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La profondeur de labour

Le labour profond a un effet déterminant sur la teneur en carbone organique de la couche de sol concernée par l’analyse de terre.

Exemple, une terre labourée à 25 cm et qui contient 10 g/kg de matière organique, si elle est ensuite labourée à 35 cm, le taux de carbone organique va être de 7 g/kg. Il va y avoir un effet dilution. À l’inverse, si l’on remonte en profondeur de labour, la concentration de matière organique va être plus élevée sur la partie superficielle.

Le risque, dans ce cas-là, est de créer une semelle de labour.

(Chambre d’Agriculture de Picardie et Agro-Transfert Ressources et Territoires 2007)

Sol hydromorphe à GLEY de zones humides Crédit : Sanchez A./Chambre d’Agriculture de la Creuse

NON-LABOUR OU TECHNIQUES CULTURALES SIMPLIFIÉES

Quelles sont les pratiques du non-labour ?

• Le semis direct 2 à 5 cm

Cette technique correspond à une démarche de simpli-fication des pratiques très avancée. La préparation du sol et le semis sont réalisés en un seul passage avec un outil. Le travail du sol est limité au rang de semis et reste très superficiel (quelques cm). L’objectif est de limiter au maximum les perturbations verticales du sol et d’aug-menter au maximum la couverture par les résidus.

Les outils les plus souvent utilisés sont des semoirs à disques, mais l’on observe depuis peu le développement de semoirs à dents. S’il y a une forte présence de rési-dus, les disques permettent d’éviter des bourrages mais ont tendance à plaquer les résidus au fond de la ligne de semis.

• Le travail en bandes

Ce type de travail s’effectue sur 10 à 15 cm de largeur.

Il désigne un travail du sol plus ou moins localisé sous la future ligne de semis (strip-till). Cette technique est utili-sée sur les cultures qui se sèment avec un écartement important entre rangs. L’intérêt est de ne pas travailler le sol sur toute la surface tout en assurant un bon dé-marrage de la culture en travaillant le sol sous la ligne de semis.

• Le travail superficiel

De 5 à 15 cm de profondeur, il induit un mélange des résidus de culture dans le volume travaillé.

On distingue :

- le travail très superficiel à 5 cm, il permet de laisser plus de résidus en surface pour limiter l’érosion,

- le travail superficiel à 10-15 cm, ameublit davantage le sol et contribue à mieux incorporer les résidus.

La limite de 10 cm est assez arbitraire, mais elle a l’avan-tage de distinguer les techniques de non-labour qui font appel à une fissuration “profonde” du sol avant l’implan-tation de la culture, des autres techniques qui concernent seulement l’horizon de surface pour préparer le lit de se-mences. Le non-labour superficiel est réalisé par des ou-tils animés ou des déchaumeur. Ex : Sème exact.

Le travail profond 15 à 30 cm (décompactage, pseudo-labour...)

Dans cet ensemble de pratiques, l’agriculteur réalise au moins un passage d’outils à dents à plus de 15 cm pour fissurer le sol.

Selon l’aptitude des matériels à plus ou moins bou-leverser la couche travaillée, on peut distinguer deux types de non-labour profond :

- le pseudo-labour qui brasse et mélange la couche travaillée et qui est réalisé avec des outils comme les chisels, les cultivateurs lourds, la machine à bêcher, la charrue déchaumeuse...

- le décompactage qui fissure sans brasser la terre et qui est réalisé avec des décompacteurs à dents droites ou obliques.

(Chambre d’Agriculture de Midi-Pyrénées 2006) (Chambre d’Agriculture de Bretagne 2014)

• Le déchaumage

Le déchaumage est une opération superficielle de travail du sol, qui consiste à arracher et enfouir les plantes le-vées, les graines tombées au sol et les chaumes d’une jachère, d’une friche, d’une culture intermédiaire ou de la culture précédente. Différents objectifs agronomiques peuvent être visés : enfouir les résidus de culture, détruire les adventices, gérer les ravageurs, préparer le semis.

Quelques définitions...

Sous-solage : opération dont le but est de régénérer la structure des horizons de sol situés sous le fond de labour. Réalisé avec un outil à dents droites (sous-soleuse) cette opération poursuit deux buts principaux : améliorer la croissance en profondeur des racines et favoriser le drainage de l’eau en excès.

La profondeur de travail varie de 50 à 85 cm.

Décompactage : technique de travail du sol profond, sans retournement qui se distingue du sous-solage par une profondeur de travail inférieure (qui ne dépasse pas le fond du labour).

On peut réaliser un décompactage à l’aide d’outils non animés à dents (cultivateur lourd) ou à disques (charrue à disque) et d’outils animés par la prise de force du tracteur (cultivateurs rotatifs à axe horizontal).

TRA V AIL DU SOL

Suivant les objectifs et les conditions pédo-climatiques de la parcelle, le type d’outils est à adapter.

Les outils travaillent à des profondeurs différentes, peuvent avoir des dents avec des socs différents et/ou des disques et/ou des rouleaux.

Par exemple, pour des faux-semis il est conseillé de ne pas réaliser de faux-semis trop profonds, supérieur à 7-8 cm, car cela risque de faire remonter des graines d’ad-ventices qui n’auraient pas germé à cette profondeur.

Cette opération est réalisée en un ou plusieurs passages à une profondeur variant de 10 à 15 cm.

Les déchaumeurs sont soient à dents soient à disques ou les deux. Le choix dépend des objectifs agrono-miques ainsi que du type et la structure du sol.

Par exemple, pour des faux-semis il est conseillé de ne pas réaliser de faux-semis trop profond, supérieur à 7-8 cm, car cela risque de faire remonter des graines d’ad-ventices qui n’auraient pas germé à cette profondeur.

En cas d’adventices developpées, le déchaumage profond est plus efficace

Le déchaumage profond se justifie quand il s’agit de détruire des adventices déjà développées. Il en découle un classement presque inversé entre l’aptitude à faire lever et l’aptitude à la destruction des adventices des différents outils de déchaumage. Le meilleur compro-mis semble résider dans les outils capables de travailler relativement superficiellement tout en touchant toute la largeur de travail. Les outils dotés de disques avec un écartement serré entre eux ou encore les dents équipées de socs larges semblent en faire partie.

(Jean Pauget. Arvalis Institut du végétal 2015) (Bonin, Gautellier Vizioz, et Metais. Arvalis Institut du Végétal. 2016)

LE FAUX SEMIS

Un faux-semis est un travail superficiel du sol (moins de 5 cm de profondeur) qui a pour objectif de stimuler la levée des adventices puis de les détruire avant l’implantation de la culture, et ainsi de diminuer le stock de graines d’adventices dans le sol. Sa réussite repose sur le choix de bons outils sur les adventices ciblées et reste dépen-dante des conditions climatiques.

Sur les parcelles les plus infestées, plusieurs faux semis peuvent être réalisés. Leur nombre dépend du temps de travail, du climat de l’année et des rotations pratiquées.

En cas de faux semis multiples, il est recommandé de respecter certaines règles :

• réaliser des faux semis de moins en moins profonds afin de ne pas faire remonter de nouvelles graines,

• ne pas laisser les adventices trop se développer car leur destruction mécanique risque de devenir compliquée : le stade optimal est entre “filament” et “cotylédons”,

• ne pas réaliser de faux-semis trop profond, supérieur à 7-8 cm, car cela risque de faire remonter des graines d’adventices qui n’auraient pas germé à cette profon-deur,

• il faut être vigilant à de pas toujours intervenir sur sol ressuyé, afin de ne pas pénaliser la structure du sol.

CONSÉQUENCES DES DIFFÉRENTES PRATIQUES DE TRAVAIL DU SOL

COMPOSANTE BIOLOGIQUE DES SOLS ET MATIÈRE ORGANIQUE

Stockage de carbone

L’une des caractéristiques du labour est d’enfouir la matière organique en profondeur, on peut donc se de-mander quelles sont les conséquences d’un travail du sol plus simplifié.

Essai en agriculture biologique Résultats après 10 années d’expérimentation

Pérès, 2014-Projet SUSTAIN (Snowman Notwork) (Joséphine Peigné et Heddadj 2016) 6 Soil organic matter content (%) 0

0 - 5 cm 5 - 15 cm 15 - 25 cm

■ L_25 ■ L_18 ■ TR_15 ■ TR_8

TRA V AIL DU SOL

On observe sur le graphique une augmentation signifi-cative du stockage du carbone dans les premiers hori-zons du sol (0-5 cm) en ce qui concerne les pratiques de non-labour. En revanche, sur l’ensemble du profil, que ce soit en labour ou non-labour, le travail du sol ne semble pas avoir un impact significatif sur le stock total de car-bone dans le sol.

Il y a donc une concentration de la matière organique dans les premiers horizons du sol en cas de non-labour.

Microorganismes

Essai en agriculture biologique Résultats après 10 années d’expérimentation

Pérès, 2014. Projet SUSTAIN (Snowman Network)

Le travail très superficiel semble avoir un effet positif sur la biomasse microbienne. On observe notamment une transition relativement importante lorsque que l’on passe à un travail avec non retournement du sol à 15 cm.

Les résultats des expérimentations présentées ci-des-sous montrent, quelles que soient les cultures, que la po-pulation lombricienne (vers de terre) est plus importante en biomasse pour le travail du sol très superficiel.

(J. Peigné et al. 2009)

Cependant, cette évolution de la population des lombri-ciens semble être plus corrélée à la rotation et au vert végétal qu’à la pratique du travail du sol. Le cou-vert végétal fournit, entre autres, des ressources à ces macro-organismes.

En effet, les expérimentations montrent qu’après des-truction de ce couvert végétal, on observe une baisse de la présence de ces lombriciens.

STRUCTURE PHYSIQUE DU SOL

Une des fonctions du labour est d’augmenter la porosité structurale du sol, le labour possède en effet un fort pou-voir de fissuration. Des études ont été faites pour com-parer l’évolution du pourcentage de zones non compac-tées dans les 30 premiers cm du sol sur trois ans.

(J. Peigné et al. 2009)

On retrouve un plus fort pourcentage de zone tassées dans les sols travaillés superficiellement.

0,48 a

superficiel 8 cm Travail très

superficiel 15 cm Labour

argonomique Labour

2Biomasse lombridienne en g/m 0

2004 luzerne

état initial 2005 maïs semis-direct sous couvert

2006 soja 2007 blé d’hiver

■ Labour traditionnel ■ Travail très superficiel

50 %

2Biomasse lombridienne en g/m 0

2004 luzerne

état initial 2005 maïs semis-direct sous couvert

2006 soja 2007 blé d’hiver a

■ Travail très superficiel

2007-blé d’hiver (3 ans d’expérimentation)

TRA V AIL DU SOL