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Avant toute chose, il faut savoir que, dans le Plan d’Étude Romand (PER, L1 16 et L1 26)10, il est prescrit

qu’à la fin de l’école maternelle, l’enfant doit être capable de ‘‘copie[r] de[s] mots simples d’après un modèle (pour papa, pour maman…)’’ et qu’au plus tard à la fin de la [4e Harmos], ‘‘l’élève doit être capable de copie[r] sans faute’’. Un des objectifs assignés aux enseignants de cycle 1, est de ‘‘faire découvrir aux élèves des stratégies de copie et de mémorisation de mots’’ pour qu’au cycle 2, l’élève puisse

‘‘copie[r] à l’encre un texte de manière lisible et soignée en écriture cursive’’

(Martinet, 2013, p. 8)11.

En lisant ceci, il est aisé de se rendre compte qu’il est bel et bien demandé aux enseignants de permettre aux enfants d’atteindre un but précis : savoir copier correctement. Toutefois, il n’existe à ce jour pas vraiment de méthodes ou de manuels qui enseigneraient de telles compétences aux élèves de façon explicite. En outre, Martinet, Cèbe et Pelgrims (les créatrices de cet outil) considèrent qu’il « n’est pas pertinent de laisser aux enseignants le soin de réaliser eux-mêmes le travail de transposition et d’opérationnalisation des résultats de la recherche » (Martinet, 2013, p. 9). Ce sont donc pour ces raisons que les auteures ont créé cet outil.

Avant de détailler le contenu de l’outil Scriptum lui-même, je vais commencer par présenter les spécificités de sa méthode de construction, à savoir, la « conception continuée dans l’usage » (Béguin & Cerf, 2004 ; Goigoux, 2012, cités par Martinet, 2013, p. 2). Cette dernière est composée de trois étapes successives. Pour commencer, les trois auteures (Martinet, Cèbe et Pelgrims) ont effectué une triple analyse a priori. Elles ont d’abord commencé par étudier le développement des savoirs et savoir-faire impliqués dans la copie, puis l’origine des difficultés de copie les plus fréquentes et les liens avec l’apprentissage de l’orthographe et, pour finir, elles ont effectué une analyse des pratiques des enseignants.

Ensuite, en s’appuyant sur leurs analyses précédentes, elles ont conçu un tout premier prototype de l’outil, en faisant attention à le baser sur les résultats obtenus suite à leurs recherches, tout en veillant à l’adapter à la réalité du terrain, aux classes et aux exigences du

10 Cf. http://www.plandetudes.ch/web/guest/L1_16/ et http://www.plandetudes.ch/web/guest/L1_26/.

11 Il faut noter que ces objectifs à atteindre par rapport à la copie sont inscrits dans le PER sous la catégorie de l’orthographe lexicale. Ceci montre que, même dans les programmes officiels, ces deux compétences sont reliées.

métier d’enseignant (Martinet, 2013). Puis, pour finir, cet outil a été mis en œuvre dans des classes et les retours des enseignants participant à l’expérience ont permis de modifier le premier prototype pour en faire un second qui soit amélioré en fonction des différentes remarques et observations. Ce dernier a lui aussi été testé, puis encore amélioré, dans le but d’être toujours plus proche du terrain et de ses exigences et de ne pas être seulement basé sur des analyses a priori et de la théorie.

L’outil Scriptum est « conçu pour aider les maîtres à enseigner la copie et l’orthographe d’usage (ou lexicale) » (Martinet, Cèbe & Pelgrims, accepté, p. 3) à des élèves âgés entre 7 et 12 ans, de classes ordinaires ou spécialisées, au fil de 32 séances12. Les auteures précisent que si ces deux buts sont réunis, c’est parce qu’ils sont inter-reliés. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, plus l’élève aura des connaissances orthographiques, plus il copiera vite et bien ; et inversement, la copie permet d’aider à l’apprentissage de l’orthographe en aidant à sa mémorisation et à la création d’un lexique orthographique mental qui soit riche et correct, dans le cas où la copie n’est pas effectuée « simplement », mais qu’elle se fait sous la forme de « copie différée guidée ». Lors de cette tâche-ci,

il s’agit pour les élèves d’écrire un mot ou une phrase en faisant reposer leur production sur leurs seules mémoires internes, sans recours possible à une quelconque référence externe [tout en veillant à ce que l’enseignant leur offre] un guidage important touchant l’encodage (ou la mise en mémoire) (Martinet et al., accepté, p. 9-10).

Martinet (2013) explique que Scriptum se compose de deux parties :

Dans la première partie de l’outil, l’amélioration de la copie est l’objectif principal […]. Dans la seconde partie de l’outil, l’activité de copie change de statut : elle devient le support privilégié pour enseigner les stratégies requises pour mémoriser l’orthographe de mots nouveaux […] (p. 9).

C’est alors l’enseignement des stratégies de mémorisation de l’orthographe qui fait l’originalité de cet outil pédagogique.

12 L’outil est composé de 32 séances : huit séances visent à enseigner aux élèves comment copier vite et bien ; 19

séances se centrent sur la mémorisation de l’orthographe lexicale et sur les stratégies ; trois séances évaluent les progrès des élèves ; et les deux dernières séances sont réservées aux élèves plus âgés, car elles enseignent des techniques de prise de notes.

Cette structure-ci montre à quel point la création de cet outil a été réfléchie par ses créatrices, et ce, jusque dans le déroulement des leçons entre elles, ainsi que le déroulement de chacune d’elles. Non seulement les objectifs ont été fixés et les contenus adaptés, mais aussi, les tâches et les étapes ont été pensées pour que les buts puissent être atteints sans encombre.

En effet, toutes les leçons de l’outil sont identiques dans leur déroulement, ce qui permet aux élèves d’évoluer dans un environnement qui soit prévisible, rassurant et donc propice aux apprentissages (Martinet et al., accepté). Chacune d’elles se présente comme suit :

1. D’abord, chaque leçon commence par une phase d’introduction qui a pour but de rappeler au groupe-classe ce qui a été appris la fois passée, ainsi que de présenter l’objectif de la leçon. Dans cette partie, il y a toujours une activité qui est proposée pour reprendre les stratégies ou les règles enseignées auparavant.

2. Ensuite, arrivent deux tâches qui ont pour dessein d’entraîner un seul et même but, celui de la séance du jour. De cette façon, les enfants ont l’occasion de mettre en œuvre des mêmes stratégies, mais dans deux contextes différents, afin qu’ils soient amenés à faire un transfert de ces stratégies, pour qu’ils ne risquent pas de

« cloisonner » ce qu’ils viennent d’apprendre comme n’étant valable que dans une seule situation (à savoir, la situation d’apprentissage).

3. Puis vient le moment du « Retour sur l’activité » qui revient sur ce qui vient d’être effectué, et qui « rend explicite combien l’activité déployée s’inscrit dans un continuum entre ‘‘hier’’ et ‘‘demain’’ » (Martinet et al., accepté, p. 23). De cette façon, on évite aux élèves de ne considérer les exercices qu’ils viennent de faire que comme des éléments non reliés entre eux, sans logique ; ce qui ôterait du sens à l’enseignement. En outre, à ce moment-là, l’enseignant met en avant à quel point les connaissances qui sont apprises dans Scriptum sont utiles et intéressantes.

4. Ensuite, chaque séance est close avec une phase de synthèse, qui permet à l’élève d’expliciter à sa façon ce qu’il a acquis, d’en faire une règle qui est écrite au tableau par l’enseignant, puis recopiée par les enfants dans leur « Cahier Scriptum ». Ce matériel représente une aide à laquelle ils savent qu’ils peuvent se référer à tout moment en classe. Un intérêt supplémentaire indéniable de ce cahier est qu’il permet de faire un lien entre les séances Scriptum et ce qui est travaillé à l’école le reste du temps. Ce « pont de savoirs » lie l’outil à la vie de la classe de tous les jours et aux

apprentissages, car il pousse l’enfant à pouvoir s’appuyer sur ce qu’il a appris avec l’outil pour travailler à d’autres moments durant lesquels il aurait des difficultés ou des doutes. En définitive, je trouve que ce cahier pousse au transfert de stratégies et évite une sorte de cloison qui pourrait se créer autour de Scriptum, par rapport aux autres enseignements donnés à l’école le reste du temps.

5. Pour finir, intervient la phase « Et demain… » qui « autorise les élèves à se désengager de l’activité, tout en indiquant que l’objectif sera poursuivi, que l’activité d’aujourd’hui est en lien avec celle d’hier et le sera avec celle de demain » (Martinet et al., accepté, p. 24).

Scriptum est un outil « clé en main »13 qui permet aux enseignants qui l’utilisent de dispenser un enseignement adapté de la copie et de l’orthographe à la totalité de leurs élèves, y compris aux élèves ayant le plus de difficultés. Bien évidemment, comme les auteures le précisent dans l’introduction du manuel, les enseignants sont libres d’adapter chacune des séances, pour qu’elles conviennent au mieux au niveau de chaque élève présent dans la classe. Par exemple, si une séance s’avère être trop longue pour les élèves, il est tout à fait possible de décider de la scinder en deux parties, afin que la leçon soit moins lourde et difficile à suivre pour les enfants.

Avant de passer à la suite, il est important de préciser que Scriptum « n’est pas réservé aux élèves les moins performants, mais s’adresse à tous » (Martinet et al., accepté, p. 3). En effet, le but est de faire participer et progresser le collectif entier : les forts comme les plus faibles.

Grâce à un enseignement de groupe, toute la classe est engagée dans des tâches qui ont avant tout en « ligne de mire » les enfants les moins performants, mais qui profitent également aux plus doués, en offrant l’opportunité aux enseignants de leur proposer des tâches qui soient stimulantes (Martinet et al., accepté).

13 Cela veut dire que les enseignants pourraient l’utiliser tel quel, sans avoir quoi que ce soit à ajouter ou modifier. En effet, toutes les étapes sont très précisément et clairement décrites ; et le matériel est fourni (l’enseignant n’a plus qu’à faire des photocopies).