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CHAPITRE 4 : GESTION DE L’EAU DANS LE TADLA

6. Productivité de l’eau

La productivité de l’eau varie avec l’emplacement, le type de culture et son potentiel génétique, les conditions climatiques, la gestion de l’eau à la parcelle, les infrastructures et équipements en place, les fertilisants et autres inputs. Cette productivité fait intervenir plusieurs acteurs au niveau de la parcelle, du système d’irrigation et du bassin. Pour l’exploitant, la productivité signifie produire plus de cultures par goutte d’eau d’irrigation appliquée. Pour la collectivité, cela signifie obtenir plus de valeur par unité de ressource d’eau utilisée. L’équation de cette productivité s’écrit :

act act ET Y

CWP = . (kg/m3)

Yact : rendement de la culture commercialisable (kg/ha) ;

ETact : consommation saisonnière actuelle d’eau de la plante par évapotranspiration (m3/ha);

Kijne et al., (2003) ont développé des stratégies de perfectionnement de la productivité de l’eau de culture en intégrant les améliorations variétales et une meilleure gestion des ressources au niveau de l’exploitation et au niveau agro-climatique ; cas de l’application de l’irrigation déficitaire et de l’amélioration de la salinité au niveau de la plante. Sans irrigation, la productivité de l’eau de la plante est faible et augmente rapidement à une moindre application de l’eau d’irrigation. Une productivité maximale de l’eau ne coïncide pas toujours avec les intérêts de l’exploitant dont l’objectif principal est la maximisation de la terre. Le stress hydrique en période de croissance affecte la productivité de l’eau de la plante différemment. Un moindre stress en période de croissance n’affecte pas le rendement de la production mais réduit la croissance végétative et améliore ainsi la productivité de l’eau.

Mishra et al., (1990) ont montré que quoique l’eau d’irrigation soit préservée, il n’y a pas d’amélioration significative dans la productivité de l’eau de la plante qui reste entre 0,80 et 0,99 kg/m3.

Hatfield et al., (2001) ont révisé les effets de la gestion du sol sur la productivité de l’eau de la culture par modification de la surface du sol et par amélioration des nutriments du sol à travers l’apport d’azote et/ou du phosphore. Ainsi, toute modification de la surface du sol change le processus de l’ETact et contribue positivement à cette productivité. Les nutriments affectent indirectement l’efficience physiologique de la plante. Les valeurs optimales de l’application de la quantité de nutriments et de l’eau d’irrigation contribuent à maximiser cette productivité. Les pratiques de l’irrigation déficitaire améliorent la productivité de l’eau de la plante de plus de 200%. Les cultures sont plus efficaces avec l’eau quand elles sont stressées. Avec peu d’eau d’irrigation fournie, l’on peut atteindre le maximum de rendement.

6.1 Etude des cas

Oweiss et Hachum ont montré que l’augmentation durable en productivité d’eau de culture ne peut s’exprimer qu’à travers une gestion intégrée des ressources en champs. Cette approche combine la conservation d’eau, l’irrigation de complément, la sélection des plantes, la pratique agronomique améliorée et l’intervention institutions et des décideurs.

Wani et Pathak, Devi et Singh plaident quant à eux pour une approche intégrée de gestion d’eau, une participation communautaire, un renforcement des capacités au niveau local et l’usage des équipements scientifiques comme éléments efficients de gestion d’eau de pluies ; gestion efficiente des eaux de pluies pour une plus grande productivité d’eau des cultures et une augmentation de la recharge de l’eau souterraine.

Barker et al. (2003) ont souligné la corrélation entre la productivité de l’eau et les concepts tels que l’efficience économique, les résultats durables et sociaux (équité, droit d’eau). Maximiser la productivité de l’eau ne pourrait être économiquement efficient si les coûts d’opportunité des autres facteurs (labour) sont pris en compte. Toutefois, lorsque l’analyse va au-delà de la pure productivité physique (rendement par unité d’eau), et aborde les propriétés économiques, l’on peut aller dans un procédé ennuyeux d’évaluer l’eau de production des coûts et d’externalités sans mentionner les valeurs sociales de l’eau.

Ong et Swallow illustrent l’importance de la consommation d’eau par les arbres sur les parcelles irriguées. Ce cas montre que la productivité de l’eau peut augmenter la foresterie et l’agroforesterie. Pour un arbre couvert, l’évaporation directe à partir du sol est inférieure à celle d’une culture ; mais les pertes en évaporation à travers l’interception par la canopée sont plus grandes.

Zwart et Bastiaanssen (2004) ont montré à travers le rendement commercialisable sur l’évapotranspiration actuelle (ETact) des cultures que la productivité varie largement à travers différentes situations. La productivité dépend des pratiques agricoles et d’irrigation, des potentiels génétiques, des sols, du climat etc. Dans le cas d’une bonne gestion pastorale, la fonction de production fourragère serait complétée par une fonction de production pour la conversion de la viande et des produits laitiers. La productivité de l’eau peut être améliorée par la réduction du volume d’eau utilisée à travers des techniques d’irrigation améliorées ou des meilleurs pratiques agricoles.

6.2 Amélioration de la productivité de l’eau

La productivité de l’eau dans un schéma d’irrigation est définie par l’équation :

V E W z y vy p

=

avec Evy : la valeur économique de la production y ;

z : quantité totale des productions cultivées dans le plan V : volume annuel total de l’eau utilisée dans le plan.

Evy est calculé au niveau d’un plan entier ou au niveau de la parcelle suivant l’équation :

y y y vy Q P C E = . − y y y R A Q = .

où Qy : quantité de la production y ; Py : prix commercial du produit y Cy : coûts de production dédicacés au produit y Ry : rendement du produit y Ay : aire allouée à la production y

La compétition entre la production à l’intérieur d’un plan est subordonnée à deux variables : 1. l’allocation de l’eau entre production et son impact sur la valeur de V ; 2. la caractéristique de recadrage et son impact sur la valeur de Sy.

Pour la production fourragère, la productivité de l’eau WPap est définie par l’équation :

= = = m k k n j j V Ev WP 1 1

Evj : valeur économique des produits pastoraux (lait, viande) à travers les ventes de fourrage Vk : quantité d’eau utilisée pur la culture fourragère k.

Pour les produits pastoraux, Ry correspond aux quantités de lait et de viande produites par l’animal.

7. Conclusion

Le principal défit est l’amélioration du rendement commercialisable des cultures sans augmentation de la transpiration. Le second défi au niveau de l’exploitation est de réduire autant que possible les produits n’intervenant pas directement dans la production. Les usages variés des cultures fourragères et la valeur économique de leur combinaison sont à prendre en compte. Ils dépendront des prix des produits agricoles (lait, viande, fourrage), de la situation économique de la parcelle (épargne, liquidité) et aussi, du volume d’eau utilisée et des produits préférés par l’agriculteur.

Les agriculteurs de Tadla dépensent en moyenne 10 à 23% de leur revenu net pour les services du canal d’irrigation ; et environ 20 à 49% pour l’eau souterraine. En général, la tendance des agriculteurs est à l’utilisation des deux ressources ; ils dépensent en moyenne 17 à 35% de leur revenu dans l’eau pour la production agricole.

DEUXIEME PARTIE : PERFORMANCES DES EXPLOITATIONS AGRICOLES DANS L’UTILISATION DE L’EAU SOUTERRAINE