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Professionnel et professionnalisation : des notions problématiques dans les champs

Chapitre 1. La professionnalisation dans l'espace de la production artistique administrée

IV. Professionnel et professionnalisation : des notions problématiques dans les champs

NOTIONS

PROBLEMATIQUES

DANS

LES

CHAMPS

ARTISTIQUES

On ne peut comprendre les formes que prennent les divers processus de professionnalisation à l'intérieur de l'espace de la production artistique administrée et notamment au sein des pôles non institutionnels que dans la mesure où on considère les différentes résistances qu'ils rencontrent.

1 - Vocation vs professionnalisation

Au sein de l'espace de la production artistique administrée, la professionnalisation est une question lancinante mais dont la compréhension est troublée par une polysémie probablement plus massive que dans d'autres champs ainsi que par une profonde ambivalence des membres de cet espace à l'égard tant du processus lui-même que de cette notion (ou de cette qualification) de professionnel.

Il existe une tension, constitutive de nombreux emplois, entre la vocation et la professionnalisation83. Dans les professions du "travail sur autrui" (instituteurs, infirmières,

éducateurs), la vocation s'est longtemps opposée à la professionnalisation, "perçue comme l'étouffement de la vocation sous le poids du salariat et de la trivialité des intérêts professionnels"84. En effet, la vocation conduit à suspendre les règles habituelles

d'appréciation de l'activité et invite à neutraliser les considérations économiques relevant d'une forme de rationalité économique. On retrouve cette neutralisation dans les professions du "travail sur autrui" ainsi que dans maints champs de production symbolique comme ceux de la recherche85 et de l'art ou dans le monde associatif au sein duquel il existe une tension

entre "une rationalité en valeur où le projet éthique importe plus que l'ajustement des moyens matériels et une logique instrumentale où seul le calcul rationnel guide l'action."86

83

Schnapper D, 2003, "Les expériences vécues dans quelques métiers de l'État-Providence" in Menger PM (dir.), Les professions et leurs sociologies : modèles théoriques, catégorisations, évolutions, Paris, éd de la MSH, Paris, p. 145-160

84 Dubet F, 2002, Le déclin des institutions, Paris, Le Seuil, p. 32. 85

"Mais je garde à l'esprit que j'ai la chance de pouvoir réfléchir toute la journée à ce qui me passionne. Personne ne me dit ce que je dois faire. Vu le nombre d'heures travaillées, mon salaire horaire est moins élevé qu'à McDo, mais je m'éclate." Naomi Taylor, chercheuse au CNRS, in "Mon salaire horaire est moins élevé qu’à McDo, mais je m’éclate » – Portrait de chercheur (1/3)", Le Midi libre, 3 février 2012.

86

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La vocation est ici comprise comme ne relevant ni d'un calcul intéressé ni du "subjectivisme personnaliste du « projet » ou psychologique des « motivations » mais renvoie aux conditions sociales bien particulières"87. Il ne s'agit pas "d'échapper à son destin" mais de

"réaliser des investissements (relationnels, scolaires, culturels, etc.) qui, s'ils sont eux-mêmes liés à des facteurs objectifs (le milieu social d'origine, le genre ou le passé scolaire), permettent aux individus qui les consentent à concevoir leur orientation, fut-ce de manière illusoire, comme le résultat d'un choix délibéré"88

. Il faut mobiliser une série de dispositions qui incitent "à concevoir l'activité professionnelle comme le moyen ou au moins l'occasion d'une réalisation personnelle"89, le travail étant la source d'une série de satisfactions le plus

souvent non monétaires. C'est d'ailleurs parmi les professionnels de l'information, de l'art et du spectacle que le taux de satisfaction à l'égard du travail est le plus élevé alors que, à statut social équivalent, la rémunération est globalement inférieure90.

La tension vocation versus professionnalisation fonde la critique artiste des processus de rationalisation91 ; elle est d'autant plus récurrente et légitime qu'elle s'appuie sur de grands

ancêtres et des mythes fondateurs comme Molière, Copeau92 qui font de l'activité artistique

une "expérience potentiellement sacrificielle, en vertu de quoi l'artiste est grand non seulement par la qualité de ses œuvres mais par l'intensité de ses souffrances, conformément à la figure du saint"93. C'est le cas de Molière, mort sur scène, de Vilar qu'un auteur de théâtre

qualifie de "Christ chaque jour recrucifié"94. Une telle tension explique le caractère fondateur de la critique de la professionnalisation, d'autant plus légitime qu'elle est le fait de grands artistes qui amalgament professionnalisation, bureaucratie et syndicalisme.

"Mais je ne veux pas aller dans une institution, je ne peux pas y travailler. (...) Ce n'est pas parce que ce sont des institutions qu'il faut forcément subir, encourager, accepter les pires conservatismes, les corporatismes les plus rétrogrades, les syndicalismes les plus destructeurs ! Je sais que si j'acceptais de diriger une institution, au bout d'une semaine il y aurait une grève générale ou j'aurais posé une bombe ! Je ne peux pas accepter que des artistes prétendent avoir les mêmes règles que des mineurs de fond, que des musiciens exigent de s'arrêter toutes les vingt-cinq minutes !"95

87 Dubois V, 2013, La culture comme vocation, Paris, Raisons d'agir, p. 9. 88 Idem, p. 10.

89

Idem, p. 10.

90 Baudelot C, Gollac M, 2003, Travailler pour être heureux, Paris, Fayard, p. 74. 91 Chiapello E, Op. cit.

92 Proust S, 2006, Op. cit.. 93

Heinich N, 2005, L'élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Paris, Gallimard, p. 91.

94 Haïm V, 1995, "De la trahison théâtrale", in Téphany J (dir.), Jean Vilar, Paris, Cahiers de l'Herne, n° 67,

p. 138.

95 Mnouchkine A, 1995, "entretien avec J. C. Lallias", in Abirached R (dir.), La décentralisation théâtrale 4.

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2 - Professionnalisation et bureaucratisation

Dans cet espace, compte tenu de son poids, c'est bien le rapport à l'État (et non au marché) qui reste le plus problématique. Ainsi, tout en manifestant une "demande d'État", les membres de cet espace manifestent une série de craintes.

Dans son analyse des compagnies relevant de la "créativité diffuse"; Marie-Christine Bureau96 souligne les tensions qui les parcourent entre : 1) leur volonté de reconnaissance

artistique et professionnelle de leur activité ; 2) leur volonté de maintenir la dimension non lucrative de leur activité même si elle a une dimension commerciale ; 3) les injonctions incertaines des collectivités publiques. Interrogée sur leurs "craintes par rapport à l'Atelier 26", une compagnie indique dans son dossier de candidature qu'un "autre aspect de l'Atelier 26 [leur] pose question : celui du contrôle artistique. Comment être accompagner [sic] sans perdre une indépendance artistique ou comment peut-elle être modifié positivement ?"

Une responsable administrative d'une compagnie de l'Atelier 26 qui, dans une époque antérieure, a vécu dans des squats, a programmé des groupes marginaux et connu des communautés dont elle peut décrire la dureté, la difficulté des relations internes, souligne l'écart considérable entre son expérience des squats et celle des SMAC (dans lesquelles elle a fait ses premiers stages liés à sa formation dans un master) dont elle désigne le formalisme bureaucratique (ici il faut aller saluer les groupes dans les loges).

"Donc là le premier stage par exemple ça vous a permis de faire la comparaison entre les anciens squats et les SMAC ?

Oui, et en plus de ça à l'époque [le SMAC concerné] était en régie directe... Donc c'est autre chose, pour moi c'est autre chose. J'ai pas encore réglé la question sur ce qui est mieux, ce qui est pas bien, pour le coup. Je suis avec une compagnie qui essaye de se professionnaliser donc avec toutes les problématiques liées à l'emploi, aux charges sociales, etc... Bon, après ce qui est clair c'est que j'ai pas retrouvé l'énergie….. un peu la passion qu'il y avait dans les squat à l'époque dans le SMAC hein….. Après, il y a des gens passionnés. Mais il y a quand même toute une légalisation qui fait que c'est plus vraiment rock'n roll...

C'est à dire que vous dites c'est plus rock'n roll... ?

Les préoccupations des organisateurs ça va être de…. Voilà pour le coup, sur un petit festival, de pas oublier de demander aux services de la ville de demander des barrières Vauban parce que protection du public, etc., etc.... Dans un squat, la sécurité minium est assurée, après l'attention maximum elle va être sur la programmation, faire venir des gens... Qu'est ce qui se passe en fait pendant cette soirée quoi, et là c'est plus la préparation, les dispositifs, les déclarations, ça devient vachement bureaucratique en fait. Après, c'est aussi notre pays qui veut ça. Mais voilà finalement, tout se concentre un peu plus sur la législation, l’administration et des fois on perd un peu de vue…... Voilà, je me souviens d'un groupe qui était arrivé, qui était dans les loges et voilà tout le monde avait bien rempli sa petite mission etc... Mais [elle claque des mains] sauf qu'on avait oublié d'aller voir les gars dans les loges et de les saluer quoi. Et du coup c'est moi la stagiaire qui l'ai fait, et là j'ai dis ok. Les bars étaient ok. Les réserves étaient faites pour le bar. Le régisseur technique avait la nickel. La personne des entrées arrivait pour la billetterie, mais on a oublié de dire bonjour au groupe quand même" [intonation ironique] (RA)

96 Bureau MC, 2001, Le statut de l’entrepreneuriat artistique et culturel : une question d’économie politique,

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Sans qu'il existe un refus radical de ces processus de professionnalisation, et cela d'autant moins qu'il est porté par les agents de l'État, les membres des champs artistes manifestent une défiance récurrente dans la mesure où ce processus est porteur de principes antagonistes. Quand les cadres de l'État définissent (officiellement, et de la manière la plus manifeste) l'art par ses fonctions et son utilité, les artistes définissent l'art comme une activité gratuite, désintéressée, ne correspondant à aucune demande sociale. Quand les premiers parlent d'organisation et de règles, les seconds valorisent le désordre, l'innovation, l'improvisation. Quand les premiers valorisent la formation, les seconds insistent sur la libre entrée du plus grand nombre et l'autodidaxie. Néanmoins cet argumentaire est aussi ambivalent car les agents installés voient bien que les surnuméraires sont porteurs de "désordre" remettant en cause leur propre situation. C'est d'ailleurs pourquoi, on peut constater, dans les carrières de maints artistes une évolution des discours au fur et à mesure de leur installation et leur professionnalisation.

3 - Les usages ambivalents des qualificatifs

Cette tension entre vocation et professionnalisation explique les usages incertains et ambivalents de l'ensemble des termes associés à celui de profession.

L'usage du substantif et/ou du qualificatif de professionnel associé à d'autres qualificatifs et/ou substantifs permet de désigner des spectacles ou des artistes (un "spectacle professionnel", voire "très professionnel" ; un "grand professionnel") auxquels on reconnaît du métier, qui leur permet même de faire des spectacles "propres", mais auxquels il manque la dimension créatrice, innovatrice.

"Encore un film de terroir, manie du cinéma français. Ici, Catherine Frot, fermière du Cotentin, dans les années 1950, accueille un nouveau commis, Grégori Derangère.Le beau saisonnier a l'embarras du choix : aimer la patronne, sans homme depuis longtemps, ou sa fille, Laura Smet, instit effrayée par le bovarysme qui la menace. Reconstitution mollassonne, passages obligés (les foins, le bal, le banquet municipal, etc.), facture télévisuelle de la mise en scène… On s'amuser tout de même des acteurs, qui n'hésitent pas à charger la mule : Catherine Frot, tendance Folcoche sensuelle, un peu Bette Davis à la ferme ; Grégori Derangère, adroit pour couper la miche à l'Opinel, presque Gary Cooper cherbourgeois. Ce premier film (trop) pro est de la fille de Gabin, et l'on se dit que son père aurait pu jouer les deux rôles – le jeune amant et le maire ronchon – à deux âges de sa vie."97

L'opposition entre ce qui relève de la profession et amateur est alors moins radicale Elle est même parfois renversée par certains membres des champs artistiques qui, faisant référence à l'origine latine du mot (amator : celui qui aime), opposent l'amateur, qui manifeste un engagement dans l'activité (proche en cela du registre vocationnel), au professionnel trop

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dépendant des règles qui précisément limitent sa capacité d'engagement98. Une musicienne

interrogée souligne ainsi qu'elle connaît ses expériences les plus "géniales" avec le groupe de musiciens amateurs qu'elle encadre et non avec les groupes professionnels avec lesquels elle joue, les premiers manifestant un engagement massif dégagé de toute préoccupation matérielle concernant par exemple le volume et le nombre de cachets ou de toute logique concurrentielle ; cette faiblesse des coûts explique d'ailleurs que les spectacles peuvent être mis en place dans des configurations impossibles dans de nombreuses entreprises professionnelles, notamment en nombre d'artistes (musiciens) sur le plateau.

On peut ajouter que, pour des professionnels, travailler avec et encadrer des groupes amateurs (en étant directeur artistique) implique une autre position sociale, un autre degré de reconnaissance, que les activités dans les champs d'appartenance au sein duquel se multiplient les pairs et concurrents, souvent mieux formés. C'est d'ailleurs pourquoi l'activité dans les groupes amateurs peut avoir une forte dimension amicale et festive.

"Donc la folie… la folie ! La joyeuse folie avec laquelle on se lance dedans quand on a la vingtaine, parce que c'est un peu une passion. C'est une envie de faire partie du monde du spectacle, on y va, ben là c'est plus pareil. Et même quand des gens nous branchent pour faire partie d'un projet, c'est sûr qu'on voit pas les choses pareilles. On regarde... Enfin, si on est dans un truc d'intermittence du spectacle ou de professionnels de la musique, on va regarder : « bon vas-y. Mais tu vas me donner... ça va tourner ton truc ?.... T'as une diffuseuse ? ». Et c'est un état d'esprit que je trouve complètement…., que je comprends vraiment parce qu'il faut vivre. C'est très difficile d'articuler quelque chose de l'ordre de la joie de vivre et quelque chose qui devrait pas... Je me suis toujours posée la question de professionnel ou amateur. A côté de moi, à Grenoble là, j'ai des amis qui ont tous un métier, et qui sont un super groupe de musique, d'un bon niveau, qui joue très, très souvent, plus souvent que des groupes professionnels (…) et c'est toujours plaisant. Quand on est professionnel on va regarder combien c'est payé. On va râler : « Ouais, mais le cachet...gnagnagna » et au final on est la caricature du sale intermittent du spectacle qui ne pense qu'à ses sous et à courir les cachets. Et cet état d'esprit m'insupporte au plus haut point. J'ai jamais été cachetonneuse dans l'esprit. Par contre c'est vrai que, pour beaucoup de statuts, on est contents quand on a des plans qui payent. Mais, maintenant, c'est aussi ça dont je veux sortir. (…) que pour moi le mot amateur est pas du tout péjoratif au contraire. Il redonne tout son poids à l'amour de la musique et de partager la musique sans qu'il n'y est plus cette problématique…. qui reste une problématique infernale" (DA)99

Néanmoins, et à l'inverse, le qualificatif de professionnel peut être utilisé par des membres du champ afin de marquer, malgré leur faible reconnaissance artistique par les pairs, leur entrée et leur maintien dans leur champ artistique de référence.

L'usage du terme de professionnel est aussi rendu complexe en raison de la difficulté à opérer des coupures nettes entre les professionnels et les "non professionnels" ; on retiendra à cet égard les distinctions opérées par certains agents, dans la description de leur carrière, entre

98 Evoquant la situation d'un chercheur en recherche médicale qui écrit des textes, un directeur artistique pose

la question "(…) alors pourquoi lui parce qu'il ne vit pas de ce qu'il fait ça, il vit d'autres choses, pourquoi lui il

ne serait pas artiste ? Moi je serai artiste parce que je reçois une indemnisation du Pôle Emploi tous les mois... Voilà je trouve que la séparation est très faible et je trouve qu'on a un peu tendance à mettre l'artiste sur un piédestal qui n'est totalement pas justifié selon moi." (DA)

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les compagnies "amateurs", "semi professionnelles", "professionnelles" mais dont les critères restent incertains.

La difficulté de définir des appartenances et des coupures entre les non professionnels et les professionnels est aussi d'autant plus grande que l'une des caractéristiques centrales de nombreux agents, voire de la quasi totalité des artistes de cet espace et notamment de ceux qui relèvent du pôle de la petite production artistique, est la multiactivité100

qui prend des formes diverses et acquiert des significations hétérogènes. Si la multiactivité de nombreux musiciens classiques en même temps enseignants en conservatoire ne pose pas de véritables problèmes, il n'en va pas de même pour d'autres formes de multiactivité qui existent par la combinaison d'activités internes aux champs artistiques et d'activités externes et qui donnent lieu à diverses interprétations. On peut y voir un défaut d'intégration professionnelle mais aussi, dans certains cas, la manifestation d'un refus de certaines compromissions. Certains musiciens de rock combinent activité salariée externe et activité artistique101 en proclamant leur refus de se

compromettre avec les industries culturelles et peuvent même se prévaloir d'incarner la véritable dimension de révolte du rock.

4 - Des indicateurs objectifs difficiles à dégager

Les propriétés de l'espace de la production artistique administrée (faibles barrières à l'entrée, faible division du travail au sein de nombreuses entreprises, etc.) ainsi que l'ambivalence des membres de ces derniers à l'égard des logiques professionnelles, liée à la tension constitutive entre la vocation et la profession, impliquent une réelle difficulté à définir des indicateurs permettant de définir ce qu'est un professionnel dans les champs artistiques concernés. Cette difficulté est d'autant plus importante qu'il existe une disjonction entre le jugement esthétique et l'inscription professionnelle, le métier. Il peut ainsi y avoir de "bons" amateurs et de "mauvais" professionnels, un "spectacle professionnel" pouvant précisément avoir de faibles qualités esthétiques. Les sociologues sont d'ailleurs confrontés à cette même difficulté. Cela conduit d'ailleurs Philippe Coulangeon, dans son analyse des musiciens, à adopter une "définition aussi peu restrictive que possible des frontières de la profession"102 en

s'appuyant largement sur les auto-déclarations.

Néanmoins, on peut proposer un faisceau d'indices qui définissent un degré minimal d'intégration professionnelle.

100

Bureau MC, Perrenoud M, Shapiro R, 2009, L'artiste pluriel, démultiplier l'activité pour vivre de son art, Villeneuve d'Ascq, éd. Du Septentrion

101 Didier des Wampas a été électricien à mi-temps à la RATP.

102 Coulangeon P, 2004, Les musiciens interprètes en France. Portrait d'une profession, Paris, La

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Il est possible de ne considérer comme professionnel que des agents qui sont inscrits dans les classements relevant de l'État ; ainsi ne seraient professionnelles que les compagnies reconnues par le ministère de la Culture ou, de manière plus extensive, par l'ensemble des collectivités publiques et uniquement les artistes et techniciens relevant du régime de l'intermittence. Mais l'espace de la production administrée ne peut être réduit à ces agents et cette reconnaissance masque des phénomènes hétérogènes ; certains intermittents concentrent une masse importante de cachets uniquement avec leur activité artistique ou technique alors que d'autres sont juste au-dessus du seuil d'éligibilité au prix d'un jeu avec la règle et en combinant différentes activités.

L'existence d'un segment administratif peut être considérée comme un indicateur pertinent mais il est possible de montrer qu'il y a peu de points communs entre une compagnie capable d'employer une responsable administrative en CDI et une autre ne proposant qu'un emploi

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