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III. Des logiques de diffusion et d'interdépendance dans les avancées scientifiques

3.4. Le rôle des programmes européens "Biotechnologie" et "Recherche en

3.4.2. Le programme BIOMED 2

Il a pour objectif général, en dehors d'une contribution à l'amélioration de la santé de la population européenne, de renforcer la base scientifique de la compétitivité de l'industrie européenne de la santé et entend à ce titre favoriser le transfert de la recherche vers la pratique clinique en encourageant "l'interaction de toutes les disciplines, de la recherche fondamentale jusqu'à la recherche clinique". Une des caractéristiques spécifiques au programme BIOMED 2 est de ne soutenir des projets de recherche que si la synergie des activités de recherche des Etats membres est plus efficace que l'action isolée, "en respectant les principes de subsidiarité et de valeur ajoutée communautaire", l'accent étant tout particulièrement mis sur cette dernière notion. En dehors des activités horizontales largement comparables en termes de contenu aux précédentes, l'essentiel de la mise en œuvre du soutien communautaire se fait selon la modalité d'actions concertées (éventuellement renforcée par la constitution d'un centre de ressources "nécessaire à l'action de coordination"), même si le programme fait une part plus large que celle accordée par ses prédécesseurs aux actions de recherche à frais partagés, "si nécessaire pour des tâches de recherche spécifiques". En outre, le programme comporte un volet contraignant d'évaluation des projets par des experts (anonymous peer review). Il est par ailleurs explicitement prévu que le programme fasse l'objet de mise en synergie avec les autres programmes des STV (cf. supra) ainsi qu'avec d'autres (Télématique ou Recherche Socio-économique).

Sept domaines de recherche sont prévus (pour une estimation indicative de la ventilation budgétaire, cf. figure 10) : la recherche pharmaceutique (objectif : le développement des bases scientifiques et techniques nécessaires à l'évaluation de nouveaux médicaments et l'étayage des activités de l'Agence Européenne d'Evaluation des Médicaments), la recherche sur la technologie et l'ingénierie biomédicales (améliorer le transfert des résultats de la recherche en ingénierie biomédicale en coordonnant recherche fondamentale et recherche appliquée sur les dispositifs, instruments et techniques biomédicaux), la recherche sur le cerveau (coopération transdisciplinaire et transnationale susceptible de bénéficier à l'industrie, notamment dans les domaines pharmaceutiques et d'instrumentation), recherche sur les maladies ayant "un impact socio-économique majeur", i.e. recherche sur le cancer, sur le SIDA, la tuberculose et autres maladies infectieuses, sur les maladies chroniques et le

vieillissement, en médecine du travail et environnementale, et sur les maladies rares (l'accent étant pour chacune de ces maladies mis sur la nécessaire mise en interaction intégrative de la recherche de base et de la pratique clinique), recherche en santé publique, y compris sur les services de santé, recherche en éthique biomédicale et recherche sur les génomes.

Figure 10 R. pharmaceutique 11% Maladies 42% Cerveau 12% T&l biomédicale 11% Ethique 2% Santé Publique 10% Génome 12%

Ventilation indicative des financements BIOMED 2

Pour ne prendre que le volet génomique du programme BIOMED 2, les objectifs prioritaires affichés apparaissent largement conformes aux lignes de forces jusqu'ici décrites. Il s'agit en effet de consolider et d'adapter les réalisations, activités et infrastructures mises en place dans les programmes précédents, mais aussi de construire un environnement coopératif de la recherche génomique européenne. D'un point de vue thématique, la recherche fondamentale dans le domaine du génome humain est évidemment promue, et l'accent, dans une perspective médicale, est mis sur les études fonctionnelles, ainsi que le développement de technologies "appropriées" et d'application, un intérêt particulier étant porté à la promotion de la thérapie génique somatique, "là où les conditions et l'acceptation justifient un effort ciblé". En outre, la mise en commun et l'harmonisation des banques de données génétiques, comprenant la participation de l'UE dans la gestion des bases de données internationales du génôme humain (GDB, IGB) sont stimulées. La recherche sur le génôme humain doit être effectuée en collaboration étroite avec d'autres activités de recherches soutenues notamment par des programmes nationaux, et doit inversement construire ou maintenir des liens avec les organisations internationales ou les forums pertinents (HUGO).

Eu égard au volume non négligeable des financements engagés par les programmes européens, par rapport aux budgets français de la recherche ou du développement technologique hors grands programmes, l'impulsion insufflée par la dynamique européenne pourrait contribuer à restructurer les modes de fonctionnement de la recherche publique et privée en France. En particulier, l'accent mis sur la coopération non seulement transnationale, mais aussi transdisciplinaire et trans-organisationnelle (dans le sens d'une plus grande intégration entre science et industrie), ainsi que la substitution à une logique de financement pur, d'une logique d'incitation centralisée au niveau européen, axes prioritaires de l'action communautaire, cherchent à renforcer les bases d'un mode d'organisation de la recherche plus ouvert sur les applications économiques (multiplication des partenariats et confrontation de champs de recherche et d'action décloisonnés) donc considérée comme plus efficace selon les requisits actuels de compétitivité internationale. Même si, selon D. Pestre (1997), ce mode de production des savoirs scientifique a historiquement été dominant depuis le 18ème siècle, l'extension quantitative des pratiques privilégiées par ces programmes peut conduire à un changement qualitatif du système d'ensemble de la recherche. Au-delà de la stimulation de la diffusion des connaissances entre pays membres, ces politiques tendent en effet à des effets de normalisation dans la production des savoirs, et de constitution de standards technologiques et organisationnels, et peuvent être reliées à la diffusion d'un "modèle" rénové de mode de production de la recherche.

3.5. L'importation d'un "modèle" idéal-typique de production des