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A. Effets indésirables sur le nouveau-né en cas d’allaitement

VII. La schizophrénie

4. Facteurs de risque de rechute

6.1.1. Accès aux soins

6.1.1.1. Psychiatriques

Il faut savoir que dans cette pathologie tout particulièrement, les patientes peuvent échapper à un suivi psychiatrique (Danion-Grilliat et al., 2008). En effet, ce trouble est associé à des altérations du fonctionnement cognitif, émotionnel, social, relationnel et à un insight pauvre (Taylor et al., 2015), qui interfèrent très probablement avec leur capacité à participer positivement à leur prise en charge. De plus, les patientes peuvent fuir les soins par crainte d’être séparées ou de perdre la garde de leur enfant. En effet, 50% des femmes souffrant de schizophrénie vont perdre la garde de leur enfant (Hipwell et al., 1996 ; Hollingsworth et al., 2004 ; Mason et al., 2007). Aussi, la prise de conscience de l’étayage nécessaire, vécu de manière intrusive, peuvent faire fuir ces patientes des structures de soins.

6.1.1.2. Gynéco-obstétricaux

Le suivi obstétrical peut ne pas pouvoir se mettre en place, ou de manière discontinue, du fait de la désorganisation psychique et des difficultés relationnelles. La patiente peut avoir peur des examens médicaux, refusant parfois de se faire examiner ou de faire les prélèvements nécessaires (Vacheron, 2015). De plus, le défaut d’insight et les troubles cognitifs peuvent altérer la compréhension des

informations obstétricales données. Il semblerait donc judicieux qu’un

accompagnement puisse se faire lors de ces consultations, avec une personne de confiance que la patiente aura choisie et dont les capacités cognitives permettent de

105 l’aider. Il peut s’agir d’un proche (famille, ami) ou encore d’un professionnel de santé, comme un infirmier de secteur, avec lequel les informations pourraient être rediscutées à distance de la consultation. Un accompagnement par la PMI peut également prendre tout son sens sur ce moment précis, ou encore par un éducateur pour les patientes qui bénéficient d’un étayage social.

6.1.2. Violence

Il existerait des niveaux élevés de violence conjugale au cours de la grossesse chez les patientes souffrant de schizophrénie. Les données sur la violence domestique sont d'une importance particulière car cela pourrait avoir un impact concernant d’éventuels traumatismes sur le fœtus ainsi que des mesures de protection des enfants (Taylor et al., 2015).

6.1.3. Comorbidités

6.1.3.1. Psychiatriques

Nous n’avons retrouvé aucune donnée sur les comorbidités psychiatriques de la schizophrénie durant la période périnatale. La moitié des patients souffrant de schizophrénie se plaignent de symptômes dépressifs (DSM-5, 2014) au cours de leur vie. Plus de la moitié des personnes souffrant de schizophrénie ont un trouble lié à l’utilisation de tabac (DSM-5, 2014 ; Taylor et al., 2015). L’usage de cannabis est fréquent (Verdoux, 2013). Il existe souvent des conduites à risque avec des addictions polymorphes et anarchiques (MacCabe et al., 2007).

Les déficits cognitifs sont habituels, et les altérations cognitives sont présentes durant le développement de la maladie (DSM-5, 2014), nécessitant un accompagnement tout particulier des décisions de ces patientes en période périnatale.

6.1.3.2. Somatiques

L’utilisation de médicaments antipsychotiques pendant la grossesse a été trouvée comme associée à un risque accru de diabète gestationnel (Bodén et al., 2012(b)) par rapport à la population totale des naissances. Cependant, gain de poids, diabète, syndrome métabolique et maladies cardiovasculaires et pulmonaires sont plus fréquents dans la schizophrénie que dans la population générale (DSM-5, 2014) en dehors de l’impact des traitements psychotropes.

106 A noter qu’il peut exister une aménorrhée secondaire aux neuroleptiques (Seeman, 2013) liée à l’hyperprolactinémie secondaire à leur utilisation. Elle est plus fréquente avec les antipsychotiques de 1ère génération, et peut contribuer aux découvertes tardives des grossesses, puisque les patientes ne sont pas alertées par un retard de règles.

6.1.4. Complications obstétricales

Les femmes souffrant de schizophrénie ont plus fréquemment des grossesses compliquées (McNeil et al., 1984(a) ; Seeman, 2013).

Il existe une augmentation significative du risque d’accouchement prématuré, de retard de croissance intra-utérin, de faible poids de naissance et de mortalité néonatale (Nilsson et al., 2002 ; McKenna et al., 2005 ; MacCabe et al., 2007 ; HAS, 2009(a) ; King-Hele et al., 2009). Il existerait également une augmentation des anomalies placentaires dont l’hématome rétro-placentaire (Nilsson et al., 2002 ; Jablensky et al., 2005), des hémorragies au cours de la grossesse et une augmentation des malformations congénitales, en particulier du système cardio- vasculaire (ACOG, 2008).

Ces complications peuvent être en lien avec une plus mauvaise adhésion au suivi obstétrical, la prise de médicaments antipsychotiques, les conduites addictives multiples, les mauvaises conditions socio-économiques, une précarité sociale et affective (Danion-Grillat, 2008 ; HAS, 2009(a) ; Taylor et al., 2015). Tous ces risques restent significatifs lorsque l’on prend en compte l’influence de facteurs de confusion, comme la consommation de tabac (MacCabe et al., 2007; King-Hele et al., 2009).

6.1.5. Suicide

Il existe peu d’études sur le taux de suicide au cours de la grossesse chez les femmes souffrant de schizophrénie de manière spécifique. L’une des rares études que nous avons pu trouver relève un risque suicidaire divisé par trois pendant la grossesse chez les patientes souffrant de schizophrénie (Darves-Bornoz et al., 2001).

6.2. Post-partum

6.2.1. Environnement psycho-social

Les femmes atteintes de schizophrénie sont souvent dans une précarité sociale du fait du faible niveau d’études, et de la difficulté à maintenir un emploi. Elles sont

107 isolées sur le plan social et affectif et ont des relations familiales de mauvaise qualité (Taylor et al., 2015 ; Vacheron, 2015). Elles sont rarement engagées dans une relation de couple stable et sont souvent célibataires ; 20 à 30% des patientes vivent avec un partenaire, qui est souvent également atteint de troubles mentaux (Cohen et al., 2005 ; Yaeger et al., 2006, Taylor et al., 2015 ; Vacheron et al., 2015). Ainsi, les patientes souffrant de schizophrénie ont peu de soutien, pourtant particulièrement nécessaire dans le post-partum.

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