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Le programme AMICA, une opportunité de mise en circulation des pratiques et réflexions

B. L’adaptation au changement climatique, quelle prise en compte des vulnérabilités

B. 2. Le programme AMICA, une opportunité de mise en circulation des pratiques et réflexions

L’originalité du programme AMICA réside dans l’importance donnée au volet adaptation et à la volonté de promouvoir une action publique en matière de climat qui ne se limite pas aux mesures de réduction des émissions, ou au contraire à une focalisation sur l’adaptation pour les territoires les plus affectés.

“Once climate change related disasters are accumulating, local and regional policy will be tempted to oncentrate on risk management and adaptation measures, shifting the focus away from the precautionary strategy of mitigating climate change. In doing so, municipalities and regions would not only disregard their own responsibility for climate change, but would, moreover, neglect the opportunities connected to mitigation. Within the context of limited resources, a set of climate policy actions that takes into account the synergies and trade-offs between mitigation and adaptation will have important benefits. Therefore, a combination of adaptation and mitigation strategies would lead to optimal results in terms of resilience, environment, and local economy. The aim of the European project AMICA is to develop local and regional strategies which adopt a comprehensive approach to climate change.”

“AMICA - Adaptation and Mitigation – an Integrated Climate Policy Approach”, Plaquette de Climate Alliance présentant le programme AMICA, 2 pages [http://www.hespul.org/IMG/pdf/AMICA_leaflet_presentation.pdf]

La participation de l’agglomération lyonnaise au programme AMICA ne résulte pas tant d’une volonté préalable au sein de la Communauté Urbaine de se positionner sur les enjeux d’adaptation que d’un concours de circonstance, dans le cadre des liens entretenus avec des organismes extérieurs, en l’occurrence HESPUL. La mise en place du Plan Climat Territorial de Lyon a coïncidé avec le recrutement à HESPUL d’un chargé de mission anciennement en poste à l’ADEME comme responsable des Plans Climats territoriaux, alors en lien avec Alliance Climat. Ce dernier a porté à connaissance la démarche AMICA au Grand Lyon, qui a choisi d’y adhérer à partir de mi-2005 et jusqu’à la fin de 2007. D’emblée, la prise en compte du volet adaptation est présentée comme un atout pour l’agglomération qui verrait conforter son image de collectivité novatrice en matière d’environnement. « Si la France ne brille pas au niveau européen pour sa gestion territoriale du changement climatique, le programme AMICA est l’occasion d’enrichir la réflexion locale par un travail avec le plus ancien réseau de collectivités européennes sur ce thème, Climate Alliance, et de faire entrer, pour la première fois en France dans un plan climat territorial, la prise en

compte de la nécessaire adaptation au réchauffement climatique. »60

L’intégration du Grand Lyon au programme AMICA a donné lieu à la réalisation d’une étude visant à mesurer la vulnérabilité du Grand Lyon à l’égard de trois types de risques : la ressource en eau, les pics de chaleur et les inondations. De cette étude il ressort que les pics de chaleur sont la principale vulnérabilité affectant le territoire lyonnais. Toujours d’après cette étude, les effets annoncés du changement climatique ne présentent pas en revanche de risque particulier à l’égard de la ressource en eau ni des inondations.

En outre, une analyse de la presse locale et nationale a été réalisée dans le cadre du projet AMICA, dans le but de mettre en évidence comment sont perçus et relayés les enjeux en termes d’atténuation et d’adaptation. Il s’avère que l’association entre les évènements météorologiques et le changement climatique est très récente, et, d’autre part, que la place faite à l’adaptation est minime, les démarches d’atténuation étant largement privilégiées.

A travers la réalisation de ces études et les échanges entre partenaires locaux et européens, la participation de l’agglomération lyonnaise au programme AMICA a engendré deux dynamiques parallèles qui ont trait à la circulation d’expertise et le partage d’expérience.

D’une part, la démarche AMICA consiste en des échanges avec d’autres agglomérations européennes. Les acteurs lyonnais ont ainsi été amenés à rencontrer leurs homologues de plusieurs villes européennes confrontées à des risques similaires ou différents. En juin 2007, c’est Lyon qui est organisatrice d’une rencontre entre les membres européens.

A cette mise en circulation externe s’ajoute un effet de mise en circulation « interne » entre le Grand Lyon et des institutions et organismes locaux, mais aussi au sein même de la Communauté Urbaine. Ainsi les travaux (évoquées plus haut) relatifs à l’étude de la fonction

60

de climatisation de la végétation urbaine menés au sein du service arbre et paysage sont en voie d’être intégrés au projet AMICA et au Plan Climat. Le service Santé/environnement de la DDASS, responsable de la gestion de canicule, mais également porteur d’une appréhension de la question climatique plus large, est également associé au programme. Aussi, de la même manière qu’il a contribué à organiser les mesures à l’œuvre en matière de réduction, le projet AMICA offre l’occasion d’une mise en cohérence des mesures existantes en matière d’adaptation.

“The climate action plan of the Greater Lyon was decided in 2004. No specific work has been done on the question of climate change adaptation until the AMICA program.

Some measures have nevertheless already been put into practice: - Mediterranean trees planting

For the green places, like public parks, the Greater Lyon has changed the kind of tree species that are planted: some more Mediterranean ones are used, so they can be more adapted to the new climate in a few decades. The use of pesticides has also been stopped, which is useful for the biodiversity

- Water supply

A work is in progress regarding Lyon vulnerability for water supply: the water table is closely studied and forecats are meade to see how climate change will affect it.

- Heat wave information system This measure is a national one - Ozone information system:

Also a national measure, but Lyon is a city with frequent ozone pollution peaks. Transportation limitation like speed limits occur regularly”

Source : “Climate Change adaptation policy of the Greater Lyon : Assessment report of the status quo of the local authority”, draft document, updated August the 28th, Technical report for the second semester of the program for the 3 partners (document d’étape du projet AMICA)

Aussi, ce projet joue comme un catalyseur de démarches sectorielles engagées au sein des services de manière isolée. La fonction d’échange et de mise en circulation de pratiques entre acteurs locaux est alors primordiale. Finalement, il ne s’agit pas tant d’élaborer une politique climat ex nihilo que de requalifier des mesures déjà à l’œuvre, instaurées au sein des services et institutions au gré des problèmes rencontrés. Or, cette fonction de rencontre entre acteurs isolés est importante dans la mesure où l’enjeu climatique en général mais surtout le volet adaptation n’est pas porté politiquement.

La démarche AMICA est en effet exclusivement portée techniquement. « Depuis Kyoto, les élus sont conscients de la réduction, mais le volet adaptation n‘est pas défini

comme un axe de travail par les collectivités. Ça n’est pas mûr. »61. « Avec les autres élus on

n’a pas encore vraiment eu de discussion politique sur la nécessité de s’adapter au

changement climatique. On est à la préhistoire de la prise en compte du problème. »62

Les difficultés de prise en compte de la dimension adaptation sont à mettre en lien avec le fait que les personnes engagées sur la question climatique -associatifs, techniciens, administratifs et élus- sont principalement issues du secteur des énergies renouvelables, et sont de fait davantage sensibilisées et compétentes en matière d’atténuation. Comme le souligne un responsable associatif « pour travailler sur l’adaptation il y a besoin de gens qui soient formés sur la gestion des risques. L’adaptation est confiée aux mauvaises

personnes »63. Il s’agit bien d’introduire au sein des services une nouvelle culture du risque.

« L’adaptation est un volet très intéressant au niveau de l’urbanisme, en faisant rentrer dans les services urbains une thématique risques dans la construction de l’urbain. C’est dans notre corps de métier DGDU et on peut mettre en évidence les gains : être prêts/ nouveaux risques.

61

Chargé d’études environnement, Agence d’urbanisme de Lyon, 24 janvier 2007.

62

Elue du conseil communautaire du Grand Lyon, groupe des Verts, 27 février 2007.

63

Pour l’instant ça n’a pas été très reçu par les politiques, mais je pense que c’est récent et

avec les premiers résultats qu’on sort ça va changer. »64

Le travail de caractérisation et d’anticipation des risques associés au changement climatique, réalisé dans le cadre d’AMICA, est à même de venir implémenter l’appréhension des vulnérabilités et des inégalités territorialisées. Aussi, il convient de se pencher précisément sur l’inscription spatiale des effets attendus et/ou avérés du changement climatique.