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10. Monographies

10.1. Manoir de la Ville de Martigny

10.1.7. La question des publics et de la démocratisation culturelle

Position de la Commune

Les procès-verbaux d’assemblées générales de l’Association du Manoir permettent de cerner quelle était la vision communale de l’époque sur la question des publics. Benoît Bender, ancien président de cette Association, explique qu’en engageant Mads Olesen, la commune a fait le choix de transformer le Manoir en un lieu plus vivant102. En effet, la Commune souhaite que le Manoir élargisse son activité et qu’il ne soit plus uniquement consacré à l’art contemporain, sens suivi pendant 20 ans. Au contraire la Ville veut une démocratisation de l’accès au Manoir103. C’est sur la base de cette volonté communale et du projet de Mads Olesen que le comité de l’Association a décidé que le Manoir devait s’ouvrir d’avantage vers la ville, favoriser une collaboration avec les grands événements, promouvoir les artistes valaisans et se concentrer sur la médiation culturelle104.

Mads Olesen explique que dans la politique culturelle martigneraine, il n’y a aucune stratégie en place en ce qui concerne les publics. Cependant, on peut constater dans le positionnement de la Commune qu’elle donne des impulsions aux institutions et que c’est ensuite à elles de mettre en place des stratégies concrètes.

98 Statuts de l’association du Manoir, 2008, document institutionnel non-publié.

99 PV de l’Assemblée Générale de l’Association du Manoir du 17.03.2007, document institutionnel non-publié. 100 RIBORDY V., Le Nouvelliste, “Olesen signe le menu”, n°60, 13.03.2007, p.33.

101 Entretien du 4 juillet 2013 avec Mads Olesen, p. 4.

102 PV de l’AG du 27.09.2007, document institutionnel non-publié, p.3. 103

PV de l’AG du 20.02.2008, document institutionnel non-publié, p.3. 104 Idem.

37 • Position de l’institution

« Dès mon arrivée dans ce lieu dédié à la culture, j’ai eu la volonté, conformément aux vœux des autorités communales qui m’ont largement soutenu dans ce sens, d’en démocratiser l’accès. Ceci tant au niveau du public que des différents domaines esthétiques abordés. Je désirais faire du Manoir un lieu décomplexé car je suis convaincu que l’art peut s’apprécier sans formation. »105

Au travers de ce discours on voit clairement la position de Mads Olesen qui va dans le même sens que l’impulsion donnée par la Ville. Le nouveau directeur souhaite faire du Manoir un lieu de vie ouvert autant à la population de Martigny qu’aux visiteurs de passage. De plus, il cherche à faire venir au Manoir des publics qui n’y sont jamais venus auparavant106.

Aujourd’hui, le Manoir qui atteint peu à peu cette ouverture souhaitée continue à travailler dans le sens d’un projet que le directeur nomme le « vivre ensemble ».

« Le “vivre ensemble” ça veut dire accepter la diversité d’une population, la diversité des couches sociales qui ont des formations, des éducations, des niveaux très diversifiés et ici il y a de la place pour tout le monde. Comme dans la société il y a de la place pour tout le monde. »107

À cela, il ajoute qu’il défend plus facilement les institutions culturelles ouvertes, conviviales, vivantes, où les gens peuvent se rencontrer et respectueuses des différences plutôt que les lieux qui ne cherchent qu’à attirer l’élite, ce qui ne l’intéresse pas du tout. Pour lui, c’est le rôle des personnes qui travaillent dans les institutions culturelles de permettre à chaque visiteur d’apprécier les expositions à leur juste valeur108. Ceci peut se faire grâce à l’accueil, à des parcours d’expositions adaptés et didactiques et grâce à la médiation culturelle. Cette médiation culturelle, il la voit comme une manière de faciliter l’approche de l’exposition pour les publics, ceci sans interpréter les choses à leur place. En effet, il lui semble important que chacun puisse interpréter ce qu’il découvre librement, selon sa formation, sa sensibilité, d’où il vient, etc. Cependant, les institutions, par le biais de la médiation, ont un rôle à jouer afin de permettre à tous d’accéder aux expositions :

« D’apprécier l’art d’une manière générale, l’art contemporain de manière particulière, demande une certaine éducation, ou une interface qui permet d’entrer en contact. Cette éducation est importante dans la société. C’est important d’apprendre à entrer en contact. Ça veut pas dire d’interpréter à la place de mais c’est-à-dire de laisser véritablement s’installer un dialogue, une communication, une ouverture, aider à ouvrir les portes. »109

105 RAUSIS O., “Le café du Manoir se dévoile au public”, Le Nouvelliste, n°274, 26.11.2008, p.36. 106 RIBORDY V., “Olesen signe le menu”, Le Nouvellsite, n°60, 13.03.2007, p.33.

107 Entretien du 4 juillet 2013 avec Mads Olesen, p. 5. 108

Ibid, p. 6.

38 • Les publics du Manoir

Le Manoir tient un décompte du nombre d’entrées avec quelques indications sur les visiteurs qui peuvent être : seniors, adultes, étudiants, enfants ou journalistes, etc. En 2007, soit au début du mandat de Mads Olesen, 5284110 personnes sont venues visiter le Manoir. Si l’on se réfère aux chiffres apparaissant dans les PV des assemblées générales de chaque année, on peut relever que la fréquentation du Manoir n’a cessé d’augmenter depuis l’entrée en fonction de Mads Olesen. En 2011, 8170 visiteurs sont venus au Manoir111. Il est intéressant de relever que sur ce total, 3830 personnes sont venues à l’occasion de grands évènements, par exemple durant le week-end du festival « Journées des 5 Continents ». Ceci démontre le succès de l’intégration du Manoir à ce type d’évènements et confirme le fait que, comme vu précédemment, ceci permet à l’institution de toucher de nouveaux publics. 2330 autres visiteurs étaient des adultes, 327 étaient des personnes à la retraite et 987 enfants sont venus par le biais de l’école ou d’autres activités comme le Passeport Vacances d’été. Si un nombre important d’enfants est venu visiter le Manoir, c’est grâce au travail de médiation auprès des écoles.

C’est en général l’exposition faisant partie du pilier qui donne un éclairage sur les cultures et les enjeux du monde qui attire le plus de public, ceci en partie car cette exposition est parallèle au Festival des 5 Continents et que beaucoup de personnes visitent le Manoir durant ce week-end. De plus, cette exposition est en principe celle qui est le moins orientée vers de l’art contemporain, ce qui montre que les expositions moins spécialisées touchent un plus grand nombre de personnes.

Mads Olesen a pu observer depuis son arrivée au Manoir qu’il n’existe pas un mais des publics112. Selon lui, ceci est dû à la programmation basée sur les 5 piliers qui a été mise en place afin de viser une grande ouverture. En effet, il estime que chaque pilier touche des publics différents ce qui est une force car cela permet de donner à un plus grand nombre de personnes l’envie de venir au Manoir. Il relève que le danger d’une telle démarche aurait pu être, par exemple, de perdre les publics très pointus qui ne souhaitent pas venir là où est présentée de la culture populaire mais il estime que le défi a été réussi dans le sens où ces différents publics cohabitent sans problème.

110 PV de l’AG de l’Association du Manoir du 17.03.2009, document institutionnel non-publié, p.3. 111

Dossier de présentation du Manoir, document fourni par le Manoir, 2012, p.20. 112 Entretien du 4 juillet 2013 avec Mads Olesen, p. 5.

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