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Profil régional des inégalités d’éducation : un lent processus de

Chapitre III. Les effets des inégalités éducatives sur le développement

3.2. Inégalités éducatives et développement humain dans les régions

3.2.2. Les inégalités régionales d’éducation au Maroc 1982-2010

3.2.2.1. Profil régional des inégalités d’éducation : un lent processus de

Le tableau n° 16 montre l’évolution des inégalités éducatives et de la moyenne d’années de scolarisation dans les 14 régions marocaines en 1982, 1994, 2004 et 2010. La dynamique des inégalités éducatives est différente d’une région à

118 une autre. En 1982, les régions du Sud de Souss Massa Draa, Guelmim Es-semara, Taza Al Hoceima Taounate, Marrakech Tensift Al-Haouz, Doukkala Abda et Tadla Azilal affichent les plus fortes inégalités éducatives avec un Gini de l’éducation supérieur à la moyenne nationale (de 0,85 à 0,89). Les régions de Tanger Tétouan, Chaouia Ouardigha et Gharb Chrarda Beni Hssen présentent des niveaux intermédiaires (entre 0,81 à 0,83), en étant légèrement au-dessus de la moyenne nationale. Les inégalités les plus faibles sont observées au Grand Casablanca, Rabat Salé Zemmour Zear, Fès Boulemane, et dans une moindre mesure à Meknès Tafilalet et L’Oriental avec un indice de Gini, qui demeure tout de même relativement élevé et qui se situe entre 0,61 et 0,79.

Tableau 16: Indice de Gini et moyenne d’années de scolarisation par région Région 1982 1994 2004 2010 1982 1994 2004 2010 Gini MAS

Régions du Sud 0,85 0,69 0,59 0,52 1,55 3,12 4,46 5,49 Souss Massa Draa 0,87 0,78 0,68 0,63 1,17 2,16 3,29 3,85 Gharb Chrarda Beni Hssen 0,81 0,73 0,67 0,62 1,96 2,80 3,49 4,03 Chaouia Ouardigha 0,83 0,72 0,65 0,60 1,62 2,87 3,68 4,20 Marrakech Tensift Al-Haouz 0,87 0,80 0,71 0,65 1,39 2,13 3,07 3,85 L’Oriental 0,79 0,70 0,63 0,57 2,14 3,12 3,92 4,66 Grand Casablanca 0,61 0,53 0,47 0,43 4,05 5,23 6,21 6,93 Rabat Salé Zemmour Zear 0,69 0,60 0,54 0,49 3,53 4,64 5,63 6,19 Doukkala Abda 0,85 0,78 0,70 0,65 1,73 2,34 3,14 3,77 Tadla Azilal 0,86 0,77 0,71 0,65 1,41 2,41 3,06 3,65 Meknès Tafilalet 0,79 0,70 0,62 0,57 2,07 3,22 4,17 4,79 Fès Boulemane 0,76 0,68 0,61 0,56 2,53 3,46 4,43 5,17 Taza Al Hoceima Taounate 0,89 0,81 0,73 0,68 1,06 1,96 2,75 3,21 Tanger Tétouan 0,81 0,73 0,65 0,58 2,03 2,71 3,70 4,51

Maroc 0,79 0,71 0,63 0,58 2,13 3,13 4,05 4,72

Source : calculs de l’auteur à partir des données du recensement général de la population de 1982, 1994 et 2004 et de l’ENDPR 2009-2010.

Par ailleurs, les régions qui présentent une moyenne d’années de scolarisation relativement élevée ont une répartition relativement plus équitable de l’éducation mais le coefficient de Gini de l’éducation reste supérieur à 50% dans la plupart des cas. Les régions du Grand Casablanca, Rabat Salé Zemmour Zear, Fès Boulemane et Meknès Tafilalet présentent des niveaux de scolarité supérieurs à la moyenne nationale.

En dynamique, les inégalités ont légèrement baissé dans l’ensemble des régions entre 1982 et 2010. Cependant, les évolutions demeurent contrastées. Elles décroissent par exemple de manière substantielle dans les régions du Sud. Ces régions partent des niveaux d’inégalités les plus élevés en 1982 pour atteindre en 2010 les niveaux des plus faibles.

L’analyse de l’évolution des niveaux de scolarité montre que l’écart entre les régions (la différence entre la valeur maximale et minimale) évolue de façon croissante depuis les années 1980. Il passe de 2,99 années de scolarisation à 3,72 en 2010. Dans un contexte de fortes inégalités au niveau national, certaines régions connaissent une baisse plus prononcée des inégalités que d’autres en parallèle à une hausse de la moyenne des années de scolarisation.

119 Une analyse démographique par niveaux d’instruction maximum atteint nous permet de mettre en évidence les caractéristiques du système éducatif régional : la répartition de la population par niveau d’instruction montre en effet que les niveaux d’inégalité relativement faibles dans les régions du Grand Casablanca, Rabat Salé Zemmour Zear, les régions du Sud, Meknès Tafilalet, Fès Boulemane, sont à associer à leurs niveaux de scolarité plus élevés. Il s’agit des premières régions dont les taux d’alphabétisation ont fortement baissé et une large frange de la population a atteint des niveaux supérieurs.

Le développement de la scolarisation au cours des dernières années a permis d’augmenter la proportion de la population scolarisée sans pour autant réduire les écarts entre régions.

Les disparités dans la répartition de l’éducation par niveau scolaire, entre les différentes régions sont de plus en plus visibles aux cycles supérieurs. Six régions présentent des proportions d’illettrées inférieures à la moyenne nationale (Tableau n° 17). Bien que les niveaux de scolarité atteints au niveau primaire sont, dans l’ensemble, similaires entre régions, l’écart de scolarisation augmente à mesure que l’on passe aux niveaux supérieurs (collégial, secondaire et supérieur).

En outre, les régions où la moyenne d’années de scolarisation est importante sont celles où les proportions de la population ayant atteint des niveaux d’enseignement supérieur sont élevés et également où les proportions d’analphabètes sont faibles (elle est inférieure à la moyenne nationale notamment dans les régions du Grand Casablanca, Rabat Salé Zemmour Zear, Meknès Tafilalet, Fès Boulemane et dans celles du Sud). Ces dernières réalisent de bonnes performances compte tenu des proportions importantes de la population ayant un niveau collégial ou secondaire. Enfin, la région de Tanger Tétouan présente une moyenne d’année de scolarisation de 4,51 années en 2010 en raison de la faible proportion de la population ayant atteint le secondaire (7%) par rapport aux autres régions.

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Tableau 17: Répartition de la population âgée de 15 ans et plus par niveau d’éducation atteint par région

Région Néant Préscolaire Primaire Collégial Secondaire Supérieur

1982 1994 2004 2010 1982 1994 2004 2010 1982 1994 2004 2010 1982 1994 2004 2010 1982 1994 2004 2010 1982 1994 2004 2010

Régions du Sud 74,3 54,5 42,1 35,8 5,8 6,0 4,2 2,2 9,1 17,0 19,4 18,7 5,7 11,8 16,9 17,4 3,3 7,5 12,4 19,7 1,8 3,3 5,0 6,2

Souss Massa Draa 78,6 66,4 53,2 46,8 5,6 5,2 3,6 3,6 7,9 13,8 20,4 22,8 4,3 7,5 11,6 12,6 2,4 4,6 7,4 9,9 1,2 2,5 3,8 4,1

Gharb Chrarda Beni Hssen 70,5 60,7 52,4 45,2 4,7 3,9 3,4 3,6 11,0 15,7 19,2 22,2 6,6 9,6 12,2 13,8 4,3 6,6 8,5 11,6 2,9 3,4 4,3 3,7

Chaouia Ouardigha 75,1 61,4 51,4 44,0 3,4 2,8 2,2 2,9 9,4 14,9 19,4 22,6 6,9 10,7 13,7 14,5 4,1 6,7 9,3 11,3 1,2 3,5 4,1 4,6

Marrakech Tensift Al-Haouz 78,5 69,1 57,4 48,8 4,7 4,4 3,6 4,2 6,5 11,4 17,5 19,8 5,1 7,2 9,9 11,9 3,0 5,0 7,3 10,5 2,2 2,9 4,2 4,9

l’Oriental 68,9 57,3 47,4 40,5 2,9 2,8 2,4 1,4 12,9 18,0 22,6 25,2 7,8 10,8 13,4 15,0 4,6 7,0 9,0 12,1 2,9 4,0 5,2 5,8

Grand Casablanca 44,9 34,5 27,8 23,5 4,1 3,4 2,1 1,8 19,8 23,4 23,3 22,3 16,5 17,4 19,4 17,5 10,1 14,1 17,2 24,2 4,5 7,2 10,2 10,7

Rabat Salé Zemmour Zear 55,2 43,9 36,1 31,5 3,8 3,5 2,2 1,7 14,2 18,5 19,4 19,5 12,2 14,0 16,9 17,1 8,3 11,7 14,8 20,4 6,4 8,3 10,7 9,8

Doukkala Abda 76,1 67,6 57,6 51,2 3,9 3,2 2,8 2,4 7,5 12,3 17,0 18,9 5,8 8,3 11,0 12,7 3,2 5,6 8,0 11,5 3,4 3,0 3,7 3,3

Tadla Azilal 78,6 67,8 58,7 51,4 3,6 2,5 2,1 2,4 7,2 11,8 16,8 19,5 5,4 8,8 11,7 13,3 3,5 5,9 7,2 9,6 1,6 3,2 3,4 3,9

Meknès Tafilalet 68,9 56,9 46,9 42,1 3,5 2,7 1,7 1,2 12,6 17,3 20,8 20,4 8,1 11,2 14,8 15,9 4,9 7,4 10,1 13,7 2,0 4,5 5,7 6,6

Fès Boulemane 64,5 55,0 45,1 39,5 4,0 2,9 2,0 1,3 12,2 17,0 20,3 20,8 9,4 11,6 14,7 15,8 6,2 8,0 10,8 13,9 3,6 5,5 7,1 8,6

Taza Al Hoceima Taounate 81,7 71,0 60,6 54,2 4,4 3,9 3,4 3,4 6,4 11,5 16,7 20,2 4,1 7,0 10,2 11,8 2,2 4,2 5,9 7,5 1,2 2,4 3,1 2,8

Tanger Tétouan 66,2 56,8 46,3 36,8 9,2 8,9 7,6 8,2 10,2 15,5 19,9 22,1 6,6 9,3 12,7 16,0 4,1 6,0 8,2 11,1 3,6 3,5 5,3 5,7

Maroc 68,7 57,5 47,6 41,1 4,5 4,0 3,1 3,0 11,0 16,0 19,8 21,3 8,0 10,7 13,7 14,7 4,9 7,5 10,1 13,8 2,9 4,3 5,8 6,1

121 Entre 1982 et 2010, la durée moyenne de scolarisation au niveau national a été multipliée par 2. Cette augmentation est inégalement répartie entre les régions : 4 années de scolarisation de plus pour les régions du Sud, moins de 2,5 années pour les régions Doukkala Abda, Gharb Chrarda Beni Hssen, Taza Al Hoceima Taounate, Tadla Azilal, Marrakech Tensift Al-Haouz et Tanger Tétouan (Tableau n° 17).

Quatre groupes peuvent être distingués selon la valeur de la moyenne d’années de scolarisation en 2010. Le premier groupe est constitué du Grand Casablanca et de Rabat Salé Zemmour Zear qui présentent une durée moyenne de scolarisation supérieure à 6 années. Le deuxième groupe comprend les régions du Sud, Fès Boulemane et de Meknès Tafilalet avec une moyenne supérieure à celle enregistrée au niveau national (4,72 années) et inférieure à 6 années de scolarisation. Le troisième groupe réunit les régions de l’Oriental, Tanger Tétouan, Chaouia Ouardigha et Gharb Chrarda Beni Hssen, et se distingue par une moyenne inférieure à la moyenne nationale mais qui demeure supérieure à 4 années de scolarisation. Le quatrième groupe, est composé des régions de Souss Massa Draa, Marrakech Tensift Al-Haouz, Doukkala Abda, Tadla Azilal, et Taza Al Hoceima Taounate. Il présente à la fois un niveau moyen d’éducation faible (inférieur à 4 années) et un indice d’inégalité de l’éducation assez élevé (supérieur à 0,63).

La région de Taza Al Hoceima Taounate présente le niveau de scolarité le plus faible, et ce depuis 1982. La région du Grand Casablanca conserve la première position avec un niveau moyen de scolarisation élevé. L’écart entre ces deux régions ne cesse de se creuser au fil du temps (il est de 2,99 années en 1982 ; de 3,27 années en 1994, de 3,45 années en 2004 et de 3,72 années en 2010). Les différences absolues entre les régions ne sont pas restées les mêmes entre 1982 et 2010. Mise à part les régions du Sud qui, partant des niveaux de scolarisation faibles, ont connu une croissance plus forte en termes de durée de scolarisation. Les autres régions qui au départ avaient une faible dotation éducative n’ont pas connu des rythmes de croissance soutenus. Ce schéma d’évolutions contrastées entre les régions montre toutefois un processus de divergence.

En 1982, le taux d’analphabétisme dans les régions marocaines atteignait 82% (enregistré pour la région de Taza Al Hoceima Taounate). Par contre, il a fortement baissé en 2010 et se situe entre 23% et 54%. Notons que les disparités entre les régions en termes de proportions de la population ayant atteint le niveau primaire, plus visible 1982, ont largement baissées en 2010. Par contre, les régions divergent en ce qui concerne la proportion de la population qui atteint le niveau secondaire. L’expansion de l’enseignement secondaire a concerné principalement les régions du sud, du Grand Casablanca, Rabat Salé Zemmour Zear, Meknès Tafilalet et Fès Boulemane.

3.2.2.2. Des inégalités de genre et de milieu plus prononcées dans les régions