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Québec: entre passé et présent

Dans le document La mise en scène de la mort aujourd'hui (Page 48-140)

Québec: entre passé et présent

Dans le second chapitre, nous proposons en premier lieu une brève présentation des principales contributions scientifiques sur la mort et le mourir au Québec afin de contextualiser l'élargissement du discours et de la pensée sur la mort. Nous poursuivrons la présentation avec une synthèse de la structure morphologique du rite de mort catholique romain et présenterons les facteurs de rupture relatifs à la gestion de la mort. Enfin, nous témoignerons de manière succincte des modalités matérielles et symboliques de la prise en charge du décès dans la modernité par l'entremise du développement de l'entreprise funéraire. Le deuxième chapitre constitue la mise en contexte général du mémoire et permet de préciser les balises spatio-temporelles de l'étude.

2.1 La littérature sur la mort au Québec : une contribution significative à l'élargissement du discours et de la pensée sur la mort

La production scientifique sur la mort et le mourir au Québec est relativement récente et, par conséquent, concomitante aux publications ethnologiques, sociologiques, historiques et anthropologiques d'envergure dans les décennies 1970-1980 . Ce nouvel engouement des sciences humaines et sociales pour la mort est largement animé par « la simultanéité d'une émergence de curiosité » en France et dans le monde anglo-saxon169.

Bien entendu, avant cette période charnière dans le développement des études sur la mort on retrouve la mort dans la poésie, la prédication, la liturgie et les manuels de philosophie, mais la littérature savante est négligeable et fournit un éventail thématique peu diversifié . Faute d'une forte assise archivistique, les quelques articles publiés dans le Bulletin des recherches historiques et Les Cahiers des Dix soumettent un portrait approximatif des

168 Paul Bergeron, Anthropologie des nouveaux rituels funéraires au Québec. Le cas de la région de

l'Outaouais, Thèse de doctorat en anthropologie, Université de Montréal, 2002, p. 32.

169 Éric Volant, « La religion et la mort », dans Jean-Marc Larouche et Guy Ménard (dir.), L'étude la de

religion au Québec. Bilan et prospective, Québec, PUL, 2001, p. 323.

cimetières urbains et traitent sommairement du culte des morts et des cérémonies funèbres en usage dans les campagnes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle171. En

revanche, dans la conjoncture socioculturelle d'après-guerre le vent d'intérêt pour les arts et traditions populaires permet à certains universitaires, en l'occurrence les folkloristes, de

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poursuivre la réflexion sur la ritualisation de la mort dans certaines revues spécialisées Concurremment, une volonté de reconnaissance académique du folklore s'affirme sous l'influence organisationnelle du chercheur Luc Lacourcière et se traduit par l'instauration d'un centre de conservation et de documentation qui entend promouvoir la diffusion des faits folkloriques : la Chaire de folklore et ses archives de l'Université Laval (AFUL). Parmi les folkloristes rattachés aux AFUL, Madeleine Doyon ouvre le cortège de la littérature savante par l'entremise de son analyse ethnographique de la mise en scène et en sens de la mort dans la région de la Beauce.

Dans son article « Rites de la mort, dans la Beauce » publié en 1954 dans le Journal of American Folklore, Doyon fait référence au rite de mort pratiqué dans le monde rural entre 1910-1950, époque où le catholicisme se veut militant, privilégiant la formation religieuse des fidèles par des prédications qui valorisent l'importance des derniers instants. Doyon démontre que le rite de mort dans les campagnes s'accompagne de pratiques et de croyances variant d'une région à l'autre, mais que son déroulement obéit à un processus général qui résulte de l'unification de l'enseignement catholique et des constructions

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populaires . Animée par un souci d'exhaustivité, Doyon présente les croyances et les usages entourant les modalités de l'avant-mort et de F après-mort en relation avec la contemporanéité des comportements dans les milieux ruraux. L'article de Doyon, révélateur de la filiation entre la religion et la mort, témoigne de la tendance à privilégier la description ethnographique dans le but de constituer un inventaire scientifique des faits propres à la définition du folklore à cette période de développement. Outre quelques études démographiques et descriptives, la thématique de la mort est peu exploitée dans la littérature savante jusqu'au tournant de la décennie 1970 où sa visibilité s'accroît en raison

171 Ibidem. mIbid.,p.2.

173 Madeleine Doyon, « Rite de la mort, dans la Beauce », Journal of American Folklore, vol. 67, n°264,

des changements postconciliaires174. Le rite de mort se trouve profondément modifié par

l'ouverture à la crémation de même que le processus liturgique de l'Église qui fait preuve d'une plus grande souplesse175. Ce vent de changement, concomitant au processus

d'industrialisation de la mort, soulève de nombreuses préoccupations relatives au renforcement du pouvoir des nouveaux gestionnaires de la mort176. Dans son ouvrage Le

scandale des frais funéraires (1965), Jacques Lamarche aborde précisément les interrogations concernant la mainmise de l'entreprise funéraire dans la gestion du sociodrame de la mort et les coûts proportionnels aux obsèques. L'auteur dresse un portrait tendancieux de l'entreprise funéraire et préconise une réforme de nos mœurs mortuaires177.

Loin de faire l'objet d'un consensus, l'ouvrage de Lamarche s'inscrit néanmoins dans ce contexte d'intérêt singulier pour la mort et le mourir dans le Québec de la Révolution tranquille.

2.1.1 Delà mort.... on parle abondamment

Présente dans les revues populaires, les publications scientifiques et les musées178,

la mort, après une période relativement brève d'évitement, est définitivement à l'avant- scène dans les décennies 1970-1980179. Entre 1970-1985, nous assistons à un véritable

élargissement du discours et de la pensée sur la mort au Québec. Cet élargissement, « qui s'éloigne du monolithisme scientifique des débuts180», se manifeste principalement par la

variété des thématiques présentées dans les thèses soutenues dans les diverses facultés En somme, la mort devient un objet d'étude multidisciplinaire qui alimente nombre de colloques et de séminaires182. Consécutives aux colloques tenus respectivement par la

faculté de théologie de l'Université de Montréal et par le Groupe de recherche en sciences de la religion de l'Université Laval , deux références méritent notre attention. Dans le

174 Real Brisson, op.cit, p. 1. 175 Paul Bergeron, op.cit, p. 32.

176 Sébastien St-Onge, « Feu le sens », Relations, novembre 2004, p. 18.

77 Jacques Lamarche, Le scandale des frais funéraires, Montréal, Les Éditions du Jour, 1965, p. 102 à 106. 178 Éric Volant, op.cit, p. 324.

179 Real Brisson, op.cit., p. 2. 180 lbid, p. 3.

181 Paul Bergeron, op.cit, p. 33. 182 Real Brisson, op.cit, p. 3. 183 Éric Volant, op.cit, p. 324.

premier ouvrage, Essais sur la mort (1985), les auteurs questionnent la possibilité d'un discours sur la mort et démontrent que malgré la polyvalence des problématiques, le discours actuel, apparaissant sous une forme typologique, persiste à occulter la mort comme acte184. Dans l'introduction « La mort, une question intenable? », Guy Lapointe affirme

qu'en définitive, malgré le foisonnement des discours sur la mort, on ne parle pas de la mort:

La mort, nous l'avons vu, est donc devenue un thème à la mode dans l'ensemble de la littérature et dans un nombre sans cesse croissant de discours. Mais, un point est à retenir et qui nous semble majeur; les discours qui émanent de la bouche des divers spécialistes ne le sont jamais sur la mort, ni même à propos de la mort. Ce sont des discours sur une idée de la mort, sur l'attitude face à la mort. Alors, aucun de ces discours n'échappe à la réaffirmation de la

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mort comme tabou .

Pour Lapointe, établir une distinction précise entre les concepts de finalité et de finitude permettrait de contrer « l'occultation de la mort comme mort » présente dans les « paroles-silence »186.

Dans le second ouvrage, Survivre... La religion et la mort (1985), les auteurs s'attardent à présenter l'événement de la mort comme le « lieu de la production du sens pour la vie » par le truchement des trois dimensions de la gestion de la mort : les rituels de disposition du corps, l'accompagnement familial et religieux et les discours

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eschatologiques . Questionnant le rapport de chacun aux limites de ses performances sociales et le rapport de la société contemporaine à ses propres limites, les auteurs explorent

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le champ symbolique de la mort à travers les pratiques contemporaines .

Toujours dans cette orientation théologique et historique, on ne peut faire l'économie de l'ouvrage substantiel de l'historien Serge Gagnon, Mourir hier et aujourd'hui (1987), sur les conceptions de la mort et leur insertion dans les discours.

184Guy Lapointe, « La mort, une question intenable ? », dans Guy Couturier, André Charron et Guy Bertrand

(dir.), Essais sur la mort : travaux d'un séminaire de recherche sur la mort, Montréal, Fides, 1985, p. 14.

185 186

185 lbid., p. 18.

'Ibid., p. 12-13-15.

187 Raymond Lemieux et Reginald Richard (dir.), Survivre... La religion et la mort, Québec, Les Cahiers de

recherches en sciences de la religion de l'Université Laval, vol. 6, 1985, p. 17-19.

S'inspirant des travaux de Marie-Aimée Cliche sur les clauses testamentaires et leur contenu religieux et ceux de John R. Porter sur l'attitude du chrétien devant la mort189,

Gagnon dépeint l'expérience de la mort dans les campagnes québécoises au XIXe siècle par

l'intermédiaire de la correspondance des prêtres et des mandements des évêques190. Dans

son ouvrage, Gagnon accorde une importance singulière aux répercussions sociales et publiques d'une conduite jugée marginale par les autorités religieuses. Ces répercussions se traduisent en sanctions, outil de pédagogie indispensable au maintien de l'ordre moral, telles que le refus de la sépulture chrétienne pour les exclus du champ sacré des morts191.

Nous reviendrons ultérieurement sur ces politiques d'exclusion au point 2.2. De toute évidence, Gagnon nourrit des ambitions plus modestes que les historiens français de la mort à l'instar de Philippe Ariès et de Michel Vovelle qui s'inscrivent dans le modèle théorique de la longue durée, mais œuvre néanmoins à l'élaboration d'une perspective nouvelle avec

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la conception d'un projet de théologie historique . Devant les publications existantes sur la mort, Gagnon démontre la particularité de son essai :

Les auteurs français ont puisé aux renseignements objectifs, tels les registres de décès, pour reconstruire les ponctions de la mort sur les populations anciennes, puis ont mis à contribution diverses séries subjectives : les testaments, les sermons, les artes moriendi, la peinture, la sculpture. Les manières de mourir leur sont apparues plus diversifiées qu'on ne le croyait, dans le temps comme dans l'espace. L'essai qui va suivre est plus modeste : il ne veut reconstituer que l'expérience du 19e siècle au Québec, à partir de la source religieuse. Par

rapport aux études existantes, l'analyse voudrait cependant explorer le pourquoi de la mort193.

Dans la foulée des travaux sur le modèle de la mort chrétienne, mentionnons le mémoire de Catherine Vallières sur l'analyse du discours sur la mort tenu aux enfants par l'enseignement religieux (1997). Abordée brièvement par Gagnon et par Real Brisson dans son dossier exploratoire La mort au Québec (1988), la thématique des cimetières prend une tout autre direction dans l'ouvrage Le cimetière vide (1989) de Lorraine Guay qui dépeint

189 Éric Volant op.cit, p. 325.

190 Serge Gagnon, Mourir hier et aujourd'hui. De la mort chrétienne dans la campagne québécoise au X1)C

siècle à la mort technicisée dans la cité sans Dieu, Québec, PUL, 1987, p. 4

191 lbid., p. 88.

192 Éric Volant, op.cit, p. 324. 193 Serge Gagnon, op.cit, p. 3.

l'évolution des nécropoles comme forme urbaine mobilisatrice de force. Prenant comme point de départ l'étude de Pierre-Georges Roy sur Les Cimetières de Québec (1941)194,

l'auteure explore les transformations morphologiques de l'espace de la mort à Québec en identifiant trois générations de cimetières : le cimetière urbain ouvert, le grand cimetière- jardin de banlieue et le parc-cimetière périphérique195. Pour Guay, le cimetière est non

seulement un espace investi de valeurs culturelles, anthropologiques, religieuses, productives et consommatoires, mais un puissant révélateur du social dans la mesure où l'évolution de sa configuration spatiale témoigne d'un profond bouleversement des mentalités196.

En continuité avec les travaux de Guay, nous devons à Brian Young (2003) une synthèse historique fort bien documentée sur l'évolution du cimetière Mont-Royal et aux chercheurs Patrice Groulx (2004) et Jean Simard (2008) des contributions non négligeables sur les caractéristiques patrimoniales des nécropoles et des cimetières paroissiaux. En ce qui a trait à l'ornementation funéraire, soulignons le dossier cinématographique de François Brault sur les stèles et les croix de cimetière du Québec (1982) et le mémoire de maîtrise de Rebecca Janson sur les modes d'inhumations et la quincaillerie de cercueil d'une communauté chrétienne de la région de la Beauce (2009).

Outre les nécropoles, la mort volontaire incite certains chercheurs en sciences humaines et sociales à « répondre aux interrogations de la communauté alarmée par le nombre croissant de suicides197». Les préoccupations éthico-religieuses aboutissent

d'ailleurs à l'élaboration d'un collectif, Les Suicides (1985), où des auteurs comme Raymond Lemieux, Jean-Jacques Lavoie et Guy-M Bertrand soumettent des articles sur le sens, la symbolique et la légitimité de la mort volontaire. D'autres interrogent les lettres d'adieux et leur accordent des caractéristiques religieuses tout en cherchant à sonder l'imaginaire de la personne suicidaire et les images véhiculées par le moi posthume dans Adieu, la vie... (1990) sous la direction d'Éric Volant198. Dans les décennies 1990-2000,

l'attrait pour la mort et le mourir s'accroît considérablement avec le foisonnement des

194 Lorraine Guay, Le cimetière vide, Thèse de mémoire en géographie, Québec, Université Laval, 1989, p. 2 195 lbid., p. 130.

196 lbid., p. 3

197 Éric Volant, op.cit., p. 326. 198 lbid., p. 327.

revues, des collectifs et des études spécialisées. Certains chercheurs à l'instar de Jean-Marc Larouche, Luce Des Aulniers, Raymond Lemieux, Denis Jeffrey et Éric Volant concourent à l'élargissement du discours et de la pensée sur la mort par des contributions édifiantes dans diverses revues. Parmi ces publications, la revue Frontières, active depuis 1988 dans le cadre du programme des études interdisciplinaires sur la mort à l'UQAM, offre une pluralité d'articles portant sur le suicide, le vieillissement, les rituels, le deuil et la souffrance. Mentionnons parallèlement les contributions de la revue Religiologiques qui consacre un numéro à la mort et au mourir à l'automne 1991. Dans ce numéro thématique, l'article de Jean-Marc Larouche propose une synthèse judicieuse des déplacements du champ de la mort et du mourir depuis les quatre dernières décennies. Y figurent également les collaborations de Louis-Vincent Thomas, Éric Volant, Joseph Lévy, Luce Des Auliners et Denis Savard. D'autres revues, telles qu'Anthropologie et Sociétés, Liturgie, Foi et Culture, Science religieuse et Relations, explorent les aspects suivants : éthique, juridique, religieux, économique et symbolique de la mort199.

2.1.2 Un nouveau rapport à la mort

À parcourir ainsi la littérature savante, Volant dans son article « La religion et la mort » nous rappelle que les thèses explicatives d'Ariès, Vovelle, Ziegler, Morin et Thomas sur le déni de la mort dans les structures sociales individualistes bénéficient d'une large approbation parmi les chercheurs québécois. Pour sa part, l'anthropologue Luce Des Aulniers dans un article de la revue Frontières porte une attention particulière au « refus de considérer la réalité de la mort agissant au cœur de la vie » tout en expliquant ses causes premières : l'individualisme, la chute de la religiosité traditionnelle, le primat de la

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technologie sur les conduites symboliques, l'urbanisation et l'injonction de la vitesse . D'autres, à l'instar de la sociologue Suzanne Bernard dans son étude exploratoire Mourir au Québec hier et aujourd'hui : trois générations témoignent (1996), traite de l'évolution des croyances et des attitudes devant la mort dans une perspective générationnelle et soulève deux contradictions. D'une part, il y a surabondance de discours sur la mort dans la

199 Ibidem.

sphère sociale alors que dans la sphère privée, le refoulement de la mort conduit à des rites bâclés et des deuils non résolus. D'autre part, les individus, sans renoncer complètement à l'héritage catholique romain, se donnent une nouvelle symbolique pour envisager la mort. Cette nouvelle symbolique dans les cheminements personnels se traduirait par la tendance au bricolage des croyances201. À cet égard, rappelons le concept de « mythe personnel »

proposé par le chercheur Denis Jeffrey dans Jouissance du sacré, religion et postmodernité (1998), afin de rendre compte du foisonnement des mythes et rituels personnalisés

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permettant de réintégrer « l'échange symbolique entre la vie et la mort ». Reprenant les propositions de Jeffrey dans son article « De la mort occultée au renouveau de la mort », Pierre-Alexandre Poirier soutient la thèse selon laquelle le retour du tragique s'exprime par la variété des mythes et rituels personnalisés permettant de donner un sens à l'innommable20 . Poirier rappelle les propos de Jeffrey sur le travail du mythe et du rite

dans l'expression des émotions liées à la violence suscitée par l'exposition à la mortalité : En effet, l'exposition à la mortalité n'est pas sans provoquer des émotions d'une violence telle qu'elle ne trouve pas de mots pour se dire. Pour Denis Jeffrey, le mythe et le rituel s'organisent autour de cette parole absente, ils se mettent en place dès l'instant où la violence de l'émotion ne parvient pas à se communiquer par la parole. C'est en faisant appel aux mythes et aux symboles qui composent le rituel que la violence suscitée par l'exposition à la mortalité parvient à être exprimée d'une manière saine pour soi et pour les autres. À ce titre, Denis Jeffrey rappelle que devant l'incapacité d'une personne exposée à la mortalité d'exercer une totale maîtrise de ses sentiments, il importe de réapprendre à les exprimer rituellement2 .

Le renouement du sujet moderne avec l'univers du mythe et la tendance au bricolage touchent différents aspects de la vie collective marquée par le subjectivisme et

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déboucheraient sur une nouvelle régulation sociale de la mort . Cette nouvelle régulation se traduirait par le souci de personnalisation et la diversification des cérémonies proposées par les nouveaux gestionnaires de la mort : les professionnels du funéraire. Comme

201 Suzanne Bem.ard, Mourir au Québec hier et aujourd'hui : trois générations témoignent, Thèse de doctorat

en sociologie, Université Laval, 1996, p. 188 à 191.

202 Denis Jeffrey, Jouissance du sacré, religion et postmodernité, Paris, Armand Colin, 1998, p. 150.

203 Pierre-Alexandre Poirier, « De la mort occultée au renouveau de la mort », Société, vol. 3, n°73, 2001, p.

53.

204 Ibidem.

mentionné précédemment au chapitre 1, dans un article de la revue Religiologiques (1998), Roger Lussier soutient que les professionnels du funéraire font face à de nouvelles propositions, verbales ou gestuelles, concernant les cérémonies et la disposition du corps pour lesquelles la mise en scène rituelle n'obéit plus exclusivement à un cérémonial protocolaire fixe. À l'exemple de Jeffrey, Lussier soutient que dans cette redéfinition du rapport de l'homme à la mort, entre en scène une ritualité bricolée qui témoigne d'un déplacement du sacré qui se réinvestit dans des valeurs et des croyances nouvelles. L'introduction des variantes du multimédia, les urnes, cercueils et couronnes funéraires en forme d'objet familier constituent des exemples permettant précisément de répondre aux

■vue .

demandes relatives à la mise en scène des mythes individuels dans le rituel . Soulignons également les contributions de Paul Bergeron dans son étude anthropologique portant sur les nouvelles pratiques funéraires et la dispersion des cendres (2002).

Avec la professionnalisation de la mort et la mise en marché du rite, certains auteurs questionnent les nouvelles modalités matérielles et symboliques de la prise en charge du décès. Considérant l'entreprise funéraire comme une voie privilégiée pour l'analyse des

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