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/DYDULpWpGHVPRGHVGHVWUXFWXUDWLRQGHO¶DFWLRQV\QGLFDOHFDGUHDXsein des organisations confédérées inter-catégorielles, entre autonomie et intégration, VXIILWjLQGLTXHUO¶DPELJXwWpGXUDSSRUWGHFHV© relais GHO¶pQHUJLHGLUHFWRULDOH »2 à la subordination juridique et au pouvoir économique. Cette diversité cristallise la place ambivalente des cadres dans le salariat, catégorie abstraite dans laquelle se fondent, en dépit de leur variété, les produits du travail3. Mais, quels que soient le V\QGLFDWFRQVLGpUpHWO¶RULHQWDWLRQVWUXFWXUHOOHFKRLVLHQRWDPPHQWDX[$VVXUDQFHs Générales de France (AGF) et à BNP Paribas, les politiques revendicatives et les pratiques syndicales se caractérisent toujours par deux traits majeurs, dès lors TX¶HOOHVVRQWGpWHUPLQpHVSDUGHVFDGUHVGHO¶HQWUHSULVH VHFWLRQ&)'7GHV$*) sections CGC des AGF et de la MACSF4) ou se veulent adaptées aux attentes supposées de ces derniers j O¶pJDUG GX V\QGLFDOLVPH GDQV O¶HQWUHSULVH V\QGLFDW UGICT BNP Paribas Île-de-)UDQFH   O¶LQVFULSWLRQ GDQV OH MHX SDULWDLUH SRXU IDYRULVHU OD ERQQH PDUFKH GH O¶HQWUHSUise et la formulation de revendications « gestionnaires »5, lesquelles renvoient au rapport à la compétence et au savoir de ces « travailleurs intellectuels ªODUHSURGXFWLRQG¶XQHIRUPHG¶HQWUDLGHTXLQ¶HVW pas sans rappeler la vocation des Bourses du Travail du début du XXè siècle. Tels sont les éléments développés dans ce chapitre.

1 J. D. Reynaud (1989), Les règles du jeu, Paris, Armand Colin, 1997.

2 I. Kolboom, « Patronat et cadres : la contribution patronale à la formation du groupe des cadres (1936-1938) », Le Mouvement social n°121, octobre-décembre 1982, p. 72.

3 A. Supiot (1994), Critique du droit du travail, Paris, PUF, Coll. « Quadrige », 2002. 40XWXHOOHG¶$VVXUDQFHVGX&RUSVGH6DQWp)UDQoDLV

5 G. Groux, Le syndicalisme des cadres en France, 1963-1984. Un enjeu producteXU G¶HQMHX[ 'RFWRUDWG¶eWDW7RPH/¶HVSDFHGHVDOOLDQFHV 1986.

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/HVSURSULpWpVGHO¶DFWLRQV\QGLFDOHFDGUHVXUOHVOLHX[GHWUDYDLOpWXGLpV GDQVFHFKDSLWUHVRQWLQVpSDUDEOHVGHO¶KLVWRLUHSDUWLFXOLqUHGHVHQWUHSULVHVTXLHQ sont le théâtre. BNP Paribas et les AGF ont en commun un passé nationalisé. Le fait syndical y est encore bien accepté. Les conventions collectives du secteur bancaire et des assurances en consacrent une reconnaissance formelle et prévoient des dispositions favorabOHVjO¶H[HUFLFHPLOLWDQWVXUOHWHPSVGHWUDYDLO1. Le secteur nationalisé connaît historiquement des taux de syndicalisation et de présence syndicale plus élevés que le privé. En particulier, la CGT y est traditionnellement bien implantée parmi les cadres et les techniciens. Cette implantation, cependant, a WRXMRXUVpWpSOXVPDUTXpHGDQVOHVPpWLHUVLQGXVWULHOVFHTXLV¶H[SOLTXHHQJUDQGH partie par le rôle actif pris par la centrale de Montreuil dans les nationalisations G¶DSUqV-guerre2.

Les termes de O¶pFKDQJHVDODULDOGHVEUDQFKHV%DQTXH$VVXUDQFHVRQW récemment connu de brutales modifications, qui se sont traduites par une refonte GHVJULOOHVGHFODVVLILFDWLRQHWTXLSURFqGHQWG¶pOpPHQWVFRQWH[WXHOVXVXHOOHPHQW GpFULWVSDUOHWHUPHG¶© intégration économique ». La finance, selon les mots de O¶pFRQRPLVWH -DFTXHV $GGD V¶HVW PXpH HQ © un domaine où le capitalisme a pu V¶DIIUDQFKLU WRWDOHPHQW GHV FRQWUDLQWHV HW GHV SHVDQWHXUV GX WHPSV HW GH O¶HVSDFH »3. Les AGF et BNP Paribas deviennent ainsi de banales entreprises SULYpHVGHO¶LQGXVWULHGHVVHUYLFHVILQDQFLHUVSDUDLOOHXUVPDUTXpHVSDUOHGpFOLQ numérique des effectifs non-cadres. Le personnel de BNP Paribas, a fortiori en Île-de-France où sont regroupées les structures centrales, opérationnelles et fonctionnelles, dénombre une proportion croissante de « cadres » et, en dépit des récentes embauches de commerciaux dans les agences4, une part décroissante de « gradés ªHWG¶© employés » : le nombre de « techniciens » ± les « employés » et

1 Sources : Articles 10 et 11 de la Convention Collective Nationale des Banques (1er janvier 2000) $UWLFOHVHWGHOD&RQYHQWLRQ&ROOHFWLYHGHV6RFLpWpVG¶$VVXUDQFHV PDL 1992).

2 G. Groux, « Le syndicalisme-cadres dans la période présente : 1963-1983 », M. Descostes et J. L. Robert (dir.), Clefs pour une histoire du syndicalisme-cadres, Paris, Les Éditions ouvrières, 1984. 3 J. Adda, /DPRQGLDOLVDWLRQGHO¶pFRQRPLH. Tome 1 : Genèse, La Découverte, 1996.

4 Plus de vingt mille (20 907) embauches ont été réalisées à BNP Paribas entre 2003 et 2005. Ces embauches ont surtout concerné le pôle Banque De Détail en France (BDDF), cinquante nouvelles agences ayant été ouvertes en 2005. Une session de recrutement ciblée sur les titulaires de BTS )RUFH GH 9HQWH HW $FWLRQ &RPPHUFLDOH  HW D\DQW GpERXFKp VXU O¶HPEDXFKH GH TXDWUH FHQWV commerciaux, a aussi été organisée la semaine du 19 septembre 2005 (Source : Rapport Annuel

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les « gradés » de la convention collective de 1952 ± exerçant en France métropolitaine est passé de 33 410 en 1995 à 25 177 en 2005 ; dans le même temps, le nombre de « cadres » est passé de 7 073 à 16 5951. Aussi la proportion de cadres de BNP Paribas peut-HOOH V¶pYDOXHr, en 2005, à un tiers du personnel (32,5 %), contre 17 % dix ans plus tôt. Cette évolution est comparable à celle que connaît le secteur des Assurances, où les « cadres ªVRQWSDVVpVG¶XQHSURSRUWLRQ de 29,6 % des effectifs salariés à 38,2 % sur la même période2. Un processus de SURIHVVLRQQDOLVDWLRQ GHV HPSORLV V¶\ REVHUYH HQILQ LQGLTXp SDU O¶pOpYDWLRQ GX QLYHDXGHIRUPDWLRQLQLWLDOHFRQYHQWLRQQHOOHPHQWUHTXLVSRXUO¶HPEDXFKHjQLYHDX hiérarchique de poste constant. Les carrières traditionnelles dans les banques et les DVVXUDQFHVLVVXHVGXUDQJV¶HQWURXYHQWGpYDORULVpHVHWSOXVRXPRLQVEORTXpHV

1) &RQWULEXHUjODERQQHPDUFKHGHO¶HQWUHSULVH

Les enquêtés de la Banque et des Assurances ont tous éprouvé les mutations de leur entreprise et acquis, au fil de leur trajectoire professionnelle et syndicale, une connaissance aiguë des enjeux économiques et sociaux qui la traversent pour y avoir effectué toute leur carrière. Les parcours professionnels et V\QGLFDX[ GHV WHFKQLFLHQV HW FDGUHV PLOLWDQWV GH O¶8*,&T BNP Paribas Île-de- France, de la CFDT des AGF et de la CGC des Assurances, largement dépourvus de sens hors de leur entreprise respective, sont vécus comme mêlés et insécables. &HWWHFRPSUpKHQVLRQGHVDUFDQHVGHO¶HQWUHSULVHHWGXVHFWHXUG¶DFWLYLWpQpH de O¶H[SpULHQFHOpJLWLPHOHXUSRVLWLRQQHPHQWVXEMHFWLIGDQVXQUDSSRUWpJDOLWDLUHYLV- à-vis du « gouvernement privé »3/¶LQYHVWLVVHPHQWV\QGLFDOVXUOHOLHXGHWUDYDLO VHFRPSUHQGLFLFRPPHXQHIRUPHGHWULEXWjODSHUPDQHQFHO¶HQWUHSULVHHWjOD cohésion de ses salariés, qui conteste, en invoquant la compétence professionnelle des cadres de ces entreprises, les orientations dirigeantes jugées fragilisantes.

1 Source : Bilan social 2005, RH Groupe BNP Paribas. Voir aussi supra la description des terrains G¶HQTXrWH

2 Source : Rapport Annuel 20052EVHUYDWRLUHGHO¶eYROXWLRQGHV0pWLHUVGHO¶$VVXUDQFH 2(0$  3 M. Bauer et E. Cohen, Qui gouverne les groupes industriels "(VVDLVXUO¶H[HUFLFHGXSRXYRLU

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1.1) Le syndicalisme des cadres sur le lieu de travail : un rapport RUJDQLTXHjO¶HQWUHSULVH

Au-GHOj GH O¶DQFLHQQHWp SURIHVVLRQQHOOH pOHYpH GHV QR\DX[ PLOLWDQWV HW adhérents, tout oppose les sections CFDT des AGF et le syndicat UGICT BNP Paribas Île-de-France. Les sections CFDT des AGF sont sous la responsabilité de cadres des classes 5 et 6 de la convention collective des Assurances et impliqués GHSXLVSHXGHWHPSVGDQVO¶DFWLRQV\QGLFDOH/HV\QGLFDW8*,&7%133DULEDVÌOH- de-France est dominé par des « gradés », des techniciens supérieurs des agences et des back office parisiens1/HF°XUPLOLtant du syndicat UGICT BNP Paribas Île- de-)UDQFHFRPSWHXQHPLQRULWpGHFDGUHVHWO¶HVVHQWLHOGHFHVFDGUHVHVWLVVXGX UDQJGHVHPSOR\pVGHEDQTXHHWV\QGLTXpGHSXLVO¶HPEDXFKH&HVGLIIpUHQFHVGH PRUSKRORJLHDGKpUHQWHHWGHSURILOVPLOLWDQWVQ¶HPSrFKHQW SDVO¶DFWLRQV\QGLFDOH G¶rWUH SDUWRXW YpFXH VXU OH PRGH GX FRQFRXUV DX GHYHQLU GH O¶HQWUHSULVH GDQV ODTXHOOHVHGpURXOHO¶LQWpJUDOLWpGXSDUFRXUVSURIHVVLRQQHOVLQRQGHVVDODULpVOHV plus récemment embauchés, de ce qui est encore la majeure partie du personnel de BNP Paribas2,OHQYDGHPrPHjOD&*&GHV$VVXUDQFHVOHUHVSRQVDEOHGHO¶XQH GHVVHFWLRQV&*&GHV$*)O¶H[SULPDQWG¶DLOOHXUVOHSOXVH[SOLFLWHPHQWORUVTX¶LO compare sa situation à celle des cadres fraîchement recrutés :

« Les jeunes ont une auWUHDSSURFKHTXHQRXVPRLQVDIIHFWLYHjO¶pJDUG GHOHXUHQWUHSULVHLOQ¶\DSDVG¶LQYHVWLVVHPHQW«SHUVRQQHOGDQVODYLH GH O¶HQWUHSULVH 0DLV RQ \ IDLW SOXV WRXWH VD FDUULqUH QRQ SOXV » (Jean

Luyat, 53 ans, cadre diplômé, responsable de section syndicale CGC aux AGF)

3RXU O¶HQVHPEOH GHV HQTXrWpV GX V\QGLFDW 8*,&7 %13 3DULEDV ÌOH-de- )UDQFHHWTX¶LOVVRLHQWWHFKQLFLHQVRXFDGUHVFDGUHVGLSO{PpVRXFDGUHVLVVXVGX rang, investis de longue date ou très récemment engagés dans le syndicalisme, O¶DFWLRQV\Qdicale sur le lieu de travail est dénuée de toute considération partisane

1 Voir supra ODGHVFULSWLRQGHVWHUUDLQVG¶HQTXrWH

2 Entre un quart et un tiers du personnel français de BNP Paribas est né entre 1948 et 1960, plus de la moitié du personnel a plus de quarante-cinq ans en 2005, un tiers seulement étant âgé de moins GH TXDUDQWH DQV /¶kJH PR\HQ G¶XQ FDGUH GHV DVVXUDQFHV HVW GH TXDUDQWH-trois ans en 2004 et O¶DQFLHQQHWpPR\HQQHGDQVFHVHFWHXUDSSURFKHOHVTXLQ]HDQV6RXUFHV : Bilan social 2005, RH Groupe BNP Paribas ; Rapport Annuel 2005 GHO¶2(0$

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ou idéologique. En dépit de parcours militants typiques1, oscillant, selon les cas, entre activisme anarchiste (Viviane Giordano), idéalisme communiste (Marcel Chaîli, Didier Benoît) et mouvements libertaires (Jean-Bernard Renaud) ou de MHXQHVVH )ORUHQW +pURXHW  OHV V\QGLFDOLVWHV GH O¶8*,&7 %13 3DULEDV ÌOH-de- France font profession de représenter leurs collègues « avec eux et comme ils

sont » (Marcel Chaîli). Les aspirations des collègues peuvent bien froisser leurs

FRQYLFWLRQVSROLWLTXHVFHVPLOLWDQWVQ¶HQMXJHQWSDVPRLQVGpSODFpHO¶H[SUHVVLRQ sur le lieu de travail. Ceux qui sont encore des militants politiques distinguent nettement entre leurs activités syndicales à BNP Paribas et leurs affiliations partisanes, ainsi reléguées dans la sphère privée :

« -HQHFRQIRQGVSDVO¶DFWLYLWpSROLWLTXHHWV\QGLFDOH>«@-¶DLXQHMHXQH FROOqJXHTXLDDGKpUpO¶DQQpHGHUQLqUH>«@HOOHP¶DGHPDQGpVLM¶pWDLV DX 3& M¶DL GLW ³oD QH WH UHJDUGH SDV´ ! Parce que je suis CGT. »

(Marcel Chaîli, 53 ans, technicien, permanent syndical, Secrétaire du syndicat UGICT BNP Paribas Île-de-France)

&HWWHUHOpJDWLRQGHVDIILOLDWLRQVSDUWLVDQHVKRUVGHO¶DFWLYLWpV\QGLFDOHTXRWLGLHQQH Q¶HVWFRPSUpKHQVLEOHTXHUHVLWXpHGDQVOHFRQWH[WHKLVWRULTXHG¶XQHRUJDQLVDWLRQ V\QGLFDOHO¶8*,&7-CGT, dont les militants vivent usuellement le syndicalisme à O¶pFKHOOH GH O¶HQWUHSULVH2. Mais les carrières professionnelles et syndicales des salariés des banques et des assurances sont, de facto ERUQpHV j O¶XQLYHUV GH OD EUDQFKHHWPrPHG¶XQHVHXOHHQWUHSULVH/HVFDUULqUHV \VRQWWUDGLWLRQQHOOHPHQW anciennes, issues du rang et soutenues par un large panel de diplômes propres aux secteurs, la « professionnalisation »3 des salariés y UHOqYHG¶XQHFRPELQDLVRQHQWUH ancienneté et acquisition de certifications qui enferment dans la branche :

« 2QHVWG¶DERUGHWDYDQWWRXWGHVJHQVGHODEDQTXH'RQFFHTXLQRXV LQWpUHVVHVXUWRXWF¶HVWFRPPHQWRQWUDYDLOOHGDQVODEDQTXHFRPPHQWOD banque change et comment la situation des salariés change aussi. »

(Martin Silvano, 50 ans, technicien, permanent syndical, journée G¶REVHUYDWLRQ GH O¶DFWLYLWp GX V\QGLFDW 8*,&7 %13 3DULEDV Île-de- France, le 28 juin 2006)

1 Voir supra ODGHVFULSWLRQGHVWHUUDLQVG¶HQTXrWH

2 G. Groux (1984), « Le syndicalisme-cadres dans la période récente : 1963-1983 », M. Descostes et J. L. Robert, op. cit.

3 Entendue au sens de Pierre Naville. Voir : P. Naville, Essai sur la qualification du travail, Paris, Marcel Rivière, 1956.

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« -H VXLV DWWDFKp j PRQ HQWUHSULVH« mais avec mes diplômes de O¶DVVXUDQFHMHQHSHX[GHWRXWHIDoRQSDVWURXYHUPLHX[SDUFHTXHSDU UDSSRUWjG¶DXWUHVHQWUHSULVHVGXVHFWHXULOQ¶\DSDVSKRWRRQHVWPLHX[ ici ! » (Marc Legrand, 44 ans, cadre, promotion interne, responsable de la

section syndicale CGC de la MACSF)

/HUHVSRQVDEOHGHODVHFWLRQ&*&GHOD0$&6)H[SOLTXHVDGpFLVLRQGHV¶LQYHVWLU DXVHLQGHVRQ&RPLWpG¶eWDEOLVVHPHQW &( UpJLRQDOHQLQYRTXDQWOHIDLWGHV¶rWUH UHQGXFRPSWHTXHOHVG\VIRQFWLRQQHPHQWVORFDX[GHO¶DFWLYLWpGHVon entreprise, GRQWLOpWDLWWpPRLQHWVHIDLVDLWO¶pFKRQHSDUYHQDLHQWSDVDXVLqJHSDULVLHQ :

« (QMHP¶DSHUoRLVTXHOH'LUHFWHXUGRQWMHGpSHQGVDDWWHLQWVHV OLPLWHV 3OXV ULHQ QH PDUFKDLW RQ IDLVDLW FRPPH VL PDLV oD Q¶DOODLW SOXV« HW WRXW FH TXH M¶DYDLV j GLUH QH GpSDVVDLW OH VWDGH UpJLRQDO oD Q¶DOODLWMDPDLVSOXVKDXW«PRLF¶HVWGDQVPDQDWXUHGHO¶RXYULU -¶DL SULV GHV UHVSRQVDELOLWpV DX &( GH OD UpJLRQ M¶HQ DYDLV GpMj HX VDQV pWLTXHWWH F¶pWDLW DORUV XQ WUXF SOXW{W DVVRFLDWLI RQ RUJDQisait des tombolas   PDLV Oj F¶pWDLW OH PR\HQ GH IDLUH HQWHQGUH FH TXL Q¶DOODLW pas. » (Marc Legrand, section syndicale CGC de la MACSF)

/¶LPSOLFDWLRQV\QGLFDOHVXUOHOLHXGHWUDYDLOHVWXQHYRLHG¶H[SUHVVLRQSHUPHWWDQW de « faire entendre ce qui ne va pas », qui va de pair avec une relation « chaude » jO¶HQWUHSULVH/HVWUDFWVGHOD&)'7GLVWULEXpVDX[$*)jO¶RFFDVLRQGHVpOHFWLRQV professionnelles de janvier 2006, qui se sont déroulées dans le contexte du rachat LPPLQHQW SDU O¶DFWLRQQDLUH SULQFLSDO le Groupe Allianz, des derniers titres de propriété des AGF encore détenus par les actionnaires minoritaires1, indiquent aussi une identification particulièrement forte jO¶XQLWpGHSURGXFWLRQ

« Nous ne pouvons que nous féliciter de la reconnaissance acquise par OHV$*)DXVHLQG¶$OOLDQ]GHODSULVHHQFRPSWHGHVLQWpUrWV$*)DYHFOD nomination de notre PDG à la Direction du Groupe. Notre avenir est chez Allianz, mais il sera conditionné par la manière dont nous y HQWUHURQV 9RV pOXV VH EDWWHQW G¶RUHV Ht déjà à Munich pour faire entendre la voix des AGF. »2

4XHOOHTXHVRLWO¶RUJDQLVDWLRQV\QGLFDOHjODTXHOOHLOVDGKqUHQWOHVHQTXrWpVRQWXQ rapport presque organique à leur entreprise. Sa pérennité détermine, à terme, la sécurité économique de salariés encore pleinement inscrits dans « O¶RUGUHFROOHFWLI

1 /¶REMHFWLI SRXUVXLYL pWDQW OD FRQVWLWXWLRQ G¶$OOLDQ] HQ 6RFLpWp (XURSpHQQH LPPDWULFXOpH HQ Allemagne.

2 Tract recueilli au siège des A*) j O¶RFFDVLRQ GH O¶HQWUHWLHQ GX  GpFHPEUH  DYHF *X\ Serra, Secrétaire de la section centrale CGT des AGF.

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LQVWLWXp GH OD FDUULqUH HW GH OD SURIHVVLRQQDOLVDWLRQ DX VHLQ GH O¶LQVWLWXWLRQ »1. Défendre les salariés suppose de défendre la viabilité de leur entreprise, défendre ODYLDELOLWpGHO¶HQWUHSULVHUHYLHnt à en défendre les salariés. Pour un cadre militant V\QGLFDOD\DQWHIIHFWXpWRXWHVDFDUULqUHGDQVXQHVHXOHHQWUHSULVHO¶XQQHYDSDV VDQVO¶DXWUH2.

/¶HQJDJHPHQW GHV HQTXrWpV GX V\QGLFDW 8*,&7 %13 3DULEDV ÌOH-de- France traduit toutefois une articulation plus subtile ± et parfois contradictoire ± HQWUHLGHQWLILFDWLRQjO¶LQVWLWXWLRQO¶HQWUHSULVHTXLGRQQHVHQVjO¶DFWLRQV\QGLFDOH HWFRQWHVWDWLRQGHVHVpYROXWLRQVDXQRPGXF°XUGHPpWLHUPLOLWDQWODGpIHQVH des intérêts salariés :

« Mon supérieur direct, qui est un cadre syndiqué au SNB-CGC, me dit SDUIRLV³PHWV-WRLjODSODFHG¶XQSDWURQ´-HQHFRPSUHQGVSDVFHVJHQV TXL GqV TX¶LOV RQW XQ SHX GH SRXYRLU RX G¶DXWRULWp V¶LGHQWLILHQW DX SDWURQDW« MH VXLV VDODULpH MH QH YDLV SDV UpIOpFKLU FRPPH XQ patron ! Demande-t-RQ j XQ SDWURQ GH ³VH PHWWUH j OD SODFH GX VDODULp ´ " »

(Irène Pasquale, 39 ans, technicienne, militante du syndicat UGICT BNP Paribas Île-de-France)

Fernand Guérin (UGICT BNP Paribas Île-de-France) justifie sa démission, en 2000, de sa section CFDT en invoquant (entre autres aspects) le fait que la CFDT, à BNP Paribas, aurait franchi le Rubicon qui sépare la contribution à la bonne PDUFKHGHO¶HQWUHSULVHGHODGpIHQVHLQGpIHFWLEOHGX« camp des salariés » :

« Dans les réunions où je me UHWURXYDLV DYHF OD 'LUHFWLRQ VL M¶DYDLV SDUIRLV GHV GRXWHV VXU O¶HQGURLW R VH VLWXDLHQW PHV FDPDUDGHV GH OD &)'7SDUUDSSRUWjHOOHSRXUOD&*7LOQ¶\DYDLWDXFXQGRXWH>«@/D &*7V¶LO\DXQSRLQWVXUOHTXHOHOOHQ¶DSDVpYROXpF¶HVWVDSRVLWLRQ G¶rWUH GDQV OH FDPS GHV VDODULpV HQ WRXWHV FLUFRQVWDQFHV » (Fernand

Guérin, 57 ans, cadre, promotion interne, militant du syndicat UGICT BNP Paribas Île-de-France)

Ce qui passe pour une compromission suspecte aux yeux de ce « transfuge » de la CFDT expliqXHSUpFLVpPHQWG¶DSUqVODUHVSRQVDEOHGHODVHFWLRQ&)'7GXVLqJH des AGF (Claudine Tivrel), la représentativité de la CFDT aux AGF, notamment

1 F. Piotet (dir.) La révolution des métiers, Paris, PUF, Coll. « Le lien social », 2002.

2 Cette dialectique est affirmée de manière très explicite au sein du syndicat ACTIF : les « développeurs » y disposent de quelques fiches pratiques destinées à les aider à convaincre les VDODULpV UpWLFHQWV j O¶DGKpVLRQ V\QGLFDOH  O¶DUJXPHQW TXL GpVLJQH OHV V\QGLFDWV FRPPH « des

fouteurs de merde » est éYDFXpSDUO¶DVVHUWLRQVHORQODTXHOOH« la CFDT a fait son deuil de la lutte

des classes, elle inscrit son action dans un affrontement de logiques », patronale et salariée. Ces « logiques » sont susceptibles « de se retrouver, par exemple sur la viabilité dHO¶HQWUHSULVH ».

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parmi les cadres. Selon Claudine, cette représentativité provient du pragmatisme dont font preuve les militants de la CFDT, du « sens des réalités » les conduisant à censurer toute action susceptible de « EORTXHUO¶HQWUHSULVH ». La CFDT étant aux

$*)OHV\QGLFDWPDMRULWDLUHHQWHUPHVDEVROXVDXFXQDFFRUGG¶HQWUHSULVHQHSHXW rWUHHQWpULQpVDQVO¶DYDOGHVHVGpOpJXps, à plus forte raison depuis 2004 et la loi Fillon. « /¶pWKLTXHGHUHVSRQVDELOLWp »1 donne donc, a fortioriVRQVHQVjO¶DFWLRQ militante, constituant à la fois le vecteur et la justification du développement de O¶DGKpVLRQGHVFDGUHVGHV$VVXUDQFHVHWGes AGF en particulier :

« ,FLOHVJHQVVRQWOjGHSXLVORQJWHPSV>«@/HVFDGUHVDSSUpFLHQWQRWUH PDQLqUHGHIRQFWLRQQHURQHVWXQV\QGLFDWGHQpJRFLDWLRQ«RQYHXWrWUH SRVLWLIQHSDVEORTXHUO¶HQWUHSULVHDYDQFHUWRXWHQREWHQDQWOHPD[LPXP de ce qui peuWUHYHQLUDX[VDODULpV>«@,OIDXWDYRLUOHVHQVGHVUpDOLWpV RQQHYDSDVUHIDLUHO¶pFRQRPLHOHPDUFKp » (Claudine Tivrel, 50 ans,

cadre diplômée, permanente syndicale, responsable de la section CFDT du siège des AGF)

« [Les syndiqués des AGF] viennenWVXUO¶LPDJHGHUHVSRQVDELOLWp2QQH YLHQWSDVSRXUWRXWFDVVHUPDLVSRXUDPpOLRUHUOHVFKRVHV>«@2QQH YHXW SDV TXH O¶HQWUHSULVH IHUPH RQ SHUGUDLW QRWUH ERXORW GRQF RQ QH GHPDQGHUDSDVG¶DXJPHQWDWLRQVLXQGLUHFWHXUOHVGRQQHLOQ¶\D plus d¶HQWUHSULVH >«@ 6L O¶RQ YHXW TXH OHV FDGUHV YLHQQHQW GDQV OH V\QGLFDOLVPHGHWRXWHIDoRQFHQ¶HVWSDVDYHFOH*UDQG6RLUPDLVDYHF GHVSHWLWVSDVGDQVODERQQHGLUHFWLRQ« en plus, on a un problème de renouvellement de génération, nos adhérents vieillissent2, notamment les FDGUHV« >«@ HW GDQV OHV DVVXUDQFHV oD UHFUXWH DX QLYHDX FDGUH »

(Michèle Soher, Secrétaire Générale du syndicat ACTIF-CFDT3)

La problématique du tribut syndical à « la bonne marche et à la pérennité de

O¶HQWUHSULVH » (Jean Luyat, CGC des AGF) est ainsi exprimée différemment, selon

TX¶HOOH OH VRLW SDU OHV PLOLWDQWV GH OD &)'7 GHV $*) RX SDU FHX[ GX V\QGLFDW UGICT BNP Paribas Île-de-France. Car, pour ces derniers et au contraire des premiers, la « conviction » prime sur la « responsabilité ». Mais, dans la mesure RO¶DFWLRQV\QGLFDOHHVWSRXUHX[WRXWDXVVLLQGLVVRFLDEOHGHODUpDOLWpFRQFUqWH GHO¶HQWUHSULVHHWGXVHFWHXUGDQVOHVTXHOVHOOHV¶LQVqUHFHVPLOLWDQWVGHO¶8*,&7

1 M. Weber (1919), Le savant et le politique3DULV8QLRQ*pQpUDOHG¶(GLWLRQV&ROO© 10-18 », 1963.

2 '¶DSUqVOHILFKLHUGHVDGKpUHQWVGHO¶$&7,)GHVDGKpUHQWVRQWPRLQVGHWUHQWH-cinq ans (Chiffre : 2003).

3 Le Syndicat des Assurances CFDT Transrégional et Île-de-France (ACTIF) est le syndicat auquel les sections syndicales CFDT des AGF, au nombre de dix-sept sur le territoire métropolitain, sont affiliées.

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GpVHVSqUHQW GH YRLU HQYLVDJpH O¶DFWLRQ V\QGLFDOH FRPPH XQH action à « valeur ajoutée »1SRXUO¶HQWUHSULVH

Les enquêtés du syndicat UGICT BNP Paribas Île-de-France pensent que O¶LQYHVWLVVHPHQW V\QGLFDO GDQV O¶HQWUHSULVH GHYUDLW FRQVWLWXHU HQ OXL-même, la SUHXYHG¶XQLQWpUrWpYLGHQWSRUWpjVRQGHVWLQDX-delà GXV\QGLFDWG¶DIILOLDWLRQHW PrPHVLODQDWXUHGHFHWLQWpUrWHVWpPLQHPPHQWFULWLTXH&¶HVWDLQVLTXH)HUQDQG Guérin (UGICT BNP Paribas Île-de-France) considère, rétrospectivement, son PDQGDWGHUHSUpVHQWDQW &)'7 GX&RPLWp&HQWUDOG¶(QWUHSULVH &&( DXConseil

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