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Projet de grossesse en cas de schizophrénie

A. Effets indésirables sur le nouveau-né en cas d’allaitement

VII. La schizophrénie

4. Facteurs de risque de rechute

7.1. Projet de grossesse en cas de schizophrénie

La planification de la grossesse est bien plus rare chez les femmes souffrant de schizophrénie qu’en population générale (Danion-Grilliat et al., 2008).

En effet, la sexualité des patientes souffrant de schizophrénie est plus souvent « à risque » comparée à la population générale : plus grand nombre de partenaires, d’avantage de maladies sexuellement transmissibles, plus de rapports sexuels forcés, plus de violence subie, absence de contraception, et ainsi plus de grossesses non programmées (Cazas, 2011 ; Seeman, 2013 ; Vacheron, 2015).

De plus, les femmes souffrant de schizophrénie ont plus fréquemment des difficultés en termes de parentalité que les autres femmes, comme nous l’avons développé précédemment, et ont ainsi une augmentation de la probabilité d’accueil de leur enfant (Seeman, 2013). De ce fait, la crainte d’être séparées ou de perdre la garde de leur enfant est une inquiétude omniprésente renforçant la volonté de ne pas programmer leur grossesse avec l’aide des professionnels de santé mentale qui l’entourent. L’étayage proposé peut aussi être vécu de manière intrusive, de par leur pathologie mais également de par leur histoire personnelle (Seeman, 2013 ; Vacheron, 2015), pouvant ainsi entraîner une méfiance dans leurs relations interpersonnelles et sociales, et notamment envers les professionnels. Pour toutes ces raisons, il peut être compliqué pour une femme souffrant de schizophrénie de programmer sa grossesse.

Malgré tout, le projet peut exister autour d’une bonne alliance thérapeutique antérieure. Il comprend la planification mais également l’investissement de la grossesse, les questions autour de la maternité, et la projection dans l’avenir avec son enfant.

7.1.1. Entretien pré-conceptionnel

Avoir un enfant, est pour bon nombre des patientes schizophrènes, l’espoir de quitter le statut de malade pour celui de mère. Il existe donc souvent une grande attente autour de cette grossesse. Cependant, ces femmes qui ont accès à la maternité, ont des besoins précis pour leur propre sécurité et celle de leur bébé, notamment en termes de dispositifs de soins.

L’entretien pré-conceptionnel est alors nécessaire afin d’aborder toutes ces questions. Il paraît d’autant plus important de proposer cette discussion pour toutes les femmes en âge de procréer souffrant de ce trouble, étant donné qu’il existe peu de grossesses programmées pour ces patientes. L’alliance thérapeutique qui peut

109 s’établir autour de cet entretien, même en l’absence de projet de grossesse actuel, pourra éventuellement encourager la patiente à en discuter lorsque son projet prendra forme.

Cependant, un certain degré d’insight et de conscience du trouble est nécessaire pour que ces réflexions émergent, ce qui n’est pas toujours possible selon le degré d’impact sur l’insight et les capacités cognitives de la schizophrénie. Un accompagnement par un tiers, notamment par un professionnel médico-psycho- social, semble être une option judicieuse afin d’étayer la patiente dans l’évaluation de la balance bénéfice-risque, en cas de projet de grossesse, mais également en cas de découverte d’une grossesse non prévue pour l’aider à accéder aux soins nécessaires et préparer la venue de l’enfant de manière sécurisée.

7.1.2. Balance bénéfice-risque

Les patientes souffrant de schizophrénie doivent être informées sur les risques et bénéfices des différents traitements pendant la grossesse. Lorsque la patiente a un projet de grossesse, ou lorsqu’une grossesse débute, programmée ou non, la question du traitement se posera toujours et peut faire partie des motifs menant la femme à ne pas consulter. Au mieux, les modifications thérapeutiques devraient se faire avant la conception (Wyszynski & Lusskin, 2005).

Ainsi, il va s’agir de travailler en anténatal l’alliance à un projet qui soit plausible, et si ce n’est pas possible, d’accompagner la femme au mieux de ce qu’elle accepte pour qu’il n’y ait pas de risque obstétrical trop élevé tout en prévoyant l’accueil de la dyade dans un milieu adapté dès la naissance.

7.2. Grossesse en cours

Plusieurs situations peuvent se présenter au cours d’une grossesse, planifiée ou non.

Il est difficile de classer les patientes comme dans les autres troubles, selon la présence ou non de symptômes, étant donné que la schizophrénie est une maladie chronique avec des symptômes résiduels fréquents parmi les symptômes psychotiques négatifs, ainsi qu’une altération des fonctions cognitives. De plus, comme nous l’avons développé précédemment, les décompensations du trouble sont rares au cours de la grossesse et du post-partum précoce.

Les éléments qui vont guider la prise en charge sont plutôt les degrés d’altération des fonctions cognitives et émotionnelles, les degrés d’insight qui vont déterminer l’accès aux soins, et les capacités de projection de la grossesse et de l’enfant à venir, puis les capacités maternelles dans le post-partum, tout en intégrant la prise en compte du traitement médicamenteux.

110 On peut ainsi catégoriser ces patientes de la manière suivante :

- Patientes souffrant de schizophrénie, avec un faible niveau d’insight, avec un traitement médicamenteux actuel

- Patientes souffrant de schizophrénie, avec un faible niveau d’insight, sans traitement médicamenteux actuel

- Patientes souffrant de schizophrénie, avec un bon niveau d’insight, avec un traitement médicamenteux actuel

- Patientes souffrant de schizophrénie, avec un bon niveau d’insight, sans traitement médicamenteux actuel

- Patientes sans antécédent de schizophrénie, pour lesquelles un premier épisode psychotique se déclenche au cours de la grossesse

La synthèse de la littérature nous permet de proposer des stratégies de soins en fonction des patientes concernées et de l’intensité du tableau clinique.

7.2.1. Patientes présentant une schizophrénie

7.2.1.1. Patientes souffrant de schizophrénie, avec un faible niveau d’insight, avec un traitement médicamenteux actuel

Les patientes qui ont un faible niveau d’insight sont les patientes qui auront tendance à avoir moins accès aux soins, soit du fait des difficultés à prendre conscience de leur trouble, soit par « fuite » dans la crainte des réponses qui pourraient leur être faites concernant leur maternité. Ce groupe de patientes bénéficie d’un traitement médicamenteux (qu’elles sont susceptibles d’arrêter), et donc d’un suivi médical pour lequel elles sont plus ou moins observantes, ce qui signifie une adhésion au moins partielle à des soins. Ainsi, ce groupe de patientes requiert une grande attention et un accompagnement très personnalisé puisqu’un lien de confiance de qualité pourrait permettre une participation à un projet global de soins de la grossesse jusqu’au post-partum.

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