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Actuellement, la compréhension de la dynamique de croissance radiale des ligneux et de l’impact des variations pluviométriques sur la végétation demandent des approches pluridisciplinaires qui permettent de dater l'âge des arbres, de comprendre la vitesse et les conditions de leur croissance. C’est donc un ensemble de paramètres qui doit être pris en compte pour reconstituer les différentes étapes du développement de l’arbre, notamment les apports en eau et en nutriment pendant la durée de vie. Tout au long de leur vie, les arbres sont soumis à diverses conditions environnementales. Les unes sont sensiblement constantes dans le temps, mais variables d'un individu à l'autre. Elles concernent surtout le sol et ses propriétés. Les autres sont plus ou moins fluctuantes au fil des mois et des années ; ce sont, d'une part les paramètres météorologiques (pluie, température) et, d'autre part les facteurs biotiques dont le génome de l’arbre, l’action anthropique et la compétition entre arbres, (Becker et Lévy, 1988)).

Le choix de l’analyse dendrochronologique a été fait pour tenter de définir ici la croissance radiale ligneuse en contexte tropical. La dendrochronologie a été définie

en 1919 par l'Américain Andrew Eliott Douglass, (1867-1962). Le terme dendrochronologie vient du grec : dendron = arbre ; kronos = le temps ; logos = l'étude. Bruno Huber, (1937), ingénieur forestier a prouvé par ses recherches, qu’il est possible d’utiliser la dendrochronologie dans plusieurs domaines de recherches scientifiques et en 1941, il publie les premières séries dendrochronologiques du chêne, du sapin blanc et de l’épicéa (Becker et al. ,1989).

La dendrochronologie regroupe toutes les disciplines qui utilisent directement ou indirectement l'information contenue dans une série chronologique de cernes des arbres, (Lebourgeois et al., 2006). Plusieurs disciplines comme l’écologie, la climatologie ou l’archéologie utilisent la dendrochronologie dans leur champ de

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recherche, d’où la naissance de la : dendroécologie, dendroclimatologie, dendroarchéologie, dendrogéomorphologie. Pour Merian, (2012), l’étude de la variation des facteurs environnementaux sur la croissance des arbres nécessite de fixer au mieux les caractéristiques dendrométriques des peuplements, pour minimiser la modulation de la réponse par le niveau de compétition inter-arbre, qui s’explique par l’exploitation d’une ressource commune. Plus la densité des espèces, est élevée et plus la compétition devient importante dans le milieu. La variation des processus physiologiques (l’âge, la taille) est l’un des facteurs qui influe sur la croissance radiale ; les troncs d’arbres les plus âgés font des cernes plus étroits.

2.1.2. Intérêt de l’étude de la dendrochronologie

La dendrochronologie porte sur l'étude des cernes de croissance formés annuellement par certains arbres pour en tirer des informations qui intéressent autant l'écologue, le forestier, le climatologue, l'archéologue ou l'historien (Munaut, 1979). Elle est une méthode scientifique de plus en plus utilisée dans la recherche forestière pour évaluer l’impact du climat, voir des activités humaines sur la croissance des arbres. Elle permet de lire l’histoire des arbres dans les cernes de leur bois où sont enregistrés les événements climatiques et hydrologiques du passé (Latte et al., 2012 ; Merian et Lebourgeois, 2012).

Aujourd’hui, les impacts environnementaux sont évalués par de nombreux scientifiques en se référant à l’approche dendrochronologique. L’analyse de cerne est une « photographie rétrospective» de la vie de l’arbre (Détienne et al., 1998). Elle permet d’estimer l’âge calendaire de l’arbre et permet de caractériser chacune des années. La méthode permet également d’expliquer les modifications des conditions environnementales vécues par l’arbre tel que le stress ou la croissance normale. Elle permet l’étude des rythmes de croissance et des réactions des arbres aux paramètres écologiques telles que les précipitations, les attaques parasitaires ou anthropiques comme l’action des feux de brousse (qui provoque une défoliation nouvelle et brusque). Dans les régions où le climat impose une alternance de périodes de croissance et de repos, les arbres forment chaque année un cerne de bois observable sur une coupe transversale d’un tronc ou sur une carotte, (Latte et al., 2012).

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Le comptage des cernes, plus ou moins visibles selon les espèces, permet de déterminer l’âge de l’arbre, mais aussi de mesurer sa croissance durant chaque saison de végétation. La notion de visibilité de cerne des arbres des régions tempérées n’est plus à démontrer et cela à cause d’une saisonnalité bien distincte. Une méthode basée sur la mesure de la largeur des cernes de croissance des arbres. Cette méthode permet la reconstruction du climat passé, c’est l’un des outils utilisé pour étudier l’environnement et détecter ses changements. La mise en relation entre la croissance des cernes et la pluviométrie n'est pas aisée à établir significativement. La raison est liée à l'importance d'autres facteurs comme les feux de forêt, l'ampleur des sécheresses, la compétition entre espèces, la nature du sol et l'enracinement des arbres (Tarhule et Hughes, 2002). Toutefois, il reste à comprendre si cette notion de visibilité de cerne peut être appliquée sur les arbres des régions tropicales et plus particulièrement en Guinée.

L’analyse des cernes de croissance des espèces ligneuses des régions tropicales permet-t-elle d’interpréter les variations inter annuelles ? De cette

question, nous nous sommes fixés des objectifs suivants :

- trouver des espèces dans la plaine alluviale, au niveau du bassin versant sur lesquelles on peut lire les cernes ;

- déterminer la croissance radiale des espèces sélectionnées ; - déterminer l’âge des différentes espèces à cerne lisible. De ces objectifs, nous formulons des hypothèses suivantes :