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15 20 25
LATITUDE
30 35
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A.NOMALIES TEMPERATURE("C)
2
•
Source: Base de données COADS
Productivité halieutique en Afrique de l'Ouest
La productivité dcs écosystèmes pélagiques des zones d'upwelling mondiales révèle d'importantes disparités (voir tableau 5).
Trois pêcheries sont capables de produire plus d'un million de tonnes - le Pérou, le Chili et la Namibie - tandis que les captures maximales enregis-trées n'excèdent jamais quelques centaines de milliers de tonnes au Sénégal ou au Maroc. Même s'il cst naturel dc penser que la taille d'un écosystème conditionne Je niveau des captures, celle-ci n'explique pas les différentes productivités en poissons
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pélagiques des zones d'upwelling. A de vastes zones d'upwelling peuvent corres-pondre des productions halieutiques pélagiques relativement modestes et vice versa.
Atnsi la producti vité des écosystèmes pélagiques en Afrique de l'Ouest, telles celles de l'Espagne et du Portugal, du Maroc et du Sénégal (courant des Canaries), et de la Côte d'Ivoire ct du Ghana (golfe de Guinée), paraît relativement faible comparé à celle du Chili ou encore celle du Pérou (courant de Humboldt). UtilJsant des méthodcs régressives non paramétriques, de récentes analyses de la productIvité hallcutique (estiméeàpartir des statistiques de captures en espèces pélagiques) révè-lent qU'une combinaison de plusieurs facteurs environnementaux est en effet néces-saire pour qu'une forte productivité en poisson pélagique soit réalisable (14). Les condttions optimales nécessaIres sont les suivantes : un fort indice d' upwelling (proche de 1,28 m.1/sl/ml), une turbulence modérée (proche de 200-250 m.1/s.1), une température de surface moyenne (15-16 oC) associés à un plateau continental relati-vement vaste (d'environ 100000 km2). L'écosystème péruvien se révèle le seul qui regroupe l'ensemble des conditions environnementales optimales (15). Le ou les fac-teurs environnementaux qui sont supposés limiter la productivité en poisson peuvent ainsi êtrc Identifiés pour chacune des zones d'upwelling. L'intensité de l'upwelling.
qui reste modérée dans la plupart des pays ouest-afncains. est le prinCIpal facteur lImitant la production halieutique pélagique.
5. - Captures moyenne et maximale observées dans différentes zones d'upwelling mondiales et captures maximales par unité de surface du plateau continental
Production pélagique observée
Zones Maximum par
d'upwelling Période Moyenne Maximum
unité de surface considérée (tonnes) (tonnes)
(tonnes/km2)
1 Californie 1924-1991 200901 609979 6,0
2 Pérou 1958-1993 5299 183 12286264 142,0
3 Chili 1966-1993 1 540 109 3708071 59,3
4 Espagne-Portugal 1937-1989 331 839 368893 6,1
5 Maroc 1950-1991 192885 362023 3,1
6 Sénégal 1964-1991 77 234 194693 5,9
7 Côte d'Ivoire-Ghana 1966-1993 105020 270570 5,0
8 Namibie 1966-1992 507663 1 561 300 17,3
9 Afrique du Sud 1950-1992 274312 623200 3,5
10 Venezuela 1957-1989 38032 80079 4,7
11 Inde 1948-1988 249382 448206 6,4
Source d'après V Faure et Ph Cury, « Pelaglc Flshenes and Envlronmental Constralnts ln Upwelling Areas How Much ISPossible? ", m M H Durand, Ph Cury, R Mendelssohn, C Roy, A Bakun et D Pauly (eds), Global versus Local Changes m Upwe/lmg Systems, Orstom, Pans, 1998,p 391-407
(14) V Faur" et Ph CUlY. « Pelagie FlShene, and Envrronmental ConsiralllisIIIUpwellmg Areas . How Mueh
" Pos"ble ') ". in M H Durand el "/, op. ul. P 391-407
t15) Ph Cury. C Roy el V Faure.« Envlronmenlal Constramts and Pelagie Flshenes m Upwellmg Areas . The Perllvlan Puzzle n./Il Sc. Plllard ,,/ (eds). op (/{,r 159-167
La proLluctivité LIes écosystèmes LIes zones d'upwelling semble fortement limitée par leur dynaIllIque environnementale. Ces contraintes peuvent évo-luer à long terme maIs ont un effet marqué sur les potentiels halieutiques. Il n'en Llemeure pa, III0 III , que les varIabilités saisonnières ou interannucllcs LIes conditions environnementale, IIlLluisent LIes lluctuatlons au niveau LIes ressources et LIes pêcheries .
• Variabilité des pêcheries en Afrique de l'Ouest
En Afrique LIe l'Ouest, SI plusieurs organismes de recherche collectent des statis-tiques de pêche qui permettent LIe donner une évaluation de l'état des stocks, il faut se référer aux déclarations officielles de chaque pays transmises àla FAO pour avoir une vue globale de J'évolution des captures. La base de données Flshstat (16) permet ainsi de connaître, par pays et depuis les années 1950, la composition des captures, même si le niveau de ces Llernières est souvent sous-estimé avant les années 1970.
L'évolution générale des captures en Afrique de l'Ouest et dans le golfe de Guinée (Maroc, Mauritanie, Sénégal, Gambie, Sierra Leone, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Nigeria, Côte d'IVOire, Ghana, Togo et Bénin) est en constant accroissement avec des captures totales voisines de 0,2 million de tonnes (chiffre approximatif) au début des années 1950à plus de 1,6 million de tonnes en 1995 (voir graphique 6).
6 .. Évolution des captures totales de poissons marins en Afrique de l'Ouest et dans le golfe de Guinée entre 1950 et 1995(en tonnes)
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1985 1990 1980 1975 1970 1965
0 1 - - - - -_ _- _ - - _ - - _ - - _ - - _ - _
1950 1 955 1960
Source FAO-Flshstat95 2000000
500000 1000000 1500000
Cette hausse semble constante et consistante entre les différents pays et reflète une activité de pêche toujours plus soutenue. Toutefois, la distinction entre les espèces démersales et pélagiques fait entrevoir des disparités importantes entre les captures pour les différentes pêcheries. Les pêcheries démersales ont connu une phase de croissance importante entre les années 1950 et 1970. De quelques mil-liers de tonnes, on est passé, à partir du début des années 1970, à environ 30000 tonnes, pour plafonner autour d'environ 40 000 tonnes depuis 1985. Les prin-cipaux pays producteurs étant le Maroc, le Nigeria, le Sénégal et le Ghana.
(16) FAO. FISHSTAT Pc. Release <,097197 2 dlSks. 1997
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Malheureusement, peu de données sur l'effort de pêche sont accessibles. Au Sénégal ou au Ghana, l'effort de pêche s'est accru ces dernières décennies, vraisemblablement comme dans la plupart des pays exploitant les res-sources démersales. Les efforts, mesurés en jours de pêchc, ont ainsi été multipliés par dix au Ghana rouI' les chalutiers industriels. Corrélativement àl'aecroissement des cartures, on constate une baisse des rendements moyens (mesurés par les prIses par unité d'effort - PUE). En Côte d'Ivoire, on assiste glohalcment àune diminution progressive des PUE d'un facteur trois avec cependant des périodes de forte ou de falhle abondance dues aux variations de l'environnement.
Les pêcheries pélaglqucs, quant àelles, connaIssent depUIS les années 1950 une phasc de croissance sans cesse soutenue; entre 1950ct 1995, les carturcs ont été multipliées raI' dix et les déharquements actuels sont dc l'ordre dc 1.3 millIon de tonncs (17). Les pays qUi prodUisent le rI us de poissons pélagiques, à rlllstar dc la production démersale, sont le Maroc. le Nigeria, le Sénégal et le Ghana.
En termes de variabilité, les pêcherlcs démersales et pélagiques diffèrcnt : les captures de l'ensemble des espèces pélagiques ont connu des fluctua-tions plus grandes que eelles des espèces démersales (voir graphique 7). Ce fait semble quasi universel et les espèces pélagiques sont généralement reconnues eommc étant plus sensibles aux fluctuations environnementales (18). Malgré tout, il ne faut pas perdrc dc vue que certaines espèces non strictcment démersales comme le baliste (Balistes caprisclIs) connaissent des phases d'abondance temporaire. Ainsi, cette csrècc a été très abondantc dans le golfe de GUlllée et en Afriquc dc l'Ouest dans les années 1970-1980et elle est aujourd'hui presque absente dans ces mêmes écosystèmes(19).
La varIabIlité interannuelle des captures des espèces pélagiques représente moms de 10% du total dans le courant des Canaries; elle demeure néan-1ll0lllS faihle par rapport aux autres pêcheries des zones d'upwelling. Les fluctuatIOns environnementales (20) peuvent être quantifiées, par exemple en suivant l'évolution des températures de surface (Sea Surface Temperature, SST) dans les deux écosys-tèmes. La varIabilité saisonnière est beaucoup plus importante dans la partie est de l'Atlantique tropical que dans le Pacifique Sud-Est où l'on note respectivement une amplitude saisonnière d'environ 18 OC et de 5
oc.
L'absence de signal environnemental saisonnier fort permet aux pêcheries situées dans le Paeifique Sud-Est d'explOIter les espèces pélagiques à peu près toute l'année (le rapport des captures mensuelles maximales et mmima!es est en elTet d'environ trois). Des fluctuations saisonnières rlus fortes sont observées dans l'AtlantIque, elles conditionnent les migrations des espèces pélagiques et ren-dent l'actiVIté dc rêche saisonnière (le rapport des cartures est d'environ sept),
Al' inverse, les températures moyennes annuelles observées entre 1946et 1990 illustrent l'amplitude de la varIabilité interannuel1e dans le Paci-fique Sud-Est (rlus de 6 OC) eomparée àcelle de l'Atlantique (moins de 2 OC), L'imract d'événements climatiques comme le phénomène El Nina dans le Pacifique est en majeure partie responsable de cette différence.
( 17)Cette évoluLlon cq vralSemblablemenL très ,ou,-estlmée éLant donné \c,Importantes captures de péla-gIque, réalI,ées dan, Ic, eaux mauntanlenues par les nottJlles des pays eSL-européens dans les années 1980.
(18)Ph Cury et C Roy. 1991 (vOIr bibliographie complémentaire), M H Durandfial., op Clf
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M H Durandel al, "l' "f
(20)P Fiéon,Répl/II.lfl1'1ad"pll/fllll/ d"s IIl/d,1de clupé/dés d'Afrique d" l'Oueslilla varla!>il"é du llIllieu el de l'npll/llafllJlI lIl/al\'le el rélle.lllll/cipartIr de l'nell/l'le du Sél/(;gl/I.Thè,e de doctorat, Unlvemté d'Alx-Ma"ell\c, 19X6, 2X7 P
La traduction de ces fluctuations sur la variabilité environne-mentale interannuelle des captures de poissons pélagiques est illustrée au Pérou et au Sénégal par le graphique 8 (les données ont été standardisées afin de tenir compte des effets d'échelle). L'ampleur des fluctuations interannuelles des captures est forte dans le Paci l'ique ct faible dans l'Atlantique.
7 ••Différences premières des captures annuelles pour les espèces démersales et pélagiques d'Afrique de l'Ouest et du golfe de Guinée illustrant la variabilité interannuelle des captures (en tonnes)
150000
démersaux _ _ _ pélagiques 100000
50000
o
- 50000
- 100000
1951 1956 1961 1966
.
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1971
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1991
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8 .• Différences premières standardisées des captures au Pérou et au Sénégal entre 1965 et 1991 (en%)
20,00
0,00
-20,00
-40,00
1965 1970 1975 1980 1985 1990
Sénégal
Source FAO-Flshstat95.
• Discussion : variabilité, adaptabilité et changement
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Le~ pêchenes mannes ouest-africaines sont la plupart du tcmps saisonntèrcs et Ics pêcheurs ont dévcloppé des stratégIes d'exploitation qui tlcnnent compte de ces fluc-tuatIOns naturelles ct répétées. Ainsi, Ie~ pêcheurs artisans~énégalaismigrent le long dcs côtes entre Saint-LouIs et Kayar tout en suivant la Illlgration des principales espèccs exploitées (21). Au Maroc ou au Sénégal, les pêcheurs passent saisonnière-ment d'une activIté de pêche àune activité agricole lorsque les espèces marines se raréfient. Cette complémentarité est rendue possible par le jeu des productions halieutiques et agricoles qui sont saisonnières et complémentaires. Ces varIations sai-sonntères environnementales se répètent d'une année sur l'autre et les populations marines ont développé des stratégies de migration de la côte vers le large ou longi-tudInale pour y faire face.
La variabilité interannuelle est d'un tout autre ordre car elle ne peut être prise en compte par les populations animales. Il en résulte que celles-ci dOI-vent faIre face àces changements brutaux d'environnement en les subissant; il en découle des fluctuations quantitatives importantes, notamment pour les espèces péla-giques partieultèrement senSibles. En Afrique de l'Ouest et, dans une moindre mesure, dans le golfe de Guinée, les variations saisonntères sont particulièrement prononcées et les variations interannuelles particulièrement faibles. Il en résulte in fine un couplage entre l'environnement physique et les ressources qui est particuliè-rement heureux pour la stabilité des pêcheries. Cela ne veut pas dire que des effon-drements de stocks ne soient jamais observés dans cette partie de l'Atlantique (par exemple le stock de Sardinella al/rira a connu un effondrement, entre 1973 et 1975, cn Côte d'Ivoire ct au Ghana) (22), mais ils sont moins fréquents et l'amplitude des variatIons observée~dans les pêcheries est moindre.
Les ressources dé mers ales sont connues pour leur stabilité, tout du moins lorsque celles-ci ne sont pas soumises à une surexploitation chronique qui peut aboutir àun brutal effondrement des stocks (voir par exemple le récent effon-drement de la morue au Canada après plus de cent années d'une exploitatIon régu-lière). En Afrique de l'Ouest, les espèces démersales connaissent une exploitation soutenue depuis le~années 1970, et il semble que le niveau des captures n'ait guère été modifIé depuis cette période jusqu'aux années récentes. Les niveaux d'effort de pêche sont, excepté pour certains pays où il existe des statistiques de pêche permet-tant de les estimer, difficilesàapprécier. Il en découle une grande incertitude concer-nant les niveaux d'exploitation réels des stocks. Cependant, il est probable que ces derniers, au regard de certains niveaux d'effort relevés dans quelques pays représen-tatifs dc la zone Afrique de l'Ouest et du golfe de Guinée, n'ont fait que s'accroître ces troIS dernières décenntes. Les prises globales n'ont en revanche pas suivi et, au total, l'avcnir des pêcheries démersales mérite une attention toute particulière si l'on ne veut pas avoir àfaIre face à des situations difficiles et conflictuelles en matière d'aménagement des pêcheries. Ccci est particulièrement important compte tenu du cadreùan~lequel évolue actuellement l'aménagement des pêcheries (prinCIpe de pré-caution, prise en compte de la biodiversité et de la dynamique des écosystèmes dans leur globalité).
(21) Ph Cury et C Roy, « MIgratIOn saIsonnière du thlof (Eplllephdu.1 amel/,l) au Sénégal mfluence des upwclhng, sénégala" ct maUritanIen ",O<eUllologlC<I Aua, vol Il (Il.EdItions ElseVIer, Paris, 1988,
r 2S-l6
(22) 0 Pc/cnnee ct KA Koranteng,« ChangesIIIthe Dynamles and Blology of Small PelagIe Flshenes off
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