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Le nombre de professionnels et l’organisation hospitalière, des freins potentiels La Licence Professionnelle de Santé dont j’ai pu bénéficier au cours de l’année et les propos

POUR LA SANTE

2) Le nombre de professionnels et l’organisation hospitalière, des freins potentiels La Licence Professionnelle de Santé dont j’ai pu bénéficier au cours de l’année et les propos

des diverses puéricultrices consultées dans le cadre de mon travail de fin d’études ont facilité chez moi une certaine prise de recul sur le fonctionnement du milieu hospitalier, plus spécifiquement celui en service de Néonatalogie, me permettant d’en mesurer, au moins en partie, l’impact sur la démarche éducative en vue du retour à domicile.

En effet, l’Education pour la Santé en Néonatalogie, sujet que j’ai ciblé, se déroule en milieu hospitalier et donc au sein d’une organisation professionnelle. C’est-à-dire un «Ensemble de relations sociales stables, crées délibérément, avec l’intention d’atteindre des

buts communs.»114 Pour définir le monde hospitalier plusieurs auteurs font référence à la «bureaucratie» comme Max WEBER, économiste et sociologue, et plus précisément à une

114 Mr BERTILLOT Hugo, Enseignant-Chercheur en Sociologie à l’IU2S, séquence d’enseignement en Sociologie

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«bureaucratie professionnelle» telle que la décrite le sociologue et ingénieur de formation Henry MINTZBERG,115 avec une notion forte de hiérarchie entre direction et salariés et plusieurs principes comme la division du travail, le recours à des règles écrites, des membres soumis à l’administration et aux contrôles rigoureux, un recrutement sur la base d’une qualification et une progression de carrière encadrée par des barèmes précis. Les professionnels de santé visés, ici hospitaliers, exercent autour d’un idéal commun admis par tous: Améliorer la santé de la population y séjournant. L’Education pour la Santé y contribue et est une des démarches initiée par les soignants pour atteindre ce but.

Dans mon cadre contextuel, j’évoque le fait qu’il existe des obstacles à la démarche éducative en Néonatalogie dont la multiplication des intervenants et l’environnement de travail (bruit des moniteurs cardio-respiratoires, interruption des temps éducatifs par des collègues, téléphone..).116Ces freins que j’ai pointé lors de la construction de mon projet professionnel ont été repris par les deux tiers des puéricultrices dans les entretiens, notamment la puéricultrice 5 «Les parents se disent parfois un peu perdus car les pratiques diffèrent un peu selon les

soignants. Je pense que c’est soignant dépendant, même moi des fois, concernant les conseils de couchage, je ne sais pas trop si je dois sortir ce terme de «Mort Subite» car ça me fait peur. Certains disent que la peur n’engendre pas forcément un changement de comportement. Donc c’est vrai que c’est délicat de sortir ce mot je trouve. Là par exemple, je viens de parler avec des parents et je n’ai pas dit le terme «Mort Subite du Nourrisson», j’ai dit «Pour qu’il ne coince pas son nez dans le cocon». Après, je ne sais pas comment mes collègues le disent.».

Celle-ci rajoute à un autre moment de l’entretien «Dans mes éducations, j’utilise la

reformulation, forcément, parce que nous sommes nombreux à nous occuper des bébés» et la

puéricultrice 7 «On peut demander de faire répéter ce que nos collègues leur ont dit pour savoir

à quoi je peux apporter des informations complémentaires car nous n’avons pas la même façon d’expliquer et nous sommes une grande équipe».

En outre, l’approche que j’ai pu faire de la Sociologie des Organisations, découverte via la Licence précitée, a également participé à me faire comprendre que chaque professionnel de santé développe des stratégies pour atteindre les objectifs qu’il sait fixé en matière d’Education

115Mr BERTILLOT Hugo, Enseignant-Chercheur en Sociologie à l’IU2S. Séquence d’enseignement en Sociologie

dans le cadre de la Licence Professionnelle de Santé, Mars 2019.

116 Cf Cadre de Référence: III) INFORMATION, PREVENTION PRIMAIRE, SECONDAIRE, TERTIAIRE ET

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(ou qui ont été fixés de manière collégiale au sein du service) et que celles-ci vont dépendre des ressources à disposition et des contraintes organisationnelles limitant sa manœuvre.

Cette organisation professionnelle à type de «bureaucratie» et ces adaptations aux contraintes inerrantes au système hospitaliers sont apparus dans les entretiens de sept puéricultrices sur onze, les même ayant affirmées que les sorties au domicile dans leur service étaient protocolisées. C’est ce que rapporte, entre autres, la puéricultrice 9 «Il faut savoir

qu’avec l’IHAB, on ne doit plus normalement leur montrer une toilette, ils doivent la faire eux- mêmes […] Je trouve cela assez bizarre et je ne suis pas trop d’accord avec ça, j’aime bien donner la première toilette. Ou alors c’est quelque chose que je n’ai pas compris. Du coup, je continue de le faire. Cela me semble logique de le montrer la première fois, pour dédramatiser en quelque sorte le geste de toucher l’enfant. C’est comme laisser faire du peau à peau avec un cathéter ombilical, ils disent maintenant qu’on peut laisser l’enfant en peau à peau autant de temps que le souhaite les parents, alors qu’auparavant c’était une heure. Je suis dubitative concernant le risque infectieux, du coup je le fais mais sur des temps plutôt courts.» Par ces

propos, cette puéricultrice démontre que les professionnels de santé détournent parfois les contraintes imposées par l’administration en le justifiant par l’application de ce qu’ils pensent être le mieux pour l’enfant et sa famille.

Pour pallier à ces contraintes organisationnelles et plus spécifiquement au nombre important de professionnels de santé se succédant de manière plus ou moins sporadique au chevet de la cellule familiale, les puéricultrices interrogées ont très souvent soulevé l’intérêt des transmissions orales et écrites. C’est ce que je vais maintenant m’attacher à développer.