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Problématique d’intégration et district

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 107-110)

1. intégration d’une grappe artisanale

Partant de l'idée qu'une relation de sous-traitance est possible entre le cluster d’exportation et le secteur informel malgache, qui représente en 2010 65%

des emplois de la capitale, nous décidons de prospecter le secteur textile artisanal.

Créé à l’initiative conjointe du Ministère de l’Industrie et du Commerce malgache et l’AFD en 2006, le cluster artisanal a pour objectif de regrouper les artisans de la broderie textile pour l’accès au micro crédit et à la formation, sous le vocable « Salohin’Iarivo ». Organisé en 4 grappes ou épis géographiques autour d’Antananarivo, il regroupe 150 adhérents. Son originalité tient à une structure interne coopérative (GIE) qui accepte tous les artisans, même ceux du secteur informel, afin de faciliter leur accès au micro crédit, aux subventions et à la formation technique. Seule la moitié des adhérents sont des membres actifs, et sur les 70 entreprises recensées, une vingtaine seulement sont formelles.

Nous constatons alors que notre hypothèse de départ ne se vérifie pas, pour au moins deux raisons essentielles, d’ordre juridique et commercial.

D’abord, à quelques rares exceptions les entrepreneurs-francs semblent se conformer à leurs obligations statutaires et spécifiques de l’étanchéité sectorielle.

Ceci leur interdit toute relation commerciale avec ces activités parallèles, pour se limiter uniquement à l’exportation et circonscrire les approvisionnements locaux dans le cadre formel. L’hypothèse de coopération d’entreprises franches avec d’autres entreprises du secteur informel se trouve donc infirmée, et elle paraît même renfermer une contradiction interne du fait du statut spécifique des premières.

Ensuite, bien que le procès de production artisanal se situe à une autre échelle tant pour les extrants que pour les intrants, les entrepreneurs individuels sont contraints de faire de la « broderie de qualité» pour l'exportation. C'est dans cet esprit que le cluster artisanal désire les former, afin que ce facteur qualitatif n'entrave pas le probable sous-traitance des commandes en provenance des entrepreneurs-francs. En effet, ceux-ci se montrent très soucieux de respecter la démarche qualité exigée par leur donneur d’ordre, sur un marché international très concurrentiel. Cette variable limite dans une certaine mesure, la coopération horizontale inter-entreprise.

Enfin, les relations de travail dans le secteur artisanal ne sont pas sans analogie avec le putting out system, à l’ère de la fabrique pré industrielle en Europe (Plihon, 2002). C'est la qualité et la dextérité de la main d’œuvre féminine, travaillant à domicile en famille, qui nous interpelle. Aussi, pour élaborer une création, la brodeuse malgache de la campagne autour d' Antananarivo possède en général une machine à coudre « singer », cadeau de mariage couramment offert à la mariée. De plus, le respect entre brodeuse de la campagne et artisan, semble naturellement voire culturellement acquis, ce qui diffère des heurts parfois violents qui opposaient donneurs d’ordre et ouvriers de la campagne, avant l’avènement de l'ère industrielle, en Europe.

« (…) les artisanes qui misent sur la qualité, sur le travail bien fait ; elles ne sont pas tournées vers le client, lequel doit venir à elles ; elles se réalisent dans leur travail ; elles ont une certaine passivité et donc une crainte face aux évolutions du marché (ouverture, concurrence locale et étrangère, baisse de consommation du fait des

se sentir entourées, voire encadrées, et ne souhaitent pas agir seules. Ce sont également celles qui ont le plus besoin de faire partie de mouvements professionnels ou de femmes entrepreneurs » (animatrice du cluster artisanal).

Bien que ce mode de travail artisanal, surtout autour de la capitale soit dominant, la différence d’échelle entre la production artisanale et la production industrielle est telle, qu’elle rend l’hypothèse de liens organiques avec les entreprises franches peu crédible.

2. Les perspectives d’une intégration verticale du district

Pour pénétrer le marché américain, les exigences juridiques des traités internationaux stipulent que l'origine des tissus importés soit africaine. Or, Il est très difficile de trouver des tissus de qualité Export dans la zone subsaharienne de l'Afrique.

A Madagascar, seule l’entreprise Cotona est en mesure d’atteindre le niveau d’exigence qualitative des grands donneurs d’ordre européens et américains. Or, sa capacité de production ne satisfait qu’une partie des besoins en tissus et en fils de la zone franche malgache. Les besoins insatisfaits de la zone franche en tissus (chaîne et trame, maille) et fil nécessitent un accroissement très significatif de leurs capacités de filature, de tissage et d’ennoblissement.

De plus, étant donné que les grands clients internationaux resserrent leurs exigences en termes de délais de livraison qu'ils veulent de plus en plus courts, les commandes textiles passées à Madagascar doivent être honorées rapidement, rendant extrêmement difficile l’approvisionnement de matières premières en provenance d’Asie. Par conséquent sur le long terme, la seule véritable solution est celle du « One Stop Shop » en ce qui concerne le coton malgache, attente majeure des acheteurs internationaux, car ceux-ci sont les premiers à être conscients de nos atouts dans le secteur textile.

L’objectif est de renforcer en amont, chacune des composantes et notamment la culture cotonnière, les activités de transformation (filature, tissage et ennoblissement) avant d’atteindre le stade de la confection dans lequel sont spécialisées les entreprises franches. Une haute priorité doit ainsi être accordée à la

consolidation de l’intégration verticale de la filière textile malgache sur le marché planétaire.

Afin de réussir cette diversification en vue des exportations de vêtements en fibres synthétiques en direction des Etats-Unis et de l’UE, les producteurs malgaches doivent se familiariser avec les règles d’origine de ces pays. Ils doivent également développer une connaissance solide des sources fiables d’approvisionnement de tissu et de fils synthétiques situés en Asie et dans la région de l’Afrique sub-saharienne.

Quant aux entrepreneurs-francs, la partie suivante renvoie à une transcription et analyse de récits de vie, en s’appuyant sur la méthode développée par Demazière et Dubar (2007). L’ensemble des entretiens concerne des entrepreneurs des entreprises franches textiles.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 107-110)