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A. e ssAi de définition de LA notion de pArticipAtion citoyenne dAns LA poLitique de LA viLLe en f rAnce

1. Quelles leçons tirer de cette démarche participative ?

L’élaboration et la mise en oeuvre de cette démarche participative dans le cadre de la première étape du Contrat de ville ont fait nettement ressortir le besoin de continuer cette dynamique d’échanges avec les habitants et les acteurs locaux engagés. Si un des objectifs de la collectivité était de montrer sa présence, et sa capacité d’écoute des besoins et des attentes des habitants, plusieurs de ces derniers se sont interrogés sur le pourquoi de cette présence. En effet, il n’était pas question de présenter un projet, de le soumettre à l’avis et aux remarques des habitants, mais uniquement de venir consolider les diagnostics établis par les équipes, en vue de la formalisation des projets à venir. Il est donc essentiel de poursuivre sur cette lancée, d’autant plus que la loi Lamy met l’accent sur la nécessaire co-construction des projets avec les habitants.

Une réussite en demi-teinte

Si sur le papier, et après tout le travail préparatoire effectué par les équipes, la démarche paraissait structurée, pertinente et adaptée aux différents QPV ANRU, les retours des équipes, et les évaluations, à la fois quantitatives mais également qualitatives, peuvent laisser perplexe quant à sa réussite effective.

Prenons par exemple le cas des balades urbaines. Si pour les quartiers du Neuhof et de la Meinau, on a dénombré respectivement 35 et 20 participants, les chiffres ont été bien plus inquiétants pour Hautepierre, avec ses cinq balades urbaines. Dans une balade notamment, un seul habitant a suivi l’ensemble du parcours, et la seule valeur ajoutée a été apportée par la discussion avec quelques personnes rencontrées le long du parcours. Et dans toutes les balades sans exception, les agents de la collectivité, les personnes représentant les bailleurs sociaux et certains membres d’associations étaient plus nombreux que les habitants du quartier, pourtant premières cibles de ces dispositifs. On peut donc s’interroger sur le “retour d’investissement” de ces balades urbaines, étant donné le temps d’élaboration, d’organisation et de mobilisation des agents pour des résultats aussi maigres. Et pour Hautepierre, le simple fait d’avoir décidé de réaliser ces balades le vendredi après-midi (de 16h à 18h) plutôt que le samedi matin ne semble pas suffisant pour expliquer ces résultats. Néanmoins, des éléments sont ressortis de ces balades, tant pour corriger des aménagements réalisés dans le cadre du PNRU que pour affiner les diagnostics sur les secteurs à enjeux qui bénéficieront du NPNRU.

La plus grande déception des équipes est venue de la faible participation des habitants aux forums Contrat de ville et rénovation urbaine sur les quartiers du Neuhof, de la Meinau et de Hautepierre, alors que ces événements devaient constituer les temps forts et la clôture de la démarche. A nouveau, les agents de la collectivité, des bailleurs, et les acteurs locaux engagés étaient dans chaque cas plus nombreux que les habitants, qui étaient environ ne dizaine dans chaque forum. Et si il avait été acté que les différents forums se tiendraient en extérieur pour en améliorer leur visibilité, les conditions météorologiques en ont décidé autrement. Les fortes pluies, voire l’orage (pour le Neuhof et la Meinau) et la canicule (pour Hautepierre) ont contraint les équipes à opter pour la solution de repli en intérieur, ne conservant qu’un

stand d’accueil des participants en extérieur. Pour le cas de Hautepierre, le forum, qui s’est tenu le 04 juillet, a cumulé différents freins à la participation des habitants. Tout d’abord, celui-ci s’est déroulé pendant le ramadan, et peu de gens pratiquant le jeûne étaient prêts à venir participer à un tel événement dès 9h le matin. Ensuite, il s’est tenu après le début des vacances scolaires, ce qui n’a bien entendu pas arrangé les choses, du fait que plusieurs familles du quartier étaient déjà parties en vacances. Et pour couronner le tout, il se superposait avec le marché hebdomadaire de Hautepierre, qui attire nombre d’habitants du quartier. Mais à nouveau, ces contraintes ne suffisent peut-être pas à expliquer cet “échec” en demi-teinte (car même si peu de personnes ont participé, les échanges ont été riches et constructifs), et des éléments plus profonds, comme l’impression que ce qui est recueilli ne sert à rien, et que l’avis des habitants n’est finalement pas pris en compte dans les décisions finales, peuvent constituer d’autres éléments d’explication de ces résultats.

Aussi, il apparaît que malgré les objectifs et les ambitions affichées, la collectivité n’est malheureusement pas parvenue à aller chercher les éloignés de la participation dans le cadre de cette démarche. Lorsque cela a été le cas, ce fut dans le cadre des concertations in situ ou des balades urbaines, qui permettaient d’aller à la rencontre de certains habitants (on pense notamment aux jeunes), même quand ces derniers ne venaient pas naturellement pour échanger. Mais même avec ce point positif, cela ne suffit pas, et on a bien pu voir que lors des forums, on retrouvait “les habitués” de la participation, ce qui amène la collectivité à ré-interroger ses méthodes pour parvenir à toucher un public plus large.

Mais pour conclure, et bien heureusement, des points positifs sont ressortis de cette démarche. Beaucoup d’habitants ont fait part de leur satisfaction de voir à nouveau que les équipes de la collectivité étaient présentes pour échanger et pour recueillir ce que les gens avaient à leur dire de positif ou de négatif, et de nombreux éléments intéressants ont été apportés. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’actuellement, les services sont entrain de mettre à jour les cahiers de quartier réalisés pour chaque QPV, afin d’y apporter les modifications ou les réorientations issues de ces temps d’échange. Par ailleurs, habitants et acteurs locaux engagés ont permis de faire émerger plusieurs pistes d’actions, tant pour le Contrat de ville que pour le NPNRU.

Conseils citoyens, maisons de projet, des notions encore floues ?

Si cette démarche participative ne constitue que la première étape de la participation des habitants au Contrat de ville, se pose maintenant la question des conseils citoyens (à créer dans chaque QPV) et des maisons de projet (pour les QPV ANRU), que ce soit dans leur émergence ou dans leur mise en oeuvre. Et à nouveau, comme cela avait été pointé dans le cadre du PNRU, les recommandations de l’État sont pour l’instant assez floues, laissant aux collectivités une importante autonomie dans la formalisation de ces dispositifs. Concernant la ville de Strasbourg, les conseils citoyens devraient prendre forme à partir d’un des groupes thématiques des actuels conseils de quartier. Mais si les choses se passent de la sorte, doit-on réellement s’attendre à une évolution de la participation, et à un public cible plus large, alors que ce dispositif s’intègre à quelque chose de pré-existant ? Il conviendra d’être attentif à la façon dont vont émerger les Conseils citoyens, de même qu’à leur composition et à leur fonctionnement, afin de tirer les premières leçons de cette déclinaison de la loi Lamy dans les QPV.

de “rénovation des pratiques démocratiques” affichée dans les textes de lois et les communiqués émanant du ministère, les recommandations et les exigences de l’État semblent encore aujourd’hui très faibles, et suscitent des doutes et des craintes au niveau des résultats attendus. La ville de Strasbourg est actuellement en pleine réflexion sur cette question, et à nouveau, le suivi et l’évaluation de la mise en oeuvre de ce dispositif apparaît comme un élément essentiel pour garantir une réelle co-construction des projets avec habitants et acteurs locaux engagés.