• Aucun résultat trouvé

Fernando nous explique quelle a été son implication dans le processus de négociation : « J’ai fait un travail pour le président Santos et le lui ai fait une présentation historique des

processus dans toute cette période. Je lui ai expliqué toute l’histoire des processus qui ont échoués avec els FARC et avec l’ELN. Et je lui ai remis toute la documentation de manière chronologique et dialectique. Je lui ai fait des propositions. »136.

Dans la suite de l‟entretien il nous détaille les huit propositions qu‟il a faites au président en précisant celles qui n‟ont pas été retenues. Ce travail est effectué sur le mode de l‟expertise, il nous montre le mode de participation des anciens militants du M-19 qui ne s‟impliquent pas directement dans le processus de négociation mais produisent un savoir sur la négociation.

Le thème des minorités ethniques et la défense du droit des femmes est également mobilisé par plusieurs acteurs.

La création du collectif par Claudia répond à un objectif de représentation politique des femmes issues du M-19 qui sont sous-représentées dans le champ politique. La réalisation du collectif permet une représentation des femmes dans les processus de réconciliation. C‟est une manière de réinvestir le champ politique en contournant les barrières d‟entrée du champ politique.

Dans son association Claudia dépasse les différences idéologiques des groupes insurgents. C‟est dit- elle une manière d‟effectuer un « travail de réconciliation » :

« Mais nous avons trouvé dans la paix à nous unir, et nous travaillons de manière unie [...].

Au début quand nous venions de commencer dans le réseau, c’était de quelle famille elle est, no ? Celle-là est l’M, celle-ci de l’EPL, celle-là...de quelle famille ? Maintenant déjà ça n’importe plus. [...] maintenant les dernières qui nous ont massivement rejointes ont été du Quntin Lame mouvement indigène. Ce sont des merveilles surtout que plusieurs d’entre elles sont dans des municipalités indigènes et elles élisent des gouverneures. C’est à dire il y a une série de choses qui sont...ce qui nous uni réellement ça a été comment avons-nous réussi à construire la paix si nous avions autant d’intérêts. Depuis l’insurrection non armée comment avons-nous réussi à générer une paix insurgente et ça nous tient unies [...] parce que notre vision politique est beaucoup plus unifiée par rapport à ce dont a besoin le

135 Julieth Ochoa Jimenez , “Excombatientes miembros de procesos de paz exitosos, podrán reunirse con el Go-

bierno”, Prensa Senado, URL : http://www.arcoiris.com.co/2013/05/excombatientes-miembros-de-procesos-de- paz-exitosos-podran-reunirse-con-el-gobierno/consulté le 11/07/2014.

136Extrait de l‟entretien N°3 avecFernando, traductionlibre : “Yo hice un trabajo para el presidente Santos y lo

hizo una exposición histórica de los procesos en todo este periodo. Le explique toda la historia de los procesos fallidos con las FARC y con el ELN. Y le entregue toda la documentación de manera cronológica, dialéctica. Y le hizo unas propuestas.”

81

pays. »137.

Le collectif permet un rapprochement entre des femmes issues de guérillas séparées par l‟idéologie et les objectifs politiques. Elle interprète ce collectif comme un modèle de réconciliation entre les guérillas. Cet extrait nous révèle également l‟importance de l‟engagement pour les femmes qui participent au collectif. Claudia perçoit le collectif en des termes politiques, par le terme « paix

insurgente » elle exprime la continuation d‟une action révolutionnaire sans armes dans la sphère

légale.

La devise du collectif est : “Ce qu‟il y a des femmes derrière les fusils”138

. Cette activité bénévole permet à Claudia de mettre en cohérence ses idéaux révolutionnaires avec un travail de soutien et d‟entraide. Cette activité lui permet de transposer le savoir-faire acquis dans le cadre de sa profession d‟historienne, ses travaux sur la mémoire, dans le cadre d‟une pratique sociale valorisée.

Quant à Eduardo, il effectue un travail communautaire de réconciliation auprès des bandes de jeunes de la ville de Cali les « pandillas ». Son action a consisté à calmer les rivalités entre bandes et proposer une autre solution que le traitement policier de la question dans le cadre du programme « Desepaz » mis en place par la mairie de Cali.

« Disons qu‟il y avait une conflictualité très forte là-dedans. Ici à Cali, un processus s‟est mis en place dans lequel il a été dit qu‟affronter ce genre de violences n‟était pas exclusivement un thème de police mais on avait à générer des conditions différentes pour essayer de trouver les causes de cette violence. »139.

L‟usage de l‟identité ethnique permet également à Eduardo de donner un sens à leur action. Dans le cas de Eduardo c‟est à travers une action de réconciliation communautaire qu‟il investit l‟ethnicité. Bien davantage qu‟une simple ressource militante, la défense des droits politiques de la communauté afro-colombienne préside à son engagement dans le M-19. Son identité afro-colombienne transmise par sa mère le conditionne. Elle permet une continuité entre le combat avant et pendant l‟engagement et après l‟engagement.

137Extrait de l‟entretien N°6 avecClaudia, traductionlibre : “Pero logramos en torno a la paz unirnos , y

trabajamos unidas [...] Al principio cuando recién comenzamos en la red, era esta de que familia es , no ? Esta es M esta es EPL, esta es... de que familia. Ahora ya no importa [...] ahora las ultimas que se vincularon masivamente fueron las quintinas el Quintin Lame movimiento indigena. Son una maravilla sobretodo hay varias de ellas que están en los cabildos eligengobernadoras. Es decir hay una serie de cosas que son... y todos... lo que nos unió realmente fue el cómo logramos si nosotros construir la paz , si nosotros tuvimos tanta interés , en construir un pais desde las armas que era en la búsqueda de la paz, desde la, la la no armadas , desde la insurgencia no armada como logramos generar una paz insurgente y eso nos tiene unidas [...] porque nuestra visión política esta mucho mas unificada hacia algo que necesita este pais,”

138Traduction libre de : "Lo que hay de las mujeres detrás de los fusiles"

http://monicaallozanop.wix.com/combatientes-mujeres, consulté le 10/08/2014

139Extrait de l‟entretien N°2 avecEduardo, traductionlibre :“Digamos que habia una conflictividad bastante fuerte

en eso. Aquí se da un proceso en Cali donde se dice de qué enfrentar este tipo de violencias no es un tema exclusivamente de fuerza, de policía sino tenía que generar unas condiciones diferentes a tratando de encentrar las causas de esta violencia.”

82

« Et l’autre recherche était aussi pour le développement et les possibilités académiques pour qu’on puisse faire un saut au niveau social. Cependant je crois que dans mon cas beaucoup de faits ont généré une autre série de conflits. Des relations très fortes de discrimination en termes de composants ethniques. Et l’autre chose, le scénario fort ici c’est que dans les marches de la rue 70 est apparu une réaction très forte de la part de l’Etat qui a provoqué plusieurs morts ici dans le mouvement étudiant. Tous scénarios ont transformé un tant soit peu le que faire et la manière de penser pour ma part. »140

Bien qu‟elle ne constitue pas la raison du déclenchement de son engagement dans le M-19, les discriminations raciales et sociales ont façonné sa perception de l‟injustice.

Pour Lydia, la condition ethnique ne va pas de soi. Elle ne s‟était pas rendu compte qu‟elle fût noire avant que le parti ASA, la Alianza Social Afrocolombiana ne la contacte pour qu‟elle les représente:

« Une chose c’est que je me suis jamais vue afro. C’est à dire à ce moment-là je me suis

regardée et j’ai dit : « Je suis afro. » parce que c’était comme je me suis toujours vue comme une femme je n’avais jamais pensé à ma race. Je m’était vue comme une enseignante, comme une fille, une amie, comme une militante. Mais comme noire, comme afro ou comme indigène, ou comme ce que vous voulez, dans cet aspect-là je ne m’étais jamais reconnue. Et quand je dois être dans une candidature de descendants d’africains je me regarde dans le miroir et je dis : « je suis afro parce que je suis crépue, je suis afro pour ma couleur de peau, je suis afro pour la forme de mon visage, je suis afro. ». Et c’était difficile pas de me reconnaitre comme afro mais d’apprendre très vite tout ça que j’ai alors commencé à lire sur les afros. »141.

Dans son cas cette expérience ne cadre pas avec sa lutte, elle abandonne après la défaite de la liste de l „ASA aux municipales.

5.2 La persistance du M-19 comme socle de référence idéologique

140Extrait de l‟entretien N°2 avecEduardo, traductionlibre : “[...] y la otra búsqueda era también por desarrollo y

las posibilidades académicas para uno poder dar como el salto a nivel de lo social. Sin embargo yo creo que en el caso míos muchos hechos generaron otra seria de conflictividades en el caso mío. Unas relaciones muy fuertes digamos de discriminación en términos de los componentes étnicos y el otro es escenario fuerte allí es que en las marchas en la calle 70 aparece una reacción muy fuerte por parte del estado que genero varios muertos aquí en el movimiento estudiantil. Todos esos escenarios transforman un tanto el qué hacer y la forma de pensar de parte mía.”

141Extrait de l‟entretien N°5 avecLydia, traductionlibre :“Una es que yo nunca me vi afro. Ósea en ese momento

me miré y dije “soy afro” porque era como que siempre me había visto como una mujer nunca había pensado en mi raza. Me había visto como maestra, me había visto como hija, me había visto como amiga, me había visto como militante. Pero como negra, como afro o como indígena o como quisiera como que en ese aspecto no me había visto. Y cuando tengo que estar en una candidatura de afro descendientes me mire al espejo y dije “soy afro, soy afro porque soy crespa, soy afro por mi color de piel soy afro por la forma de mi cara, soy afro”. Y era difícil eso no por lo difícil de reconocerme afro sino lo difícil de aprender muy rápido todo eso que entonces empecé a leer de los afros.”

83