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La problématique : le débat réglé et argumenté comme objet social

23 2.1. Introduction :

Nous consacrons cette partie de notre travail à l’étude de notre sujet d’abord à partir d’un constat général concernant sa fonction socialisatrice et politique puis du point de vue plus spécialisé des différentes sciences humaines qui en ont traité, le plus souvent indirectement.

Nous partirons de l’axiome que le langage est la pratique qui fait société et que les caractéristiques de celle-ci dépendent en grande partie de la richesse des interactions produites par le moyen des échanges langagiers et notamment ceux du débat. Nous constaterons d’abord la centralité de cette institution et des processus de régulation qu’elle génère dans l’ensemble des sociétés. Nous évoquerons sa possible existence au sein de certaines sociétés animales mais surtout son efficience au sein de groupes humains structurés et soumis à l’exigence de décisions rapides et efficaces. Nous soulignerons sa place de plus en plus importante au sein des sociétés modernes confrontées à des modèles de gestion et de compréhension de plus en plus complexes où la nécessité de construire un savoir commun sur certains sujets problématiques s’impose avant toute décision. Nous tenterons par ailleurs d’établir un état des principales connaissances sur la question du débat d’abord en clarifiant quelques notions voisines, puis en présentant quelques approches sociologiques et linguistiques à nos yeux fort éclairantes notamment sur la question des différentes fonctions du langage qui fait l’objet de nombreuses controverses sur les fondements et les caractéristiques de celui-ci. Nous nous interrogerons sur les liens existants entre langage et apprentissage. En procédant ainsi nous accorderons au débat un rôle structurant en tant que moyen de s’informer réciproquement, de distinguer le vrai du faux, de réfléchir sur les vérités échangées et de construire une opinion commune éclairée. Pour finir nous proposerons en fin de ce chapitre une modélisation compréhensive du débat permettant d’en dessiner les contours et les fonctions ainsi que quelques hypothèses de recherche quant à ses possibles qualités de dispositif d’apprentissage et d’action, pertinent aux situations problématiques rencontrées.

24 2.2. Le débat réglé et argumenté comme fondement de la citoyenneté.

2.2.1. Sur quelques caractéristiques immédiates du débat réglé et argumenté.

Le fait de situer le débat argumenté et réglé comme une institution normalisatrice des rapports sociaux et comme « la » pratique fondatrice de la citoyenneté, pratique par ailleurs confondue avec la délibération en tant que processus de décision collectif, suppose la reconnaissance chez chaque participant d’une capabilité3 à l’expression rationnelle des idées et des sentiments, à l’entente et à la compréhension réciproque et mutuelle. Cette assertion pourrait constituer la prémisse d’une ontologie du débat argumenté, et par voie de conséquence, de la démocratie.

Mais cette affirmation n’est pas totalement satisfaisante dès lors qu’il s’agit de prendre en considération les aspects pratiques de la mise en œuvre d’un débat. Pour qu’un thème soit réellement débattu il faudra se préoccuper d’abord de l’existence d’un intérêt partagé des participants quant au thème mis en discussion, d’un langage commun existant ou non entre les locuteurs, autrement dit de l’existence ou non d’une communauté de discussion que l’on délimitera à minima par l’usage d’un code et de références communs (Apel, 1994) ainsi qu’une information égale des locuteurs leur permettant de construire une argumentation étayée et documentée. Nous verrons que ce minima peut être dépassé dès lors qu’il s’agit, au-delà de la question des codes et des références, de travailler à l’intérêt commun, ainsi que nous l’avons évoqué en conclusion de notre introduction.

Le débat est directement dépendant de quatre concepts fondamentaux qui constituent de fait les quatre temps du processus d’échange langagier : la mise en problème, l’apprentissage par l’échange d’arguments (où il est surtout question d’accepter de faire évoluer son propre point de vue initial en même temps que de le faire valoir), la délibération (permettant de peser le pour et le contre), la décision.

• La mise en problème constitue à elle seule le moteur du débat. Historiquement le problème dont il s’agit de débattre est souvent celui du « vivre ensemble ». Mais il peut être aussi d’ordre philosophique, éthique, scientifique, technique, etc…Il est cependant toujours

3 La capabilité, concept économique à l’origine élaboré par l’économiste Amartya Sen (2004) , voit son sens ici étendu à la possibilité de chaque individu de développer des capacités non encore avérées en fonction d’un contexte et d’enjeux donnés.

25 envisagé comme un problème commun à tous et sa légitimité à être traité provient du fait qu’il risque de mettre en péril le lien qui « fait » la société. Le problème est toujours la manière idoine pour aborder rationnellement une question sociale vive ! Dans le déroulement d’un débat, l’exposé du problème est donc essentiel et constitue la première compétence à mettre en œuvre. Mais plus encore que l’exposé lui-même c’est l’exercice de problématisation préalable qui sera déterminant dans l’élaboration des arguments.

• L’apprentissage correspond dans la pratique à un échange d’informations et d’argumentations découlant de l’exposé du problème. La construction des argumentations impose le recours à des connaissances préalablement récoltées, assimilées et plus ou moins maitrisées par les locuteurs. Leur exposition demande une certaine agilité langagière. Cet échange d’arguments constitue un exercice mêlant réflexion et conviction d’une part, et écoute et compréhension d’autre part, mais aussi effort d’expression et de communication.

Toutes les ressources cognitives sont alors mobilisées dans le but soit de convaincre soit de comprendre. Cet échange s’accompagne, dans une discussion sincère, d’un effort de compréhension réciproque, et c’est cet effort qui est au cœur de la construction des savoirs.

En effet tout débat argumenté entraine un questionnement d’ordre réflexif qui est en lui-même un remaniement des opinions et des représentations.

• La délibération est inscrite dans l’apprentissage en tant que processus composé de moments successifs d’évaluation critique par n’importe lequel des participants. Elle est essentiellement une tentative de rationalisation –qui peut certes être contrariée par des stratégies basées sur la manipulation rhétorique- des échanges dans le but de trouver une explication consensuelle au problème traité. Cette recherche peut déboucher sur la co construction d’un savoir commun dont les caractéristiques cognitives vont de la simple opinion au concept. Nous constaterons au passage que ce processus est d’autant plus manifeste que le débat est orienté vers l’action. Il l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’un simple échange d’opinions sans conséquences pratiques, sans pour autant que l’on puisse dire cependant que la discussion était vaine. Il en reste toujours quelque chose…

• La décision correspond au vote citoyen et/ou à l’engagement pour défendre la cité, ou des valeurs communes, ou des intérêts collectifs ou des enjeux particuliers… Elle est le débouché naturel des échanges qui donne sens au débat. Cela suppose que tout débat se fixe un objectif opératoire. Par cette opération de finalisation en vue de la transformation du réel le participant devient acteur social et citoyen. Il acquiert un statut qui donne toute sa valeur au

26 débat au niveau individuel. La décision entraîne l’action qui est la forme ultime de validité de l’ensemble de la procédure.

Le débat est par ailleurs consubstantiel à un mode particulier de traitement des problèmes sur le plan politique. Ce mode est celui de la procédure démocratique dont le but –entre autres- est d’une part l’évitement des conflits violents au sein de la société et d’autre part la recherche de l’accord optimal. Le débat est alors LA modalité pour fabriquer de la société. En ce sens le débat suppose une acceptation de finalités envisagées sous l’angle de l’entente puis de la loi et de l’éthique. Par contre il s’accommode mal des réponses toutes faites et se prête mieux à la résolution de conflits au sein d’une société assumant sa diversité. Nous verrons plus loin en quoi la validité du débat est elle-même conditionnée par la légitimité des arguments et des procédures.

2.2.1.1. Le débat en lieu et place de la guerre civile : une courte phylogénèse du débat réglé et argumenté.

Le débat trouve donc sa justification de pratique sociale légitime dans sa capacité à fonder une vision commune du monde, avec ses nuances et ses contradictions, et, en corollaire, dans sa fonction première de fondation d’une société constituée de citoyens délibérant librement et individuellement « en leur âme et conscience ».

C’est à Vernant (1914-2007) que nous devons de pouvoir aborder de façon plus approfondie le lien existant entre débat et démocratie. Dans son ouvrage « Les origines de la pensée grecque » (Vernant, 1962) il fait le constat que la société Mycénienne du deuxième millénaire de l’antiquité, qui servira de modèle à la société Athénienne, est marquée par de profondes divisions au sein de la famille royale qui vont aboutir à l’effondrement du régime et ouvrir la porte à une démocratie de type aristocratique. Une fois la royauté disparue la société n’en reste pas moins divisée entre groupes rivaux (religieux, militaires, marchands, juristes, paysans). Cette division fait l’objet d’un mythe fondateur à travers l’affrontement de deux entités divines, Eris (ou esprit de la bataille) et Philia (ou amour du prochain), que l’on peut aussi traduire, puisqu’il s’agit de caractériser l’état des rapports au sein d’une même communauté, par les termes de discorde et concorde. « Ce que le mythe suggère par le récit d’un conflit entre frères, l’histoire et la théorie politique l’exposeront à leur tour sous une

27 forme systématique en présentant le corps social comme un composé fait d’éléments hétérogènes, de parties séparées, de classes aux fonctions exclusives les unes des autres, mais dont il faut cependant réaliser le mélange et la fusion… Comment l’ordre peut-il naitre du conflit entre groupes rivaux, de l’affrontement des prérogatives et des fonctions opposées.

Comment une vie commune peut-elle s’appuyer sur des éléments disparates ; ou…/…

comment, sur le plan social, l’un peut-il sortir du multiple et le multiple de l’un ?» (Vernant, 1962, p. 40). Plus loin (ibidem, p. 41) : « L’exaltation des valeurs de lutte, de concurrence, de rivalité s’associe au sentiment d’appartenance à une seule et même communauté, à une exigence d’unité et d’unification sociales. L’esprit d’agôn (ou de compétition entre groupes sociaux et entre individus) se manifeste dans tous les domaines ». 4 C’est donc parce que la société n’est plus soumise à l’autorité du roi et qu’elle est divisée qu’il va falloir trouver un moyen de s’entendre sans recours ni au mythe d’une autorité pourvue des attributs d’un Dieu, ni à la force, ni à la magie, pour à la fois préserver la paix publique et prendre les décisions politiques nécessaires à la prospérité mutuelle et à la défense de la Cité. « Et la politique à son tour prend forme d’agôn : une joute oratoire, un combat d’arguments dont le théâtre est l’agora, place publique, lieu de réunion avant d’être un marché. Ceux qui s’affrontent par la parole, qui opposent discours à discours, forment dans cette société hiérarchisée un groupe d’égaux. …toute éris suppose des relations d’égalité : la concurrence ne peut jamais jouer qu’entre pairs » (Vernant, 1962). Le changement opéré entre la période royale et la période

« démocratique » (rappelons ici que seule la noblesse pouvait participer à la geste démocratique) peut s’apparenter à une « descente » de la vérité divine et royale de son

« piédestal » par un processus accéléré de rationalisation de la pensée de la frange aristocratique de la société. Pensée alimentée essentiellement par des échanges langagiers intenses et réguliers, de plus en plus ritualisés et normés. La parole est au centre de la cité comme l’agora. La démocratie se fonde d’abord – mais pas seulement- sur ces unités de lieu

4 « La seule chose certaine est que la société grecque la plus ancienne est déjà une société conflictuelle, que l' agôn, la rivalité qui s'exprime dans les concours athlétiques aussi bien que dans la guerre, marque déjà la civilisation grecque, que l'idée de souveraineté absolue disparaît et que Zeus lui-même n’est pas un despote oriental. Deux mots peuvent caractériser la civilisation de la Grèce archaïque : nomos, traduit imparfaitement par « loi », et agôn, le combat, la rivalité, le procès ; ces deux concepts étant solidaires, la « loi », et notamment la législation écrite qui fait son apparition au viie siècle (Zaleucos à Locres, en Italie du Sud, avant 650 ? Dracon à Athènes en 624), fournit un cadre aux conflits sociaux qui déchirent les cités ». Vidal Naquet in Encyclopedia Universalis.

28 et de moyen de communication. Viendront en parallèle les écrits : lois, sciences, poésie, et le théâtre.

Avant d’en venir à la dimension Aristotélicienne de ce double processus de rationalisation et de systématisation de l’art de la parole nous ne pouvons omettre d’évoquer au titre du conflit comme source de la pratique du débat les quelques éléments connus concernant la création de Rome.

Selon une version historique basée sur des études archéologiques il semble que Rome ait été créée par trois tribus habitant chacune respectivement une des sept collines composant la ville actuelle. On ne sait rien des relations entre ces tribus mais l’on est quasiment certains qu’elles décidèrent de se confédérer afin d’avoir accès au fleuve Tibre sans devoir se battre sans cesse mais aussi pour se protéger mutuellement des possibles envahisseurs. Très rapidement les habitants de la Cité nouvelle, certainement sous influence Héllénique, s’attribuèrent le titre de citoyens d’abord pour marquer leur appartenance à la même Cité – Etat puis pour indiquer leur participation active aux destinées du royaume. Le populus Romanus Quiritium était né.

Afin d’administrer l’Etat Romain deux institutions furent créées, le Roi d’un côté représentant l’unité de l’Etat et le Sénat de l’autre réunissant les patriciens (terme certainement dérivé de pater) de chaque peuple. Là aussi, comme en Grèce, l’exercice de la démocratie n’est réservée qu’aux quelques aristocrates issus de chacune des trois peuplades. Mais il est intéressant de noter ici que le scénario plus détaillé de Vernant concernant la Grèce semble avoir été transposé de façon préventive voire même offensive afin d’assurer la pérennité de la Cité.

L’évolution de ce scénario fondateur – plutôt discuter que se battre et détruire le patrimoine commun- vers une république austère et vertueuse basée sur des lois âprement discutées qui ont en partie donnée naissance à une culture très élaborée tant sur le plan de la littérature que des sciences et techniques démontre toute sa pertinence historique.

Ainsi la pratique d’abord spontanée du débat sur l’agora ou le forum (au début de la royauté Mycénienne le débat public entre citoyens portait sur la critique des actes d’un pouvoir en place – vertical et procédant des Dieux – sans effet délibératif) débouche-t-elle sur une transformation du débat avec ses règles, ses codes et ses techniques. Car dès lors qu’il s’agit de gouverner ensemble selon une logique horizontale de la distribution du pouvoir seule la loi ou la règle fondée sur la raison peut servir d’arbitre reconnu par tous les participants. La

29 raison remplace les Dieux, les philosophes, les devins (même si les pratiques religieuses, magiques, politiques et juridiques se côtoient encore longtemps).

Nous établirons ici un constat pour mémoire, afin de le retrouver plus tard dans notre cheminement : puisqu’à la source d’une pratique du débat dans le monde occidental se trouve le conflit (ou la dissension, ou le désaccord ou encore le risque de guerre civile), nous nous trouvons assez rapidement, somme toute, face à l’alternative suivante : du conflit comme risque de division et du débat comme source d’unité toujours à (re) construire. Cette alternative consiste, dans le contexte antique, à d’abord accepter le conflit comme trame du réel puis à préférer les mots à la guerre au moins à l’intérieur de la Cité (les conflits extérieurs étant nombreux et facteurs de cohésion sociale à l’époque Antique). C’est de cette double contrainte liée d’une part à l’existence des contradictions sociales, techniques, juridiques, etc..

et d’autre part à la nécessité de les subsumer pour préserver la cohésion sociale, que sont nés les concepts de dialectique et de rhétorique, cœurs et moteurs du débat réglé.

2.2.1.2. Débat et dialectique : un processus de rationalisation de la société démocratique.

Mais pour arriver à ce que la parole échangée en public soit productive en termes de décisions et d’actions il faudra un effort constant de rationalisation des discours et des arguments en vue d’atteindre un niveau de validité acceptable par le maximum de participants. La question Poppérienne de la réfutabilité est déjà en filigrane des règles de la rhétorique Aristotélicienne.

Au cœur de ce dispositif à la fois intellectuel et langagier on trouvera l’argumentation ou l’art de présenter un raisonnement si ce n’est l’art de raisonner en lui-même. Tout argument sera admis comme réfutable, donc soumis à la critique de chacun tant qu’un accord au moins provisoire ne sera pas trouvé entre les parties « débattantes ». Aristote, en ouverture du chapitre premier de la « rhétorique » fait de la dialectique et de la rhétorique des quasi-synonymes ou au moins des concepts –il vaudrait mieux ici employer le terme de pratiques- d’ailleurs complémentaires : « La rhétorique est le pendant de la dialectique : car l’une et l’autre portent sur des matières qui –étant communes, d’une certaine façon, à tout le monde- sont de la compétence de tout un chacun et ne relèvent d’aucune science (épistémè) délimitée.

C’est pourquoi tout le monde, d’une certaine façon, prend part aux deux, car tout le monde, jusqu’à un certain point, se mêle tant de critiquer ou de soutenir un argument que de défendre

30 ou d’accuser ». Rappelons ici que pour Aristote la dialectique est avant tout l’art de raisonner sur des « opinions probables ou opposées ». Ce n’est pas encore le dogme Hegelien sur l’opposition de forces contraires nécessaire à l’évolution historique ni encore moins le fondement Marxiste de l’opposition des forces économiques comme moteur de l’histoire. La conception grecque classique fait de la dialectique avant tout une méthode indispensable pour trouver une légitime preuve du principe explicatif des phénomènes naturels ou des lois géométriques (cf par exemple la loi Aristotélicienne de non-contradiction, considérée comme précondition fondamentale de l´être et de la vérité). Le mot vient du grec dialegesthai : « converser », et dialegein : « trier, distinguer », legein signifiant « parler ». Cette origine mêlant l’acte de parler, de converser avec l’acte intellectuel de trier, distinguer montre à quel point l’acte de débattre, mêlant dialectique et rhétorique, est avant tout un acte éminemment social de réflexion et de construction de savoirs, en situation d’interlocution et d’interaction.

Pour finir sur les fondements du débat dans notre espace occidental citons Pierre Chiron :

« Au milieu du IV° siècle, la cité athénienne comptait environ trente mille citoyens adultes mâles. Chaque citoyen en titre participait de plein droit à la vie politique. Il assistait quarante fois l’an aux réunions de l’assemblée (ekklésia), organe souverain, sur la Pnyx5, colline creusée de manière à permettre à six mille personnes –le quorum, soit 20% de la population représentée- de s’asseoir. Venait qui voulait, dans la limite de la place disponible et de la proximité de la capitale- ce qui défavorisait les paysans. Mais pour éviter que les plus pauvres ne fussent exclus, chaque « ecclésiaste » touchait une indemnité d’une drachme ou

« Au milieu du IV° siècle, la cité athénienne comptait environ trente mille citoyens adultes mâles. Chaque citoyen en titre participait de plein droit à la vie politique. Il assistait quarante fois l’an aux réunions de l’assemblée (ekklésia), organe souverain, sur la Pnyx5, colline creusée de manière à permettre à six mille personnes –le quorum, soit 20% de la population représentée- de s’asseoir. Venait qui voulait, dans la limite de la place disponible et de la proximité de la capitale- ce qui défavorisait les paysans. Mais pour éviter que les plus pauvres ne fussent exclus, chaque « ecclésiaste » touchait une indemnité d’une drachme ou

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