• Aucun résultat trouvé

La végétation et son effet sur le microclimat

IV- 2-3-Qualités associées à la végétation :

Les modalités d’intervention de la végétation sur le milieu urbain sont nombreuses et font appel à une analyse multi sensorielle. Les dimensions esthétiques et les qualités visuelles ont déjà été abordées dans le paragraphe précédent.

L’impact acoustique est parfois mentionné à travers une atténuation de certaines fréquences du spectre sonore, mais reste sujet de controverse88. Le jeu du vent à travers les feuillages via le son est un élément intéressant à retenir : en été un bruissement de feuilles nous avertit qu’un courant d’air peut nous rafraîchir et est donc ressenti comme agréable, alors qu’en hiver le sifflement du vent dans les branches nous alerte de conditions météorologiques défavorables.

La dimension sensorielle aborde également le domaine des odeurs par la qualité olfactive des différentes essences, dont certaines ont le pouvoir d'évoquer un souvenir lié à une période de l’année ou à une région.

En termes de protection face à des nuisances, les intérêts de la végétation sont nombreux : réduction de la pollution atmosphérique et amélioration de la qualité de l’air par fixation de certaines poussières, diminution de l’effet de ruissellement par interception des pluies, protection contre l’érosion due aux vents et à l’eau, affaiblissement de la présence de rosée et de gelée, suppression des éblouissements par effet de filtre ou d’écran, etc.

84 IV-2-4-Dimensions structurelles et composition urbaine :

La qualité architecturale et paysagère de la ville peut être reliée à la disposition de ses arbres.

Parmi les différentes fonctions structurantes des arbres, on peut retenir que ceux-ci apportent le volume et la verticalité complémentaire à l'horizontalité des voies. En effet, les végétaux, même sans feuilles peuvent constituer des volumes comparables aux structures architecturales.89

Dans le paysage urbain, une grande variété d’arbre existe. Une classification basée sur leur forme n’est pas évidente mais nous présentons ici celle proposée par Larue qui distingue neuf types de forme (Figure.IV.3) 90:

Les dimensions des arbres sont des paramètres important à contrôler aussi bien en tant qu’impact sur l’occupation d’espace que sur l’ombre générée par ceux-ci. Il est nécessaire de prendre en considération ce point lorsque l’on souhaite intégrer des arbres en espace urbain.

Nous avons représenté à l’échelle (une flèche vaut 5 mètres) neufs arbres parmi les plus communs en indiquant les hauteurs maximales du tronc et l’arbre en entier à taille adulte (Figure.IV.3). Les dessins indiquent de plus l’image de l’arbre en été et en hiver.91

A partir de ces indications dimensionnelles, le profil des arbres peut être plus ou moins précisément tracé dans les logiciels de simulation ayant une interface graphique.

89 Cabanel, J., Stefulesco, C: L’urbanisme végétal. I.D.F diffusion, 1993.

90 Larue, D. : L'arbre dans la ville. Paris. Edition Sang de la terre et Foncier Conseil, 1996.

91

Coombes A. J. : Les arbres. Paris : Bordas, 320 p. Collection L’oeil Nature. Traduction Isabelle Delvallée,1993.

85

FIG.IV.3 : Dimensions de neufs arbres communs. (Source : Larue, 1996).

Le groupement et la composition des arbres entre eux ont parfois pour fonction de créer des effets spatiaux (Figure .IV.4 et Figure .IV.5). Ils sont fédérateurs et donnent une unité ou un caractère particulier à l'ensemble d'un quartier. Ainsi, à l’échelle urbaine, il peut y avoir continuité entre le végétal et le bâti dans la composition d’ensemble. Ils sont des outils d’aménagement précieux car ils sont susceptibles d’entraîner la création d’espaces, la réduction d’échelle entre espaces plats et volumes imposants, une division de l’espace en sous-espaces, des séparations et des repérages.92

La protection des espaces privés, du moins à un niveau visuel, est assurée parfois par des buissons, des haies ou tout autre système de barrières végétales. A l’opposé, la disposition d’écrans végétaux peut révéler des vues et des panoramas. Ainsi, la végétation sert de guide visuel et induit des phénomènes de masquage, de filtrage, de perspective, de perception modifiée. Elle met en

86 valeur les symboles ou des éléments du décor, elle sert d’articulation, d’indicateur et elle peut moduler l’échelle de perception.93

FIG.IV.4 : Modification de l'espace grâce à l'espacement entre les arbres. (Source : Larue 1996).

FIG.IV.5 : Modification de l'espace grâce à la forme des arbres. (Source : Larue 1996).

87 Le vocabulaire décrivant certaines propriétés des arbres urbains se rapporte parfois à celui de l’architecture et de l’urbanisme. Afin d’illustrer cette assertion, nous allons nous appuyer sur les citations suivantes :

« Les végétaux, même défoliés, constituent des volumes comparables aux structures architecturales … Les frondaisons constituent des voûtes qui définissent des espaces intérieurs aux caractéristiques parfois très architecturales … Les limites et trames végétales participent à la structure de l’espace urbain. Elles peuvent introduire une continuité, souligner un ordonnancement bâti, relier des volumes disparates ou structurer des espaces désorganisés. Elles confrontent et précisent les trames urbaines… L’environnement végétal qui accompagne presque toujours l’architecture assure la transition avec son environnement. Lorsque le bâtiment et son décor immédiat ont un caractère précieux, la végétation constitue un écrin … Un arbre ou un ensemble végétal, remarquables par leur taille, leur architecture, leur floraison contribuent à l’orientation et au repérage … La végétation grimpante ou suspendue transforme sensiblement l’apparence des constructions surtout si les conditions nécessaires à leur croissance ont été intégrées au parti architectural. ».94.