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Le goût de voyager autrement : rechercher l’authenticité dans l’espace et dans la misère du Tiers Monde

1. Problématique de l’espace

En tant qu‟objet d‟élaboration thématique, en tant qu'objet de stratégies représentationnelles, l‟espace est, à l‟heure actuelle, la grande préoccupation de nombreuses théories sociales. Dans le champ de la pensée et de la culture occidentale contemporaine, l‟espace que Kant avait postulé comme l‟autre grande forme a priori de la sensibilité (encore que chez Kant la principale soit le temps) est devenu un opérateur implicite ayant une portée épistémologique voire politique. Raymond Williams (1981) souligne que la culture est avant tout régionalisée: elle n‟est qu‟une abstraction opaque, voire « a wisp of nothingness », tant qu‟elle n‟est pas actualisée dans un site et dans une situation particuliers.

Outre la prise en compte de la spatialité dans l‟analyse des énoncés culturels, la « mise en avant de l‟espace » peut être symptômalement lue dans le « champ de possibilités stratégiques » des théories des sciences sociales. Ainsi, position, emplacement, situation, « cognitive mapping », centre-périphérie, Occident-Orient, Tiers Monde, global-local, village planétaire, espace liminal, « thirdspace », champ, espace de dispersion, rhizome, etc. la plupart de ces termes qui sont de prime abord des métaphores spatiales, sont tout de même le site, la zone, le territoire des fondements théoriques.

Certes, le recours actuel à la notion de spatialité, aux « espèces d‟espaces » (pour reprendre l‟expression de Perec) relève du souci d‟opérer une ouverture au champ de paradigmes méthodologiques de la réflexion philosophique au sens large du terme; on pourra cependant remarquer que « l‟espace des points de vue » (pour reprendre l‟expression de Bourdieu) cède parfois à une sorte d‟« illusion d‟autonomie » entraînant des formulations problématiques du social (nous y reviendrons). Il en est précisément

ainsi de la critique que d‟aucuns qualifient de postmodernisme, souvent marquée par la valeur subversive de la spatialité qui constitue l‟un de ses axes. Il est tout à fait remarquable que le postmodernisme ait tendance à faire fi du temps (et de l‟Histoire, notamment du modèle de « l‟Histoire » tel qu‟hérité de l‟idéalisme moderne) – ou, du moins, à le penser d‟une manière en quelque sorte spatialisée. Les polémiques à propos de l‟« épochalité » ou de la négation de l‟Histoire91 trouvent encore des prolongements dans ce mode de pensée postmoderne. De façon générale, si problématique que soit la définition de ce qu'est la postmodernité92, ce qu‟on trouve d‟exemplaire dans la pensée postmoderne, du moins, dans les thèmes généraux du contexte problématique de la postmodernité pour notre propos, c'est « le privilège de l‟espace ». Pour autant, il ne s‟agit pas néanmoins d‟un exhaussement de cet opérateur. Revenir aujourd‟hui de façon critique sur la notion d‟espace implique une interrogation sur les limites de cette notion qu‟on applique pour la compréhension du social.

1. 1. Objet d’étude : Quel espace ? Quelle spatialité?

D‟entrée de jeu surgit une difficulté : quelle position épistémo-méthodologique à adopter vis-à-vis de l‟espace? Car l‟espace, comme Robert D. Sack (1980) le souligne, est une des dimensions des structures épistémologiques et ontologiques qui se dérobe à toute tentative classificatoire. Certes, il ne s‟agit pas de disposer d‟un cadre théorique et d‟un appareil conceptuel nous permettant de définir l‟espace dans sa totalité, de l‟identifier sous ses multiples avatars, et d‟en démonter les « causalités » ; ce serait une tâche titanesque. Pour autant, en arriver à une définition précise de l‟espace ou de la spatialité n‟est cependant ni idéal ni moins problématique.

91 Elles remontent à l‟époque de Foucault. L‟énoncé dont est parti Foucault est « l‟époque actuelle serait peut-être plutôt l‟époque de l‟espace » (« Des espaces autres », repris in Michel Foucault, Dits et écrits, éd. Daniel Defert et François Ewald, Paris, Gallimard, 1994, t. IV, pp. 752-762). Foucault a été aussi accusé par Sartre d‟avoir nié « l‟Histoire ». Sa réplique à Sartre à cet égard : « le mythe philosophique de l‟histoire, ce mythe philosophique que l‟on m‟accuse d‟avoir tué, eh bien, je suis ravi si je l‟ai tué ». (« Foucault répond à Sartre », in Dits et écrits, ibid., t. 1, p. 667). Voir également Jean-Paul Sartre, « Jean-Paul Sartre répond », in L‟Arc, octobre 1996, p. 87. Malgré ses formules polémiques, il faudra retenir ce que Foucault souligne dans sa défense du structuralisme: « c‟est une chose importante que le structuralisme […] ait essayé de faire apparaître une sorte de temps différent […] il n‟y a pas un seul temps à la manière hégélienne ou bergsonienne, une espèce de grand flux qui emporterait tout, il y a des histoires différentes, qui se superposent » (ibid., t.3, p. 581). Ce terme de « superposition » montre bien la conception volontiers spatialisante du temps.

92 Car il n‟existe pas un accord général sur ce que « fut » la modernité, sur ce qu‟ « est » la postmodernité, ou alors sur ce qu‟est « le passage » de la modernité à la postmodernité, ou encore sur ce que sera l‟après-postmodernité.

Dans le cas d‟une définition large, la tâche de précision est impossible à cause de la complexité polysémique de l‟espace. David Harvey (1973) l‟affirme:

[…] space can be regarded as absolute, a thing in itself, existing independently of matter; as relative, a relationship which exists only because objects exist and relate with each other; or “ relational space can, in the fashion of Leibnitz, be regarded as contained in objects (i.e. objects contain their relationship with other objects); space is not absolute, relative, or relational in and of itself, but can be one, or all, depending on circumstances (Harvey, 1973:13 cité dans Peet, 1998: 299).

Et puis, dans le cas d‟une définition restrictive qui s‟appuie sur la précision, l‟accent excessif sur un seul aspect pourrait constituer un danger (Harvey, 1981: 29-30). Pour comprendre le problème définitionnel, il suffit de nous référer au débat contemporain donnant lieu souvent à des dichotomies dans l‟analyse de l‟espace. Nous examinerons donc deux types de dualismes que nous croyons importants pour éclairer notre propos (inutile de souligner que l‟objectif n‟est pas ici de circonscrire et d‟évaluer exhaustivement toutes les positions théoriques modernes et/ou postmodernes à cet égard).

Le premier est celui qui consiste à définir l‟espace par opposition au temps. Dans ce cas, l‟espace est négativement défini en termes d‟absence du temps. Autrement dit, il s‟agit d‟une détemporalisation de la spatialité. Le second dualisme est construit à partir de l‟analyse des interrelations entre l‟espace et la société. On est porté à reconnaître dans le rôle de l‟espace le déterminisme instrumental sur le social et inversement.

1. 1. 1. L’espace et le temps

Risquons pour illustrer le premier type de dualisme un exemple, soit la thèse de spatialisation avancée par Fredric Jameson, laquelle constitue nous semble-t-il un rappel métaphorique du danger théorique du dualisme. Si pour Jameson, « Space is chaotic

depthlessness » (Jameson, 1991), c‟est parce qu‟il conceptualise la spatialité – qu‟il

associe à l‟immanence – dans l‟absence de la temporalité qu‟il associe à la transcendance. Mais en éliminant la dimension de la temporalité de la société dite « postmoderne » qui, selon lui, est caractérisée par une spatialisation croissante – « […]

the temporal is being lost and the realm of the spatial is taking over » (Jameson, 1991:

Son constat de « crise » réactive nous semble-t-il, en effet, un vieux débat sur les représentations géographiques, débat qui se fonde sur le postulat que la spécificité du temps repose sur la cohérence et la logique narratives, c‟est-à-dire un ordre irréversible des événements qui est propre au récit, tandis que la réversibilité de l‟ordre de la perception détermine le caractère spatial. Par conséquent, l‟espace est considéré comme « l‟ordre possible des coexistences »93. On avance que puisque l‟espace peut être parcouru en tous sens, tout choix de l‟itinéraire est forcément arbitraire. Doreen Massey (1993) cite H.C. Darby à cet égard:

A series of historical facts is much more difficult to present than a sequence of historical facts. Events follow one another in time in an inherently dramatic fashion that makes juxtaposition in time easier to convey through the written word than juxtaposition in space. Geographical description is inevitably more difficult to achieve successfully than is historical narrative (Darby, 1962: 2 cité dans Massey, 1993: 157).

Massey souligne que

Such a view, however, depends on the notion that the difficulty of geographical description (as opposed to temporal story-telling) arises in part because in space you can go off in any direction and in part because in space things which are next to each other are not necessarily connected. However, not only does this reduce space to unrepresentable chaos, it is also extremely problematical in what it implies for the notion of time (ibid.: 157-158; c‟est nous qui soulignons).

En faisant valoir le primat, pour la postmodernité, de l‟espace ou de l‟immanence sur le temps ou la transcendance, Jameson problématise la notion d‟espace, celle de temps, voire celle de représentation. On notera alors que la spatialité (qui est détemporalisée selon la conception de Jameson) se résume à une multiplicité simultanée, car « tous les choix sont équidistants » pour reprendre l‟expression de Jameson; elle est chaotique faute d‟interconnexion et elle est statique faute de transcendance. Du coup, la vision du social et sa production qui en découle deviennent problématiques. Dans l‟absurdité de l‟absolutisme de l‟espace, puisqu‟il n‟est pas conçu par rapport à l‟espace-temps, le social est amarré, à son tour, sur une vision de fixité, de statisme, de passivité.

Dans la mouvance de cette logique, la question identitaire se problématise également. L‟identité serait conçue, du moins en termes de ce que cette logique implique, en dehors du hic et nunc si bien qu‟elle ne devient qu‟un « sauvetage archéologique d‟un passé en voie de disparition » (Smith, 1992 cité dans Massey, 1993: 158; c‟est nous qui

traduisons). Corrélativement, l‟identité d‟un lieu serait marquée par une fixité « authentique » et « singulière » sans être vulnérable au mouvement temporel, au dynamisme des interrelations des forces sociales. Il y a donc un enchevêtrement des problèmes de représentation dont les trois niveaux, à savoir le temps, l‟espace et le social, communiquent.

Il en va de même pour l‟approche qui consacre la priorité au temps sur l‟espace. Dans ce vieux dualisme, on a souvent coutume d‟associer le temps à l‟Histoire, au mouvement, à la succession94, au dynamisme, au narratif, au développement, au progrès, à la civilisation, à la science, à la politique, à la causalité, etc., et d‟associer l‟espace au statisme, à la simultanéité, à la neutralité, à la reproduction, à la nostalgie, à l‟émotion, à l‟esthétique, etc.

Cette position épistémo-méthodologique par rapport à l‟espace-temps soulève, comme Massey le montre, deux types de problèmes:

First, this kind of definition means that it is time, and the characteristics associated with time, which are the primary constituents of both space and time; time is the nodal point, the privileged signifier. And, second, this kind of definition means that space is defined by absence, by lack. […] time equals change/movement, space equals lack of these things (ibid.: 148).

On peut affirmer avec Massey que tous ces dualismes, de la manière dont ils sont posés, souffrent, en effet, du problème de l‟exclusivité mutuelle et de l‟appauvrissement conséquent de chacun des deux termes (ibid.:148). C‟est cette exclusivité qu‟il faut remettre en question. Car on n‟a affaire ni à une détemporalisation de la spatialité ni à une déspatialisation de la temporalité. Il faut plutôt considérer que

[…] the temporal movement is also spatial; the moving elements have spatial relations to each other. And the « spatial » interconnections which flash across can only be constituted temporally as well. […] Space is not static, nor time spaceless. Of course, spatiality and temporality are different from each other but neither can be conceptualized as the absence of the other (ibid.: 155).

94 « Le successif n‟est qu‟une dimension de l‟Histoire; après tout, la simultanéité de deux événements n‟est pas moins un fait historique que leur succession. Il ne faut pas identifier l‟histoire et le successif » (Michel Foucault, « Linguistique et sciences sociales », in Dits et écrits, édition établie sous la direction de Daniel Defert et François Ewald, avec la collaboration de Jacques Lagrange, Paris, Gallimard, 1994. t.1, p. 826).

Sans quoi définir l‟espace négativement en termes d‟absence du temps ne permettrait pas de le penser par rapport aux interrelations sociales, alors que l‟identité des choses est constituée par le truchement de leurs interrelations – pour reprendre la vision de la physique moderne. Le problème tient aussi à l‟identité des lieux : on peut, ou bien concevoir le lieu comme porteur d‟une identité authentique, singulière, fixe, et atemporelle telle qu‟elle est revendiquée dans les postulats des approches existentielles de la phénoménologie; ou bien le considérer comme porteur d‟une identité mobile et multiple qui soit contestée au cours du temps, régie par les relations de pouvoir, ouverte et poreuse face à d‟autres identités, à celles des autres lieux se trouvant dans la trajectoire du local jusqu‟au global (Massey, 1994). Ce que nous voudrions défendre quant à nous, c‟est ce dernier point de vue. Dans cette perspective, l‟espace est conçu comme une « simultanéité dynamique » pour reprendre l‟expression de Massey – idée qui se situe dans la mouvance de la relation entre espace et social.

1. 1. 2. L’espace et le social

Venons-en alors au deuxième cas qui nous installe dans une sorte de déterminisme causal dans la conceptualisation de la relation entre l‟espace et la société. Considérons d‟abord le constat qui se formule comme suit : l‟espace est construit par des relations sociales et par des pratiques matérielles de la société. Sans doute le statut d‟espace est-il ici intéressant en tant que métaphore, mais il est faiblement critique, ne faisant attirer l‟attention que sur la forme spatiale du social. Cela revient, en effet, à dire que les formes et les distributions spatiales ne sont que des produits finaux issus des forces sociales (Massey, 1993: 145). Dans cette approche, la dimension matérielle de l‟espace et le rôle de la spatialité dans la causalité sociale ne semble pas avoir été considérés. Dans une autre optique, on avance que la spatialité est une force matérielle en soi ayant sa propre réalité tout comme la marchandise, l‟argent, et le capital – idée qu‟on retrouve par exemple dans La production de l‟espace (1979) par Henri Lefebvre et dans sa réception par le milieu intellectuel anglo-saxon. Max Farrar (1991) affirme à cet égard que le danger dont témoignent quelques-uns des constats de Lefebvre provient de sa tendance à réifier « l‟espace ». Ainsi, la formulation de Lefebvre: « [t]his formal and

quantified abstract space negates all differences, those that come from nature and history as well as those that come from the body, ages, sexes, and ethnicities »

son propre pouvoir et qu‟il est indépendant des agents qui l‟occupent (Farrar, 1991: 106). Farrar nous dit à juste titre que « The understanding of space as social space, “permeated with social relations“, “shaped and moulded from historical and natural

elements“ (Lefebvre 1976: 31) is extremely helpful, so long as it is not compressed into reified and deterministic shorthand.» (ibid.: 106). Le concept de l‟espace social

sous-entend l‟idée que la spatialité, qui est partiellement constituée par le social, ne pourra être réduite ni aux constituants naturels ni à ceux du social (Sayer, 1985: 59). Or la question se pose alors de savoir quel usage faire d‟un tel concept. Souvent victime de sa propre extension, il devient épistémologiquement fragile, à cause du fétichisme méthodologique. Comme le souligne Farrar:

Ed Soja […] presents us with the kind of tautology that characterises some of the current writing on space: […] Spatiality [i.e. socially produced space] is a substantiated and recognisable social product, part of a „second nature‟ [i.e. the transformed and socially concretised spatiality (socially produced space) arising from the application of purposeful human labour] which incorporates as it [i.e. socially produced space] socialises and transforms both physical and psychological spaces (Soja 1989: 80n). This seems to amount to the notion that social space produces more social space, which, apart from being circular, is no help whatsoever in understanding the social process involved (ibid.: 106).

Réglons donc la question de la causalité : d‟une part, l‟énoncé qui dit que l‟espace est socialement construit délaisse la question du rôle que joue la spatialité dans la causalité sociale. Les effets de la spatialité sur les relations, sur les pratiques, et sur les productions symboliques de la société ne sont pas prises en compte dans cette approche qui consiste à affirmer que l‟espace est socialement produit. D‟autre part, il ne s‟agit pas pour autant de soutenir que la structure sociale est déterminée par les relations spatiales. Dans une telle approche, nous sommes tenus de concéder que la spatialité est une force causale en soi. À trop majorer la dimension spatiale, ne substituerait-on pas dès lors la problématique de la spatialité à celles de classe, de « gender », d‟ethnicité, etc.? À ce titre, considérons la remarque de John Urry (1985):

[…] it is important to remember that neither temporal nor spatial relations of themselves produce particular effects.[…] we should avoid making a fetish of the spatial, either through making the category mistake of saying that one area (one« space ») exploits another area, or that a given social structure is determined by spatial relations (Urry, 1985: 28; souligné dans l‟original).

Nous voudrions alors faire remarquer que la réponse à la question de la causalité réside dans l‟expression même de l‟espace social, c‟est-à-dire le nœud du spatial et du social.

Autrement dit, les interférences et les transformations réciproques entre espace et social. À cet effet, la position générale des théoriciens se résume nettement dans ces lignes de Doreen Massey (1993) : « the social and the spatial are inseparable and […] the spatial

form of the social has causal effecticity » (Massey, 1993: 146).

Cependant, la question de la causalité reste à nos yeux quelque peu problématique. Citons Claudio Minca (2001) à ce propos:

We have moved away from understanding of social space as a mere manifestation of the sociocultural dynamics which produce it – and towards more complex conceptualizations which, again, point to a reciprocal influence: thus, spaces both as the « result », as the expression of some social dialectic, but also spaces as a determining factor in the construction and constitution of the social dialectic itself. Again, however a codification of

this mutual influence remains problematic (Minca, 2001: 197; c‟est nous qui

soulignons).

C‟est ici que nous cherchons à situer la notion de spatialisation sociale qui sous-tend le postulat des interférences et des transformations réciproques entre espace et construction identitaire (/altéritaire). Dans l‟approche proposée par Rob Shields, la spatialité n‟est pas considérée comme « causale », mais plutôt comme « causative » en ce sens qu‟elle véhicule la causalité. Shields (1991) fait remarquer:

Nonetheless, it would be a mistake to fetishise « space » per se as a locus of causal relations except where spatialisation has social impacts as an element of belief. Rather than « a cause» the spatial is causative. Spatialisation has a mediating effect because it represents the contingent juxtaposition of social and economic forces, forms of social organisation, and constraints of the natural world and so on. But as a „cause‟, in and of itself, it plays no role for it is not a locus of causal forces. Human agents have causal power. As Sayer argues, the spatial has a channelling effect. But, objects may have specific causal forces only because they are divided or aligned in a certain manner; that is, because they are «spatialised » in a certain arrangement. Spatialisation is « causative » in the sense that it expresses or channels causation like that class of verbs such as « persuade » which might

express causal relationships in language: someone‟s words might be « persuasive » but it is

the person who is « doing » the persuading, not the words themselves (Shields, 1991: 57; souligné dans l‟original).

Ainsi, on peut avancer que dans le contexte de construction des identités et des altérités,