TROISIéME PARTIE
8- Propositions pour amliorer les connaissances
! 8.1. Apprendre
D!aprs Andr Giordan, physiologiste et pistmologue, connu entre autres pour ses recherches sur la construction du savoir par une personne l!cole ou hors de l!cole [32], note qu!apprendre n!est pas un simple ajout d!informations nouvelles. Il explique aussi que nous ne faisons attention qu! ce qui conforte nos positions. Les savoirs que nous possdons dj peuvent tre des obstacles l!assimilation de nouvelles connaissances. Il faudrait commencer par les effacer. Or, en particulier en ce qui concerne la sexualit et la contraception, il existe de trs nombreuses ides reues. Il serait donc ncessaire, pour qu!un jeune accepte d!assimiler des informations, de commencer par balayer leurs fausses croyances qui peuvent tre un frein important l!apprentissage.
De plus, toujours d!aprs Andr Giordan, le savoir ne peut se transmettre que si la personne a labor des signiÞcations compatibles avec ce qu!il est. Il doit aussi avoir envie d!apprendre. Ainsi, lorsqu!on donne des informations, il n!est pas vident qu!elles soient intgres. Par ailleurs, il existe des conditions ncessaires l!apprentissage, telles qu!avoir conÞance. Or, par exemple dans le cas d!une premire consultation de prescription de contraception, les jeunes Þlles sont assez inquites et n!ont pas forcment conÞance en leur praticien qu!elle ne connaissent pas.
De nombreuses donnes entrent en compte dans l!apprentissage, qui peuvent expliquer le manque de connaissances des jeunes sur les moyens de se protger des IST et sur les mthodes de contraception.
! 8.2. L"cole
L!cole est le lieu o les jeunes ont reu le plus d!information sur la contraception et les IST. Elle a donc un rle essentiel. Cette information peut tre dispense en cours de SVT, par l!inÞrmire scolaire ou bien par un intervenant extrieur.
La loi du 13 dcembre 2000 [19] indiquait que : Çles inÞrmires peuvent, titre exceptionnel [...] dans les cas d'urgence et de dtresse caractrise, administrer aux lves mineures et majeures une contraception d'urgence. Elles s'assurent de l'accompagnement psychologique de l'lve et veillent la mise en oeuvre d'un suivi mdical.È Les inÞrmires scolaires ont donc un rle important. De plus, les jeunes peuvent facilement aller la voir et craignent donc moins le non respect du secret mdical.
La loi du 4 juillet 2001 prcisait que : Çune information et une ducation la sexualit sont dispenses dans les coles, les collges et les lyces raison d!au moins trois sances annuelles et par groupes d!ge homogneÈ. Ces interventions sont donc obligatoires. [27]
Les centres de planiÞcation familiale semblent depuis tre mieux connus des jeunes car certains membres de ces centres interviennent dans les tablissements scolaires [26]. Cependant, depuis l!instauration de cette loi, aucun bilan de l!application de ces dispositions n!a t fait. [27]
Pourtant, insister sur la mise en vigueur de cette loi pourrait favoriser les connaissances des jeunes.
De nombreuses tudes ont montr qu!il existe une diffrence des connaissances des lycens selon leurs Þlires. En effet, ils semblent mieux informs dans les Þlires gnrales que professionnelles. Il serait donc intressant de mettre l!accent sur l!ducation la sexualit dans les Þlires technologiques et professionnelles, et de faire en sorte que tous les acteurs concerns se mobilisent pour faire appliquer cette loi. [33]
! 8.3. Le professionnel de sant
Il peut tre le mdecin traitant, le gyncologue ou la sage-femme. Cette dernire a vu son champ de comptence s!largir en 2009, en particulier sur la contraception. La premire consultation est source d!inquitude pour les adolescentes. Elle est donc trs importante. Cette apprhension vient en grande partie du premier examen gyncologique. Certains professionnels ne le pratiquent pas, ce qui ddramatise cette premire consultation. De plus, certaines jeunes Þlles n!osent pas parler de leur sexualit par peur que le secret mdical ne soit pas respect, en particulier lorsque les parents sont aussi les patients de ce praticien. Ce dernier peut donc tre amen, ds la premire consultation, prciser que rien ne sera divulgu.
Il est ncessaire lors de ces consultations de faire le point sur les croyances et les connaissances sur la contraception avec les patientes, mais il s!agit aussi du moment opportun pour aborder le sujet de la sexualit et des IST. Des conseils sur le port du prservatif peuvent tre donns et un test de dpistage prescrit.
La patiente doit avoir le choix de sa contraception. Trop de praticiens prescrivent systmatiquement la pilule sans proposer ou mentionner l!existence d!autres mthodes. Notre tude a pourtant montr quel point l!observance de la contraception orale est mauvaise et par consquent, d!autres mthodes devraient tre plus systmatiquement proposes, comme l!anneau, le patch, l!implant ou encore le DIU. Il est donc indispensable que le professionnel se soit renseign sur les nouvelles recommandations.
Par exemple pour le DIU, de nombreux praticiens ne veulent pas le poser des nullipares. Pourtant selon les recommandations de l!ANAES [34] [35] : ÇLes dispositifs intra-utrins (DIU) ne sont pas uniquement destins aux multipares. Il s!agit d!une mthode contraceptive de 1re intentionÈ. De plus, selon l!OMS [36] : ÇSi certaines inquitudes ont t exprimes concernant l!utilisation de certaines mthodes contraceptives chez l!adolescent (par ex., l!emploi des progestatifs seuls injectables par les moins de 18 ans), elles doivent tre peses en regard des avantages prsents par le fait d!viter une grossesse.È
Par ailleurs, le DIU est d!une faon gnrale bien tolr et trs pratique pour des
vident que la contraception orale ne doit pas tre propose toutes les femmes, et en particulier pour les plus jeunes d!entre elles. Le DIU devrait donc tre plus systmatiquement propos lors des consultations.
Il parat ncessaire lors de la prescription d!offrir la patiente une information complte et claire accompagne de documents auxquels elle puisse se rfrer en cas de besoin. Si la pilule a t choisi comme mthode, le praticien doit expliquer que faire si la femme l!oublie, ou si elle a des troubles digestifs. La patiente ne doit pas repartir sans avoir compris les explications du professionnel.
Il faut absolument vriÞer que la patiente a bien compris toute cette information avant de repartir.
Le mdecin ou la sage-femme doit s!adapter la patiente et ainsi tenir compte, en plus des donnes mdicales, de diffrents facteurs tels que : le mode de vie, le couple, ou encore le niveau socio-conomique.
De plus, une ordonnance d!une contraception de rattrapage peut tre fournie avec les explications sur le lieu d!obtention, la gratuit pour les mineures, et les circonstances de son utilisation.
CONCLUSION
Cette tude a conÞrm les donnes de la littrature : trop de jeunes encore ne savent pas comment se protger des IST et la majorit d!entre eux n!utilise et ne connait que la pilule et le prservatif comme moyens de contraception. L!information existe mais ils ne vont pas forcment la chercher. Leurs connaissances sont donc insufÞsantes.
Cette tude a conÞrm les conduites risque des jeunes. AÞn de les diminuer et d!amliorer leurs connaissances, les mdecins et les sages-femmes doivent favoriser des mthodes autres que la pilule, qui a une mauvaise observance en particulier chez les femmes jeunes. Le DIU, l!implant, le patch, l!anneau, mais encore les injections trimestrielles peuvent tre proposes. Le DIU est encore trs peu propos aux nullipares, et ce malgr les recommandations de l!HAS. Par ailleurs, les professionnels de sant doivent faire comprendre aux jeunes qu!avoir des relations sexuelles et s!investir dans une contraception, c!est devenir adulte. Il faut les aider se responsabiliser.
L!cole a un rle jouer et devrait tenter de mieux respecter la loi de 2001 qui consiste organiser trois sances d!ducation la sexualit tous les ans. Or, cette loi n!est pas souvent respecte dans les collges et les lyces. Les Centres de PlaniÞcation et d!ducation Familiale ainsi que le Mouvement Franais pour le Planning Familial, bien qu!assez peu connus par les jeunes, sont adapts eux et dlivrent une contraception anonyme mais aussi gratuite pour les mineures. Les centres de dpistage sont aussi anonymes et gratuits. Des sorties scolaires dans ces centres pourraient tre organiser, ce qui permettrait aux jeunes de les dcouvrir.
D!autres projets pour tenter de diminuer ces conduites risques ont t lancs, comme l!instauration du pass!contraception, qui met disposition des tickets pour une visite mdicale et pour un moyen contraceptif dans 90 lyces de Poitou- Charente.
Former des jeunes aÞn qu!ils puissent l!expliquer d!autres pourrait aussi aider lutter contre les IST et les grossesses non-dsires.
Ainsi, nous avons vu que plusieurs actions ont t lances pour amliorer les connaissances des jeunes et diminuer leurs conduites risques. Il faudra attendre quelques annes pour voir les rsultats.
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STRATGIES DE CHOIX DES MTHODES CONTRACEPTIVES CHEZ LA FEMME Service des recommandations professionnelles de l!Anaes, Dcembre 2004
ANNEXES
1- Questionnaire
2- Stratgies de choix des mthodes contraceptives chez la femme, synthse des recommandations de l!ANAES, dcembre 2004