• Aucun résultat trouvé

La prise en charge en médecine physique et de réadaptation des patients post AVC

1.7.1 Quelques notions d’histoire sur la Médecine Physique et de Réadaptation

La première pierre de la MPR a peut-être été posée le 24 juin 1793 : à l’article 21 de la constitution française, « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler ».

La médecine physique de réadaptation s’est construite comme une histoire avec des acteurs majeurs qui ont insufflé à cette spécialité une dimension scientifique, humaine, sociale et technique. En France, deux noms reviennent souvent : Gabriel

1924 et André Grossiord créateur du centre national du traitement des séquelles de poliomyélite à Garches en 1949 (96,97).

Gabriel Bidou définissait la récupération fonctionnelle, selon ses propres termes, comme une « méthode de secours de la fonction humaine amoindrie ou perdue », comme « une méthode, essentiellement individuelle dans ses applications et basée sur les données de la pathologie, de la neuropathologie et de la physiologie du mouvement ». Grossiord ajoutait en 1965 « en faisant survivre des maladies et des blessures dont le pronostic était auparavant de la plus haute gravité, en triomphant de l’infection secondaire, des détresses respiratoires temporaires, la thérapeutique moderne a donné de nouveaux objectifs à la médecine physique ».

La question récurrente était alors celle de savoir qui doit assurer diagnostic et l’élaboration thérapeutique de médecine physique. Un certain nombre de médecins ont défendu l’idée suivante :

« Le rôle du médecin et du chirurgien traitants, de certains spécialistes comme l’urologue est essentiel puisqu’il s’insérera habituellement, dès le début de l’évolution, et qu’il appartiendra aux médecins d’avoir précocement une vue aussi claire que possible des problèmes à venir. Mais la thérapeutique classique n’est qu’un commencement, elle doit être liée aux efforts de réadaptation de l’individu et à cet égard, une branche spéciale de la médecine occupe maintenant une place de choix : la médecine physique, conçue sous la forme d’une spécialisation plus ou moins stricte. Peu importe, en effet qu’il s’agisse d’un médecin entièrement spécialisé en la matière ou d’un praticien appartenant ou telle ou telle discipline mais ayant acquis par l’expérience, cette vision spéciale du malade que donnent l’étude et la pratique des déficiences physiques... ce qui est essentiel, c’est qu’à un moment donné, et si possible très tôt, quelqu’un sache voir le malade sous cet angle et donne à la thérapeutique l’impulsion nécessaire » (Grossiord,1955)

Elle est reprise, par S. Thieffry, professeur à la clinique de pédiatrie et de puériculture, par lettre du 26 janvier 1976 au DGS à propos de la chefferie de service de Saint-Maurice « Les traitements qui doivent être appliqués par une équipe où se trouvent côté à côté médecin, chirurgien, orthopédiste, neurologiste éventuellement, neuropsychologue, rééducateur. [...] Je ne peux faire d’autre comparaison à ce point de vue que ce qui s’est passé pour la poliomyélite. On a beaucoup discuté pour savoir à qui confier les centres de traitement de la poliomyélite.

Il a été démontré par expérience qu’il est vain de savoir s’il fallait faire appel à un neurologue, à un orthopédiste ou un physiothérapeute. L’importance est une connaissance parfaite de ce que doit être la totalité du traitement d’une infirmité, et qui est une coordination et une continuité parfaite des soins entre toute une équipe. [...] Je pense que s’il fallait trouver des références dans un domaine comparable, on pourrait prendre inspiration au Centre de rééducation motrice de Fontainebleau, ou au centre de rééducation motrice pour tout-petits à Antony ».

Le Docteur De Sèze à la commission du Rhumatisme, en 1945, présente son rapport dans un esprit similaire : « L’exercice de la rhumatologie tant sur le plan scientifique que sur le plan pratique, clinique et thérapeutique nécessite la collaboration incessante, constante du médecin rhumatologue, du chirurgien ostéo-articulaire, de l’orthopédiste et des masseurs, de l’électro-radiologue, du chef de laboratoire ». « Sans qu’il soit question de vouloir établir une hiérarchie de valeur ou d’autorité entre ces différentes disciplines, il est nécessaire de dire qu’une telle collaboration ne peut donner son plein rendement que si elle s’effectue sous une direction unique : direction qui revient tout naturellement au médecin spécialisé dans l’étude de la Rhumatologie. »

Un certain nombre de principes de solidarité nationale est affirmé. Les assurances sociales s'engagent. La sécurité sociale est ensuite créée par ordonnance du 4 octobre 1945. Cette phase « inaugure la période au cours de laquelle le social devient une politique, comme lien entre ce qui se passe sur le terrain et ce qui se débat dans les assemblées. Il faut réunir tous les éléments agissant pour le reclassement professionnel des infirmes pour aboutir à une systématisation,

c'est-à-On voit bien à travers ces quelques exemples historiques que la MPR trouve ses racines dans une médecine humaine et singulière faisant appel à de nombreux acteurs qui travaillent ensemble de façon coordonnée dans un même objectif : améliorer la fonction des patients déficients.

L’OMS a donc défini à la fin du 20eme siècle la « médecine de rééducation et de réadaptation » comme une spécialité qui a pour rôle de coordonner et d’assurer la mise en application de toutes les mesures visant à prévenir ou à réduire au minimum inévitable les conséquences fonctionnelles, physiques, psychiques, sociales et économiques des déficiences ou des incapacités (98). Elle comporte la mise en œuvre méthodique des actions nécessaires à la réalisation de ces objectifs, depuis le début de l’affection, jusqu’à la réinsertion du patient dans son milieu ambiant et dans la société.

1.7.2 Médecine physique et de réadaptation et AVC

Comme nous l’avons vu, l’accident vasculaire cérébral peut avoir de nombreuses conséquences fonctionnelles. En effet, de la multiplicité des déficiences (motrices, intellectuelles, sensorielles, comportementales…), de la fréquence non négligeable de patients jeunes touchés par cette maladie, et des environnements singuliers de chaque patient découlent des situations uniques. Une prise en charge globale, comme celle proposée en MPR, peut améliorer leur situation de vie, leur devenir et leur qualité de vie (cf chapitres infra). Les structures de MPR proposent une prise en charge rééducative pluridisciplinaire et coordonnée permettant l’amélioration des capacités fonctionnelle des patients ainsi que certains traitements spécifiques comme les traitements de l’hypertonie musculaire, de la douleur ou des troubles du comportement.