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En 1969, Karl Rahner faisait paraître À propos de la réforme des études de théolo-

gie48, le 41e volume de la collection « Questiones Disputatae » qu’il co-dirigeait

aux éditions Herder. Le petit ouvrage de 124 pages compte deux parties, res- pectivement intitulées « À propos de la réorganisation des études théologiques49 » (16-50) et « À propos du “Grundkurs” théologique50 » (51-96),

et suivies, en appendice, de deux contributions externes sur l’« habilitation » des laïcs au sein des facultés de théologie catholique allemandes.

1. « Sur la réorganisation des études théologiques »

Reprise d’un article paru sous le même titre l’année précédente dans Stimmen

der Zeit (no 181), cette première partie de l’ouvrage, qui comporte elle-même

trois sections51, se veut une réflexion sur la réforme de l’enseignement de la

théologie dans la foulée de la réorganisation des études entreprise par l’épiscopat allemand52. Rahner précise d’entrée de jeu que le plan épiscopal est ici davan-

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48 Zur Reform des Theologiestudiums (A1 Rahner 1969). Il s’agit de l’un des rares ouvrages de

Rahner à n’avoir été traduit ni en anglais ni en français. Les indications de page réfèrent donc à l’édition allemande, dont nous avons traduit nous-même les passages cités.

49 « Zur Neuordnung der theologischen Studien » 50 « Über den theologischen „Grundkurs“ »

51 L’auteur dresse d’abord une esquisse de la nouvelle organisation des études proposée par

l’épiscopat allemand, qu’il fait suivre d’un commentaire critique du plan de réforme ; il ter- mine par l’ébauche d’une alternative.

52 Ce que Max Seckler appelle le « plan Jaeger » a été réédité sous le titre : « Neuordnung der

theologischen Studien für Priesterkandidaten » (C2 Sekretariat der Deutschen Bischofskonfe-

tage occasion qu’objet de réflexions sur la question générale de la réforme des études théologiques.

Au terme de quelques remarques introductives générales sur la proposition des évêques (elle répond à un désir des Facultés ; elle n’écarte pas d’emblée la possibilité d’un meilleur modèle ; elle se veut une première réalisation de la prescription du décret Optatam totius de Vatican II ; elle a remis l’étude de la théologie à l’ordre du jour dans l’Église53), Rahner y va d’un commentaire

plutôt inattendu, mais éloquent :

Les réflexions présentées ici ne vont pas chercher à donner l’apparence d’être exposées totalement « sine ira et studio ». Celui qui, dans une question exi- geant une décision concrète, travaille trop suivant le principe du « d’un cô- té… de l’autre », du « non seulement… mais aussi », abandonne à d’autres la décision qui, même en tant qu’« équilibrée », est justement une décision pour une possibilité plutôt qu’une autre.54 (15)

1. La nouvelle organisation des études proposée par l’épiscopat

Rahner fait précéder son commentaire critique du plan de réforme de quelques données factuelles visant à mettre en évidence l’essentiel de la nouvelle organisation proposée par l’épiscopat allemand : nombre de semestres prévus, caractère des études, distinction entre cours obligatoires et cours à option, importance relative des différentes matières et modalités d’évaluations.

Le deuxième point, d’une nature radicalement différente, attire particuliè- rement l’attention :

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53 « Gare à qui (qu’il soit évêque ou professeur) se dérobe à son urgence, à sa difficulté et à sa

complexité » (A1 Rahner 1969, 15), met en garde Rahner.

54 « Die hier vorgetragenen Überlegungen werden nicht den Anschein zu erwecken suchen,

gänzlich „sine ira et studio“ vorgetragen zu werden. Wer in Fragen, die eine konkrete Ent- scheidung erheischen, zu sehr nach dem Prinzip des „einerseits-anderseits“, des „sowohl-als- auch“ arbeitet, nimmt gar nicht Stellung, überläßt anderen die Entscheidung, die, auch als „ausgewogene“, eben Entscheidung für eine Möglichkeit gegen eine andere ist. »

Ces études doivent être faites de façon rigoureusement scientifique, donc sur une base académico-scientifique et suivant une méthodologie appropriée, mais sans chercher à former des spécialistes, ou sans se perdre en une « polymathie de surface ». Mais en même temps, ces études doivent avoir en vue la totalité du ministère pastoral du prêtre. Cette nécessité engendre natu- rellement une difficulté quasi insurmontable comme nous le dirons encore plus bas.55 (16)

C’est à cette difficulté « quasi insurmontable » que s’attaquera Rahner.

2. Critique du plan de réforme des évêques

Rahner formule ici quatre remarques :

[1.] Il note d’abord un déplacement de la philosophie au sein des études théo-

logiques : elle ne représente plus ici une (première) étape des études, comme c’est le cas dans la structure romaine traditionnelle, mais plutôt une discipline étudiée dès le départ et parallèlement à d’autres, théologiques. Bien qu’il n’ait a priori rien à objecter à ce synchronisme, il se demande si, dans les conditions prescrites par le plan56, il est possible d’en arriver à une compréhension sérieuse de la philosophie « de type scientifique57 » (17).

Rahner remarque également que…

dans cette première étape d’études […], n’est naturellement offert qu’un mé- lange hétérogène de matières très disparates, qui n’ont pas de rapport entre elles et qui n’ont pas encore justifié leur place dans cette première étape d’études – par exemple l’histoire de l’Église, la patrologie et la pédagogie de l’enseignement religieux –, bien que celle-ci [i.e. cette première étape] devrait

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55 « Dieses Studium soll streng „wissenschaftlich“, also auf akademisch-wissenschaftlicher

Grundlage und in entsprechender Methodik betrieben werden, aber ohne schon Fachgelehrte ausbilden zu wollen bzw. in „oberflächliche Polymathie“ sich zu verlieren. Zugleich muß aber dieses Studium auf das eine ganze Amt des Seelsorgspriesters ausgerichtet werden. Diese Notwendigkeit schafft natürlich fast unüberwindliche Schwierigkeiten, wie gleich noch zu sagen sein wird. »

56 Nombre d’heures par semaine, nombre de disciplines étudiées parallèlement, etc. 57 « wissenschaftlicher Art »

tout de même bel et bien fonder la théologie une dans son unité objective et « existentielle ».58 (18-19, nous soulignons)

[2.] On en vient ainsi, poursuit Rahner, au malaise décisif à l’égard de

l’ensemble de cette réforme des études : « Aucune réflexion scientifique sur le tout

unitaire de la théologie ne précède le plan59 » (19 ; en italique dans le texte).

La fragmentation traditionnelle, sous l’effet de mille et un hasards historiques (il n’y a pas d’articulation organique !), de la théologie dans les disciplines ac- tuelles s’y trouve tout simplement présupposée ; les disciplines sont ordon- nées de telle manière qu’on cherche, ici et là, à éviter la plus grande absurdité dans la séquence des disciplines, ce à quoi l’on est toutefois loin de parve- nir[.]60 (20)

Pour Rahner, la question de l’unité de la théologie et de l’agencement in- terne qui en découle « en vertu de l’essence de la chose61 » (21) est primordiale ;

elle constitue une Grundfrage, une question fondamentale. Tout comme l’est d’ailleurs celle de l’adéquation de la théologie à la femme et à l’homme d’aujourd’hui – il parle en ce sens d’une forme de théologie ayant fait époque, qui est aujourd’hui révolue, mais qui continue néanmoins à déterminer l’organisation des études62.

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58 « wird in diesem ersten Studienabschnitt [...] natürlich nur ein heterogenes Konglomerat sehr

disparater Fächer geboten, die weder unter sich einen Zusammenhang haben noch verständ- lich machen, warum sie – zum Beispiel Kirchengeschichte, Patrologie und Religionspädago- gik – in diesem ersten Studienabschnitt ihren Platz finden, obgleich dieser doch wohl die eine Theologie in ihrer objektiven und „existentiellen“ Einheit grundlegen soll. »

59 « dem Entwurf geht offenbar keine wissenschaftliche Reflexion auf das eine Ganze der Theologie

voraus »

60 « Die traditionelle, durch tausend geschichtliche Zufälle gewordene Aufspaltung (eine

organische Gliederung ist es ja nicht!) der Theologie in die heutigen Fächer wird einfach vorausgesetzt; diese Fächer sind so angeordnet, daß man da und dort die massivste Unlogik in der Fächerfolge zu vermeiden sucht, was aber noch längst nicht immer gelingt [.] »

61 « vom Wesen der Sache »

Suit une interrogation sur l’articulation de la théologie fondamentale et de la dogmatique qui attire l’attention :

Comment se comporte la théologie fondamentale (qu’est-ce donc que cela ?) à l’égard de la dogmatique ? Ne se pourrait-il pas que dans les faits, en vertu d’une définition juste […], elle doive être entendue après la dogmatique comme une sorte de niveau supérieur de réflexion de la dogmatique ?63 (21)

Rahner suggère aussi que la théologie morale, comprise comme discipline réellement théologique, est peut-être aujourd’hui une partie interne de la dog- matique bien comprise. Suit une question laissée sans réponse (comme ci-dessus pour la théologie fondamentale) sur la fonction de la discipline de l’histoire de l’Église : « qu’est-elle, en effet ? » (22).

Ce que Rahner remet au fond ainsi en question, c’est le fait que des disci- plines particulières, qui ont pris forme et se sont figées au gré des aléas de l’histoire, déterminent ce dont il est question dans l’enseignement théologique, de même que l’organisation concrète de ce dernier. À son avis, le contenu de- vrait plutôt être déterminé à partir de l’essence de la chose en question ; il s’agit pour lui d’une « déformation de la théologie une [qui] n’est d’aucune manière surmontée à travers cette réforme des études ; [qui] n’est probablement même pas vue64 » (23).

Dans un tel contexte, les professeurs ne peuvent plus se contenter d’exposer leur spécialité, « mais tous (chacun à sa manière et à partir de son propre point

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63 « Wie verhält sich Fundamentaltheologie (was ist das denn?) zur Dogmatik? Könnte es bei

einer richtigen Bestimmung unter Umständen nicht so sein [...], daß sie nach der Dogmatik als eine Art höherer Reflexionsstufe der Dogmatik gelesen werden müßte? »

64 « diese Verkehrung der Konzeption der einen Theologie wird durch diese Studienreform in

de départ) ont à répondre devant leurs auditeurs de l’“espérance de la foi”, et pas seulement de leur savoir spécialisé65 » (24).

Mais tout ne repose pas sur les seuls professeurs ; des mesures institution- nelles pourraient selon Rahner mettre davantage en lumière l’unité de la théo- logie dans l’organisation des études. Est-il par exemple normal, s’interroge Rahner, que, considérant l’unité de la théologie une, sa différenciation interne conforme à son objet et sa forme appropriée à notre époque, le plan de réforme réserve au droit canonique autant d’heures qu’à la théologie fondamentale ? Est- il normal, considérant la détresse actuelle de la foi des débutants en théologie, que les disciplines exégétiques – telles qu’elles sont habituellement pratiquées, précise-t-il – reçoivent davantage d’heures que la théologie fondamentale et la dogmatique réunies ? Que la sacramentaire en ait plus que la doctrine sociale chrétienne et pas tellement moins que la théologie morale ?

[3.] Mais au delà de la question de la répartition des heures de formation entre

les disciplines particulières, c’est celle de la pertinence de ces dernières dans la perspective d’une « conception d’ensemble mûrement réfléchie66 » (27) d’une

formation théologique de base qu’il faudrait à son avis poser.

[4.] Dans une quatrième et dernière remarque, Rahner signale que le plan

épiscopal s’intéresse également au problème d’un « Grundkurs théologique », dans la perspective du cursus introductorius au Mystère du salut demandé par le concile. Mais le cours de base, tel que proposé dans le plan de réforme, ne peut, écrit Rahner, rien offrir de plus qu’une pâle imitation de ce qu’on entendait

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65 « sondern alle (jeder auf seine Weise und von seinem Ausgangspunkt aus) die „Hoffnung des

Glaubens“ und nicht nur ihre Fachgelehrsamkeit vor ihren Hörern zu verantworten haben »

jadis par l’encyclopédie théologique : « ce n’est pas ainsi qu’on obtient une véritable compréhension de l’essence et de la tâche de la théologie une67 » (28).

Pour Rahner, un cours de base s’impose pour des raisons tout à la fois es- sentielles (grundsätzlich) et « conjoncturelles » („epochal“), indépendamment de la question de savoir ce que le concile entendait par « cours d’introduction ». C’est dans ce contexte qu’apparaît la distinction entre deux niveaux de ré- flexion :

La théologie est [la] compréhension scientifiquement (méthodiquement) ré- fléchie de la foi. Mais en principe, et aujourd’hui avant tout, on doit distin- guer deux niveaux de réflexion, même si les passages entre les deux sont mou- vants, et qu’on peut admettre qu’un accomplissement simultané de ces deux niveaux de réflexion est en soi imaginable « abstraitement » et [qu’il] était ja- dis également possible en pratique. Le premier niveau de réflexion – réalisé réflexivement d’une manière méthodique – présuppose et clarifie cette com- préhension de la foi que, sans être un théologien spécialisé, une personne cultivée de son temps peut avoir et devrait avoir. Ce premier niveau de ré- flexion, soigneusement mené de façon réellement méthodique, représente aussi déjà [la] science théologique, dans la mesure où il vise la compréhen- sion dogmatiquement réfléchie du sens et la justification (dans une approche de théologie fondamentale) de la conviction de foi personnelle. Mais il est premier niveau de réflexion pour autant qu’il réfléchisse cette compréhension du sens et cette justification de la conviction de foi qui sont accessibles à une personne qui n’est pas cultivée au plan de la théologie spécialisée, et qui au- torisent cette dernière à un assentiment de foi intellectuellement honnête. [C’est] aujourd’hui seulement [que], sous l’effet de l’immense différenciation dans les méthodes et le contenu des sciences philosophiques, théologiques et autres [disciplines] pertinentes en ce qui concerne la vision du monde, ce premier niveau se distingue du deuxième (qui reste encore à caractériser).68

(29-30)

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67 « ein wirkliches Verständnis des Wesens und der Aufgabe der einen Theologie läßt sich so

nicht erzielen »

68 « Theologie ist der wissenschaftlich (methodisch) reflektiertes Glaubensverständnis. Es sind

aber grundsätzlich und vor allem heute zwei Reflexionsstufen zu unterscheiden, auch wenn die Übergänge zwischen beiden fließend sind und zugegeben werden kann, daß ein gleichzeitiger Vollzug dieser beiden Reflexionsstufen an sich „abstrakt“ denkbar ist und früher auch prak- tisch möglich war. Diese erste Reflexionsstufe – methodisch reflex durchgeführt – setzt voraus

Rahner donne un exemple d’une question vivement discutée à l’époque : le catholique instruit et intellectuellement honnête d’aujourd’hui se doit d’être en mesure de rendre compte du sens et de la raison de sa foi en regard de la ques- tion de la papauté. Doit-il, pour ce faire, passer à travers toutes les sciences et considérations théologiques, comme le préconisait la théologie fondamentale classique ?

Cela est impossible. S’engager dans une telle voie (chez les personnes sans formation théologique spéciale et chez les jeunes théologiens, au moins du- rant le premier semestre) ne conduit qu’à cette pseudo-scientificité qui, trop souvent, jette le discrédit sur l’activité théologique d’aujourd’hui.69 (30)

Pour Rahner, il doit exister une alternative, pour les questions secondaires, mais également pour les vérités les plus fondamentales du christianisme :

Cette clarification du sens et cette justification doivent tout de même exister sans devoir passer par cette voie – sans que cela puisse être fondé ici dans le détail –, même si elle peut [aussi] être souvent très indirecte, voire peut-être réussie [que] partiellement dans la justification intellectuellement réfléchie de la légitimité d’une foi non-réfléchie, pas encore passée par tout le purgatoire de la réflexion scientifique.70 (30-31, nous soulignons)

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und klärt jenes Glaubensverständnis, das ein Gebildeter seiner Zeit haben kann und haben soll, ohne Einzelfachtheologe zu sein. Diese erste Reflexionsstufe, wirklich methodisch sauber durchgeführt, bedeutet auch schon theologische Wissenschaft, insofern sie auf das dogmatisch reflexe Sinnverständnis und die (fundamentaltheologische) Begründung der personalen Glau- bensüberzeugung hinzielt. Aber sie ist insofern erste Reflexionsstufe, als sie auf jenes Sinnver- ständnis und jene Begründung der Glaubensüberzeugung reflektiert, die einem nicht fachtheo- logisch Gebildeten zugänglich ist und diesen zu einer intellektuell redlichen Glaubenszustim- mung legitimiert. Erste heute hebt sich durch die ungeheuere methodische und inhaltliche Differenzierung der philosophischen, theologischen und sonst weltanschaulich relevanten Wissenschaften diese erste von der zeiten (noch zu kennzeichnenden) Reflexionsstufe ab. »

69 « Das ist unmöglich. Der Versuch eines solchen Durchgangs (beim nicht fachtheologisch

Gebildeten und beim jungen Theologen mindestens der ersten Semester) führt nur zu jener Pseudowissenschaftlichkeit, die den heutigen theologischen Betrieb nur zu oft in Mißkredit bringt. »

70 Doch es muß – ohne daß hier näher begründet werden soll – diese Sinnerhellung und diese

Begründung ohne einen solchen Durchgang geben, wenn sie auch oft sehr indirekt sein mag, ja vielleicht teilweise in der intellektuell reflexen Begründung der Legitimität eines unreflexen,

Rahner pose la question : n’y a-t-il de foi en Dieu intellectuellement hon- nête « et réfléchie dans son honnêteté71 » (31) qu’à la condition de traverser

tous les méandres d’une philosophie ; n’y a-t-il de foi intellectuellement hon- nête (et réfléchie comme telle) à la résurrection du Christ qu’à travers le ma- niement de l’exégèse contemporaine qui n’est maîtrisée que par quelques spé- cialistes ?

Ou y a-t-il, sans rendre la théologie fondamentale classique superflue ou in- signifiante, un niveau de réflexion, premier mais légitime, sur le sens et la justification de cette vérité fondamentale qui puisse être sérieusement et véri- tablement compris de la personne instruite qui n’est pas un théologien spé- cialisé, et du théologien [étudiant] au moins [au cours du] premier semestre. Encore une fois, il doit pouvoir y avoir cela, et ainsi quelque chose peut être développé, bien qu’une telle tâche, du point de vue du contenu et de la mé- thode doive être abordée tout autrement que [ne le fait] le plus souvent (peut-être pas toujours !) la théologie fondamentale usuelle, même si une telle entreprise devait se retrouver de travers sur la voie des disciplines tradi- tionnelles de la théologie […].72 (31)

Celui qui ne peut plus espérer justifier sa foi scientifiquement, si l’on en- tend par là un « passage à travers toutes les disciplines théologiques, dans la rigueur de leurs exigences73 » (31), n’est pas pour autant condamné à une

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noch nicht durch alle Fegfeuer der wissenschaftlichen Reflexion hindurchgegangenen Glauben besteht. »

71 « und in seiner Redlichkeit auch reflektierten »

72 « Oder gibt es, ohne die klassische Fundamentaltheologie in sich überflüssig oder bedeutungs-

los zu machen, eine erste, aber legitime Stufe der Reflexion auf Sinn und Begründung dieser Grundwahrheit, die vom gebildeten Nichtfachtheologen und vom Theologen der (mindestens) ersten Semester ernsthaft und echt nachvollzogen werden kann ? Nochmals, das muß es geben können, und so etwas kann geleistet werden, wenn auch eine solche Aufgabe inhaltlich und methodisch ganz anders in Angriff genommen werden muß als die übliche Fundamentaltheo- logie es meist (vielleicht nicht immer !) tut und wenn auch ein solches Unternehmen quer zu den traditionellen Fächern der Theologie liegen mag [...]. »

« pieuse foi d’enfant » (31), à une « foi du charbonnier74 » (31), contrairement à

ce que certains peuvent penser :

À vrai dire, on a parfois l’impression – à tort, espérons-le – qu’il y a des théo- logiens spécialisés chez qui une grande érudition dans un domaine précis se combine de façon étrangement schizophrène à une simple crédulité infantile dont ils ne veulent pas sortir parce qu’ils pensent que ce n’est possible qu’à travers la méthode avec laquelle ils pratiquent leur propre discipline sa- vante.75 (31)

Rahner qualifie cette réalisation « systématique et scientifique76 » (32) du

premier niveau de réflexion d’« absolument nécessaire77 » (32) au jeune théolo-

gien d’aujourd’hui, les carences qu’il identifie chez le débutant nous informant indirectement des objectifs d’un cours fondamental à un premier niveau de réflexion78. À ses yeux, les disciplines traditionnelles, telles qu’elles sont du

moins effectivement pratiquées, « ne lui offrent pas ce niveau de réflexion premier

[et] fondamental79 » (32), sauf lorsque le professeur est plus qu’un spécialiste. Les

disciplines spécialisées le placent devant l’illimité et le provisoire de sa problé- ...

74 « fromme Kinderglaube » et « Köhlerglaube », respectivement.

75 « Allerdings hat man manchmal – hoffentlich zu Unrecht – den Eindruck, es gebe Fachtheolo-

gen, bei denen sich große „regionale“ Fachgelehrsamkeit in seltsam schizophrener Art kombi- niere mit einer solchen bloß kindlichen Gläubigkeit, aus der sie nicht herauswollen, weil sie meinen, dies sei nur möglich in der Methode, in der sie ihr eigenes hochgelehrtes Fach betrei- ben. »

76 « wissenschaftlich systematische Durchführung » 77 « absolut notwendig »

78 « Il a l’impression de ne pas trop savoir ni ce que les affirmations de foi “veulent dire au juste”,