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Les projets qui arrivent à une meilleure stabilité : le rôle du capital

5. Les expériences des personnes retournées entre 2008-2010

5.4 Les ressources disponibles pour les projets de réinsertion

5.4.2 Les projets qui arrivent à une meilleure stabilité : le rôle du capital

4) S4 (Femme, séparée, école primaire incomplète, migration : 1994-2010) : Projet de restaurant de menus rapides (Quito) – La famille et les épargnes propres comme bases du capital économique

Son projet initial était d’ouvrir un salon de beauté. Elle n’a pas pu suivre le cours de coupe de cheveux parce qu’elle ne remplissait pas la condition d’avoir terminé l’école primaire. Le projet est devenu irréalisable. C’est alors que surgit l’idée d’ouvrir un restaurant de menus rapides. L’OIM, ainsi que son fils, l’appuient pour développer l’idée du restaurant. Elle offre des plats qui plaisent à la majorité des Équatorien-ne-s comme « humitas », « quimbolitos », « bolones ». Le restaurant se trouve dans un centre commercial à un endroit très central de Quito (figure 5). Elle a acheté le commerce à une autre dame qui avait déjà un restaurant. S4 l’a arrangé, a réparé les tuyauteries et peint le local ; elle a acheté des tables et des chaises ainsi que des appareils comme une hotte de ventilation, une friteuse et un comptoir frigorifique. Le coût total de l’investissement a été de 18'800 USD. Comment est-elle arrivée à le financer ? Pour le développement du projet, elle avait l’argent que l’AVS lui avait versé (système de rente suisse appelé Assurance de Vieillesse et Survivant), plus celui correspondant aux épargnes de son fils qui avait aussi travaillé en Suisse et enfin celui d’un prêt accordé par un parent. Sur quelles autres ressources peut-elle compter pour le développement du restaurant ? Elle a beaucoup d’expérience dans la cuisine, aime s’occuper des gens, travaille de 5:00 du matin jusqu’à 8:00 du soir,

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administre le commerce et est aidée par un jeune homme migrant qui collabore à la préparation des plats. Ses plans pour le futur ? Elle a appris à faire les cafés qui se préparent en Suisse et elle aimerait offrir ce service. Elle ne possède pas la machine à café nécessaire mais espère qu’un parent l’amènera de Suisse. La seule difficulté qu’elle a eue est que plusieurs mois ont passé jusqu'à ce qu’elle puisse toucher l’aide du Service de la Population, parce qu’il lui manquait le justificatif de l’achat du magasin. Aujourd’hui tout est rentré dans l’ordre, elle est en possession de cette aide.

Figure 5. Restaurant de menus rapides dans un centre commercial très central de Quito 5) S10 (Homme, 1967, célibataire, études secondaires incomplètes, migration : 1998-2010) : Projet de petite ferme (Santo Domingo) – Les économies, l’expérience dans le métier et le réseau social comme capitaux

Son rêve était d’ouvrir un restaurant étant donné qu’il a travaillé pendant plusieurs années dans ce domaine en Suisse. En arrivant à Santo Domingo il a changé d’idée parce qu’il s’est rendu compte que c’était un projet très coûteux et qu’en plus il y avait beaucoup de restaurants. Il a eu l’occasion d’acheter (contrat de location-vente) la ferme agricole de sa sœur et il la loua pour 4 ans. Il a opté pour l’idée de la ferme parce que son père en avait une, il y a quelques années, où lui-même aidait, et c’est ainsi qu’il a appris le métier d’agriculteur. Jusqu’à maintenant il a dû investir un total de 14'000 USD pour adapter la ferme et pour acheter une camionnette d’occasion pour s’y rendre. En plus, il paie 400 US$ de location mensuellement. Comment a-t-il pu faire face à tous ces frais ? Il n’a pas eu d’aide financière des institutions équatoriennes. Il utilise l’aide du Service de la population de Lausanne, de 3'000 CHF, pour payer les premiers mois de location de la ferme. Son capital économique

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provient des envois d’argent qu’il faisait à sa mère quand il vivait en Suisse puisque, en plus d’aider ses parents, il avait toujours eu l’idée de monter un commerce à son retour. Son autre grand capital, ce sont les connaissances antérieures qu’il possédait dans le domaine de l’agriculture, un capital qu’il acquit au cours des années où il travailla dans la ferme de son père. Il a en outre appris de ses propres amis qui l’ont conseillé dans le domaine de l’agriculture car, ayant passé de nombreuses années en dehors du pays, il n’est pas au courant des procédés modernes. Ses amis l’ont aussi emmené aux centres agricoles de la région car il ne savait pas où ils se situaient. Là, il a suivi des cours concernant la plantation du café, du cacao, de la banane, et l’entretien des cultures ; cela l’a beaucoup aidé dans son projet. Au moment de l’interview, il y avait quatre mois que la ferme fonctionnait. Les revenus qu’il retire actuellement de la ferme lui servent seulement pour aider sa mère du point de vue de sa subsistance et de sa santé. L’objectif de l’interviewé, à long terme, est d’acheter la ferme.

6) V2 (Homme et femme, 1959, couple, études secondaires complètes, migration 2000-2008) : Projet d’atelier d’entretien et de réparation d’appareils électroménagers (Quito) - Quand on a les trois types de capitaux

L’interviewé avait deux buts bien clairs avant de partir de son pays : l’un, épargner de l’argent pour acheter sa propre maison; l’autre, rénover son atelier de réparation d’appareils électroménagers (figure 6). Ces plans étant clairs, il garda les outils qu’il avait en Équateur avant de partir et, une fois en Suisse, il en acheta peu à peu de nouveaux qu’il envoyait dans son pays. Le Service de la Population l’a aidé par un financement de 3'000 francs à investir dans son projet d’atelier. Avec cette aide, il a pu couvrir le 40% des coûts d’installation de son commerce ; ces frais correspondent à l’achat de nouveaux outils et à l’agrandissement de l’atelier. Il a assumé lui-même l’autre partie, 60 %, d’une part en utilisant les épargnes qu’il a réussi à réaliser en Suisse et, de l’autre, grâce au matériel qu’il possédait déjà avant de migrer. Pour la réouverture de son commerce, il a bénéficié de l’aide et des conseils de compagnons de la même branche qui l’ont renseigné au sujet des nouveaux procédés qu’il ne connaissait pas comme, par exemple, l’installation des machines à laver fonctionnant au gaz. Il exprime qu’il n’a pas eu de difficultés avec l’atelier, en raison de l’avantage suivant : il se trouve au même endroit qu’avant et, par conséquent, les gens du quartier et d’anciens clients le connaissaient. Il souligne qu’un autre acquis de poids lui a servi pour la réussite de l’installation de son commerce : c’est son expérience en la matière et ses connaissances de la branche. Un des changements que l’interviewé a dû assumer, c’est la question du salaire car, en Suisse, il avait un gain mensuel fixe alors qu’en Équateur son revenu dépend du nombre mensuel de clients ainsi que de la quantité de travail qui se présente. Cependant, malgré cela il se déclare satisfait et heureux d’être retourné dans son au pays.

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Figure 6. Atelier d’entretien et de réparation d’appareils électroménagers a Quito ou le

proprietaire a bénéficié de l’aide et des conseils de compagnons de la même branche

5.4.3 Les différences de capital économique, social et culturel