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Chapitre 6 – Modèle de recherche

6.1 Choix épistémologique

6.1.2 Réalisme scientifique

Dès lors, il nous semble que l’approche la plus à même de rendre compte de la fonction Sûreté est celle qualifiée de réalisme scientifique (Gavard-Perret, Gotteland, Haon & Jolibert 2012 : 31).

Comme l’approche positiviste classique, le réalisme scientifique postule que le réel existe et qu’il est observable, indépendamment de la perception que l’on peut en avoir et des représentations que nous pouvons nous en faire.

Mais contrairement au paradigme strictement positiviste qui considère les objets inobservables comme des entités métaphysiques, le réalisme scientifique développé par Hunt et Hansen (2009 pour une synthèse de leurs travaux qui remontent en réalité au début des années 1990) accepte l’idée que des objets inobservables directement existent effectivement et sont donc digne d’intérêt.

Ce dernier point est très important en ce qui nous concerne parce que nous allons tenter d’observer l’influence de facteurs de contingence sur la structure des organisations non pas directement mais par le biais de leur influence organisationnelle ; nous sommes en quelque sorte à la recherche des symptômes que provoque l’existence de ces facteurs de contingence.

6.2

Définition du terrain

Notre travail porte sur de grandes entreprises, seules à même de fournir la matière nécessaire. Elles sont françaises et membres d’une organisation professionnelle très influente dans le secteur de la sûreté.

6.2.1 De grandes entreprises

Notre travail porte très essentiellement sur la situation des grandes structures. Il faut entendre par là les grandes entreprises telles que définies par l’INSEE c’est-à-dire que celles qui ont plus de 5000 salariés. Toutefois, quelques entreprises de taille parfois plus modeste, sans qu’il soit possible pour autant de parler de PME, ont retenu notre attention. La répartition des effectifs de nos répondants est présentée ci-dessous :

0; 0% 2; 3%

9; 13%

11; 15%

19; 26% 31; 43%

L'effectif global de votre entreprise est de :

moins de 100 100 à 1000 1000 à 5000

Il ne faut pas voir là un désintérêt pour la situation des petites et moyennes entreprises (PME) ou même pour les entreprises de taille intermédiaire. Il nous est cependant apparu au cours de nos recherches préliminaires que la question de la sûreté n’est simplement pas traitée, à de rares exceptions près, par les entreprises de petites ou moyennes importance.

Cela ne signifie pas que la problématique ne les concerne pas ou qu e leurs dirigeants n’en ont pas conscience. Dans certains cas leur exposition leur semble trop anecdotique pour justifier un effort particulier autre que celui de faire appel aux pouvoirs publics si nécessaire. Comme l’ancien président du CDSE, il nous semble que « Les PME ont beaucoup plus de mal car elles n’ont pas les moyens nécessaires tant au niveau de l’analyse que de la réponse aux risques » (Juillet 2012 : 66). Ainsi, en dehors du champ des grandes organisations, il ne nous a pas semblé qu’une matière suffisante était disponible pour permettre ce travail.

6.2.2 Implantation nationale

Ensuite, notre travail porte exclusivement sur le cas des entreprises françaises. C’est-à- dire des entreprises dont le siège est en France et dont la direction de sûreté est localisée sur le territoire français.

Cela tient au fait que l’environnement national joue ici un rôle central. Nous avons vu que le droit français en premier lieu fixe les obligations des entreprises vis -à-vis de leurs salariés. Il fixe également les obligations des entreprises françaises à l’égard de la nation, les limites du recours à la sécurité privée, le cadre légal d’existence de ce type de services et les modalités de leur coopération avec les forces de l’ordre.

Le fait est également que la vision que nous entretenons des problématiques de sûreté en France, notamment la place centrale de l’Etat dans la culture politique française, a une influence importante sur la question qui nous occupe.

Mais c’est également l’environnement criminel national qui influe sur la façon dont les entreprises se protègent. La nature et la sévérité de cet environnement façonnent la

réponse des victimes potentielles (Ferreira 2007). Leurs marges de manœuvres, leurs besoins et même leurs cultures de la sûreté sont très différentes.

6.2.3 Membres du CDSE

Enfin, dans leur presque totalité, les entreprises ayant répondu à notre questionnaire sont membres du Club des Directeurs de Sécurité & de Sûreté Des Entreprises51. Il s’agit

d’une association définie de la façon suivante : « Le Club des Directeurs de Sécurité des Entreprises est une association qui vise à fédérer les expériences des professionnels de la sécurité et de la sûreté au sein des entreprises. Il rassemble des entreprises privées et publiques représentées au sein du club par leur Directeur Sécurité/Sûreté (ou fonctions équivalentes ayant d’autres dénominations : risk managers, directeur des risques, secrétaire général, etc.).»

Le fait est que le CDSE rassemble essentiellement de grandes et très grandes entreprises ce qui correspond bien à la finalité de notre recherche. Il faut également constater que le simple fait d’appartenir au CDSE est la preuve que la fonction Sûreté est assumée par un service dédié, quelle que soit sa dénomination. Raison pour laquelle nous n’avons pas souhaité exclure de notre étude les quelques répondants dont les entreprises pourraient être qualifiées d’Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). Ce ne sont pas de grandes entreprises mais leur implication dans le domaine de la sûreté est certaine.

6.3

Limites de la recherche

Notre recherche a naturellement été confrontée à certaines limites :

 Notre échantillon demeure relativement restreint même s’il nous semble représentatif des entreprises que nous prétendons observer. Selon l’INSEE, il y avait en 2015 en France 287 grandes entreprises définies schématiquement comme les entreprises de plus de 5000 collaborateurs. Au regard du profil des entreprises répondantes, nous pouvons considérer que notre échantillon représente un peu moins d’un quart de ce groupe d’entreprises.

 Le choix de notre approche épistémologique ne permet pas de faire toute la lumière sur la question de la performance des organisations que nous étudions. Comme nous l’avons vu, la mesure de cette dernière se heurte à des problèmes théoriques et pratiques importants au point que cette difficulté fait partie intégrante de la caractérisation de la fonction Sûreté.