Le contrôle de l'application de la législation du travail est la prérogative des
organismes de contrôle et leurs moyens d'exécution que sont l'inspecteur du
travail, le conseil consultatif du travail, le comité technique consultatif d'hygiène
et de sécurité. Cette partie comprend aussi les moyens de contrôle et les
obligations des employeurs
3.Pour ce qui est des sanctions, l'Avant-projet se
contente d'énoncer les infractions pénales et laisse le soin aux Etats membres
d'en déterminer les peines.
Traditionnellement, la loi et le règlement, modes de création unilatérale du droit,
constituent les sources déterminantes. L'ensemble des règles ainsi dégagé a été
rassemblé dans le Code du travail, dont le premier livre fut promulgué en 1910
en France. Si l’on s’en tient uniquement aux textes, il faut reconnaître que tout a
1 Concernant la durée du travail, l’avant projet renvoie son application aux textes réglementaires nationaux pour l’ensemble des branches d’activité ou pour une branche particulière.
2 Art. 226 APAUDT
3 Ces obligations sont : la déclaration de main d'œuvre, le bilan social (pour les entreprises ayant un effectif supérieur à 100 travailleurs) les registres d'employeurs etc.
été mis en place pour que le droit du travail soit présent dans la réalité sociale.
Au Mali, l’adoption d’un nouveau Code du travail en 1992 va d’ailleurs dans ce
sens. Ce droit s’applique aux relations entre travailleurs et employeurs.
Toutefois, le risque de confusion existe souvent s’agissant de ces relations, le
travail étant une notion aux multiples acceptions.
21. Le travail peut renvoyer aussi bien aux activités que l’on observe dans le
monde rural, qu’à celles que l’on retrouve en ville et qui ne font l’objet d’aucune
réglementation. Mais, la catégorie qui retiendra l’attention ici, est le travail
subordonné salarié sur lequel le droit du travail porte. Il convient de préciser
que ce type de relations est relativement récent puisqu’il apparaît avec la
révolution industrielle.
Quand on observe la situation des pays africains à l’heure actuelle, on peut
comprendre que le droit du travail ait du mal à s’imposer. On est en effet, en
présence d’entités avec des taux d’urbanisation peu élevés. Les projections pour
l’an 2000 prévoyaient un taux de 34,3% pour l’Afrique subsaharienne. A partir
d’un tel chiffre, il est aisé de comprendre que les salariés ne vont pas constituer
la majorité des travailleurs. De ce fait, le droit du travail lui-même aura une
portée très limitée.
22. Il y a, le fait que comme partout en Afrique, l’emploi dans le secteur
structuré n’est pas particulièrement important. Si l’on s’en tenait seulement aux
textes, le salarié devrait être la personne « qui s’est engagée à mettre son activité
professionnelle, moyennant rémunération, sous la direction et l’autorité d’une
personne physique ou morale, publique ou privée appelée employeur »
1. Avec
cette définition, le champ d’application du droit du travail serait
particulièrement étendu. Il semble toutefois que pour cerner la réalité du travail
subordonné salarié dans les secteurs structurés, il faudrait tenir compte des
dispositions du Code du travail. Le secteur structuré est celui où celles-ci
s’imposent. Il n’est pas rare en effet, de voir des travailleurs s’engagés sur des
bases qui se situent aux antipodes de ce que prévoit le Code du travail.
Ces différentes sources sont applicables et aussi sont confirmées par la
jurisprudence. Mais, au-delà de l’autonome du système juridique des deux pays,
la jurisprudence française est « un laboratoire » pour celle du Mali. A cet effet,
le juge malien n’hésite pas à y faire référence soit pour définir une notion, soit
une faute
1. Aussi, comme disait Jean DEPREZ : « il reste souhaitable que les
Etats africains continuent à puiser dans le droit français quelques principes bien
établis, dans la mesure où ils sont compatibles avec les nécessités du moment »
2.
Il est vain, à ce niveau, de vouloir transposer en l’Afrique tous les principes du
droit du travail français. L’Afrique d’aujourd’hui n’est ni l’Europe ni
l’Amérique. Ainsi la question de Q.P.C (Question Prioritaire de
Constitutionnalité) de l’application de la jurisprudence française au Mali
peut-elle être posée. Au Mali, il est de coutume de faire référence ou de citer
purement et simplement les arrêts de la Cour de cassation française dans les
décisions du Tribunal du Travail. En effet, les années 1995 et 1996 ont vu se
développer entre BAMAKO et PARIS de fructueux échanges entre les deux
Cours constitutionnelles
3. Auparavant des études conjointes théoriques menées
par des constitutionnalistes et des hommes politiques de ces deux pays avaient
débouché pour le Mali, après la victoire du mouvement démocratique, sur une
Constitution adoptée par référendum et publiée le 25 février 1992. C'est la mise
en place des « outils constitutionnels » prévus par la nouvelle loi fondamentale
malienne qui a été au centre du dialogue franco-malien.
1 Tribunal du travail de Bamako. Affaire BOCOUM contre RANGOLD citant dans la décision du 16 juin 2005, Cass.Soc.12 février 1981, n°79-41.264, cah. Prd’h.1981. V aussi, le paragraphe sur la perte illégitime d’emploi.
2 V. infra Jean DEPREZ, Professeur à la Faculté de Droit et des Sciences économiques de Dakar, site Afrilex, p
3
Georges ABADIE ( ancien membre du conseil constitutionnel en France 1992-2001)- Cahiers du Conseil constitutionnel n° 2 (Dossier : Mali) - mai 1997