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PARTIE 3 : Prise en charge des petits maux de la grossesse à

1. Conseils du pharmacien d’officine et alternatives therapeutiques

1.1. Quelques conseils hygiéno-diététiques destinés à la femme enceinte

La consommation d’alcool et de tabac pendant la grossesse constitue un vrai danger pour le fœtus. Le pharmacien d’officine a un rôle majeur à jouer dans la prévention et la prise en charge des situations d’addiction tabagique et/ou alcoolique.

1.1.1. L’alcool.

L’alcool est la substance tératogène la plus consommée par les femmes en âge de procréer. Sa consommation est profondément ancrée dans notre société : en France, on considère que 80% des femmes en âge de procréer consomment de l’alcool. L’alcoolisme féminin a significativement augmenté au cours des vingt dernières années. On peut illustrer ces propos par une enquête réalisée dans les maternités de Caen et Nantes : 79 % des patientes consommaient de l’alcool avant leur grossesse et 43% pendant (toute consommation confondue, régulière ou occasionnelle) (Dano et al., 2012). Le risque pour le fœtus est fonction de la dose ingérée, du terme, de la durée d’exposition et de la façon dont la femme enceinte consomme. Plus la consommation en alcool est élevée, plus le risque de développer un Syndrome d’Alcoolisme Fœtal (SAF) est important. Il concerne 1,8 à 2,9 naissances sur 1000 en France, l’incidence variant d’une région à l’autre. Globalement, le SAF est responsable de 5% des anomalies congénitales. Même une petite quantité modérée et/ou ponctuelle d’alcool est associée à une augmentation du risque de prématurité et de faible poids à la naissance. En l’état actuel des connaissances, il est impossible de définir un niveau de consommation qui

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serait sans risque pour l’enfant. Ainsi, par principe de précaution, il est recommandé aux femmes enceintes de ne pas consommer d’alcool pendant toute la durée de leur grossesse. L’éthanol (ou alcool éthylique) est le principe actif des boissons alcoolisées. Il est absorbé par simple diffusion par l’estomac et l’intestin grêle et est distribué dans tout l’organisme. L’alcool passe très bien la barrière fœto-placentaire. On retrouve donc la même concentration en alcool chez la mère et chez le fœtus. L’élimination de l’éthanol par le fœtus se fait selon trois mécanismes : le retour dans la circulation maternelle, l’oxydation enzymatique grâce à l’alcool déshydrogénase et à l’acétaldéhyde déshydrogénase (peu actives chez le fœtus), et le passage dans le liquide amniotique. Cependant, le fœtus peut réabsorber l’alcool présent dans le liquide amniotique, l’alcool et l’acétaldéhyde (premier dérivé) sont donc éliminés beaucoup plus lentement chez le fœtus que chez la mère.

Le SAF entraîne plusieurs conséquences :

· A la naissance, il est associé à un retard de croissance : le poids, la taille et le périmètre crânien sont alors inférieurs à la moyenne. Des dysmorphies crâno-faciales particulières peuvent apparaître : microcéphalies, nez aplati, front bombé et menton fuyant constituent le faciès caractéristique du nouveau-né atteint. Des anomalies du système nerveux peuvent également être observées : anomalies du développement du système nerveux central et/ou troubles cognitifs et comportementaux, hypotonie, irritabilité, faible coordination et, plus tard, un retard mental. Enfin, des malformations congénitales diverses peuvent être constatées : elles sont principalement cardiaques, mais peuvent également être oculaires, buccales, des doigts et des membres, ainsi que de l’appareil génito-urinaire.

· Pendant la grossesse : on observe chez la femme enceinte consommant de l’alcool un risque plus important d’avortement spontané, d’infection ou de décollement placentaire. La prématurité, ainsi que la mort fœtale ou néonatale sont également plus fréquentes. Tous les tissus en développement sont concernés par les effets de l’alcool. L’éthylisme chronique est souvent associé à une malnutrition, donc à une carence en vitamines indispensables à la croissance et à la division des cellules fœtales (notamment l’acide folique et les vitamines du groupe B) (Barthélémy, 2011 ; Ferreira et al., 2010 ; Dano et al., 2012).

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Il est donc très important d’informer les femmes en âge de procréer du risque de la consommation d’alcool pendant la grossesse et de conseiller la tolérance zéro : aucune consommation d’alcool pendant toute la durée de la grossesse.

1.1.2. Le tabac.

En France, 37% des femmes seraient fumeuses avant le début d’une grossesse, et 20 % continueraient de fumer pendant toute leur grossesse ou en partie. Les effets nocifs du tabac pendant la grossesse sont dus à la présence de diverses molécules : nicotine, monoxyde de carbone, goudron et métaux lourds. Il existe une relation dose dépendante entre le nombre de cigarettes quotidiennes et le risque de mortalité périnatale. Les femmes consommant au moins un paquet par jour, ont un risque de prématurité augmenté de 20% et un risque de naissance avant 33 semaines d’aménorrhée accru de 60 %. La réduction du poids de naissance est également une conséquence du tabagisme pendant la grossesse, en moyenne 200 grammes en moins. La nicotine est un vasoconstricteur des vaisseaux placentaires ombilicaux, ce qui empêche l’absorption de nutriments et d’oxygène par le fœtus. Le monoxyde de carbone se lie à l’hémoglobine, ce qui entraîne une hypoxie fœtale. Les cellules sont donc mal oxygénées et mal nourries, se développent moins bien, ce qui est à l’origine d’un retard de croissance in utero. De plus, la consommation de cigarettes est corrélée à une augmentation de la stérilité et du risque de grossesse extra-utérine et d’avortement précoce. L’arrêt du tabac est donc fortement conseillé avant la conception ou le plus tôt possible pendant la grossesse. La simple diminution du nombre de cigarettes ne suffit pas à prévenir les complications maternelles et fœtales. Toutes les mesures destinées à aider la patiente à arrêter de fumer doivent être envisagées, éventuellement la mise en place d’un traitement substitutif par nicotine sous une surveillance médicale stricte. Depuis septembre 2011, l’Assurance maladie prend en charge un forfait de 150 euros par an suite à la prescription de substituts nicotiniques chez la femme enceinte (Barthélémy, 2011).

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1.2. Les différentes alternatives