l’exclut pas. L’enseignant peut se servir de cet outil conjugué avec d’autres outils didactiques pour mettre en place des situations d’apprentissage développant la pensée historique. Nous avons aussi démontré l’importance que la tradition orale peut avoir sur des sociétés où l’utilisation de l’écriture est récente, comme les sociétés amérindiennes.

Avoir davantage de points de vue amérindiens exerçant le même travail que des milliers d’autres enseignants dans la province contribuerait à accroître l’échantillonnage et les connaissances sur l’enseignement de cette matière sur une réserve. Par extension, cela contribuera également au débat qui a lieu au Québec depuis une quinzaine d’années sur la manière d’enseigner l’histoire et sur son contenu. Nous pensons que soumettre un questionnaire et faire des entrevues nous permettront de récolter des données intéressantes sur l’enseignement de l’univers social en milieu amérindien.

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