• Aucun résultat trouvé

3. Analyse des sources de 2S 7,1-17

3.5 Promesse de YHWH à l’égard de la dynastie davidique (vv 11c-17)

répétition du nom divin à la fin du v. 11d est étonnante, car tant le texte parallèle de 1Ch 17,10-11 que la LXX supposent qu’il est possible que le texte actuel résulte d’une erreur de copiste (voir supra p. 48-50). Notons que la prophétie reprend le terme «

tyIB

;

», mais commence par jouer sur la polysémie du terme: la maison n’est plus le temple, mais la dynastie. Certains critiques (A. Caquot, B. Renaud, G. Hentschel, etc.) voient au vv. 11c-d la suite du v. 3: c’est à nouveau Nathan qui parle. Le passage subit de la 1ère à la 3e personne, le même emploi du verbe

hf[

qui vise également la construction de

tyIB

;

et s’écarte de la formule deutéronomiste

hnb,

tout cela converge vers l’assignation de la suite à une source antérieure à Dtr138.

La promesse aux vv. 12-13 reprend celle qui a commencé au v.9c, mais possiblement interrompue par l’ajout de vv. 10-11b Dtr. Désormais, le mot «

tyIB

;

» ne désigne plus la dynastie, mais le temple de Jérusalem. En annonçant le véritable bâtisseur, le v. 13a apporte la réponse à la question posée au v. 5d: ce n’est pas David qui bâtira la maison de YHWH mais son héritier. La référence au nom de YHWH, tenue pour un deutéronomisme caractérisé, apparaît à maintes reprises dans les textes de 1-2R parlant du temple; c’est pourquoi on pourrait donner raison aux exégètes qui voient au v. 13a une retouche dtr substituant «mon nom» à «pour que je m’y installe»139.

did not have rest». La substitution n’est cependant attestée par aucun témoin textuel. Parmi les opposants, A. Caquot souligne que le «repos» que YHWH a accordé à David est un moment de répit entre l’esclavage d’Égypte et la captivité de Babylone, idée issue du Dtr écrivant pendant l’Exil. Cf. A. Caquot, Les livres de Samuel, p. 430.

138

Que les vv. 1a-b, 2-3, 11c-d forment un enchaînement des idées nous semble plus logique que l’attribution des vv.11c-d à DtrH proposée par T. Veijola dans Die ewige Dynastie, p.74, dont l’argument invoque le parallèle avec 1S 2,35; 25,28; 1R 2,24; 11,38. À notre connaissance, aucune autre étude ne peut confirmer que ces passages appartiennent à une même strate littéraire.

139

TM 2S 7, 13a lit ymi_v.li tyIB:ß-hn<b.yI (il bâtira une maison pour mon nom), alors qu’au texte parallèle 1Chr 17,12 on a tyIB"+ yLiÞ-hn<b.yI (il me bâtira une maison). M. Weinfield, dans Deuteronomy and the

Le v. 13b reprend des termes de 12f mais ajoute

~l'(A[-d[;

, la promesse d’une lignée ininterrompue est ainsi présentée comme la réponse à un acte humain, la construction du temple. Le v. 14a-b continue à parler de l’héritier de David, que YHWH considérera comme son «fils», motif d’adoption connu dans les idéologies royales égyptienne et mésopotamienne140.

Les vv. 14c-15c introduisent deux nouvelles antithèses: l’éventualité d’un péché et d’un châtiment de l’héritier de David correspondent à l’évocation deutéronomiste des fautes du roi en 1R 9,1-9 et 11,1-25. HD fait toujours dépendre la continuité dynastique de la bonne conduite d’un roi (1R 2,4), dont David doit être le modèle (1R 8,25; 9,4-5)141 ; la promesse perpétuelle à la postérité de David et le rejet de son prédécesseur au v. 15a-15c, mettent l’accent sur la comparaison avec Saül; ils pourraient aussi être une contribution dtr142.

Le v. 16a reprend le terme «

tyIB

;

» dans le sens de «dynastie», qui correspond au v. 11d et prolonge la promesse concernant la trône de David. On peut s’étonner de l’accord du verbe

!ma

au N parfait 3 ms avec un double sujet

tyIB;

et

hk'l'm.m;

, ce qui pourrait être l’hendiadys consistant à coordonner grammaticalement deux noms dont l’un devrait être subordonné à l’autre (dans le sens de «ta maison royale», cette interprétation est appuyée par A.A. Anderson,

Deuteronomic School, p.193-194, indique qu’il n’y pas d’exemple du temple considéré comme maison de YWHW dans la littérature dtr: le temple y est toujours construit pour son nom. Pour juger de ce cas il est nécessaire de considérer les autres références à la construction du temple dans les livres des Rois. En 1R 5,19 Salomon envoie une ambassade à Hiram et cite les paroles du Seigneur adressées à David: «ton fils, celui que je mettrai à ta place sur ton trône, c’est lui qui bâtira cette Maison pour mon nom ». Le texte parallèle en 1Ch 22,10 a la même leçon. Cela est cité de nouveau en 1 R 8,18 dans la prière de Salomon lors de la dédicace du temple: «Tu as eu à cœur de bâtir une Maison pour mon nom et tu as bien fait ».

140

Dans le Proche-Orient ancien, l’édification des temples était le privilège des dieux et des rois vainqueurs, c’est-à-dire qu’il y avait corrélation entre la prospérité de la dynastie royale et la construction d’un temple par le roi. À ce sujet, cf. J. Coppens, «Le Messianisme royal dynastique. La prophétie de Nathan», II Sam VII 1-16, Nouvelle revue théologique, 90, 1968, p. 227-233; T. Ishida, The Royal Dynasties in Ancient Israel, Berlin, de Gruyter (Beihefte zur Zeitschrift für die alttestamentliche Wissenschaft 142), 1977, p. 81-99.

141

L’idée d’un engagement inconditionnel de Dieu envers l’héritier de David, en dépit de fautes possibles de celui-ci, n’a pas été retenue dans l’historiographie ultérieure: 1Ch 17 ne présente rien qui corresponde à 2S 7,14c-d.

142

G. Hentschel, dans Gott, König und Temple, p. 54, attire l’attention sur l’emploi du même verbe

rws comme intransitif (v.15a), puis comme transitif (v.15b). Le même usage transitif en 2R 17,23; 23,27 dtr suggère l’attribution possible de la comparaison avec Saül à HD.

P.K. McCarter, etc.)143, mais il est aussi possible que

hk'l'm.m;

soit l’adjonction dtr plus tardive, inspirée par la promesse du v. 13b (Jr 18,7; 18,9; Ez 17,14; 29,14) .

T. Veijola et G.H. Jones tiennent l’ensemble du v. 16 pour Dtr. Ils font valoir l’emploi de cette expression

~l'(A[-d[;

dans le sens «pour toujours» (1S 2,30; 3,13,14; 13,13; 2S 3,28; 1R 2,33,45, aussi Dt 5,29; 12,28; 23,47; 28,46, etc..). Cependant, il est peu probable que toutes les occurrences mentionnées soient deutéronomistes. De plus, l’emploi de

~l'(A[-d[;,

dans le sens de «pour toujours» est attesté dans des textes pré-dtr comme 1R 1,31, 2R 5,27, etc.144.

Le v. 17 revient au cadre narratif et donne à la péricope sa conclusion, il comporte un mot caractéristique

!AyZ"xi,

qui n’apparaît jamais dans les textes deutéronomistes145.