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Qualité opérationnalisée : 8 dimensions, 8 recommandations

D.1 Efficacité

La littérature scientifique met en évidence le gouffre qui sépare l'évidence existante et connue de son application dans la pratique quotidienne. Dans toutes les situations de tous les patients pour lesquelles il existe une évidence scientifique, celle-ci n'est, semble-t-il, appliquée en réalité que dans à peine 50 % des cas. Les raisons de cette étape difficile vers la mise en oeuvre sont multiples.

Les itinéraires cliniques sont l'instrument par excellence pour jeter un pont entre l'excellence théorique et la pratique clinique.

Aussi, est-il souhaitable d'encourager le travail fondé sur des itinéraires cliniques à tous les niveaux et de les soutenir dans la pratique en mettant en place un point focal itinéraires cliniques (cf. supra).

D.2 Efficience

Les inefficiences dans les soins de santé restent fortes, comme le montrent entre autres les différences continuelles entre la façon fréquente de traiter des patients ayant un même problème clinique tant entre établissements qu'au sein d'un même établissement.

L'une des inefficiences démontrées tient au morcellement de l'offre où chaque hôpital essaie de "tout" faire. Pour un grand nombre de pathologies et/ou d'interventions, la relation positive a été décrite entre le nombre de patients traités et le résultat clinique des soins. Il y a suffisamment d'évidence scientifique concernant les domaines où de trop petits nombres de patients traités provoquent de l'inefficience tant en termes financiers et économiques qu'en termes de qualité. À l'étranger, on a depuis plus longtemps l'habitude, sur la base d'un tel constat, de concentrer certaines

pathologies et/ou interventions au sein d'un nombre restreint d'hôpitaux agréés à cette fin.

Il serait recommandé que les pouvoirs publics évaluent de manière critique et corrigent, le cas échéant, leur politique actuelle en matière d'agréments à la lumière de ces connaissances. Des incitants appropriés doivent aussi être intégrés à cette fin dans la politique de financement.

En attendant une gouvernance modifiée, rien n'empêche les hôpitaux de prendre de leur propre initiative des arrangements en vue d'une répartition des tâches plus performante d'un point de vue de la qualité, avec, dans la foulée, des accords financiers corrects dans le cadre du financement actuel.

D.3 Sans danger

En matière de sécurité du patient, il suffit de renvoyer à la note politique relative à la sécurité des patients et à sa mise en oeuvre. Cette note politique court sur 5 ans. Il est recommandé de prévoir en temps voulu une poursuite de la politique en la matière. Cela est possible entre autres dans le cadre de la politique en matière d'objectifs des soins visée dans la présente note.

D.4 Dispensés à temps

Il est communément admis que les listes d'attente et les temps d'attente dans notre pays ne sont pas de nature à influencer négativement le résultat des soins. Cela reste toutefois une supposition, parce que le phénomène n'a jamais été quantifié. Il est vrai cependant que les temps d'attente influencent (peuvent influencer) négativement en tout cas la perception de la qualité des soins par le patient et, partant aussi, sa qualité de vie.

Il est recommandé aux hôpitaux de réaménager leur organisation interne de façon à ce que le temps d'attente entre l'heure du rendez-vous et le début réel de la consultation, de l'intervention ambulatoire et autres ne soit jamais supérieur à 15 minutes. Dans tout le texte, aucune recommandation n'a l'air plus banal que celle-ci.

Et pourtant, si j'étais directeur d'hôpital, c'est elle que je recommanderais en premier lieu. Parce que la réalisation de cet objectif n'est possible qu'avec un respect authentique du patient de la part de tous les travailleurs hospitaliers et témoigne donc aussi d'un tel respect. Et parce que cet objectif ne peut être réalisé qu'une fois tous les processus (de soins) analysés, optimalisés et harmonisés entre eux au sein

de l'organisation. L'hôpital qui réalise effectivement cet objectif obtiendra à court terme le meilleur score en termes de performance financière et qualitative.

Il serait indiqué de définir dans l'ensemble des indicateurs de processus auxquels la présente note fait référence, un certain nombre d'indicateurs au sujet des délais d'attente critiques (pour un traitement de jour, une hospitalisation, une consultation, des examens médico-techniques) avec les critères y afférents. Et ce, tant au niveau national qu'à celui des hôpitaux individuels.

D.5. Centrés sur le patient

Des soins "centrés sur le patient" ne signifient pas que c'est le patient et/ou son entourage qui déterminent quels soins, dans quelles conditions, où, quand, par qui et à qui les soins doivent être dispensés. Des soins centrés sur le patient ne sont pas non plus synonymes de soins centrés sur la demande. Des soins centrés sur le patient sont des soins qui sont fonction du ou des besoins de soins (objectivables) du patient et qui tiennent compte de ses demandes, attentes et préférences.

Dans la définition de la qualité qui est le point de départ de la présente note, le centrage des soins sur le patient est primordial. C'est une préoccupation qui doit être prépondérante dans toute politique de qualité digne de ce nom. Au fond, toutes les recommandations en matière de politique de qualité sont dès lors à rapprocher du centrage des soins sur le patient.

Les références aux principes de la pratique clinique factuelle, la formulation d'objectifs concrets de soins et de qualité fondés sur ces principes, leur traduction et mise en oeuvre via des itinéraires cliniques sont importantes dans ce contexte.

Les recommandations formulées plus haut pour des soins dispensés à temps ont elles aussi leur importance. Pour les réaliser, elles nécessiteront souvent de redéfinir l'organisation opérationnelle de l'hôpital qui est actuellement fortement ciblée sur l'offre. Dans de nombreux cas, les règles de programmation et d'agrément qui sont actuellement surtout ciblées sur l'offre, voire purement sur des aspects budgétaires, devront être redéfinies sous l'angle du centrage sur le patient.

D.6 Equitables

Les hôpitaux assureront systématiquement le suivi au niveau du patient individuel d'un certain nombre de paramètres pour pouvoir détecter à temps des signes d'inégalité souvent d'installation insidieuse et pouvoir les corriger. Cela peut être en

rapport avec l'accessibilité (délais d'attente, listes d'attente, ...), avec des décisions de soins divergentes face à une problématique équivalente, avec la qualité du processus de soins (entre autres délais d'attente internes, durées de séjour,...), le résultat des soins, la facturation des coûts, etc.

D.7 Des soins continus

Le risque de déficits de qualité est grand lors de transferts internes et externes de patients.

Il est recommandé d'identifier systématiquement dans les hôpitaux le déroulement du processus lors de ces transferts, les risques qualitatifs et, si besoin, de mettre en place et de suivre les actions d'amélioration requises.

D. 8 Des soins intégrés

Il serait indiqué que les diverses autorités regroupent leurs initiatives en matière de qualité des soins et les harmonisent.

Il conviendrait que les diverses autorités et les organisations individuelles coordonnent entre elles le fonctionnent de tous les organes, conseils, commissions et autres qui s'occupent de qualité des soins, en partie pour pouvoir détecter et supprimer des redondances, mais surtout pour optimaliser la politique de qualité par des synergies.

Il serait indiqué que les diverses autorités harmonisent, pour les aspects qui relèvent de leurs compétences, la politique de promotion et de suivi de la qualité professionnelle auprès des différents professionnels des soins de santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, dentistes, etc.) et les diverses initiatives prises en la matière.

Il est recommandé que les hôpitaux prennent soin lors de l'élaboration d'itinéraires cliniques d'associer tous les acteurs pertinents à ce processus, depuis le début et durant tout le développement et la mise en oeuvre.

A.Vleugels

27 janvier 2010

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