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POUR LA SANTE

3) L’intérêt des transmissions orales et écrites

Les transmissions écrites et orales sont à la fois une obligation médico-légale, mobilisables par les autorités compétentes en qu’a d’incident, accident ou de litige avec les usagers, mais aussi le moyen, notamment par le biais de la traçabilité des actes réalisés auprès des familles, d’assurer une continuité des soins adéquate, cohérente, sécuritaire, en pluridisciplinarité, dans un contexte de hospitalier favorisant le développement d’une culture de l’erreur. Actuellement très présente chez les soignants, elle se traduit par une vigilance accrue concernant le risque de survenue d’évènement indésirable avec une prise de conscience à l’échelle individuelle (sanction, blâme voire rétrogradation selon la gravité de l’erreur pour la ou les personnes qui en sont à l’origine, et dommages avec ou sans conséquences de degrés divers pour l’usager) et collective (Qualité et crédibilité de l’établissement mise à mal à plus ou moins long terme).

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Dans mon projet professionnel à la phase de constat, je souligne l’intérêt des transmissions écrites et orales dans l’optimisation du soutien parental, en permettant aux professionnels hospitaliers de s’adapter au degré d’autonomie acquis par les parents dans la prise en soins de leur enfant.

Dans les différents entretiens réalisés auprès de puéricultrices de terrain, l’aspect médico- légal des transmissions écrites et orales n’est quasiment jamais évoqué au profit exclusif de celui de la continuité des soins et de l’optimisation de la démarche éducative, aboutissant au retour à domicile de la famille.

Les moyens de transmissions énoncés par les onze puéricultrices sondées, sont de trois ordres: Papier (Via les supports papiers spécifiques à chaque service de soins, notamment les classeurs de soins nominatifs pour chaque enfant hospitalisé, où les puéricultrices font de manière manuscrite et horodatée des transmissions précises sur les éducations menées en partenariat avec les parents, et leur avancement dans l’autonomisation aux soins portés à leur nourrisson. Le carnet de santé, document de référence au niveau national fait également partie de cette catégorie), informatique (De plus en plus représenté dans les services de soins avec la recherche de dématérialisation, très prégnante dans notre société actuelle. De nombreux logiciels informatiques ont été créés dans le but de recueillir les transmissions écrites de l’ensemble de l’équipe soignante et ainsi de les centraliser) et oral (En majorité via les temps de transmissions dédiés journaliers, appelés temps de «relève» et existants dans chaque service entre les différentes équipes le composant. Ce temps s’étend le plus souvent sur une vingtaine de minutes.)

Sept puéricultrices décrivent les supports papiers disponibles dans leur service pour les transmissions comme essentiels pour une démarche éducative de qualité en Néonatalogie. En effet, elles précisent que les supports papiers leurs permettent de prendre connaissance de la progression des parents dans leur autonomie face à leur nourrisson et d’adapter les différents temps d’éducation en fonction de ce qu’ils ont déjà intégrés. Mais également de faire le lien avec le réseau de soins extérieur au milieu hospitalier permettant le soutien des parents dans leur parentalité une fois retournés au domicile. C’est ce que souligne les puéricultrices 5 «Comme cela, quand ils sont revus en consultation externe après le retour à domicile, il y a

quand même une trace de ce qui a été abordé avec eux» et 8 «S’il y a un suivi CAMPS ou un suivi PMI par exemple, s’ils ont besoin d’informations, tout est noté, retranscrit dans le dossier» reprise par la puéricultrice 9 «Il y a une feuille de liaison qui est faite avec le médecin traitant reprenant le suivi de l’enfant à la sortie d’hospitalisation.» Par ces propos, ces

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puéricultrices mettent en avant que l’Education pour la Santé des parents d’enfants prématurés débute en service de Néonatalogie mais se poursuit à l’extérieur, une fois retournés à domicile, notamment par le biais des puéricultrices exerçant en PMI.

Cinq des puéricultrices expliquent que le support informatique facilite l’Education pour la Santé en Néonatalogie dans le sens où les informations écrites sont aisément lisibles et rassemblées en un endroit unique favorisant une vision d’ensemble de la démarche éducative. A l’inverse des transmissions écrites sur supports papiers qui peuvent être plus ou moins lisibles et dispersées à plusieurs endroits du dossier de soins.

Sur l’ensemble des professionnelles sollicitées, deux n’ont pas du tout parlé de la traçabilité liée à l’Education pour la Santé en Néonatalogie. Il s’agit de la puéricultrice 2 et 10. Cela ne représente qu’une petite partie des puéricultrices consultées et je peux alors en déduire que les transmissions écrites tiennent une place déterminante dans la démarche éducative livrée auprès des parents en Néonatalogie pour initier un travail en multidisciplinarité et ainsi, faire face à la multitude de professionnels gravitant autour des familles et devant œuvrer en collaboration pour leur autonomisation.

En outre, élément intéressant d’un point de vue sociologique: La seule puéricultrice ayant appuyé l’aspect médico-légal des transmissions écrites et cité le carnet de santé comme support de transmissions entre professionnels est une puéricultrice possédant une grande expérience du métier et faisant fonction de puéricultrice-cadre de santé au sein du service où elle exerce. Je cite: «Le carnet de santé, il est rempli de manière obligatoire par l’équipe médicale et

paramédicale et remis à la sortie de l’enfant pour assurer son suivi[…]On met les rendez-vous dedans.» Ce constat m’amène à émettre l’hypothèse que ce résultat est dû au fait que cette

puéricultrice est plus attentive à l’aspect médico-légal de par ses fonctions d’encadrement ce qui n’est pas le cas de l’ensemble des autres puéricultrices enquêtées.

Enfin, grâce à tous ces entretiens menés, j’ai pu remarquer qu’une partie importante des transmissions était réalisée sous forme orale uniquement, comme l’exprime les puéricultrices 2 «Beaucoup des informations sur l’éducation des parents et les conseils de sortie sont données

par oral lors des temps de transmission, moi je ne mets par écrit que ce qui concerne les problèmes du jour sur le plan respiratoire, digestif…et note aussi si il y a eu des visites.[…]Nous avons pas une traçabilité de tous les appels hormis les enregistrements faits par le standard.» et 4 «Lorsqu’on fait les transmissions après, on va transmettre à la collègue ce qui est compliqué pour les parents et ce qui ce passe bien. On fait vraiment un point.» Les

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transmissions orales permettent une continuité des soins immédiate mais pas sur le long terme. Il n’existe alors aucune garantie sur le plan juridique car la véracité des propos allégués ou leur absence, ne pourra être authentifiée en cas de litige. Sauf si il y a enregistrement, ce qui est exceptionnel sur le terrain et serait par exemple le cas lors de transmissions d’informations via la plateforme téléphonique du standard d’un établissement hospitalier comme a pu le dire la puéricultrice 2.

Maintenant que j’ai détaillé tout ce qui a eu trait à l’Education pour la Santé, ses leviers et ses freins dans l’ensemble des entretiens de puéricultrices réalisés, je vais expliciter au regard de mon cadre de référence tout ce qui a été abordé par les professionnelles de terrain concernant la parentalité et la prise en compte par les soignants de la singularité de chaque couple parental.

IV) LA SPECIFICITE DES PARENTS DE PREMATURES

1) L’état psychique particulier et les représentations des parents confrontés à la