Chapitre 3 PROPRIETES MAGNETIQUES DES COUCHES MINCES ET
3.3 Multicouches Amorphes Fe/Dy
3.3.3 Influence du profil de concentration
3.3.3.3 Profil magnétique
Dans ce paragraphe, nous étudions plus précisément l’influence de l’interface chimique sur
le profil de l’aimantation de la bicouche en examinant la variation thermique de l’aimantation
par plan. Cette information n’est pas accessible expérimentalement mais elle permet néanmoins
de comprendre le phénomène de propagation de la mise en ordre par le biais des interactions
d’échange à courte portée.
•Profil abrupt
Nous avons représenté sur la figure 3.15 la variation de l’aimantation par plan en fonction
de la température pour certains plans atomiques dans le cas du profil de concentration abrupt.
Figure 3.15 – Variation thermique de l’aimantation par plan d’une bicouche Fe/Dy avec un
profil de concentration abrupt.
Comme nous l’avons observé précédemment, ce sont les plans de Fe qui s’ordonnent à haute
température. Nous constatons par ailleurs que la variation thermique de l’aimantation du plan
de dysprosium situé à l’interface (notéi= 18) est très fortement influencée par la couche de fer
voisine puisqu’il se met en ordre presque à la même température que les plans de Fe, et s’aimante
très rapidement. Par effet de proche en proche, les plans de Dy "suivants" s’aimantent à des
températures de plus en plus faibles jusqu’à l’obtention d’une température de mise en ordre
proche de 250K pour les plans de Dy au coeur des couches (i= 16).
•Profil linéaire
Sur la figure 3.16 qui présente la variation de l’aimantation par plan en fonction de la
tem-pérature avec le profil de concentration linéaire, on constate tout d’abord que le comportement
magnétique par plan est nettement plus complexe que dans le cas précédent. On peut cependant
distinguer deux domaines, le premier pour lequel l’aimantation du plan est dominée par le fer,
le second où la situation est inversée.
Figure 3.16 – Variation thermique de l’aimantation par plan d’une bicouche Fe/Dy avec un
profil de concentration linéaire.
Pour les plans de fer pur (plans 22 à 28,X
Fe= 1), le comportement est analogue à celui des
plans de fer dans le cas du profil de concentration abrupt, la mise en ordre de ces plans a lieu
à haute température avec un comportement identique à celui du composé pur amorphe.
Les autres plans sont soumis à la forte influence des moments magnétiques de Dy répartis
dans le plan puisqu’ils correspondent à des alliages Fe
XFeDy
1−XFe
de concentration décroissante
en fer. Dès que X
Fe= 0,80< X
Fecomp, le dysprosium domine l’aimantation du plan. La mise en
ordre de ces plans intervient à haute température en raison des fortes interactions d’échange
Fe-Fe, induisant une mise en ordre rapide des moments magnétiques de Dy. Plus la concentration
en Dy par plan augmente, plus la température de mise en ordre du plan diminue (diminution
de la concentration en fer) avec une croissance de l’aimantation plus progressive que dans le cas
des plans purs en Fe et Dy. Ces plans ne sont jamais saturés du fait de l’interaction d’échange
Fe-Dy qui couple antiparallèlement les moments magnétiques de Fe et de Dy.
Pour les plans pur en Dy (16 et 17), la mise en ordre magnétique intervient à plus haute
température que dans le cas du composé pur et que dans le cas du profil de concentration
abrupt en raison de l’influence des plans adjacents.
Ces observations nous permettent de conclure que l’interface chimique est différente de
l’interface magnétique. En effet, l’interface magnétique distingue les plans dont l’aimantation
est contrôlée soit par le fer soit par le dysprosium.
•Profil de sonde
Nous avons tracé sur la figure 3.17 la variation thermique de l’aimantation par plan d’une
bicouche Fe/Dy avec un profil de sonde. Nous rappelons que dans ce cas, il n’existe aucun plan
pur en fer ou en dysprosium, et que par conséquent aucun plan n’aura une aimantation saturée.
Figure 3.17 – Variation thermique de l’aimantation par plan d’une bicouche Fe/Dy avec un
profil de sonde.
La variation thermique de l’aimantation par plan dans ce cas est assez semblable au cas du
profil linéaire, avec cependant quelques différences importantes.
Tout d’abord, concernant les plans riches en Fe (X
Fe= 0,90), on remarque que l’aimantation
de ces plans est faible (par rapport à la saturation). Pour les autres plans, l’aimantation est
plus importante puisque la concentration en fer diminue.
Dans ce cas, nous sommes donc en présence d’une couche de 8 plans atomiques dont la mise
en ordre est contrôlée par le Fe, mais dont l’aimantation est faible (i = 22 à 28). On a ensuite
une couche dont l’aimantation est contrôlée par le dysprosium, avec une aimantation d’autant
plus importante que le plan est riche en Dy.
•Alliage homogène
Dans le cas de l’alliage, puisque chaque plan atomique est modélisé par un alliage de même
composition, on obtient pour chaque plan le même comportement aux effets de bords près.
On peut résumer le profil d’aimantation en épaisseur, à basse température, selon le profil
de concentration considéré par la figure 3.18 qui représente le vecteur aimantation par plan.
La direction du vecteur aimantation globale est ici arbitraire puisqu’en l’absence d’un terme
d’anisotropie magnétique dans notre modèle, il n’y pas de direction privilégiée. Une flèche verte
indique que l’aimantation du plan est dominée par le Dy, une flèche bleue indique qu’elle est
dominée par le Fe. La longueur des flèches est proportionnelle à l’aimantation réduite de chaque
plan.
Figure 3.18 – Représentation du profil d’aimantation suivant l’épaisseur à basse température
((a) profil de concentration abrupt ; (b) profil de concentration linéaire ; (c) profil de sonde ; (d)
Alliage homogène).
3.3.4 Modélisation du profil de concentration de l’aimantation dans
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Etude des propriétés magnétiques de multicouches Fe/Dy par simulations numériques Monte Carlo
(Page 82-85)