1.3 L’imagerie satellitaire
1.3.1 Principes généraux
La télédétection n’est pas précisément définie [Colwell,1966;Lintz and Simonett,1976] mais
peut être résumée en suivant la définition deBarrett[2013] comme permettant la collecte
d’infor-mations sans contact direct avec l’objet étudié. L’imagerie satellitaire correspond à cette définition
en faisant intervenir une plateforme d’acquisition en orbite autour de la Terre ou plus
générale-ment dans l’espace. Les orbites sont diverses, et dans le cas des satellites d’observation qui nous
concerneront ici, principalement réparties soit sur une orbite polaire relativement basse
(500-700km), passant au-dessus des deux pôles géographiques de la Terre, soit géostationnaires pour
un point d’observation terrestre fixe (36 000 km d’altitude). La définition de cette orbite
condi-tionne la plupart des caractéristiques d’observation et de transmission des données vers la Terre.
Plus cette orbite est lointaine plus la résolution spatiale de nos images sera contrainte. Plus
l’or-bite est basse plus le compromis entre résolution temporelle et résolution spatiale de ces mêmes
images sera important. De même une position fixe par rapport à la terre, géostationnaire, permet
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
d’avoir un contact continu avec la plateforme tandis qu’une orbite basse implique un
télécharge-ment séquentiel des données acquises tout comme des ordres d’acquisition donnés.
Ces observations sont basées sur l’étude des rayonnements électromagnétiques (excepté dans
le cas de la gravimétrie). Ces rayonnements correspondent à l’énergie transportée par les photons
émis depuis la source. En suivant les lois de la mécanique quantique, l’énergie de ce photon
dé-pend directement de sa fréquence et donc de sa longueur d’onde lorsqu’il se déplace. Ce sont ces
photons qui seront acquis par les capteurs ou radiomètre, sensibles à une ou plusieurs plages de
longueurs d’ondes, et qui fourniront les données utilisées par la suite. Le radiomètre mesure par
conséquent un flux radiatif (en W) qui dépend de la longueur d’onde (enµm), de la surface
ob-servée (enm
2) et l’angle solide du rayonnement (en stéradiansr). On parle alors d’une mesure de
luminance (ou radiance) qui s’exprime en W.m
−2.sr
−1.µm
−1.
F
IGURE1.8 – Spectre d’émission du soleil et de la Terre à différentes températures dans le cas d’un corps
noir (trait plein). Spectre reçu au sol après absorption par l’atmosphère (zone rouge). Spectre au sommet
de l’atmosphère émis par la Terre après absorption par l’atmosphère (zone bleu). En bas les différentes
longueurs d’ondes d’absorption des principaux composants de l’atmosphère.
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
Cette énergie réfléchie ou émise par la Terre est contenue sur une grande plage spectrale,
c’est-à-dire sur un grand nombre de longueurs d’ondes différentes. Elles ne recouvrent cependant pas
l’ensemble du spectre émis à l’origine par le soleil ou la Terre du fait de l’absorption d’une partie de
ces longueurs d’ondes par les gaz de l’atmosphère. Cette grande variété de rayonnements induit
une grande variété de capteurs dédiés à chaque type d’acquisition. Ainsi le spectre émis par la
Terre, situé principalement dans les micro-ondes, permet d’observer la Terre quelles que soient les
conditions atmosphériques, mais dans des longueurs d’ondes qui sont inhabituelles pour notre
vision. Au contraire l’énergie réfléchie par la Terre provenant du soleil est située dans le visible
et l’infrarouge. S’il est nécessaire que la partie de la Terre observée soit exposée au rayonnement
solaire, l’intensité de ce rayonnement est également beaucoup plus importante que celui émis par
la Terre, permettant une meilleure transmission de l’information via un rapport signal sur bruit
plus élevé.
La quantité de rayonnements réfléchis mais également captés est la base des considérations
de résolution spatiale et spectrale des capteurs ou spectro-radiomètres passifs. Si la résolution
spatiale désigne simplement la taille d’un pixel au sol dans l’image finale, la résolution spectrale
considère, elle, la diversité et la largeur des sections ou bandes du spectre sur lesquelles sont
ac-quises les données. Un spectro-radiomètre sensible à une unique section du spectre, souvent large
et située dans le visible, acquerra une image dite panchromatique. Un capteur comportant des
cellules sensibles sur plusieurs bandes différentes, de largeur de quelques nm à dizaine de nm
induira un cube de données appelé image multispectrale. Si le capteur est capable de distinguer
l’énergie réfléchie dans plusieurs dizaines à centaines de bandes différentes, souvent très étroites
et contiguës, on parlera alors d’image hyperspectrale, se distinguant de la précédente par un cube
de données bien plus important.
La largeur de ces bandes est primordiale pour pouvoir définir la qualité de l’acquisition. Si l’on
considère tous ces capteurs observant une même surface, le capteur panchromatique va recevoir
beaucoup plus d’énergie que les deux autres capteurs en intégrant l’ensemble des rayonnements
émis ou réfléchis par la surface considérée sur une large plage spectrale. Cela permet notamment
un rapport signal sur bruit au niveau du capteur très favorable. On peut ainsi améliorer notre
acquisition en réduisant la taille des pixels pour obtenir une image mieux définie apportant une
meilleure résolution spatiale. Au contraire les différentes bandes du capteur hyperspectral sont
fines, porteuses chacune d’une petite part de l’énergie totale que l’on retrouvait dans le capteur
panchromatique. Les composants du capteur hyperspectral sensibles à chaque bande risquent
de présenter un ratio signal sur bruit moindre, nécessitant soit une exposition plus longue pour
capter plus d’énergie, au risque de ne pas pouvoir correctement compenser le mouvement de
la plateforme, soit des pixels plus grands et par conséquent une résolution spatiale plus faible.
L’intermédiaire sera alors le capteur multispectral dont la résolution spectrale est meilleure que le
capteur panchromatique et la résolution spatiale meilleure que le capteur hyperspectral du fait de
la largeur plus importante des bandes considérées.
La taille du capteur est par conséquent une notion fondamentale. Si nous considérons le
cap-teur multispectral procurant un bon compromis, il faut maintenant définir la largeur de fauché,
c’est à dire la taille des images au sol acquises. Puisque notre taille de capteur est contrainte, le
choix doit être fait entre une image couvrant une grande surface de la Terre avec une résolution
plus basse (type MODIS, Sentinel-3) ou une résolution spatiale plus importante mais une largeur
de fauché plus faible (Spot, Landsat, Sentinel-2). Cette largeur de fauché contraint le temps de
re-tour du satellite au-dessus de la même zone. Ainsi les capteurs qui proposent une résolution
spa-tiale de l’ordre de la centaine de mètres par pixel du type MODIS (250-500-1000m) ou Sentinel-3
(300m) et une largeur de fauché de l’ordre du millier de kilomètres (2330 pour MODIS, 1350 pour
Sentinel-3) permettent une image quasi journalière de l’ensemble de la Terre. Au contraire les
cap-teurs à bord de Landsat ou Sentinel-2 permettent des résolutions spatiales plus importantes (10
ou 20m pour Sentinel-2, 30 m pour Landsat-8) avec une largeur de fauché plus faible (290km pour
Sentinel-2) qui induisent des temps de retour d’environ 10 jours. Dans le cas de Sentinel-2 la mise
en constellation de deux satellites permet d’obtenir un temps de retour de 5 jours .
CHAPITRE 1. INTRODUCTION
L’observation depuis une position hors atmosphère, implique malgré tout que les rayons
ré-fléchis par le sol ont été influencés deux fois par l’atmosphère. Cette influence implique la
possi-bilité de rayon parvenant au capteur n’ayant eu aucune interaction avec la surface au sol visé, ou
au contraire des interactions multiples via réflexion sur la topographie par exemple. L’ensemble
de ces effets se doit d’être quantifié afin que l’observation soit la plus fidèle à la réalité du terrain.
Une fois l’ensemble de ces corrections effectuées le produit final peut être utilisé par les différentes
techniques de traitement d’image afin d’extraire les informations souhaitées.
Dans le document
Fusion de données de télédétection haute résolution pour le suivi de la neige
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