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Proposition d’une définition matérielle de l’intelligence économique

Lors des développements précédents, la nécessité de proposer une définition matérielle de l’intelligence économique a été démontrée, en complément de ses approches fonctionnelles. Cette idée se traduit par le besoin d’inscrire les fonctions d’intelligence économique dans un cadre conceptuel visant à proposer un objet, un cadre et une finalité à la notion, point développé dans le paragraphe suivant qui vise à rapprocher les fonctions classiques d’intelligence économique avec les théories gestionnaires développées dans la section précédente (§1). Au-delà, l’objectif de cette réflexion est de présenter un modèle d’intelligence économique basé sur les concepts managériaux, cette proposition sera l’objet du second paragraphe de cette section (§2).

Rapprochement fonctionnel et conceptualisation de §1.

l’intelligence économique

Le parti pris d’inscrire l’intelligence économique dans un cadre systémique pousse à inscrire ses fonctions à la fois au regard de son environnement mais également au niveau de l’organisation intrinsèque. Une telle approche permet de fixer l’asymétrie d’information comme objet de l’intelligence économique au regard d’abord de la veille et l’influence (A) puis de la gestion des connaissances qui vise la création d’une symétrie d’information entre les agents au sein de l’organisation (B).

A. Veille et influence : une asymétrie d’information entre l’organisation et son environnement

L’intelligence économique propose une liste de fonctions agissant sur l’environnement de l’organisation présentées dans les propos introductifs. Il s’agit de la veille, de l’influence et de la protection du patrimoine informationnel. Dans ce cadre inter-organisationnel, les effets de l’asymétrie de l’information portent sur la sélection adverse, c’est à dire la prise de mauvaises décisions conséquences d’un contexte d’incertitude. Le tableau suivant tente de matérialiser les différentes fonctions d’intelligence économique au travers du concept d’asymétrie d’information (Tableau 6).

-Loïc HARRIET-

Définition Fonctionnelle Définition Matérielle

Veille

« Attitude organisée d’écoute des signaux provenant de l’environnement de l’entreprise et susceptible de mettre en cause des options stratégiques »,

(Martinet et Ribault, 1989)

Etablir une symétrie de l’information au profit de l’organisation face à son environnement afin de réduire la sélection adverse.

Influence

Capacité à modifier les comportements

par l’utilisation d’informations. Créer d’information au profit de une asymétrie l’organisation face à son

environnement afin de

provoquer la sélection adverse.

Protection de l’information

Mise en œuvre d’actions visant à protéger le capital immatériel de l’organisation.

Maintenir l’asymétrie de l’information au profit de l’organisation.

Tableau 6: Correspondances entre les fonctions d'intelligence économique et une approche matérielle inter organisationnelle

Source: Elaboration propre

Ces développements d’inscrivent dans le cadre de l’intelligence économique proposé par Besson (2004), notamment le respect d’une certaine déontologie et d’un standard éthique. La veille s’apparente donc à établir une symétrie d’information au profit de l’organisation sur son environnement afin, pour cette dernière, de réduire l’incertitude et éviter les effets liés à la sélection adverse. Concrètement, la collecte d’informations permet d’éclairer la décision en réduisant le risque d’erreur. L’influence ensuite consistant, d’un point de vue fonctionnel, en la capacité à modifier les comportements par l’utilisation d’informations renvoie en la création d’une asymétrie d’information au profit de l’organisation face à son environnement afin de provoquer, chez un concurrent par exemple, une décision émanant d’un processus de sélection adverse. Enfin, la protection de l’information met en œuvre des actions visant à protéger le capital immatériel de l’organisation, revenant finalement à maintenir l’asymétrie de l’information au profit de l’organisation sur des connaissances, perçues comme une capitalisation d’informations, représentant la richesse de l’entreprise et constituant un avantage concurrentiel.

Le schéma suivant modélise cette vision de l’intelligence économique qui prend pour objet l’asymétrie d’information constituée entre l’organisation et son environnement,

-Loïc HARRIET-

l’objectif étant de réduire les effets de la sélection adverse au sein de l’organisation et de provoquer une certaine sélection adverse par les agents composant son environnement au sens large (Figure 14).

Organisation Organisation Asym

Asyméétrie dtrie d’’informationinformation Veille

Influe nce et Prot ectio n de l’inform ation - Sélection adverse + Sélection adverse Environnement de l’organisation Objet d’intelligence économique

Figure 14: Modélisation de l'intelligence économique inter organisationnelle Source: Elaboration propre

L’asymétrie de l’information, offre une représentation des relations informationnelles entre l’organisation et son environnement, l’intégralité des fonctions de l’intelligence économique entrant dans son périmètre, la sélection adverse étant un effet propre à cette démarche si on se positionne à l’extérieur de l’organisation. La réduction de l’effet de la sélection adverse pour l’organisation, donc de l’incertitude, est propre à la veille, mais joue toujours sur l’asymétrie d’information, au même titre que l’influence tendant à susciter, chez un concurrent par exemple, cette même sélection adverse. Au-delà de son aspect simplificateur, l’emploi de l’asymétrie de l’information pour expliquer l’intelligence économique permet d’y fixer un périmètre évolutif en fonction, par exemple, des évolutions technologiques.

-Loïc HARRIET-

A la suite de cette étude concernant les rapports informationnels entre l’organisation et son environnement, l’approche systémique permet d’étudier les relations existantes entre les sous-systèmes, composant de l’organisation. Nous sommes ici dans le cadre de pratiques intra-organisationnelles de l’intelligence économique identifiées comme la fonction de gestion des connaissances présentée dans le développement suivant.

B. Gestion des connaissances : un besoin de symétrie d’information au sein de l’organisation

Il est d’abord important de remémorer la définition de la gestion des connaissances comme : « Un ensemble de moyens et de méthodes destinés à mieux utiliser les savoirs et les

connaissances potentiellement accessibles à une organisation dans l’objectif d’améliorer ses capacités de mémorisation, d’apprentissage, de collaboration, et d’innovation à travers une meilleure gestion des actifs intellectuels et informationnels » (Goria, 2006). Cet exposé

considère les connaissances comme une accumulation d’informations, cette définition renvoyant finalement en la création d’une certaine symétrie de l’information au sein de l’organisation. Dans ce contexte, le but premier de la gestion des connaissances serait donc de réduire les effets d’aléas moraux définis par Smith (1776) comme « la maximisation de

l’intérêt individuel sans prise en compte des conséquences défavorables de la décision d’utilité collective », l’utilité collective renvoie à l’intérêt organisationnel et la création de

valeur par cette dernière. Généralement, une organisation est structurée en unités qui peuvent s’apparenter à des individus ou des groupes pouvant être qualifiés, dans cette hypothèse, de sous-systèmes. En ce sens, le schéma suivant tente de modéliser, sous le prisme de l’asymétrie de l’information, la gestion des connaissances.

-Loïc HARRIET-

Unité Unité Unité Unité +/- Aléa moral +/- Aléa moral +/- Aléa moral +/- Aléa moral

Asymétrie d’informations, objet de l’intelligence économique

Organisation

Figure 15: Modélisation de l'intelligence économique intra organisationnelle Source: Elaboration propre

Ces asymétries d’informations deviennent l’objet de l’intelligence économique intra-organisationnelle et influent sur les effets de l’aléa moral des agents. Appréhender sous cet angle, le champ de l’intelligence économique semble s’élargir à des problématiques propres à la finance organisationnelle. Dans un contexte de théorie de l’agence généralisée, réside une asymétrie d’information entre les différents individus ou groupes, qualifiés dans le schéma, d’unités qui a pour conséquence de créer un aléa moral contreproductif à la réalisation des objectifs collectifs de l’organisation. Cet objet d’intelligence économique va au-delà de la fonction de gestion des connaissances en créant des relations, voir une interdépendance, entre les composantes de l’organisation. En effet, sans cette interdépendance, l’organisation n’aurait pas de fondement, la gestion de l’asymétrie de l’information propre à l’intelligence économique relevant de l’optimisation de sa performance. Le déséquilibre informationnel est un fait au sein de la firme sur lequel une action est envisageable afin de rétablir une symétrie d’information entre les agents. En ce sens, les critères qualitatifs de l’information issus des recherches en comptabilité internationale peuvent offrir une approche efficace rétablissant une certaine forme de symétrie. Par ailleurs, le maintien de l’asymétrie de l’information peut

-Loïc HARRIET-

également trouver une dimension stratégique, car, dans le cadre d’une ligne hiérarchique, toutes les informations ne sont pas pertinentes à diffuser.

Cette approche permet de considérer le management par l’information qui correspondrait à une gestion de l’asymétrie de l’information au sein de l’organisation dans un souci d’optimisation. Les systèmes informatisés sont une aide précieuse mais nécessitent des compétences managériales dépassant les fonctions d’ingénieurs. La création de réseaux est une première étape permettant de créer des connections entre les unités, la mise en place de véritables interdépendance rendant une symétrie d’information à l’intérieur de l’organisation comme un véritable avantage compétitif. Influer sur l’asymétrie de l’information au sein de l’organisation semble donc en adéquation avec les fonctions d’intelligence économique développées dans la partie précédente et revêt un véritable enjeu stratégique contribuant à la création de valeur. Il semble par ailleurs que les fonctions s’intéressant à l’asymétrie de l’information au sein de l’organisation sont diffuses, renvoyant aux problématiques propres à l’approche fonctionnelle de l’intelligence économique. Finalement, l’intelligence économique, perçue sous cet angle, semble plutôt être une capacité collective que réellement une fonction au sein de l’organisation.

L’approche systémique permet de trouver une véritable correspondance entre les fonctions d’intelligence économique intra et inter organisationnelles et les asymétries d’information identifiées entre agents puis l’organisation et son environnement. Désormais, une proposition de définition matérielle de l’intelligence économique se dessine autour de l’asymétrie de l’information avec un objectif de création de valeur. Nous sommes dans le cadre de la démarche exploratoire, cet exercice relevant donc de l’ébauche. Au même titre que la vision fonctionnelle, issue des pratiques, l’approche matérielle de l’intelligence économique proposée peut présenter des limites qui seront exposées dans le paragraphe suivant.

-Loïc HARRIET-

Ébauche de définition matérielle de l’intelligence économique §2.

C’est un cheminement assez long qui a menés à la définition suivante de l’intelligence économique, à savoir un une capacité systémique de gestion de l’asymétrie de

l’information créatrice de valeur. Le point de départ est le constat que l’intelligence

économique connait une multitude de définitions et des pratiques diffuses. Ces difficultés font penser à celles liées à l’émergence du Marketing et à un positionnement toujours interrogateur entre une approche transactionnel ou relationnel, stratégique ou opérationnel. Les fonctions d’intelligence économique au sein de l’organisation dépendent donc de la volonté de mise en œuvre de la démarche. Cette approche matérielle positionne plutôt l’intelligence économique comme une capacité à tirer un profit collectif d’un phénomène; l’asymétrie d’information, qui a priori a des répercussions négatives sur l’organisation. En ce sens, le développement suivant vise à présenter ce modèle dont l’objectif est d’agréger au travers d’un objet commun les fonctions d’intelligence économique (A). En suivant, les limites d’une telle approche seront exposées (B).

A. Une capacité systémique de gestion de l’asymétrie de l’information créatrice de valeur

A titre préalable, il est intéressant de rapprocher, d’un point de vue historique, la littérature présentant les notions anglo-saxonnes renvoyant à l’intelligence économique francophone et celle propre aux concepts managériaux mobilisés dans le cadre de la construction de sa définition matérielle. Le schéma suivant traduit une coexistence parallèle de différentes théories considérant partiellement ou totalement les enjeux de la gestion informationnelle que ce soit en matière d’outils ou plus largement de conceptualisation. Le but de cette réflexion est de réunir ces théories afin de proposer une définition de l’intelligence économique en choisissant les notions les plus pertinentes au regard des limites posées par ses approches fonctionnelles (Figure 16).

-Loïc HARRIET-

Sun Tzu Herzog Approche fonctionnelle

Business

Intelligence CompetitiveIntelligence OrganizationalIntelligence Luhn Aguilar Greene Porter Sammon Vella McGonacle Wilensky Pearce Prescott Approche Matérielle Lesca Besson Larivet

Système d’informationAsymétrie Valeur Mintzberg Friedberg Crozier Akerloff Sitglitz Spence Hart Jensen Meckling 2012 500 av. JC Figure 16: Synthèse de l'évolution du concept d'intelligence économique

Source: Elaboration propre

L’utilisation des concepts développés précédemment offre la définition suivante de l’intelligence économique, à savoir, une capacité systémique de gestion de l’asymétrie de l’information créatrice de valeur. Le système de gestion d’abord s’apparente à une approche pertinente au regard des répercussions inter et intra organisationnels de l’asymétrie de l’information renvoyant au périmètre des différentes fonctions d’intelligence économique développées précédemment. L’asymétrie d’information ensuite représente parfaitement les problématiques auxquelles répondent les fonctions d’intelligence économique que ce soit à l’extérieur de l’organisation, avec la veille devant répondre à l’asymétrie d’information face à son environnement, ou à l’intérieur avec la gestion des connaissances tendant à rétablir une certaine forme de symétrie d’informations entre les agents. Les difficultés liées à la subversion adverse concernent à la fois les choix de l’organisation mais également les décisions des parties prenantes de leur environnement, le pilotage de l’asymétrie de l’information ne pouvant impacter l’aléa moral exclusivement entre agents d’une même organisation. Enfin, la création de valeur comme objectif reprend la perception de Lesca (1992) de l’information comme ressource et les développements de Wilensky (1967) prônant une valorisation systématique de cette dernière. Comme le précise Porter (1985), il s’agir du cadre d’une révolution de l’information cause d’un bouleversement des pratiques de la vie

-Loïc HARRIET-

économique pouvant s’apparenter à des menaces ou opportunités. Cette proposition de définition matérielle est représentée dans le schéma suivant (Figure 17) :

Unité Unité Unité Unité Organisation - Sélection adverse Asym

Asyméétrie dtrie d’’informationinformation

+/-Sélection adverse

Asymétrie d’informations, objet de l’intelligence économique * * * * * +/- Aléa moral Environnement de l’organisation Valeur Valeur Système

Figure 17: Modélisation de la définition matérielle de l'intelligence économique Source: Elaboration propre

Cette vision de l’intelligence économique s’inscrit dans les ruptures de l’économie moderne présentées par Masse et Thibault (2006) en retraçant finalement la capacité de l’organisation à faire de ces évolutions des opportunités en matière de création de valeur. En effet, les fonctions d’intelligence économique ont parfois une image négative, conséquence de leurs origines militaires et des répercussions qu’elles peuvent avoir sur la valeur de la firme, le cas Renault permettant d’illustrer ce phénomène. En proposant une définition issue des concepts gestionnaires et marquée par une analyse des pratiques actuelles, cette notion s’émancipe des perceptions négatives. Parallèlement, l’approche systémique créée une interdépendance entre ces fonctions qui pouvaient avoir une existence isolée au sein des organisations. L’élaboration d’une liste de fonctions fige le périmètre de l’intelligence économique, s’intéresser à un objet tel l’asymétrie d’information appréhendé par un système permet de créer une dynamique s’adaptant au regard des évolutions pratiques. Enfin, l’idée de valeur permet de quantifier l’intelligence économique en envisageant une entrée, caractérisée

-Loïc HARRIET-

par des asymétries d’informations, et une sortie considérant le gain de performance organisationnelle.

Largement, l’intelligence économique consiste à exploiter la société de l’information dans laquelle évolue l’économie, telle est la finalité des fonctions de veille, d’influence ou de gestion des connaissances. Ces fonctions ne sont finalement qu’une composante d’une capacité plus large de l’organisation à fonctionner en synergie face à l’information en mettant en œuvre une véritable stratégie, sous forme de système de gestion de son asymétrie. Cette capacité de gestion n’est pas forcément le fruit d’une fonction spécifique dans l’organisation, mais se caractérise plutôt par ses rapports face à l’information, et parfois, comme cela est le cas pour l’entreprise Corde à Nœuds, une firme peut pratiquer l’intelligence économique d’une manière indolore. En ce sens, la force de l’intelligence économique est de proposer la création de rapports d’interdépendance, au sein de l’organisation entre les différents agents pratiquant ces fonctions, et d’autres entrants dans le cadre de la gestion de l’asymétrie de l’information.

La littérature anglo-saxonne autour de l’idée de Wilensky (1967) d’Organizational

Intelligence est celle qui se rapproche le plus d’une définition matérielle de l’intelligence

économique et donc du véritable périmètre de la notion. En effet, Wilensky considère une approche culturelle de l’organisation, indispensable dans une vision large de l’information englobant l’intégralité des composantes issues de son cycle. La connaissance ne serait qu’une faculté à traiter l’information et représenterait son accumulation propre à l’expérience individuelle ou collective de chacun. Il est important de préciser que cette capacité systémique de gestion d’asymétrie de l’information s’inscrit dans le cadre proposer par Besson (2004) et particulièrement le respect de standards éthique, l’objectif de création de valeur ou l’organisation en réseau, outils pertinents dans le cadre d’une approche systémique. Par ailleurs, nous constatons que cette approche est pertinente dans toutes organisations que ce soit publiques, tel l’Etat ou privées. L’intelligence économique devient donc une nécessité pour l’Etat dans un souci de satisfaction de l’intérêt général.

Les travaux d’Akerlof (1970) ont influencé les sciences économiques avec la naissance du concept d’économie de l’information et l’intégration de l’asymétrie d’information dans les études relatives aux marchés. Les théories en découlant sont aujourd’hui en plein développement, et l’intelligence économique apparaît comme le pendant managérial du poids grandissant de l’immatériel dans les échanges économiques. D’abord

-Loïc HARRIET-

ignorée par les auteurs néoclassiques, l’information apparaît désormais comme fondement incontournable de la société contemporaine.

Une proposition de définition matérielle de l’intelligence économique est désormais construite. Le sens de ce travail doctoral consiste également à établir des limites à ces constructions présentées dans le développement suivant.

B. Limites de l’approche matérielle de l’intelligence économique

Les développements précédents démontrent quelques limites proches de celles évoquées pour chaque composante matérielle de l’intelligence économique. D’abord, l’idée de système est difficile à appréhender d’un point de vue pratique et représente un certain obstacle à une mise en œuvre au sein de l’organisation. En effet, il est beaucoup plus simple d’élaborer un réseau créant des liens avec des fonctions indépendantes que d’appréhender globalement les asymétries informationnelles en générant des interdépendances entre unités. L’approche systémique nécessite un véritable travail en amont considérant notamment les paramètres de pouvoir dans l’organisation mais également les problématiques liées à l’aléa moral.

Parallèlement, le concept d’asymétrie d’information semble, d’un point de vue sémantique, issu d’un langage d’expert pouvant rebuter le monde des praticiens. Pourtant, il s’agit d’une théorie englobant parfaitement les différentes fonctions identifiées d’intelligence économique. De plus, en l’état, cette approche ne répond pas aux problématiques pratiques actuelles de l’intelligence économique et notamment son positionnement au sein de l’organisation. Doit-on par exemple mettre en place un service dédié à l’intelligence écDoit-onomique dans l’organisation ? En ce sens, l’approche fonctionnelle permet clairement d’identifier les pratiques pour connaître leur existence, cette conception matérielle nécessite une étude plus approfondie et complexe proche de celle d’un chercheur afin de connaître à la fois les déséquilibres informationnels au sein de l’organisation mais également entre cette dernière et son environnement.

-Loïc HARRIET-

La valeur sous-entend une idée de mesurabilité difficile à mettre en œuvre dans le cadre de la notion large retenue. En effet, la création de valeur est subjective même si dans ces développements l’information et son asymétrie sont de véritables ressources valorisables systématiquement, au même titre que les travaux de Wilensky (1967) sur l’Organizational

Intelligence.

Enfin, ce travail s’inscrit dans une démarche exploratoire visant à proposer des pistes de réflexion permettant de répondre à des problématiques identifiées lors de l’élaboration de l’état de l’art. En effet, le regroupement fonctionnel sous le vocabulaire d’intelligence économique est le résultat d’un besoin, conséquence des mutations économiques liées aux technologies de l’information. L’une des caractéristiques de ces mutations est son dynamisme, qui a probablement pris de court les scientifiques dépassés par les pratiques dédiées à ces nouveaux outils. Cette approche est fondée sur des concepts anciens49 mis en avant au début du XXIe siècle et permet aujourd’hui de répondre, en partie, aux questions liées à l’information au sein de l’organisation.

49L’ASYMETRIE DE L’INFORMATION EST UN CONCEPT MIS EN AVANT DANS LA LITTERATURE DES 1970