• Aucun résultat trouvé

Les indices destinés spécialement à l’analyse conjoncturelle

CHAPITRE VI - LES INDICES DE PRIX

3. Les indices destinés spécialement à l’analyse conjoncturelle

3.1. L’indice d’ensemble corrigé des variations saisonnières

Depuis la mise en place de la base 1990, l’indice des prix présente une saisonnalité marquée. Son niveau s’élève généralement plus sensiblement de février à avril. Il augmente moins en juin et juillet, s’accroît de nouveau plus rapidement en septembre pour ralentir entre octobre et décembre. Ces mouvements saisonniers ont deux causes principales : la variation saisonnière des prix des légumes et des fruits et les soldes , principalement dans l’habillement. La saisonnalité des prix des fruits et des légumes, bien qu’irrégulière d’une année sur l’autre, est connue : prix élevés en hiver, prix bas en été. Quant aux soldes dans l’habillement, ils provoquent une baisse très marquée des prix en janvier et en juin et juillet. Inversement, la sortie de la période de soldes conduit mécaniquement à une hausse de l’indice aux alentours de février-mars, et d’août-septembre.

L’indice de prix à la consommation corrigé des variations saisonnières (CVS) est destiné à fournir aux économis tes une série qui permette de mieux analyser les mouvements de fond de l’inflation, corrigés de ces composantes purement saisonnières. C’est un indice révisable, car l’estimation des variations saisonnières de cet indice brut (non révisable) s’affine avec le temps ce qui peut conduire à des

rectifications des estimations passées, même anciennes. La désaisonnalisation est faite directement sur l’indice d’ensemble et non sur ses composantes. Différentes variantes du modèle X11-ARIMA ont été utilisées afin de tester la robustesse des résultats. Comme c’est un indice révisable, il n’est en aucun cas destiné à être utilisé dans des indexations. D’ailleurs, il n’est pas publié sous forme d’indice mais seulement en évolution par rapport au mois précédent (cf. chapitre VII).

3.2. L’indice hors tarifs publics et produits à prix volatils, corrigé des mesures fiscales

L’indice « hors tarifs publics et produits à prix volatils corrigé des mesures fiscales », également corrigé des variations saisonnières, est un sous-ensemble de l’indice des prix à la consommation sur lequel des corrections sont effectuées pour essayer d’isoler ce qui, dans l’évolution de l’indice des prix, provient du processus inflationniste « pur » de l’économie française. L’objectif de ce nouvel indice est de mesurer une inflation « tendancielle » ou « sous-jacente », hors mesures des pouvoirs publics et hors produits dont les prix subissent des mouvements exogènes importants dus à des raisons climatiques et/ou extérieures à l’économie française (comme les tensions sur les marchés mondiaux de matières premières ou sur le cours du dollar). Sont exclus de cet indice les tarifs publics (électricité, gaz, téléphone...) et les produits à prix volatils ou sensibles aux aléas climatiques (produits pétroliers et 68 % des produits alimentaires : vins, viandes, produits frais , produits laitiers, produits exotiques...). Il représente ainsi 62 % du champ de l’indice d’ensemble. Cet indice est de plus « corrigé des mesures fiscales » (exemple : hausse ou baisse de TVA, mesure spécifique sur des produits comme l’automobile etc.) de façon à neutraliser les effets sur l’indice des prix de la variation de la fiscalité indirecte ou de mesures gouvernementales affectant directement les prix à la consommation. Les effets de ces mesures discrétionnaires ne sont pas considérés comme de l’inflation

« sous-jacente ». Cet indice est décomposé en trois sous-secteurs : alimentation, manufacturés, services et loyers.

Le concept d’inflation sous-jacente est utilisé dans quelques pays où il fait l’objet de développements. Il est utilisé comme indicateur, parmi d’autres, par les banques centrales pour la politique monétaire. La mesure de l’inflation sous-jacente repose toujours sur l’indice des prix à la consommation et revient toujours à éliminer la volatilité, les mouvements saisonniers et les interventions de l’État. Une fois éliminés les chocs identifiables dus à l’énergie, les variations exceptionnelles ou saisonnières des produits alimentaires et les variations des taxes et autres mesures gouvernementales discrétionnaires, il reste une tendance qui reflète l’évolution profonde des coûts de production et de la confrontation de l’offre et de la demande.

Ceci permet d’aider à la prévision économique à plus long terme.

La méthode utilisée (exclusion de produits et correction des mesures fiscales) est la plus répandue. Les produits exclus sont similaires à ceux exclus par d’autres pays167. Compte tenu de la complexité et de l’effet réducteur de cette mesure, il demeure cependant une part d’arbitraire dans la méthode et dans le choix des produits à exclure. Cet indice, révisable, ne saurait être utilisé pour des indexations. D’ailleurs, ce sont des évolutions mensuelles et annuelles (et non des indices) qui sont diffusées sur les supports habituels (Informations Rapides).

Autant les évolutions annuelles retracées par l’indice national (qu’il soit brut ou CVS) et l’indice harmonisé sont proches sur la période 96-97, de l’ordre de 0,1 point, autant, sur la même période, la différence avec l’indice d’inflation sous-jacente est nette. C’est l’intérêt de cet indicateur.

La comparaison des évolutions récentes des deux indices (voir graphique) témoigne : - d’une évolution plus régulière de l’inflation sous-jacente CVS qui élimine justement les prix très volatils ;

- du fait que la désinflation récente date plutôt du début 1993 et non de l’année 1992 comme pourrait le faire croire l’évolution de l’indice d’ensemble, qui enregistre sur le deuxième semestre de l’année 1992 une baisse concomitante de la TVA, du prix des fruits et légumes et de l’essence ;

- d’une divergence entre les deux indicateurs (mouvement de ciseau) à partir d’août 1995 due encore une fois à la hausse conjuguée de la TVA, des produits frais et des produits pétroliers. Cette divergence s’amoindrit fortement à compter d’août 1996 mais un différentiel d’ampleur variable, qui s’explique par l’évolution de ces mêmes produits et également de certains produits alimentaires à fort contenu en importation (café) sans oublier le tabac, demeure tout au long de 1997 pour s’annuler en fin d’année.

Variation des indices « sous-jacent » et d'ensemble brut

167. On trouvera dans l’annexe 7 le champ exact de cet indice.

4. L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH)

Comme on l’a rappelé, pour les comparaisons internationales au niveau européen, l’indice des prix harmonisé à la consommation est l’instrument adéquat : il a été bâti pour cela (cf. chapitre V).

Les IPCH sont établis à partir d’une nomenclature internationale des dépenses des consommateurs, relativement récente, baptisée COICOP (Classification of Individual Consumption by Purpose). Une version de cette nomenclature a été spécialement adoptée pour les IPCH : la COICOP/IPCH. Les sous-indices publiés sont basés sur cette nomenclature. Une liste de ces différents sous-indices est présentée dans l’annexe 6. Les pondérations assignées à chacun varient d’un pays à l’autre en fonction de l’importance relative des dépenses que les consommateurs consacrent à chaque sous-catégorie. Malgré l’absence d’un « panier uniforme » s’appliquant à tous les États membres, la comparabilité est cependant assurée. Cette nomenclature est proche de celle utilisée pour l’indice national depuis la rénovation de 1993. La principale modification concerne les services, fonction 8 de l’indice national redécomposée en 9, 10, 11 et 12 ; par ailleurs, les boissons alcoolisées sont regroupées avec le tabac.

5. Un exemple d’utilisation des indices sur longue période : l’évolution des prix depuis la dernière guerre mondiale

Lorsqu’on raisonne sur une période longue, couvrant plusieurs générations d’indices, il devient nécessaire de raccorder ces indices successifs. Pour ce faire, on considère généralement une année commune à deux indices successifs et on réalise un chaînage sur cette année commune. Pour l’année de son cinquantenaire l’Insee a ainsi publié une analyse des variations de prix depuis la dernière guerre168, enchaînant six générations d’indices, de population de référence et de couverture géographique différentes et relatifs à des paniers de consommation de plus en plus complets.

Mise à part la flambée des prix consécutive à la deuxième guerre mondiale (de 1944 à 1948 les prix ont été multipliés par presque six), deux périodes pluriannuelles de très forte inflation (supérieure à 10 %) apparaissent (cf. annexe 2) :

- de 1949 à 1952, c’est une période marquée par de fortes hausses dans les services et une flambée des cours des matières premières (liée à la guerre de Corée).

- de 1974 à 1983, la hausse des prix, déjà forte après les accords de Grenelle du printemps 1968 (hausse du taux de salaire de 7 % au 1er juillet et de 3 % au 1er octobre, hausse du SMIG de 35 %), la dévaluation et les hausses de TVA de 1969, est relancée par le 1er choc pétrolier de décembre 1973 (le prix du brut quadruple en quatre mois) puis six ans plus tard par un nouveau choc (triplement en trois ans du prix du brut) et enfin par les dévaluations de 1982 à 1983. Sur dix ans la hausse des prix est, en moyenne annuelle , supérieure à 11 %.

La période des dix dernières années frappe par la modération des hausses de prix.

Aidée simultanément par le contrechoc pétrolier et la baisse du dollar amorcée à partir de 1985, la politique dite de désinflation compétitive adoptée dès 1983 a permis à la France de réduire progressivement son taux d’inflation pour faire d’elle, fin 1997, un des tous premiers pays développés pour la stabilité des prix (+ 1,2 % pour 1997/1996).

Au total entre 1949 et 1997, les prix des produits manufacturés ont été multipliés par sept, ceux de l’alimentation ont augmenté près de deux fois plus (13) et les services cinq fois plus (36). C’est pour ces derniers que la part en valeur dans le panier du consommateur a le plus augmenté : en 1997, ils pèsent deux fois plus qu’en 1949.

Variations moyennes annuelles de l'indice des prix de 1950 à 1997

168. Cf. Insee Première n° 483 septembre 1996 constituant l’annexe 2.

La population de référence est constituée des ménages parisiens jusqu’en 1962, des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé de 1963 à 1992 et de l’ensemble des ménages à partir de 1993.

N. B. : Sur le graphique est portée, en ordonnée, la variation de l'indice moyen de l'année n par rapport à l'indice moyen de l'année n-1.