• Aucun résultat trouvé

Le profil de niveau de vie sur cycle de vie selon la configuration familiale

Dans le document Rapport annuel du COR novembre 2020 (Page 164-167)

Chapitre 6. Le niveau de vie des retraités

4. Le profil de niveau de vie sur cycle de vie selon la configuration familiale

Les indicateurs de niveau de vie présentés précédemment comparent les actifs et les retraités à une même date. Ils comparent donc des assurés de générations différentes. Une autre approche pour évaluer si le système de retraite assure un niveau de vie satisfaisant aux retraités consiste à comparer le niveau de vie d’un même assuré au cours de sa vie active et au cours de sa retraite, en suivant le niveau de vie de cet assuré tout au long de son cycle de vie. L’analyse qui suit présente le profil du niveau de vie au long du cycle de vie, sur la base d’un cas type.

Cette analyse complète celles qui s’appuient sur des taux de remplacement individuels et qui comparent pension à la liquidation et revenu d’activité en fin de carrière. Ces dernières rapprochent le montant de ces revenus personnels, mais elles ne prennent pas en compte l’évolution, entre les périodes d’emploi et les périodes de retraite, des charges familiales et de certains prélèvements.

Le COR a défini une famille type à partir du cas type de non-cadre du secteur privé138. On

considère un couple avec enfants (le cas type est décliné avec zéro, un, deux ou trois enfants), dont les deux conjoints effectuent la même carrière continue de non-cadre du secteur privé. On suit le cycle de vie de cette famille depuis la mise du couple (vers 20-25 ans) jusqu’au décès des deux conjoint, la femme survivant à son conjoint. L’âge de chaque conjoint lors des étapes successives du cycle de vie (mise en couple, naissance des enfants, autonomie des enfants, retraite, décès de l’homme puis de la femme) a été déterminé pour chaque génération d’après les comportements moyens observés dans la population139.

Le profil de niveau de vie simulé au long du cycle de vie correspond à une génération virtuelle qui se verrait appliquer en permanence la législation actuelle en matière de retraites, de prestations familiales et de fiscalité. Ainsi, pour les étapes du cycle de vie et pour la retraite, on retient les paramètres d’une génération qui débute actuellement sa vie active (en l’occurrence la génération née en 2000), de sorte que l’acquisition des droits à la retraite puis la liquidation de la pension sont entièrement projetées selon la législation actuelle en matière de retraite. Pour les prestations familiales, la fiscalité (impôt sur le revenu) et les prélèvements sociaux (cotisations sociales, CSG, etc.), on applique les barèmes en vigueur en 2019140.

Afin de neutraliser les effets de la croissance économique (on retient ici le scénario 1,3%), qui se traduit en principe par une augmentation tendancielle des revenus au long du cycle de vie, la trajectoire de niveau de vie est déflatée de la croissance du SMPT, les résultats étant présentés en euros 2020 par mois et par unité de consommation.

138 Cas type n°2 du COR.

139 Voir la séance du COR du 17 avril 2019

140 Les salaires et les pensions projetées pour la génération 2000 sont déflatés de la croissance future du SMPT,

afin de se ramener en revenus équivalents de l’année 2020, auxquels on applique les barèmes en vigueur sur les revenus de 2020.

161

Le niveau de vie ainsi simulé diminue entre 30 et 50 ans au fur et à mesure que les enfants naissent et grandissent, la progression des salaires avec l’ancienneté ne compensant pas le coût des enfants (estimé par le nombre d’unités de consommation). Ensuite, une fois les enfants devenus autonomes, le niveau de vie atteint son maximum en fin de carrière. Il chute lors du départ à la retraite, puis tout au long de la période de retraite. Enfin, lorsque le mari décède, le niveau de vie du conjoint survivant est un peu plus élevé, car les règles actuelles de la réversion vont au-delà du maintien du niveau de vie dans le cas d’un couple dont les deux conjoints perçoivent le même montant de pension (ce qui est supposé dans notre cas type).

La baisse des revenus lors du départ à la retraite correspond à celle mesurée par l’indicateur habituel de taux de remplacement du salaire par la retraite, qui est estimé à 65 % pour la génération 2000141 et pour le scénario 1,3% (soit une baisse du niveau de vie d’environ 34 % entre le moment où les deux conjoints sont actifs et le moment où ils sont tous deux à la retraite).

Figure 2.37 – Profil du niveau de vie sur cycle de vie,

simulé pour une famille type, couple de non-cadres avec 0 à 3 enfants (en euros 2020 par unité de consommation, déflatés de la croissance du SMPT)

Lecture : pour un couple avec deux enfants dont les deux conjoints effectuent une carrière continue de non cadre du secteur privé, le niveau de vie à 70 ans est à peu près égal au niveau de vie à 50 ans (soit 1 766 euros par mois et par unité de consommation, en euros 2020 déflatés de la croissance du SMPT).

Note : calculs effectués pour la génération 2000, avec le scénario 1,3%. Source : calculs DG Trésor et SG-COR

La baisse du niveau de vie au cours de la retraite est en fait une baisse relative, les revenus étant déflatés de la croissance du SMPT : avec une indexation des pensions sur les prix142, le niveau de vie est maintenu en euros constants durant la retraite, mais il baisse relativement au salaire moyen qui progresse.

141 Hors coefficients de solidarité AGIRC-ARRCO appliqués les trois premières années de retraite.

142 Pour le régime de base. Pour l’ARRCO on a tenu compte du récent accord AGIRC-ARRCO, qui prévoit une

indexation selon les salaires diminués de 1,16 %, soit une augmentation du pouvoir d’achat de la pension complémentaire de 0,14 % par an dans le scénario 1,3%.

162

Les calculs sont basés ici sur le scénario 1,3 %. La baisse relative de niveau de vie lors du passage à la retraite, puis durant la retraite, serait plus prononcée avec une hypothèse de croissance plus forte.

Dans le tableau suivant, le graphique précédent est résumé sous la forme d’un indicateur de taux de remplacement sur cycle de vie en termes de niveau de vie, à savoir le rapport entre le niveau de vie durant la retraite (moyenne de toutes les années de retraite, depuis la liquidation de la femme jusqu’au décès de la femme) et le niveau de vie durant la vie active (moyenne de toutes les années de vie active, depuis la formation du couple jusqu’à la liquidation de la retraite de l’homme143).

Tableau 2.19 - Taux de remplacement sur cycle de vie en termes de niveau de vie (rapport entre le niveau de vie durant la retraite et durant la vie active) comparé au taux de remplacement à la liquidation (couple de non-cadres)

nombre d'enfants 0 enfant 1 enfant 2 enfants 3 enfants

taux de remplacement net individuel à la liquidation

homme* 65%

rapport entre le niveau de vie au début de la retraite et le niveau de vie en fin de carrière

… en fin de carrière 65% 65% 65% 69%

rapport entre le niveau de vie durant la retraite et durant la vie active

… durant toute la carrière 61% 70% 76% 87%

Lecture : pour un couple avec deux enfants dont les deux conjoints effectuent une carrière continue de non-cadre du secteur privé, le niveau de vie durant la retraite (moyenne de toutes les années de retraite) représente 76 % du

niveau de vie durant la vie active (moyenne de toutes les années de vie active), les revenus étant déflatés de la

croissance du SMPT.Le rapport entre le niveau de vie au début de la retraite et le niveau de vie en fin de carrière

(65%) correspond à peu près au taux de remplacement individuel.

(*) Taux de remplacement de l’homme, hors majoration pour trois enfants. Le taux de remplacement de la femme est légèrement différent de celui de l’homme du fait de la MDA.

Note : calculs effectués pour la génération 2000, avec le scénario 1,3%. Source : calculs DG Trésor et SG-COR.

Le taux de remplacement sur cycle de vie en termes de niveau de vie se situe entre 61% et 87% selon le nombre d’enfants. Il peut être comparé au taux de remplacement habituel (taux de remplacement net du salaire par la retraite à la liquidation), égal à 65% pour la génération 2000. Pour un couple sans enfant, le taux de remplacement sur cycle de vie en termes de niveau de vie reflète à peu près le taux de remplacement usuel, il est un peu plus faible du fait de la baisse relative des revenus durant la retraite. Pour une famille avec enfants, le taux de remplacement sur cycle de vie en termes de niveau de vie est plus élevé que le taux de remplacement à la liquidation : le niveau de vie à la liquidation est certes plus faible que le niveau de vie en fin de carrière lorsque les enfants sont autonomes, mais il est comparable au niveau de vie en milieu de vie active lorsque les enfants sont à charge.

163

Ces résultats signifient que, si l’on maintenait la législation en vigueur, le système de retraite assurerait à terme à un couple avec deux enfants (situation la plus fréquente) un niveau de vie à la retraite représentant 76 % du niveau de vie de cette famille durant sa vie active. Ce résultat semble cohérent avec la baisse projetée pour le scénario 1,3% du niveau de vie relatif : lorsque la génération 2000 sera à la retraite (au-delà de 2060), le niveau de vie des retraités devrait être sensiblement inférieur à celui des actifs.

Plus le nombre d’enfants est élevé, plus le niveau de vie est faible en milieu de vie active lorsque les enfants sont à charge, d’où un taux de remplacement sur cycle de vie en termes de niveau de vie plus élevé. En outre le couple avec trois enfants bénéficie de la majoration de pension, cette majoration relevant de huit points le taux de remplacement sur cycle de vie en termes de niveau de vie.

Les prestations familiales et la fiscalité (quotient familial) compensent en partie le coût des enfants durant la vie active : elles atténuent la diminution du niveau de vie durant la vie active en fonction du nombre d’enfants, notamment au troisième enfant. Ainsi, pour un couple sans enfant, les prestations familiales et la fiscalité augmentent le taux de remplacement en termes de niveau de vie (il passe de 57 % à 61 %, car le couple est davantage imposé durant sa vie active du fait de revenus plus élevés) : au contraire, pour un couple avec trois enfants, les prestations familiales et la fiscalité diminuent le taux de remplacement en termes de niveau de vie (il passe de 88 % à 87 %, car le couple bénéficie durant sa vie active des prestations familiales et du quotient familial).

Ces résultats ignorent l’impact des enfants sur les carrières des mères et éventuellement des pères, les deux conjoints étant censés effectuer la même carrière quel que soit le nombre d’enfants du couple.

Enfin, ces résultats sur cas type supposent que l’assuré n’épargne pas au cours du cycle de vie et, par conséquent, ne perçoit pas de revenus du patrimoine, ce qui peut notamment conduire à sous-estimer son niveau de vie à la retraite. Les loyers imputés sont de même ignorés. En pratique, les ménages ont la possibilité de lisser leur consommation au cours du cycle de vie en épargnant durant la vie active puis en profitant du patrimoine accumulé au cours de la retraite.

Dans le document Rapport annuel du COR novembre 2020 (Page 164-167)