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3 Questions organisationnelles et décisionnelles

3.5 Problèmes de collaboration

3.53.5

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La notion de projet urbain n'est pas encore très répandue en Grèce. Les projets sont découpés en plus petites tâches (routes, bâtiments, espaces verts, travaux hydrauliques, protection de

bureaux d'études et les entreprises de construction. Dans cette organisation verticale, un projet est découpé en tâches, chaque tâche est étudiée par une équipe ou un service spécialisé, puis toutes les tâches sont assemblées. Il n'y a pas de dialogue entre les services. Le plus souvent les études hydrauliques sont faites une fois que les études d'urbanisme et d'infrastructure routière sont terminées. Cette méthode de travail ne laisse pas une grande marge de manœuvre à l'hydraulicien. Même avec la nouvelle loi (3010/2002) qui demande des annexes des études hydrauliques et environnementales aux plans d'urbanisme, les modes de travail n'ont pas encore changé.

Des problèmes de collaboration existent entre les municipalités, les départements et le ministère de travaux publics. Les municipalités tendent à vouloir simplement résoudre le problème à un niveau local même si leur solution va inonder la municipalité voisine. La même difficulté de collaboration existe pour la gestion des déchets ménagers, la localisation des stations d'épuration d’eaux usées et autres activités gênantes. Le ministère essaie de jouer l'arbitre entre les municipalités.

Spécifiquement pour Athènes et Thessalonique, c’est le ministère qui a la responsabilité de la gestion de l’eau pluviale. La direction 10 (D10) doit contrôler, hiérarchiser, coordonner et financer tous les projets d’eau pluviale de la région d’Athènes. Elle a lancé un appel d’offre pour un plan global hydrologique et hydraulique.

Pour la gestion de l'eau pluviale il n'existe pas de plans globaux par bassin versant. Un plan est en cours d’élaboration pour la région d'Athènes. Chaque service (municipalités, départements, ministère) peut financer une étude. Cela aboutit à une multitude d’études divergentes pour le même problème ainsi qu’à des travaux contradictoires. La réalisation des travaux dépend du service qui va offrir le financement et non d’une approche coordonnée du problème. Le plan d'Athènes veut répondre à ce problème.

Le partage des responsabilités est encore plus délicat. Après une inondation, les responsables sont : la mairie qui ne nettoie pas fréquemment les rue, et son réseau municipal d'assainissement, le département qui ne nettoie pas fréquemment les rues principales et les rus à ciel ouvert ; EYDAP ou D10 pour Athènes qui ne nettoient pas le réseau d'assainissement inter-municipal ; le ministère des forêts qui ne nettoie pas les cours d'eau des montagnes ; et le ministère des travaux publics qui n'a pas financé les travaux hydrauliques nécessaires. Les travaux existants souffrent d’un manque de suivi et d'entretien. L’entretien est ponctuel et arrive souvent après un dysfonctionnement.

Le mode d’organisation des services publics et le manque de collaboration entre eux génèrent une bureaucratie très lourde. L'État reconnaît ce problème et fait des exceptions pour les travaux importants. Il crée des organismes spéciaux ou des entreprises publiques ou publiques - privées. Ces organismes spéciaux recueillent tous les pouvoirs et responsabilités relatifs à un projet (Organisme d’urbanisme d’Athènes, Autoroute 'Attiki odos', Nouvel Aéroport d'Athènes, Métro d'Athènes, etc.). En matière d'eau pluviale, la gestion devient encore plus compliquée, compte tenu de ces acteurs supplémentaires.

Le rôle du citoyen reste très marginal dans cette organisation. La démocratie participative a fait son apparition depuis trente ans seulement en Grèce moderne (1975). Le citoyen et les hommes

politiques n’ont pas encore de culture de la participation publique. Le citoyen essaie de résoudre ses problèmes sans prendre en compte les problèmes des autres et les hommes politiques essaient d’esquiver la participation publique. Le citoyen, c'est le contribuable qui paye les impôts qui financent tous les ouvrages, c'est le propriétaire de terres qui tient à construire le maximum d'espace possible, c'est l'inondé qui veux être protégé, c'est l'habitant qui va vivre dans l'espace urbain, c'est l’électeur. Même si le phénomène des propriétaires qui construisent n'importe est en train d'être maîtrisé, il est toujours présent. Les ouvrages hydrauliques doivent être construits bien avant que l'urbanisme avance, sinon le mécontentement social est grand et la terre trop chère. D'autre part, les citoyens commencent à s'intéresser à l'environnement naturel. Les associations environnementales n'ont pas beaucoup des membres mais elles sont très actives. Dans la mesure où leur niveau de vie s’améliore, les citoyens sont de plus en plus demandeurs de services publics et mettent la pression pour leur réalisation. Mais ils ne participent pas vraiment au processus de décision. Les conseils municipaux tiennent des séances ouvertes pour faciliter la participation publique mais les points de vue des citoyens ne sont pas vraiment pris en compte. L'opinion publique est entendue par le biais du Conseil d'État (Συµβούλιο της Επικρατείας), qui veille au respect de la constitution. L'article 24 de la Constitution de 1975, modifié en 2001, déclare que la protection de l'environnement est une obligation de l'État et un droit du citoyen. En vertu de cet article, de nombreux projets urbains et autres travaux importants, après pétition des citoyens, ont été déclarés anticonstitutionnels et arrêtés. Le Conseil d'État est devenu le principal lieu de participation publique, mais aussi un acteur important pour la politique nationale sur la protection de l'environnement (Siouti 1995, NTUA 2000, NTUA 2003). En ce qui concerne, la pollution de l'eau pluviale, ce problème n'a pas encore attiré l'attention du citoyen.

En conclusion, l'organisation institutionnelle et décisionnelle existante est calquée sur les besoins des petites villes qui ont des travaux peu importants, sans effets de synergie, et un réseau d'assainissement souterrain, sans interaction avec le tissu urbain. Les grandes villes d'aujourd'hui et les travaux compliqués demandent une organisation de plus grande envergure, le bassin versant. Les autorités sont conscientes de cette nécessité mais les structures et les acteurs en place ne facilitent pas l'émergence de nouvelles structures de coordination, semblables à celle de l'Agence de l'eau'. Les essais législatifs (loi 1739/1987 et loi 3199/2003) de création de telles structures n'ont pas été fructueux parce qu'ils ne prenaient pas en compte les acteurs existants, ils ne prévoyaient pas de moyens adéquats (en financement et personnel),de plus, ils essayaient de recentraliser la gestion de l'eau pluviale.

De toute manière la gestion de l'eau pluviale doit s'intégrer à celle de la ville. La loi de 3010/2002 est un début mais une organisation transversale des services de la ville est nécessaire. Aujourd’hui il manque un décideur ou un conseil de décideurs pour faire face à la totalité des problèmes de la ville et pour organiser la coordination entre différentes villes afin de résoudre le mieux possible les problèmes communs. Ce qui fait également défaut, c’est à la fois l'information du citoyen sur les problèmes urbains et sa participation active à la prise de décisions.

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