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Régularité pour un problème d’optimisation de forme avec plusieurs phases 35

1.2 La valeur propre principale d’un opérateur elliptique

1.2.5 Régularité pour un problème d’optimisation de forme avec plusieurs phases 35

phases

Les résultats présentés dans cette section correspondent au chapitre 3 et ont été obtenus dans [85] en collaboration avec Luca Spolaor et Bozhidar Velichkov.

La motivation première de ce travail est l’étude, en dimension 2, de la régularité des solutions du problème d’optimisation avec plusieurs phases suivant

min  n

X

i=1

λ1(Ωi) + qi|Ωi|

: Ω1, . . . , Ωn ouverts disjoints inclus dans D 

, (1.2.23)

où λ1 désigne la première valeur propre du Laplacien (avec condition de Dirichlet), D ⊂ R2 est un ouvert borné de classe C1,β pour un certain β ∈]0, 1[, et qi > 0 pour tout i = 1, · · · , n. L’existence d’un n-uplet optimal (Ω1, . . . , Ωn)pour le problème (1.2.23) a été établie dans [7] et nous nous intéressons ici à la régularité des phases Ωi, i = 1, · · · , n.

Commençons par résumer les principaux résultats déjà connus pour ce problème. Dans la suite, (Ω1, . . . , Ωn) désignera toujours une solution du problème (1.2.23).

1. (Absence de points triples) ∂Ωi∩ ∂Ωj ∩ ∂Ωk = ∅pour tous 1 ≤ i < j < k ≤ n (voir [19], [89] et [7]).

2. (Absence de points doubles sur le bord de la boîte) ∂Ωi ∩ ∂Ωj ∩ ∂D = ∅ pour tous 1 ≤ i < j ≤ n(voir [7]).

3. (Régularité de la frontière libre à une phase) Pour tout i = 1, . . . , n, la frontière libre à une phase Γop(Ωi) ⊂ ∂Ωi de Ωi est régulière (analytique), où Γop(Ωi) désigne l’ensemble des points x0 ∈ ∂Ωi∩ Dpour lesquels il existe r > 0 tel que Br(x0) ∩ ∪j6=ij = ∅(voir [11]).

Ainsi, l’étude de la régularité d’une phase Ωi se ramène à celle de la régularité du bord ∂Ωi au voisinage, d’une part, des points de contact avec la boîte x0 ∈ ∂Ωi∩ ∂D et, d’autre part, des points à deux phases x0 ∈ ∂Ωi∩ Ωj, j 6= i. Nous prouvons que, pour une solution du problème (1.2.23), toute la frontière de chaque phase est régulière.

Théorème 1.2.14. Soit (Ω1, . . . , Ωn) une solution du problème (1.2.23). Alors, les phases Ωi sont des ouverts de classe C1,α pour tout i = 1, . . . , n.

Nous montrons que la preuve du Théorème 1.2.14 peut se ramener à l’étude de la régularité des quasi-minimiseurs pour des problèmes à frontière libre à une phase et à deux phases (Théo-rème 1.2.15) En fait, ce second résultat a en lui même son propre intérêt puisque la définition des quasi-minimiseurs que nous considérons est générale et apparaît naturellement dans l’étude des problèmes d’optimisation de forme qui font intervenir les valeurs propres du Laplacien de Dirichlet.

La régularité de la frontière libre des minimiseurs de la fonctionnelle à une phase a été étudiée pour la première fois par Alt et Caffarelli dans [2]. Ils prouvent, en toute dimension, que la frontière libre d’un minimiseur est régulière à un petit ensemble singulier près et, qu’en dimension 2, toute la frontière libre est régulière (de classe C). Dans [3], Alt, Caffarelli et Friedman étudient le problème à deux phases et prouvent qu’en dimension 2, la frontière libre des minimiseurs est de classe C1. La régularité de la frontière libre a aussi été étudiée pour les quasi-minimiseurs de ces fonctionnelles dans [34] et [33]. Les auteurs prouvent que, pour le

problème à une phase, la frontière libre est de classe C1,α à un petit ensemble singulier près qui est vide en dimension 2 (voir aussi [40]) et, pour le problème à deux phases, que la frontière libre est rectifiable.

Nous considérons ici la fonctionnelle à une phase avec des coefficients variables et contrainte d’inclusion ainsi que la fonctionnelle à deux phases avec des coefficients variables, et nous prou-vons que, en dimension 2, la frontière libre des quasi-minimiseurs pour ces fonctionnelles est de classe C1,α. Précisons que, si notre stratégie permet de traiter facilement des fonctionnelles avec des coefficients variables, il n’est pas possible de se ramener directement d’un opérateur à coefficients variables à un opérateur à coefficients constants. En fait, la preuve passe par un changement de coordonnées en chaque point x0. Ainsi, un quasi-minimiseur pour une fonction-nelle à coefficients variables, dans ces nouvelles coordonnées, est alors un quasi-minimiseur pour la fonctionnelle avec A = Id, mais le changement de variables dépend bien sûr du point x0. Précisons aussi que notre preuve, pour le problème à une phase, permet d’obtenir un résultat de régularité pour des quasi-minimiseurs u avec une contrainte d’inclusion sans supposer que la fonction u vérifie une équation dans Ωu.

Après la publication de ce papier, deux résultats récents ont été obtenus dans cette direction. Dans [32], les auteurs prouvent que les quasi-minimiseurs pour les fonctionnelles à une phase et deux phases avec des coefficients variables sont Lipschitziens. D’autre part, la question de la régularité pour le problème à deux phases a été résolue en toute dimension dans [35], où les auteurs prouvent que la frontière libre des minimiseurs de la fonctionnelle à deux phases (pour le Laplacien) est de classe C1,α à un ensemble singulier de dimension au plus d − 5. En conséquence, ils obtiennent avec une preuve différente la généralisation du Théorème 1.2.14 à toute dimension.

Précisons quelques notations avant d’énoncer notre résultat. Soit A = (aij)ij : B2 → Sym+2 une fonction uniformément elliptique avec des coefficients δA-Höldériens, et soient Qop, Q+

tp et Qtp des fonctions δQ-Höldériennes sur B2 et minorées par une constante strictement positive (rappelons que pour r > 0, Br = B(0, r) désigne la boule centrée en 0 et de rayon r). Pour u ∈ H1(B2), x0 ∈ B1 et r ∈ (0, 1), nous définissons la fonctionnelle à une phase par

Jop(u, x0, r) = Z Br(x0)  X i,j aij(x)∂u ∂xi ∂u ∂xj + Qop(x)1{u>0}  dx, et la fonctionnelle à deux phases par

Jtp(u, x0, r) = Z Br(x0)  X i,j aij(x)∂u ∂xi ∂u ∂xj + Q+tp(x)1{u>0}+ Qtp(x)1{u<0}  dx. L’ensemble des fonctions admissibles dans le demi-disque supérieur B+

r := Br∩ {x2 > 0} est défini par

A+(Br) =u ∈ H1(Br) : u ≥ 0dans Br, u = 0 sur Br\ B+ r . Nous dirons qu’une fonction u ∈ H1(B2) est

• un quasi-minimiseur pour Jop dans A+(B2) si u ∈ A+(B2) et s’il existe des constantes r1 > 0, C1 > 0 et δ1> 0 telles que, pour tout x0∈ B1∩ ∂Ωu et r ∈ (0, r1),

Jop(u, x0, r) ≤ 1 + C1rδ1Jop(v, x0, r) + C1r2+δ1

pour tout v ∈ A+(B2)tel que u = v dans B2\ Br(x0).

• un quasi-minimiseur pour Jtp dans B2 s’il existe des constantes r2 > 0, C2 > 0 et δ2 > 0 telles que, pour tout x0 ∈ B1∩ ∂Ωu et r ∈ (0, r2),

Jtp(u, x0, r) ≤ 1 + C2rδ2Jtp(v, x0, r) + C2r2+δ2

37 1.2. La valeur propre principale d’un opérateur elliptique

Enfin, pour u : R2 → R nous posons Ωu = {u 6= 0}, Ω+

u = {u > 0}et Ω

u = {u < 0}. Théorème 1.2.15. Soit u ∈ H1(B2) une fonction lipschitzienne.

1. Si u est une fonction positive et est un quasi-minimiseur pour Jop dans A+(B2), alors la frontière libre ∂Ωu∩ B1 est localement le graphe d’une fonction de classe C1,α.

2. Si u est un quasi-minimiseur pour Jtp dans B2 tel que les fonctions u± sont solutions de l’équation

−div (A∇u±) = f± dans Ω±

u ∩ B2, (1.2.24)

(a) f±: Ω±u → R sont des fonctions bornées et continues,

(b) A : B2 → Sym+2 est uniformément elliptique avec des coefficients de classe C1, alors les frontières libres ∂Ω+

u ∩ B1 et ∂Ω

u ∩ B1 sont localement le graphe d’une fonction de classe C1,α.

La preuve du Théorème 1.2.15 repose sur une formule de (quasi)-monotonie pour la fonction-nelle de Weiss et sur une inégalité épipérimétrique (voir [86]). Précisons que la seule obstruction à une généralisation des Théorèmes 1.2.15 et 1.2.14 à toute dimension provient du fait que l’inégalité épipérimétrique n’est connue qu’en dimension 2.

Régularité pour le problème d’optimisation (1.2.23)

Rappelons que pour prouver le Théorème 1.2.14, il suffit de montrer que le bord d’une phase Ωi est de classe C1,α au voisinage des points de ∂Ωi∩ ∂D et des points de ∂Ωi∩ ∂Ωj, j 6= i. Notons ui la première fonction propre (normalisée pour la norme L2) du Laplacien de Dirichlet dans Ωi, qui est une fonction lipschitzienne d’après [14] (voir aussi [7]).

Pour x0 ∈ ∂Ωi ∩ D et un (petit) rayon r > 0 tel que Br(x0) ∩ Ωj = ∅ pour tout j 6= i, la caractérisation de la première valeur propre (1.1.6) implique que ui est solution de

min  J (v) := Z D |∇v|2dx + qi|Ωv| : v ∈ H01(D), v = u dans D \ Br(x0), Z D v2dx = 1  . Il apparaît que ce problème de minimisation possède une contrainte en norme L2et une contrainte d’inclusion imposée par la boîte D. Il est alors possible, en utilisant que ui est lipschitzienne, de contrôler la norme L2 des fonctions test v et ainsi de montrer que ui est en un certain sens un quasi-minimiseur pour J dans Br(x0). L’idée est ensuite de changer les coordonnées afin de redresser le bord de la boîte D près de x0. Puisque D est régulier, le bord ∂D est localement donné par le graphe d’une fonction g : (−δ, δ) → R de classe C1,β de sorte que la fonction ˜

u(x1, x2) := ui(x1, x2+ g(x1))est telle que Ω⊂ {x2 > 0}. De plus, un calcul montre que ˜u est un quasi-minimiseur pour la fonctionnelle Jop pour un choix convenable de A(x1,x2) dépendant uniquement de g0(x1) et pour Qop = qi. Par conséquent, la régularité de ∂Ωi près de x0 est une conséquence du Théorème 1.2.15.

Pour x0 ∈ ∂Ωi∩ ∂Ωj et r > 0 suffisamment petit, u := ui− uj est solution du problème à deux phases min Z D |∇v|2dx + qi|Ωv| + qj|Ω+v| : v ∈ H01(D), v = u dans D \ Br(x0), Z D v+2 = Z D v2= 1  . Comme précédemment, en contrôlant les normes L2 de v+, v, il est possible de montrer que u est un quasi-minimiseur pour Jtp avec A = Id, Q+

tp = qi et Q

tp = qj, de sorte que la régularité de ∂Ωi près de x0 est encore une conséquence du Théorème 1.2.15.

Régularité de la frontière libre pour les quasi-minimiseurs

Il s’agit maintenant de prouver le Théorème 1.2.15. Commençons par considérer le cas d’un quasi-minimiseur u pour Jop. En vue d’étudier les blow-ups ux0 en x0 ∈ ∂Ωu∩ B1, c’est-à-dire les limites des suites de fonctions ux0,r définies par ux0,r(x) = 1ru(x0+ rx), nous allons nous servir d’une formule de monotonie pour une fonctionnelle de type Weiss ainsi que d’une égalité épipérimétrique. Ainsi, la première étape consiste à effectuer un changement de coordonnées pour se ramener au cas où l’opérateur de la fonctionnelle Jop est A = Id. Pour cela, nous définissons la fonction u := u ◦ Fx0, où Fx0(x) := x0 + A1/2x0 (x), x ∈ R2. Ce changement de variables est motivé par le fait que pour x ∈ Br, |∇u(x)|2 = Ax0∇u(y) · ∇u(y), où y = Fx0(x). Puisque les coefficients de A et Qop sont Höldériens, il est alors possible de montrer que u est, en un certain sens, un quasi-minimiseur pour la fonctionnelle

Jx0 op(v, r) := Z Br  |∇v|2+ Qop(x0)1{v>0}  dx. (1.2.25)

Précisons que ce changement de coordonnées, ainsi que la fonction u, dépendent du point x0 ∈ ∂Ωu ∩ B1. Nous considérons ensuite une fonctionnelle Wop de type Weiss pour le problème à une phase définie par

Wop(v) := Z B1 |∇v|2dx − Z ∂B1 v2dHd−1+ Qop(x0) v∩ B1 , et dont la dérivée pour la fonction ur(x) = 1ru(rx) vaut

∂ ∂rWop(ur) = 2 r Wop(zr) − Wop(ur) +1 r Z ∂B1 |∇ur· x − ur|2dHd−1, (1.2.26) où zr désigne l’extension 1-homogène de la trace de ur dans B1. En conséquence de la quasi-minimalité de ur pour Jx0

op, il est possible de minorer de la différence Wop(zr) − Wop(ur)et ainsi d’obtenir une formule de (quasi) monotonie pour la fonctionnelle Wop. Plus précisément, il vient que la fonction r 7→ Wop(ur) + Crδ est croissante pour un certain δ > 0 (dépendant de δA, δQ et δ1). En fait, il est possible de prouver une formule de (quasi) monotonie plus forte que celle-ci qui permettra d’obtenir une estimation de la vitesse de convergence des suites de blow-ups de la fonction u. L’idée est d’obtenir une minoration plus précise de la différence Wop(zr) − Wop(ur) en fonction de Wop(ur) à l’aide de l’inégalité épipérimétrique établie dans [86]. Cette inégalité, qui constitue un point clé de la preuve, énonce qu’il existe un compétiteur dont l’énergie est strictement inférieure à celle de l’extension 1-homogène dans B1 d’une fonction positive (dont la moyenne sur ∂B1 est strictement positive). Précisément, l’inégalité épipérimétrique pour le problème à une phase appliquée à la fonction ur est

Wop(hr) − Θop(x0) ≤ (1 − ε) Wop(zr) − Θop(x0),

pour un certain ε > 0. Le terme d’ajustement Θop(x0) := Qop(x0)π2 correspond en fait à la limite de Wop(ur) quand r → 0. Ainsi, en combinant l’inégalité épipérimétrique avec la quasi-minimalité de ur, il est possible de montrer que l’application r 7→ r−γWop(ur) − Θop(x0) + Crδ est croissante pour un certain γ > 0 dépendant de ε. Cette formule de monotonie permet d’obtenir une estimation plus précise du membre de droite dans (1.2.26). Par suite, en utilisant essentiellement que d

drur = 1r(∇ur · x − ur), nous obtenons une estimation de la vitesse de convergence de la suite ur vers un blow-up u0, et donc aussi de ux0,r = ur◦ Ax01/2 vers ux0 = u0◦ Ax01/2. Plus précisément, nous avons

39 1.2. La valeur propre principale d’un opérateur elliptique

Cette estimation est très utile pour l’étude de la régularité de la frontière libre puisqu’elle implique par exemple l’unicité des blow-ups, ce qui n’est en général pas connu (comme par exemple dans [84] et [88]).

D’un autre côté, la quasi-minimalité de u pour Jx0

op permet de montrer que, pour tout x0 ∈ ∂Ωu ∩ B1, les blow-ups u0 := ux0 ◦ A1x/02 sont des minimiseurs de la fonctionnelle (1.2.25) pour tout r > 0 (avec une contrainte d’inclusion), et sont des fonctions 1-homogènes, ce dernier point étant aussi une conséquence de la formule de (quasi) monotonie de Weiss. Nous obtenons ainsi la classification suivante des blow-ups en tout point x0∈ ∂Ωu∩ B1

ux0(x) = µ(x0) max0, x · νx0

(

µ(x0) = Qop(x0) si x0 ∈ ∂Ωu∩ B1∩ {x2 > 0}, µ(x0) ≥ Qop(x0) si x0 ∈ ∂Ωu∩ B1∩ {x2 = 0}, et où νx0 ∈ R2 est de la frome νx0 = Ax01/2[˜νx0] pour un certain vecteur unitaire ˜νx0 ∈ ∂B1. Comme première conséquence de la forme des blow-ups et de l’estimation de la vitesse de conver-gence uniforme des blow-ups (1.2.27) il suit que u vérifie la condition d’optimalité

|A1/2

x0∇u(x0)| = µ(x0) sur ∂Ωu∩ B1.

Il est aussi possible de déduire de la forme des blow-ups, de (1.2.27) et de la non-dégénérescence de u que la frontière libre ∂Ωu ∩ B1 vérifie une certaine condition de platitude, ainsi que les estimations suivantes concernant les oscillations de ν et µ :

x0 − νy0| ≤ C|x0− y0|α et |µ(x0) − µ(y0)| ≤ C|x0− y0|α, (1.2.28) pour tous x0, y0 ∈ ∂Ωu∩ Br0 et pour un certain α > 0. La régularité de la frontière libre découle maintenant du fait que la condition de platitude implique que ∂Ωu est dans un voisinage de 0 le graphe d’une fonction différentiable, qui est nécessairement de classe C1,αpuisque la normale ν est α-Höldérienne.

Il reste à prouver la régularité de la frontière libre des quasi-minimiseurs pour la fonctionnelle à deux phases Jtp. Pour un tel quasi-minimiseur u, la frontière libre ∂Ωu∩ B1 se décompose en ∂Ωu∩ B1 = Γ+∪ Γ∪ Γtp, où Γ+:= (∂Ω+u\∂Ωu) ∩ B1 et Γ:= (∂Ωu\∂Ω+

u) ∩ B1 correspondent respectivement aux points à une phase de Ω+

u et Ω

u, et où Γtp := ∂Ω+u ∩ ∂Ω

u ∩ B1 correspond aux points à deux phases de Ωu. L’étude précédente des points à une phase implique donc que les bords Γ+ et Γ sont de classe C1,α, de sorte qu’il ne reste plus qu’à prouver la régularité des phases Ω+

u et Ω

u au voisinage des points à deux phases de Γtp. Comme précédemment, en effectuant le changement de coordonnées u = u ◦ Fx0 près d’un point x0∈ ∂Ωu∩ B1 il vient que u est un quasi-minimiseur pour la fonctionnelle à deux phases

Jx0 tp(v, r) := Z Br  |∇v|2+ Q+tp(x0)1{v>0}+ Qtp(x0)1{v<0}  dx , de sorte que les blow-ups u0 = ux0 ◦ A1x/02 sont des minimiseurs de Jx0

tp (pour tout r > 0), et sont 1-homogènes, grâce à une formule de (quasi) monotonie pour la fonctionnelle de Weiss à deux phases Wtp. Avec un argument de dérivée de formes, il en résulte que les blow-ups de u en x0 ∈ ∂Ωu∩ B1 sont donnés par

ux0(x) = (

µ±(x0) max{0, x · νx0} si x0 ∈ Γ±, µ+(x0) max{0, x · νx0} + µ(x0) min{0, x · νx0} si x0 ∈ Γtp, où νx0 = Ax01/2[˜νx0]pour un ˜νx0 ∈ ∂B1, et où µ2

±(x0) = Q±tp(x0)si x0 ∈ Γ±, et µ2

±(x0) ≥ Q±tp(x0) et µ2

+(x0)−µ2(x0) = Q+tp(x0)−Qtp(x0)si x0 ∈ Γtp. Avec l’inégalité épipérimétrique, comme dans le cas de la fonctionnelle à une phase, nous obtenons l’estimation de la vitesse de convergence

(1.2.27) pour tous les points à deux phases x0 ∈ Γtp. Précisons que cette estimation est aussi vérifiée pour les points à une phase x0 ∈ Γ+ (ou x0 ∈ Γ), mais que le rayon r0 n’est alors plus uniforme et dépend de la distance dist(x0, Γ∪ Γtp). Ainsi, la fonction u+ est différentiable (jusqu’au bord ∂Ω+

u) en tout point x0 ∈ ∂Ω+

u ∩ B1 et ∇u+(x0) = µ+(x0) νx0, ce qui montre en particulier que u vérifie la condition d’optimalité

|A1/2

x0∇u±(x0)| = µ±(x0) sur ∂Ω±

u ∩ B1. (1.2.29)

Par suite, Γtpsatisfait à une condition de platitude et les estimations (1.2.28) sont vérifiées pour tout x0, y0 ∈ Γtp, de sorte que le sous ensemble fermé Γtp ⊂ ∂Ωu est ainsi localement inclus dans une courbe de classe C1,α. Malheureusement, ceci n’est pas suffisant pour conclure que les phases Ω+

u et Ω

u sont régulières. Soulignons le fait que jusqu’à présent nous n’avons pas eu besoin de nous servir des équations (1.2.24) vérifiées par u± dans Ω±

u. Cette hypothèse sert une première fois pour montrer que les fonctions µ± : ∂Ω±u → R sont Höldériennes. En fait, la preuve fait intervenir une suite un := u+

xn,rn convergeant vers une fonction u, et nécessite de passer à la limite dans la condition vérifiée par un sur le bord ∂{un > 0}, ce qui est justifié par l’hypothèse (1.2.24) et la régularité de classe C1 de A. Enfin, puisque la fonction u+ est solution de l’équation (1.2.24) et satisfait à la condition d’optimalité (1.2.29) avec µ Höldérien, le Théorème 1.2.15 est une conséquence du résultat de régularité pour les problèmes à frontière libre à une phase de De Silva (voir [36]).

1.3 Les valeurs propres d’ordre supérieur

Dans cette section nous introduisons succinctement quelques résultats d’existence et de ré-gularité pour des problèmes de minimisation qui concernent les valeurs propres du Laplacien de Dirichlet. Nous présentons ensuite un résultat de régularité pour un problème avec contrainte d’inclusion où la fonctionnelle considérée fait intervenir la somme des premières valeurs propres d’un opérateur sous forme divergence.